Barack Nyare Mba

Gabon : La classe politique a t-elle choisi la fracture ou la tolérance ?

1-DSC05207Après les événements de la semaine passée notamment les émeutes à l’université Omar Bongo et la manifestation interdite de Rio qui ont tout deux causées d’énormes dégâts  sur le plan matériel et humain ; La plupart d’entre nous s’interrogent sur l’attitude avenir de la classe politique à la suite de ces événements qui quoi qu’on dise, témoigne l’existence d’un « rideau de fer » entre l’opposition et le pouvoir.

 Au soir du samedi 22 Décembre  je me suis demandé : « Mais où allons-nous mon Dieu ? ». Lorsque les échauffourées ont débuté durant la manifestation  de Rio,  je ne croyais pas en mes yeux à la vue des Gabonais en treillis tirer des bombes lacrymogènes en direction d’autres Gabonais qui en réponse leur jetaient des pierres et vis versa. Le caractère répressif et l’importance en nombre et en matériel des forces de l’ordre ont fortement irrité les sympathisants de l’opposition qui voyaient dans ce dispositif une entrave à leur liberté de manifester ou de se réunir avec en bonus l’interdiction du meeting annoncée la veille à 20h.

Une fracture sociopolitique qui se dessine

Les affrontements entre Gabonais en civil et en treillis furent des scènes invraisemblables pour une jeune nation comme la notre qui forge une unité nationale encore fragile après plus de 50 ans d’indépendance. Ces scènes d’un autre âge commencent à être légion dans notre pays, la culture des affrontements s’installe sournoisement. on peut citer entre autre les émeutes récentes à l’Université Omar Bongo, celle de l’Université des Sciences et Techniques de Masuku, la marche pour le palais de justice interdite en Novembre passé et bien d’autres encore qui se sont déroulées durant les mois écoulés.

En dehors des violences physiques il y a aussi la violence des débats sur les réseaux sociaux et la télévision au sujet par exemple de la nationalité de plusieurs hommes politiques. Sans parler du repli ethnique et la xénophobie qui naissent pourtant sur le lit de la politique pour ensuite gangrener et diviser notre société.

Tous ces bras de fer et maux prouvent à suffisance que la violence est semble t-il le seul moyen, la seule argumentation, la seule plateforme, que les différents protagonistes de notre pays ont choisi pour trouver une solution à un problème politique sociale ou Universitaire. J’ai particulièrement apprécié l’intervention télévisée d’un étudiant dans un JT de 20H qui disait : « Nous devons choisir la stratégie la plus efficace pour obtenir nos revendications (….) la casse n’en n’est pas une» Ces mots m’ont interpellé car ce qu’a dit ce compatriote est valable pour les étudiants mais aussi pour les hommes politiques et autres acteurs sociaux.

Les deux bords doivent se tolérer

Il arrive que ceux qui se plaignent du pouvoir ou de l’Etat soient exacerbés par le mutisme, l’absence de promptitude ou l’attitude désinvolte et abusive des autorités au point d’en arriver aux genres d’événements qui ont fort malheureusement occasionnés samedi dernier plusieurs destructions de bâtiments , de commerces, de voitures mais surtout la mort d’un compatriote : Bruno MBOULO BEKA.  

 La répression n’est pas une solution pour garder le contrôle encore moins les appels à l’insurrection pour obtenir le changement. Le déni par le pouvoir de certains échecs des politiques gouvernementales ou encore la radicalisation de l’opposition concourent à entraver le jeu démocratique et menace les libertés. Le plus souvent entre majorité et opposition radicale, deux aspects ressortent à l’annonce d’un meeting à la suite d’un rassemblement ou d’une déclaration : le droit et la loi. Qui des deux bords respecte réellement le droit et la loi ? That is the question.

Nous devons reconnaître que chacun des bords politique devrait lâcher du leste et tolérer les-uns et les-autres afin que certains s’opposent (opposition) et d’autres gouvernent (pouvoir)  librement en attendant les élections présidentielles de 2016. C’est selon moi le chemin que nous devons emprunter pour maintenir et renforcer la paix et la cohésion sociale. Que l’opposition s’organise efficacement et librement sans être frappée par la censure ou la répression. Que le pouvoir accepte les reproches et l’existence d’une opposition qui ne collabore pas mais aussi les critiques si elle veut rectifier ses échecs. En plus il faut qu’il écoute les appels du peuple Gabonais en ce qui concerne sa préoccupante situation sociale et économique.

Chacun de nous selon ses convictions doit lutter pour sa cause dans le respect d’autrui et la préservation de l’unité nationale et le renforcement de la démocratie car nous sommes tous des Gabonais. Si nous commençons à stigmatiser certains parmi les nôtres cela engendrera les malheurs que nos frères Ivoiriens, Centrafricains pour ne citer que ceux-là, ont connu. N’oublions pas l’histoire et nous n’aurons pas à commettre les mêmes malheurs que l’Afrique a connu.

A toi Bruno MBOULO BEKA, mort pour le Gabon.


Quand l’ONEP se fâche, le Gabon est en panne sèche.

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Depuis une semaine Libreville connait une grave pénurie de carburant successive à la grève enclenchée depuis le 1er  Décembre par les membres de l’Organisation Nationale des Employés du pétrole (ONEP). Cette absence de carburant plonge la capitale Gabonaise et même le pays tout entier dans une léthargie  inquiétante car les populations et les automobilistes rencontrent toutes les difficultés pour vaquer à leurs occupations.

Ce lundi 15 Décembre au matin, plusieurs administrations publiques et entreprises privées auront vraisemblablement  d’énormes difficultés à travailler normalement pour la simple et bonne raison qu’il y a pénurie de carburant dans la grande majorité des stations services de Libreville et Port-Gentil principalement. En sortant ce matin j’ai pu voir des foules entières patientant sous la pluie l’arrivée des rares taxis qui ont encore du fuel. Une bonne partie des Librevillois étaient sur les trottoirs: les élèves, les travailleurs du privée comme du publique, des parents qui cherchaient à déposer leurs enfants à l’école, les chômeurs à la recherche d’emploie et les riverains. Le stationnement d’un taxi provoquait une ruée vers celui-ci pour proposer au prix fort une destination.

Depuis le début de la grève le 1er Décembre, ce n’est que la semaine dernière que les Gabonais ont ressenti les désagréments provoqués par celle-ci. A titre de rappel, il faut savoir que depuis le 18 Novembre les responsables du syndicat du pétrole avaient déposé sur la table du gouvernement quatre revendications qui ne semblent pas intéressées l’exécutif gabonais.  A savoir : « La suspension immédiate des prélèvements abusifs de la Caisse Nationale d’Assurance Maladie et de Garantie Sociale (CNAMGS) aux agents du secteur pétrolier et d’autres agents du secteur privé ; l’annulation de toutes les sanctions disciplinaires et la réintégration des deux délégués du personnel de la société Perenco ».

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Des riverains à l’attente d’un taxi pendant la pénurie de carburant. CP: Barack Nyare Mba

Autant de revendications qui depuis le lancement du mouvement de grève ne trouvent pas de dénouement mais plutôt un enlisement. Pendant ce temps les gabonais lambda continuent de souffrir car in fine ce sont eux les premières victimes. Ce week-end par exemple, on pouvait voir à l’entrée des stations de Libreville de longues files d’attente de véhicules (taxis et voitures privées) sur plusieurs centaines de mètres attendant chacun leur tour pour se ravitailler en carburant. De la station TOTAL de l’Octra en passant par celle de PETROGABON à la Pédiatrie ou encore ENGEN de IAI sans parler de la grande station PETROGABON après l’échangeur de Nzeng-Ayong, aucune d’elles n’a échappé à la ruée des automobilistes et usagers à la recherche de carburant.

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Longue fil d’attente à la station PETROGABON DE NZENG AYONG CP: Barack Nyare Mba
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Station ENGEN de IAI bondée de monde pendant la livraison de carburant.CP: Barack Nyare Mba

 Il pouvait s’écouler plusieurs heures, voir des jours avant de se voir servir dans une station. Certains ont  même laissé leurs voitures dans les fils d’attente pendant des jours pour garder  leur place. Un grand nombre d’usagers était obligé d’apporter leurs bidons  de 20 Litres pour s’approvisionner en carburant. Des embouteillages monstres ont naturellement été causés par ces fils d’attentes composés de poids lourds, de véhicules, de bidons entraînant malheureusement d’importants désagréments durant de très longues heures. Certains journaux de la place affirment que l’Etat arrive à fournir le carburant en achetant du carburant au Cameroun et en Cote d’Ivoire  en attendant que le problème soit résolue. Info ou intox j’en sais rien.

Dans certaines stations, les pompistes ne fournissaient pas plus de 18,5 Litres d’essence ou de gasoil à chaque véhicule pour permettre au plus grand nombre de se ravitailler. Une chasse aux citernes avait même été lancée ; Dès la vue d’une citerne, les automobilistes se mettaient à sa poursuite pour savoir dans quelle station elle se rend pour livrer du carburant. Une rareté qui a suscitée  une solidarité circonstancielle entre automobilistes et usagers afin que chacun puisse trouver son compte. On n’a pas enregistré d’échauffourées  durant cette pénurie mais plutôt des états d’âmes et coups de gueule comme ce Monsieur dans le taxi qui dit : « On est vraiment dans l’énervence, plus rien ne marche. Avant on avait quand même de quoi manger même sans argent aujourd’hui c’est fini. Avant on arrivait à s’approvisionner en carburant , aujourd’hui ce temps-là est fini »

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Fil d’attente pour remplir des bidons. CP: Barack Nyare Mba
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Embouteillage à la station de IAI durant la pénurie CP: Barack Nyare Mba

Il faut dire que cette situation entrave fortement le quotidien déjà difficile des Gabonais. Les autorités doivent impérativement rentrer en négociation avec les responsables de l’ONEP afin qu’une issue favorable soit trouvée. Déjà qu’il existe une importante crise sociale au Gabon, une énième grève et pas des moindres empirerait l’atmosphère sociale qui est déjà étouffante à plus d’un titre.


Papa Elvis : « Nous vivons des ordures de la décharge publique »

Une vue de la décharge pendant le travail de récolte CP: Barack Nyare Mba

La pauvreté n’est plus un vain mot au Gabon, mais toute une réalité visible et observable quotidiennement. Depuis mon arrivée au pays, j’ai constaté avec amertume et désolation plusieurs faits qui brisent mon cœur mais renforcent ma détermination à faire comprendre à chacun de nous et aux gouvernants les responsabilités qui nous incombent en tant que citoyen gabonais. C’est dans cet esprit que Jeudi et samedi passés, je me suis rendu à la décharge publique de Mindoubé  située dans le 5ème arrondissement de Libreville pour voir et comprendre comment des compatriotes y vivent « grâce » aux ordures ménagères.

Il n’a pas été aisé pour moi de me rendre à la décharge publique de Mindoubé, mais la seule volonté de mettre en lumière la misère que d’autres Gabonais vivent, a largement suffit pour m’encourager. De plus, nous avons souvent des a priori sur le comportement de ceux qui y vivent alors qu’il n’en ait rien si le respect d’autrui demeure.

En route pour  la décharge

Le jeudi 27 Novembre je décide de me rendre à la décharge publique de Mindoubé aux environs  de 14H. En prenant le clando de IAI au carrefour poubelle, plusieurs idées fusaient dans ma tête car je n’avais aucune idée de ce qui m’y attendait ni comment ceux qui y vivent allaient me recevoir. La première chose qui m’a frappée dès ma descente du clando, c’est le goudron qui s’arrêtait à près de 500 mètres de la décharge. C’est un tronçon  qui semble être en latérite mélangée avec du gravier, rien de bien praticable pour ceux qui habitent dans les parages. Sans perdre foi, je me mis à marcher en direction de la décharge tout en observant l’environnement qui habillait se triste endroit.

Après une quinzaine de minute, me voici dans un carrefour qui fait office de marché. On y voit des hommes et des femmes s’affairant à ranger des affaires étalées à même le sol et sur des étables. En regardant autour de moi, j’ai aperçu  dans un bistrot deux femmes et un homme qui se rafraichissaient en buvant des bières. Je me suis approché d’eux, fit les salutations et déclina mon identité et bien sûr l’objet de ma venue. Au début il eut des difficultés à comprendre ma démarche, après une bonne heure de négociation, ils acceptèrent enfin de m’expliquer comment ils vivent dans cette décharge, leur travail et les dangers qu’ils rencontrent. C’est à la suite de cet accord qu’ils me donnèrent rendez-vous pour samedi matin.

Des personnes fouillant dans les ordures CP: Barack Nyare Mba

Au cœur de la décharge publique

Le samedi matin c’est avec enthousiasme que je me suis levé pour me rendre à la décharge publique en dépit de la forte pluie qui s’était abattue la veille nuit sur la capitale. J’avais eu un sacré bol le jeudi parce que le monsieur qui était dans le bistrot avec les deux dames était l’un des plus anciens de la décharge. Il se nomme NGUEMA EYI Jean alias Elvis et est âgé de 52 ans marié et père de plusieurs enfants. Papa Elvis est donc celui qui devait me servir de guide dans cette décharge.  A mon arrivée au bistrot à 10H, papa Elvis était déjà là et n’attendait plus  que moi pour débuter la journée ; Dès qu’il m’a vu, sans perdre une seconde nous sommes sitôt allés à la décharge elle-même.

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Une femme et ses deux enfants travaillant dans la décharge CP: Barack Nyare Mba
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Des travailleurs à la décharge publique de Mindoubé CP: Barack Nyare Mba

C’est une colline qui nous a menée vers la décharge, une fois au sommet le désolant spectacle qui a été offert à mes yeux était plus que révoltant : Des compatriotes s’acharnant à récolter les ordures ménagères déversées par les bennes et rangées par les bulldozers de la société CLEAN SERVICE AFRICA (Ancien SOVOG). Ce sont des hommes des femmes des enfants, jeunes moins jeunes et vieillards qui y travaillaient avec tous les dangers que cela impliquent. La décharge de Mindoubé est une immense montagne d’ordures qui surplombe et pollue gravement le fleuve  KOMO qui se jette dans l’océan atlantique ; C’est l’estuaire du Gabon, c’est d’ailleurs le nom de la province.

Papa Elvis m’explique que plus de 500 personnes y travaillent quotidiennement, La majeure partie de ces personnes vit aux alentours de la décharge créant ainsi un quartier, non, un village de plusieurs milliers de Gabonais. Hormis ces personnes, d’autres viennent des quartiers de Libreville comme NKEMBO, NTOUM, Les PKs, LALALA, MONTAGNIER, OWENDO etc, mais aussi des Ouest Africains. Ce sont des chefs de familles entières qui subviennent aux besoins quotidiens des leurs  à partir de la vente des ordures publiques.

Saviez-vous que plus de 300 navettes effectuent 24h/24 les camions de la société CLEAN SERVICE AFRICA, sans parler des autres prestataires. Un véritable balai continuel de bennes d’ordures qui ne règle malheureusement pas le problème d’ordures ménagères à Libreville.

« De la ville à la décharge et de la décharge à la ville »

 Le travail de ces gabonais à la décharge de Mindoubé n’est autre que le recyclage des certaines ordures ménagères ou industrielles telles que : les chaussures, les sacs, les canettes de jus, les bouteilles cassables, les papiers administratifs, les bouteilles d’eau plastique, les pneus de voitures, la ferraille, les flacons de médicaments, toute sorte de plastiques, les vêtements, le cuivre,  l’inox, le bronze etc.  Le travail commence par la récolte de ces ordures ensuite le tri et l’exposition sur les étales situées au carrefour transformé en marché.

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Le petit marché de la décharge publique de Mindoubé CP: Barack Nyare Mba
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Des bocaux recyclés et étalés pour la revente CP: Barack Nyare Mba
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La femme de papa Elvis en train de trier les papiers CP: Barack Nyare Mba

Papa Elvis m’explique que les ordures viennent de la ville pour la décharge mais ensuite repartent de la décharge pour la ville sous la même forme mais pas forcément pour le même usage. Exemple, les papiers administratifs servent à l’emballage des gâteaux qui sont revendus dans les quartiers. Pas tous mais une partie. Les canettes de jus sont revendues aux vendeurs de jus comme le Bissap (jus d’oseille) ou le lait caillé. Les bouteilles plastiques pour l’eau vendue à la sauvette dans les carrefours de Libreville, etc. Hormis les produits qu’ils vendent, eux-mêmes s’y fournissent largement en matériaux de construction, en meubles, vêtements, en téléphones, montres et autres accessoires.

Dans le décharge de Mindoubé plusieurs dizaines d’accidents ont été enregistrés  durant cette années, et mêmes des morts. Comme accident, papa Elvis m’a présenté un jeune homme d’une vingtaine d’année qui avait un bras coupé, un autre qui est son jeune fils qui avait le bras gauche complètement déboité. Ou un autre encore qui est devenu borne. Les décès surviennent lors de la récolte de jour comme de nuit, les bulldozers sont généralement responsables de ces accidents. Le dernier décès enregistré est survenu il y a quelques semaines, pendant que le jeune homme récoltait les ordures, les chenilles du bulldozer ont roulé sur le garçon ce qui lui a laissé aucune chance de survie. En plus de ces accidents, les maladies sont courantes chez ceux qui travaillent dans la décharge, les infections pulmonaires, les cancers, les problèmes dermatologiques, le paludisme et autres infections.

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Le jeune fils de papa Elvis qui a le bras déboîté CP: Barack Nyare Mba

Dans la plupart des cas, ces gabonais ne sont pas couverts par la CNAMGS. En demandant à papa Elvis pourquoi certains ne sont pas assurés, à lui de me répondre que ces personnes n’ont parfois pas de moyens pour se rendre dans les centres d’enrôlement avec leurs nombreux enfants, le manque d’information ou la perte de confiance en l’administration. Autant de raisons qui écartent ces gabonais de la couverture médicale.

La vie autour de la décharge

La décharge de Mindoubé est comme une montagne dont le versant Nord-Ouest est habité par les travailleurs de la décharge, au Sud se trouve le marché, l’Est est baigné par le fleuve KOMO, et l’Ouest par le cimetière. La route conduisant au quartier des travailleurs de la décharge est jonchée d’une marre polluée par les eaux usées déversées par les sociétés de vidange des fosses sceptiques. En suivant la route on arrive en plein cœur de ce quartier pauvre où vivent des familles entières dans des maisons de fortune et dans une atmosphère polluée constamment par les produits chimiques et les odeurs nauséabondes de la décharge. Certains des enfants qui y habitent apprennent dans les établissements primaires et secondaires de Libreville.

Deux jeunes travailleurs de la décharge CP: Barack Nyare Mba
Camions de vidanges des eaux de fausses sceptiques CP: Barack Nyare Mba
Des employés déverssant à meme le sol les selles et autres eux usées des fausses sceptiques CP: Barack Nyare Mba
Une marre polluée par les eaux usées déversées. CP: Barack Nyare Mba

En visitant ce quartier j’ai pu constater la pollution du fleuve KOMO et de la rivière par les sociétés de gestion des ordures et celles chargées de vidangées les fausses sceptiques. Sur place j’ai pu voir des enfants se laver dans ces eaux, la plupart utilisent cette eau polluée pour faire la lessive et la vaisselle augmentant ainsi les risques de maladie. Après une forte pluie, une grande partie de ce quartier est inondée de toute part, ce qui ma foi empire la situation déjà difficile de ces compatriotes.

Un jeune en train de péché près d’une eau polluée CP: Barack Nyare Mba
Papa Elvis en train de parler avec son beau-père percher sur le toit. CP: Barack Nyare Mba
Une vue du quartier des travailleurs de la décharge CP: Barack Nyare Mba

Cette visite a véritablement et profondément marqué mon esprit, je n’imaginais pas une seule seconde que des Gabonais vivaient dans une aussi importante pauvreté mais surtout dans l’indifférence totale. Parfois quand nous nous plaignons de certains manquements, je pense que d’autres comme ceux qui vivent à la décharge de Mindoubé ont davantage de plaintes à faire. J’en appelle à la conscience de tous, à la solidarité de chacun de nous, à la responsabilité de l’Etat et de la municipalité afin que ces gabonais à part entière obtiennent l’aide et le soutien nécessaires pour vivre dignement.

Une vidéo de la rivière polluée par les sociétés de vidange et de gestion des ordures urbaines.


TOP 10 DES ACTIVITES ECONOMIQUES DES AFRICAINS AU GABON

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Salon de coiffure à Ntoum. CP:Gabonreview

Depuis de nombreuses années on  reproche aux Gabonais de ne pas exercer certains métiers ou activités économiques au profit de nos frères Africains qui prennent des initiatives pour se prendre en charge financièrement.  Il est de notoriété que certains de mes compatriotes abhorrent les « petits métiers » qu’ils considèrent dégradant pour leur personne alors qu’ils sont sans emploi ou n’ont aucune formation. Cette « fausse fierté » a écarté les gabonais des pans entiers de l’économie nationale, ce qui ma foi n’a pas joué en faveur de la lutte contre le chômage des jeunes Gabonais.

Pour vous donner une idée des activités des ressortissants Africains au Gabon, j’ai dressé un Top 10 de leurs principales activités dans la plupart des secteurs. Je tiens à préciser que ce billet n’est ni discriminatoire ni stigmatisant, il présente juste un état de chose pour une meilleure prise de conscience des opportunités que  les jeunes Gabonais en quête d’emploi peuvent saisir pour s’en sortir.

1 ) LES IVOIRIENS

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Dorothyduncan cp:fashionitagabon

Reconnus à travers le continent pour leurs talents dans le domaine de la mode Africaine, les Ivoiriens ne font pas exception de cette renommée au Gabon. Les couturiers ou tailleurs Ivoiriens habillent de nombreux Gabonais et Gabonaises qui apprécient leurs modèles originaux et tendance. On retrouve leurs ateliers aux quartiers Glass, Awendjé, Trois-quartiers et Nombakélé. Certains jeunes stylistes ou couturiers Gabonais emploient beaucoup d’Ivoiriens pour leur savoir-faire apprécié de tous.

 2) LES BÉNINOIS

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Taxi de Libreville


Les Béninois sont l’une des premières communautés Africaines à s’installer au Gabon et l’une des plus nombreuses. Dans la majorité des cas, ils sont taximen, enseignants dans les lycées et collèges comme professeurs de Français, biologie, mathématique, physique. Ils font le commerce de tissage et le cosmétique. Beaucoup de Béninois ont pris la nationalité Gabonaises et ont marié  des autochtones. « Les Bainko » comme on les appelle, vivent le plus souvent dans les quartiers Lalala, Nkembo, Carrefour Poubelle, Avéa et Soduco.

 3) LES SÉNÉGALAIS

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Un restaurant Sénégalais CP:latelierdescouleurs

Arrivés au Gabon depuis les années 40’ et 50, les Sénégalais sont l’une des plus vieilles et l’une des plus nombreuses communautés Africaines installées dans toutes les villes du pays. Ils sont très présents dans la restauration, dans la plupart des boutiques des quartiers appelées « Maliens », la bijouterie, dans l’enseignement des lycées et collèges comme professeurs de Français, philosophie, physique, Mathématique. Ils sont également dans le commerce des produits importés et la couture. On les retrouve le plus souvent dans les quartiers Nombakélé, Glass, Carrefour Léon Mba, Lalala-Dakar, Lalala à gauche et à droite.

4) LES MALIENS

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Un bijoutier Malien CP: Malinet

Parmi les plus grands commerçants Africains résidant au Gabon, les Maliens sont sans aucun doute dans le peloton de tête. Ils sont présents à travers tous le pays, dans les coins et recoins de nos villes et villages. Tout comme les Sénégalais, ils ont le sens du commerce et savent pénétrer un marcher pour ensuite en avoir le monopole. Comme activités économiques, ils sont dans la vente des matériaux de construction, le gardiennage, la vente de tissu, la maçonnerie, dans le transit, les prêts-à-porter, l’immobilier, la bijouterie, l’entretien des espaces verts. Ils vivent  dans les quartiers Glass, Nombakélé et Carrefour Léon Mba.

5) LES CAMEROUNAIS

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Une vendeuse camerounaise dans un marché de Libreville CP: Bdpgabon.com

Nos amis et rivaux camerounais sont naturellement très nombreux au Gabon, Ils sont également l’une des communautés les plus nombreuses dans le pays. On partage tant de choses avec  eux et sommes toujours en concurrence pour le leadership en Afrique Centrale. En général ils investissent au Gabon dans les Makis et autres débits de boissons, la vente des produits agricoles dans les marchés de la capitale.  En somme ils excellent dans toutes sortes de  commerce et même dans les domaines pas recommandables. Suivez mon regard. Ils sont également dans l’enseignement des collèges et lycées et même au supérieur. Ils vivent le plus souvent dans les quartiers Sorbonne, Akébé, Cosmoparc et Lalala.

6) LES NIGÉRIANS

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Une friperie CP: Ouestafrikablog

Les Nigérians sont de grands voyageurs comme vous le savez tous. Il est impossible qu’ils ne fassent pas partie de ce top 10 car leur présence est tellement visible et importante pour que cela passe sous silence. Passés maitre dans l’art de l’illégalité dans leurs activités pendant un bon nombre d’années, les « Niga » dominent désormais le commerce de la friperie, les salons de coiffure pour hommes, les pharmacies par terre. Ils sont aussi pasteurs ou prophètes dans plusieurs églises dites éveillées. Ils vivent le plus souvent dans des quartiers névralgiques de la capitale Gabonaises tels que Rio, Gare routière, Soduco ou Avéa.

 7 ) LES GHANÉENS

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Une flottille au pont Nomba CP: gabonreview.com


Que dire sur les Ghanéens et leurs activités ? En réalité ils sont au Gabon depuis très longtemps mais sont discrets et vivent leur vie. Comme les Nigérians,  les «  Man Ghana » comme on les appelle ici, avaient il y a quelques années une mauvaise renommée due principalement à certains délits graves qu’ils commettaient. Heureusement avec le temps les choses sont plus ou moins rentrées dans l’ordre. Les activités économiques dans lesquelles ils exercent sont l’agriculture notamment le maraîcher,  la pêche pour laquelle on les nomme  » Les Calaba », la vente de tissage et des fleurs. Ce sont aussi des cordonniers et des coiffeurs pour hommes et femmes. Ils vivent le plus souvent aux quartiers la Campagne, la Sorbonne, Pont Nomba, Acaé, derrière la pédiatrie.

 8) LES CONGOLAIS

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La pancarte d’une église éveillée CP: chroniquesgabonaises.com


Les congolais ne peuvent pas être oubliés dans ce top 10 pour la simple et bonne raison qu’ils se sont spécialisés dans deux types d’activités propres à eux : La musique et la religion. Les Congolais qui vivent au Gabon sont généralement chanteurs dans des orchestres qui animent les soirées Librevilloises. En plus de cela, ils sont aussi pasteurs. C’est d’ailleurs dans ce dernier domaine qu’ils excellent le plus avec leurs nombreuses églises. En général ils vivent dans les Akébé.

 9) Les Mauritaniens

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Façade d’un boutique Mauritaniene Libreville CP:Gabonreview.com

Les Mauritaniens qui pourtant viennent de très loin se sont imposés dans le domaine de la distribution au Gabon. Ils ont une sorte de supérettes « discount ». Ces supérettes sont  appelées « Mauritanien », elles approvisionnent les Gabonais en tout et à bas prix. Disséminer à travers le pays, ils vivent en vase clos et habitent très souvent aux alentours de leurs commerces. Ils n’ont pas de quartiers où on les retrouve en grand nombre, ils sont un peu partout à Libreville et à l’intérieur du pays.

 10) Les Equato-guinéens

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Un depot de feuille de contre-plaque CP: gabonindustrie

Très nombreux au Gabon avant l’avènement du boom pétrolier dans leur pays, les Equato-guinéens sont nos plus proches voisins comme les Camerounais. Dans les années 90’ une vague avait migré au Gabon pour fuir la dictature et trouvé du travail. Aujourd’hui avec le pétrole qui coule à flot, un grand nombre est retourné dans leur pays chercher du travail. En dépit de cela, les Equato-guinéens qui vivent au Gabon sont le plus souvent femmes de ménage, baby-sitter, maçons, menuisiers, sculpteur à l’intérieur du pays. Ils sont aussi dans la manucure et pédicure. Leur présence était tellement importantes qu’ils ont meme eu un quartier nommé Atsibe Ntsos. Ils sont également à Nkembo, Avéa où beaucoup d’entre eux vivent actuellement.

On dit souvent qu’il n’y a pas de sous métiers mais de sots gens, alors que chaque jeune Gabonais change de mentalité et comprenne enfin que dans la vie seul le travail honore et libère l’homme. Nos frères Africains nous ont montré le chemin à suivre, à nous alors de leur emboîter le pas afin de faire taire les mauvaises langues. Heureusement nombreux de jeunes Gabonais commencent à faire les activités réservées avant aux expatriés Africains.

J’en appelle alors au sursaut de tout un chacun, si l’Etat ne peut pas nous prendre en charge alors prenons-nous en charge en faisant les affaires. A bon entendeur, salut.


Mon retour au pays natal

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Carte Libreville. CP: Bienvenualibreville

Après cinq longues années d’absence, je suis désormais de retour dans mon pays natal le Gabon. Comme dit le proverbe : « Même après plusieurs années sur l’eau, le bois mort ne sera jamais un caïman ». Dans mon cas sachez que je suis resté un authentique Gabonais, attaché à sa patrie et à ses valeurs malgré le temps passé sur une autre terre d’Afrique.

Avant de quitter le pays de la Téranga qui m’a formé pour celui qui m’a vu naître, j’ai maintes fois nourri des interrogations sur l’état dans lequel je trouverais ce dernier. Mon retour au pays me donnait enfin l’opportunité de répondre à des interrogations qui taraudaient mon esprit. Ce retour me donnait aussi l’occasion de cesser de spéculer pour laisser place aux réalités palpables.

A mon arrivée à Libreville je mourais d’impatience d’emprunter la voix express pour voir ces fameux échangeurs que le grand manitou de l’émergence avait construits pour régler le problème des embouteillages. Grande était ma désolation de constater qu’ils ne sont guère ce à quoi je m’attendais surtout quand on sait qu’il a fallu près de quatre ans pour les construire et plusieurs campagnes de com’ pour en parler.

Le cadre de vie des Gabonais n’émerge visiblement pas malgré les centaines de milliards « déboursés » pour améliorer les voiries urbaines. Je n’ai pas vu des espaces verts ni de jardins publics encore moins de lieux sains pour l’épanouissement de mes jeunes frères et sœurs. Les bars et autres débits de boissons connaissent un foisonnement exceptionnel et sont presque toujours bondés de monde c’est pourquoi les Gabonais ont eu le triste record en 2013 d’être les premiers consommateurs d’alcool en Afrique avec 123 litres de bière par an et par personne.

 

Des élèves côtoyant les ordures à la Cité SNI de Owendo CP: Barack Nyare Mba

Ordures ménagères jonchant les rues. CP: Barack Nyare Mba

Comme si l’alcool n’était pas suffisant, les Librevillois ont comme premier compagnon les ordures avec les corollaires que nous leur connaissons. Idem pour la commune voisine d’Owendo qui ma foi s’est davantage paupérisée.  Il est difficile de traverser un quartier sans apercevoir une poubelle à ciel ouvert. Comme toujours on accuse les populations d’incivisme pour disculper l’incompétence de certains à régler définitivement ce problème d’ordure ménagère qui quoi qu’on dise affecte durement la santé des Gabonais.

En parlant de santé, j’ai bel et bien vu les CHU d’Owendo et de Libreville, mais pas encore celui d’Angondjé. Aux dires des Gabonais que j’ai  rencontrés et de la presse, les soins qui y sont dispensés ne répondent pas aux attentes de mes concitoyens. D’ailleurs la presse en fait ses choux gras lorsque l’occasion se présente comme dans le journal Le Matin n°42 du mercredi 5 novembre 2014 qui titre : « URGENCE DE LA REFORME » dans la santé. En dépit des « 1000 milliards » dépensés depuis six ans, les Gabonais ne sont pas toujours bien soignés, c’est pourquoi l’Etat vient de signer une énième convention cette fois avec l’américain MSH pour « une nouvelle gouvernance en matière de santé ». Que des mots rien que des mots.

En ce qui concerne l’éducation, franchement je ne veux même pas en parler tellement je suis outré et inquiet pour les plus jeunes. Dès mon arrivée, les enseignants étaient déjà en grève illimitée. Jusqu’à ce que je publie ce billet, aucune solution n’avait été trouvée pour une reprise effective des cours. Voici une nouvelle année scolaire qui s’annonce très difficile.

Tout autre chose : j’ai constaté qu’à Libreville les voitures étaient très régulièrement couvertes de boue alors qu’on ressasse à longueur de journée sur les ondes télé et radio les prouesses en ce qui concerne la construction des routes. Avec les pluies qui s’abattent actuellement sur Libreville, de nombreux nids de poules se transforment en patinoire boueuse au grand dam des automobilistes. A Lalala à gauche par exemple, un cratère s’est formé au milieu de la chaussée depuis un an au moins sans que cela n’émeuvent les autorités municipales. Après une forte pluie, cet endroit se transforme à une piste d’éléphants rendant ainsi difficile la circulation des véhicules qui traversent cette route très fréquentée.

Géant nid de poule au quartier Lalala à gauche. CP: Barack Nyare Mba

Autre chose constatée :  Les automobilistes librevillois s’adonnent à une sorte de rallye qui ne dit pas son nom. Les chauffeurs font des dépassements à droite, certains prennent le volant sous l’effet de l’alcool croyant être plus vigilants en étant bourrés, les taximans et les chauffeurs de grumiers et poids lourds sont passés maîtres des accélérations dangereuses. Résultat : plusieurs accidents mortels sont régulièrement enregistrés. C’est le cas par exemple de l’accident qui a coûté la vie à trois personnes mardi passé au pont Nomba.

Le taxi dans lequel trois personnes ont perdu la vie. CP: Infos241

Un chauffard de remorque dans une folle allure est allé percuter un taxi situé sur l’autre voie tuant du coup deux jeunes dames puis le taximan qui décédera un peu plus tard à l’hôpital. Il y a eu d’autres accidents de cette violence qui ont fait le malheur de nombreuses familles ce qui en principe devrait susciter la vigilance de tous, notamment des chauffeurs.

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Le comble de tout cela c’est que dans tous les carrefours de Libreville on peut voir stationner les voitures de policier ressemblant à ceux de l’apartheid en Afrique du Sud. Malgré cette présence dissuasive, les automobilistes continuent tout de même de conduire sans être inquiétés. Je ne sais pas trop à quoi ils servent, ou qui ils servent, ce qui est sur c’est que malgré leur présence très remarquée, les riverains ne semblent pas être protégés, mais plutôt surveillés.

Sur le plan politique, c’est la parution du livre de l’écrivain Pierre Péan dont le titre est « Nouvelles affaires africaines. Mensonges et pillages au Gabon » publié chez Fayard qui fait le buzz et met le pouvoir en émoi. Les sorties télévisées radio se sont multipliées, en tête desquelles la malhabile et audacieuse intervention télé à Gabon Télévision de Pascaline Bongo qui a dit que les deux panthères du blason de la République gabonaise la représentaient ainsi que son frère Al . C’était incroyable de l’entendre dire ça ! Dans toutes les rues de la capitale, dans les taxis, au travail, dans les bars, mais aussi sur les réseaux sociaux, les Gabonais concluent que Pascaline a clairement dit que le Gabon appartenait à la famille Bongo ce qui naturellement a réveillé le courroux, mais surtout l’indignation du plus grand nombre de Gabonais au point où l’opposition réclame la démission du président Ali.

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Pascaline Bongo et son frère Ali représentant les deux panthères du blason de la République gabonaise. CP: Infos241

En somme je ne dirais pas que tout est sombre au Gabon toutefois les services primaires ne sont nullement assurés convenablement ni équitablement. Que ce soit le cadre de vie, la santé, l’éducation en passant par la sécurité routière ou encore la protection des mineurs, les Gabonais rencontrent visiblement d’énormes difficultés dans leur vie quotidienne. Je n’ai pas encore fait le tour de Libreville ni du Gabon, néanmoins ce que j’ai déjà vu ne présage rien qui vaille pour le reste de la ville ou du pays.

Malgré ce désolant constat, je suis naturellement très heureux d’être de retour parmi les miens, d’avoir vu ma famille mes amis et toutes mes connaissances. C’est une joie immense de tous les voir en bonne santé malgré les quelques aléas que je viens de vous citer. Comme ça fait du bien d’être chez soi.


Brice NDONG s’explique sur les raisons de sa grève de la faim

Brice NDONG faisant sa grève de la faim. CP: Brice NDONG

Le 17 Octobre dernier au matin, Brice NDONG et ses deux associés ont assisté à la destruction de leur complexe sis au quartier carrefour camp de Gaulle par les engins du génie militaire. Stupéfait par la robustesse de l’opération qui détruisait des centaines de millions investis, il décide alors d’entamer une grève de la faim afin d’alerté l’opinion sur ce qui était son sort. Esprit Africain l’a contacté pour qu’il nous en dise plus sur cette histoire mais aussi sur ce qu’il attend des autorités gabonaises.

ESPRIT AFRICAIN : En fin de semaine passée vous avez été victime de la destruction de votre complexe, Où se situait t-il et quels genres d’activités on y pratiquait ?

Brice NDONG : Mon commerce se situait au carrefour camp de Gaulle.(NDLR : Un quartier de Libreville) Il s’agissait d’un ensemble de huit bâtiments où on trouvait des restaurants, snack bar, lavage Auto, vente et exposition d’objets d art, et autre petits commerces de friperie.

ESPRIT AFRICAIN : combien de gabonais y travaillaient?

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Le complexe de Brice NDONG sis au carrefour camp de Gaulle. CP: Brice NDONG

Brice NDONG : Au total 10 Gabonais et Cinq expatries employés de manière permanente mais il y avait aussi ceux qui venaient temporairement.

ESPRIT AFRICAIN : Que vous a t-on dit lorsque vous avez trouvé vos commerces détruits et quelles procédures avez vous suivi après ce désolant constat ?

Brice NDONG : Rien, aucune administration ne s’est déclarée pour l’assumer. Les militaires nous ont dit vaguement que les instructions venaient du Président de la République…Pas plus..Mais nous ne pouvions pas discuter avec des soldats. Pour suivre une procédure il faut avoir des éléments de preuve sur lesquels s’appuyer…aucun document tenant lieu d’ordre de mission ne nous a été présenté..Dans ce cas on porte plainte à qui? Au Président de la République ? C’est pourquoi nous avons tout de suite engagé des actions avec la presse pour nous faire entendre. C’est au Président de la République de nous dédommager.

ESPRIT AFRICAIN : Et depuis que vous avez entamé votre grève de la faim, quelles sont les autorités qui sont venues vous voir?

Lors de la destruction du complexe de Brice NDONG. CP: Brice NDONG

Brice NDONG : J’attends un signal fort de la Président de la République. La journée de lundi (Hier) va être mouvementée, je tiendrais un point de presse devant le siège de l’Assemblée Nationale. Les parlementaires sont entrés en négociations avec moi mercredi soir, dont le 3eme Vice Président du bureau de l’Assemblée Nationale, Monsieur Adrien Nkoghe Essingone pour me demander d’observer une trêve le temps de permettre aux Hautes autorités de régler mon problème. Moi je veux des émissaires de la Présidence pour me donner des garanties acceptables. J’ai saisi le Président de la République lui-même le 20 octobre et les ambassades..J’attends une solution de la Présidence de la République.

ESPRIT AFRICAIN : OK, Selon vous, des gens ont-ils utilisé le nom du chef de l’Etat pour couvrir la décision d’une tierce personne qui vous jalouserait?

Ce qui reste du complexe de Brice NDONG. CP: Brice NDONG

Brice NDONG : Je ne peux pas affirmer que les gens ont utilisé le nom du chef de l’Etat. Sauf qu’il y a une certitude, le déploiement des engins du génie militaires, encadrés par des unités d’élites de la gendarmerie nationale avec des gilets par balles et des fusils d’assaut ne se fait pas sans un ordre du ministre de la défense nationale ou de la Présidence de la République. C’est pourquoi lorsque les militaires nous ont dit que l’ordre venait du Président, nous avions toutes les raisons d’y croire.

ESPRIT AFRICAIN : Avez-vous eu des antécédents avec des dignitaires qui en veulent à vos affaires?

Brice NDONG : Des antécédents avec des dignitaires ? Non, pas de manière formelle mais il faut dire qu’après avoir viabilisé cet espace devant tous, ça attiré les convoitises. Au Gabon, une fois vous avez une affaire, même financée sur fonds propres et que vous n’appartenez pas aux cercles mafieux – à moins d’être un expatrié- vous avez automatiquement des ennemis. Moi je ne fais pas de politique et je n’appartiens pas aux cercles de ce fait je suis une cible potentiel. Ils n’aiment pas voir les jeunes gabonais émerger de manière indépendante. Je dis non et non je crois en une République Laïque et impartiale qui offre une égalité de chance à tous, même ceux qui ne sont pas du même bord. Je dis non! Cette opération c’est du voyoutisme d’Etat. Si l’Etat avait un projet public ou privé à cet endroit, il devrait tout d’abord nous recenser, nous sensibiliser, évaluer nos biens en vue d’une indemnisation. Or, ils ont procédé brutalement à la démolition de nos biens sans aucun préavis et c’est ce que je dénonce vivement. Aucun Etat qui défend son peuple ne se comporte d’une manière aussi irresponsable.

ESPRIT AFRICAIN : OK, pour finir jusqu’où irez-vous pour obtenir réparation au cas où le Président de la République ne réagissait pas?

Brice NDONG : Je n’ai pas encore envisagé la possibilité que le Président de la République soit insensible à ma détresse. Si c’est le cas, je multiplierai d’autres actions de quelque manière que ce soit pour que mes droits soient reconnus. Depuis que l’opération de démolition a commencé dans la capitale, c’est la première fois que les Gabonais se lèvent pour dire Non. Mon objectif est d’amener le gouvernement à respecter les droits de chaque citoyen. Les Gabonais doivent être traités avec dignité et responsabilité. Demain, je tiendrai un point de presse devant le siège l’Assemblée Nationale pour faire le point des négociations que j’ai entamées auprès des autorités.Je peux déjà vous dire que le ton va se durcir.

Sachez que à la suite de son point de presse tenu ce lundi, Brice NDONG a momentanément arrêté sa grève de la faim comme demandé par certaines autorités afin que son problème puisse trouvé solution.

A faire à suivre….


Top 10 des plats préférés des gabonais

 

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Plat Gabonais; CP: Routard

Dis-moi ce que tu manges et je te dirais qui tu es. Je pense que cette assertion est on ne peut plus clair car à partir de la gastronomie on peu connaitre la diversité culturelle et les habitudes alimentaire d’un peuple. On n’en parle pas souvent mais l’art culinaire gabonais est aussi riche que varié et mérite de ce fait une meilleure visibilité auprès des amoureux de cuisine Africaine.

Cette liste n’est pas exhaustive, c’est pourquoi j’ai fait appel à la participation de mes amis sur facebook pour leur demander de citer leurs plats préférés gabonais. Les réponses gourmandes étaient nombreuses et je tiens pour cela à les remercier mais aussi la page facebook Gastronomie Gabonaise pour les photos.

  1. Le poulet fumé au Nyembwé :
    C’est un classique Gabonais qui fait mordre les doigts à tous. Le chouchou des estomacs Gabonais est préparé au quotidien comme lors des cérémonies familiales à travers tout le pays, il est même capable de rassembler autour de lui les ennemies d’hier. Le Nyembwé signifie huile de palme en langue myené et s’accompagne de banane mure de manioc râpé ou encore du riz. A manger sans modération.
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    Poulet au nyembwè CP: fcb/gastronomie gabonaise
  1. Les feuilles de manioc à la pate d’arachide :
    Les feuilles de manioc sont incontestablement l’un des plats préférés des Gabonais. Mélangées à la viande ou au poisson séché et agrémenté par des crevettes fraiches, Ce plat est Habituellement servi le weekend lors des repas de famille et même en semaine. Pour mieux l’apprécier, on l’accompagne avec du manioc,  du riz ou des doigts de banane. Noter que dans certaines provinces du pays, notamment au Nord et au Centre, on le prépare aussi sucré. Humm un délice !
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Feuilles de manioc à la pâte d’arachide. CP:mangergabonais.
  1. Bouillon de carpe pimenté :
    C’est le fidèle compagnon matinal du fêtard Gabonais. Après une bonne cuite le samedi, on se retrouve le dimanche entre amis ou en famille à avaler des cuillères de soupes pimentées pour évacuer le « speed ». Attention ça coule du nez ! Ce sont des moments de fraternité qu’on partage autour de ce plat.
bouillon de carpe CP:facebook/gastronomie gabonaise
  1. Le sanglier dans l’Odika :
    Humm… je me mors d’ores et déjà les doigts. Sa majesté le sanglier préparé dans l’Odika est un péché culinaire.  C’est la raison pour laquelle il est particulièrement cuisiné lors des cérémonies de mariage ou lors des grandes fêtes. La viande de sanglier marinée est couronnée d’un « chapeau » qui fait l’objet de toutes les convoitises lors des repas. C’est une viande encore plus appétissante que le porc. L’Odika quant à lui est le pain du fruit d’un arbre appelé ANDOK. Il est râpé et donne une couleur « chocolat » au plat. Un Véritable délice !!
Plat à l’Odika CP; fcb/gastronomie gabonaise
  1. Poisson salé avec des crevettes et des choux :
    Personnellement c’est mon plat préféré. Le poisson salé préparé avec des choux, des crevettes, des carottes, poivrons, est un plat exquis. Il est le plus souvent préparé le week-end comme en semaine dans les familles gabonaises. On l’accompagne souvent de manioc ou de banane pilé. Je conseille ce plat à tous ceux qui se rendent au Gabon, vous n’y échapperait pas de toutes façons !
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Poisson salé CP: Fcb/gastronomie Gabonaise
  1. Aubergines à la sardine et crevettes :
    Grand classique de la gastronomie gabonaise également, ce plat est très régulièrement préparé dans les cuisines gabonaises en particulier le week-end. Accompagné de banane plantain ou de manioc, il est dégusté en « entrée » durant le plat de résistance  car sur nos tables d’autres plats encore plus consistant attendent.
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Plat d’aubergines. CP: fcb: gastronomie gabonaise
  1.  Sardine fumé dans le Nkumu :
    Originaire du sud –Ouest du Gabon, ce plat est quotidiennement préparé et même durant les manifestations joyeuses. Mélangé avec des crevettes et de l’huile de palm, il fait l’unanimité après une dégustation accompagnée de manioc ou de banane pilé.

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    Sardine fumée au Nkumu cp: fcb/gastronomie Gabonaise

 

  1. Poisson à la braise aux beignets :
    Vous ne pourrez pas faire une virée nocturne dans les artères de Libreville sans manger un bon poisson à la braise. Un vrai délice à couper le souffle. Demandez du capitaine braisé baigné d’une sauce tomate et accompagné de beignets, de mayonnaise, du piment et bien sur d’une bonne Régab (bière locale), vous m’en direz des nouvelles à la fin !!
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Poisson braisé au riz CP: fcb/gastronomie Gabonaise
  1. Les cotis  de porc braisées :
    Une autre spécialité des soirées animées à la gabonaise. Les cotis braisées se sont carrément imposées dans nos habitudes alimentaires à cause de son gout diablement bon. Durant les sorties nocturnes et même lors des cérémonies familiales, ce plat est servi accompagné de riz de beignets ou de manioc.
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Cotis braisée. CP: fcb/gastronomie Gabonaise

10.Coupé coupé au pain :
C’est une recette originaire d’Afrique de l’Ouest mais qui est profondément ancrée dans nos habitudes alimentaires. Habituellement mangé le matin au petit déjeuner, il est accompagné de pain ou fait en sandwich. Avec du piment en poudre et de l’oignon sec  ou blanchi, il fait toujours explosé les papilles lorsqu’on le déguste.

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coupé coupé. CP: fcb/gastronomie gabonaise

Bonne appétit à tous et à nous voir au Gabon.

 

 

 


Quid des partis politiques au Gabon ?

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Lors d’une élection au Gabon. CP: Journalducameroun.com

Depuis l’avènement de la démocratie pluraliste en 1991, le Gabon comme la plupart des pays d’Afrique francophone, a connu une prolifération vertigineuse des partis politiques  issus de courants divers prouvant ainsi la volonté des Gabonais et des Gabonaises à participer au débat public. Toutefois malgré 23 ans de pluralisme politique, la nouvelle génération d’électeurs ne trouve toujours pas dans ces partis politiques le creuset de leurs espérances et idéaux.

Partons tout d’abord d’un constat : La population Gabonaise est composée à 65% de jeunes compris entre 15 et 35 ans et pourtant ils sont presque absents de la scène politique nationale notamment au parlement et dans les collectivités locales. Vous me demanderez pourquoi cet état de fait ? C’est tout simplement parce que d’une part les partis politiques ne mettent pas en avant les jeunes et d’autre part parce que le format de ces partis ne semble pas correspondre aux attentes des jeunes mais plutôt à celles des fondateurs et des membres influents.

Quel est l’état des lieux ?

Le Gabon compte 54 partis politiques (2012) pour un collège électoral de moins de 745.000 (2011) électeurs sur une population d’un peu plus de 1.588.000 habitants. En réalité seule une huitaine participe activement au jeu politique, on peut citer Le PDG, l’UPG, le RNB, l’ex UN, le PGP, le PSD, l’UPRN et le CLR. Les 46 partis restant n’ont quasiment pas de visibilité sur l’échiquier politique national, renforçant ainsi l’idée de « partis pacotilles » auprès des populations.

L’hégémonie politique et financière du PDG (Parti Démocratique Gabonais) et sa capacité à phagocyter ces adversaires, ont contribué fortement à le maintenir au pouvoir durant plus 40 ans sans discontinuité. C’est une dictature pour les opposants mais un plébiscite pour la majorité : Et vous, qu’en pensez-vous ? Bref, plus que dans le passé le PDG occupe une place encore plus importante car il coiffe presque la totalité des sièges au parlement et dans les collectivités locales.

Pour survivre à cette domination, les « partis marginaux » vont jusqu’à lier des alliances contre nature avec le PDG. C’est le cas tout récemment du ralliement entre le PDS  (Parti pour le Développement et la solidarité Sociale) de Maitre  Ndaot, qui est supposé être socialiste avec le PDG qui est en principe libéral. Dites-moi, la situation sociale du pays n’est-elle pas assez alarmante pour renforcer les arguments de contestation de ceux qui se réclament de la chapelle socialiste ? C’est là une interrogation qui devrait vous interpeller. Dans le meme sens on peut aussi citer la participation active du mythique RNB de MBA Abessolo à la majorité présidentielle de l’époque de feu Omar Bongo jusqu’à nos jours. Ce fut une trahison pour plus d’un Bûcheron.

Aussi courte que la vie d’un homme…

La particularité des partis politiques au Gabon est leur difficulté à survivre politiquement à la suite de la disparition de leurs fondateurs. Certains se rappellent des crises au PGP (Parti Gabonais du Peuple) après le décès de Maitre Agondjo Okawé, de la scission qu’a connue l’UPG à la suite de la disparition de son fondateur Pierre Mamboundou ou encore les multiples dissidences au sein du PDG après le décès d’Omar Bongo en 2009. Le malheur de ces fondateurs est qu’ils n’ont pas eu de successeurs capables de proposer une vision d’unité et surtout de pérennité aux membres du parti mais aussi à l’électorat.

En dehors de cet aspect, la majorité de ces partis politiques n’a pas de représentation nationale. On peut par exemple citer Rassemblement des Gaulois, ANG, UGD, RDR, FPU, BRD, PDN, UDL, RDD, EPI, FAR, UDPS, URDP etc. Ce sont des partis que vous ne connaissez surement pas mais qui existent pourtant depuis bien des années. Comment se plaindre alors du faible engagement des Gabonais quand on sait que la plupart des partis n’a point de cellule, de délégué ni de représentant dans nos villes et villages afin d’être proches des populations pour connaitre leurs « vraies » difficultés quotidiennes et pour inculquer  à ces derniers leurs projets politiques ? Ces manquements de bases prouvent à suffisance leurs incapacités à défendre nos intérêts en l’état actuel des choses.

Quelles perspectives pour l’avenir ?

La dangereuse fébrilité de ces partis politiques, surtout de l’opposition, les contraint souvent à créer circonstantiellement des alliances, coalitions et fronts pour affronter le seul PDG. Toutefois individuellement les mêmes défauts continuent à nourrir leur fonctionnement. Pourtant la juste cause qu’ils prétendent défendre est celle de la majorité des Gabonais, mais leur absence sur le terrain, l’opacité de leurs projets politiques et leur ethnicisation dans une certaine mesure,  contribuent quoi qu’on dise au désintéressement politique constaté chez les Gabonais.

Je pense qu’un parti politique a pour objectif final d’exercer un jour le pouvoir, dans le cas contraire on aura alors affaire aux associations politiques créées de toutes pièces. Il est temps pour ceux qui se considèrent comme parti politique, de s’adapter aux nouveaux enjeux auxquels ils font désormais face, les jeunes en particulier et les Gabonais en général ont besoin qu’on leur proposent des idées nouvelles, ils ont besoin de leaders dignes et honorables, soucieux de leurs problèmes et qui répondent à leurs interrogations non plus ces mercenaires politiques au service de leur cupidité.


Quid de la politique carcérale au Gabon ?

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Des adolescents emprisonnés. CP: Gabonreview.com

Les hommes et femmes politiques Gabonais notamment ceux du gouvernement et des partis d’opposition devraient au lieu de se « chamailler » continuellement sur les fichiers électoraux  ou faire l’apologie de l’émergence, s’atteler à nous proposer leurs politiques sur des questions comme celle de nos prisons et les alternatives que l’Etat pourrait offrir aux prisonniers après avoir purgé leurs peines. Voilà de vraies préoccupations parce que les populations sont victimes  au quotidien des forfaits de malfrats en « herbe » et des récidivistes.

Vous-vous rappeler de la grève de la faim entamée par plusieurs prisonniers le 06 Octobre 2013 à la prison centrale de Libreville pour protester contre leur conditions d’incarcération? Il l’ont fait parce qu’il manquait de l’eau potable, leurs difficultés pour s’alimenter et l’épineuse surpopulation de la prison. Pour rappel, elle avait été construite pour accueillir 300 détenus, aujourd’hui ils sont plus de 1500 à s’y entasser. Vous-vous rendez compte, des prisonniers qui font une grève de la faim! Cela traduit tout simplement  les conditions inhumaines de leur détention.

Le rapport 2013 sur les droits de l’Homme au Gabon publié chaque année par le Département d’Etat Américain, confirme la protestation des « grévistes prisonniers » en déplorant les conditions « délétères » des prisons. Le rapport ajoute ensuite que  » l’alimentation  l’hygiène et la ventilation étaient médiocres », puis d’enfoncer le clou en notant que l’état les maisons d’arrêt et les centres de détention étaient comparables à celles des prisons.

Comme si le rapport Américain n’était pas suffisant pour attirer l’attention du gouvernement Gabonais sur la question carcérale, celui de la Commission Africaine des Droits de l’Homme & des peuples réunie en Gambie du 07 au 14 Mars 2014,  faisait également le même constat préoccupant. En effet,  la commission mentionne dans son rapport :

45. L’inadéquation des infrastructures avec les besoins de la population carcérale et la cohabitation dans les mêmes cellules, des détenus avec des condamnés ainsi que des mineurs avec des détenus majeurs;

46. L’absence de soutien pédagogique ou professionnel susceptible de favoriser la réinsertion sociale des détenus après l’exécution de leur peine;

Ce sont-là des questions cruciales à répondre si les hommes politiques actuels veulent nous parler de société démocratique et égalitaire car les droits de l’homme sont le cœur même de cette fameuse démocratie dont ils se réclament être les défenseurs.

Je trouve qu’il serait judicieux pour la justice qui prononce les peines au nom du peuple Gabonais, de ne plus systématiquement jeter en prison tous ceux qui sont condamnés et de proposer à ceux qui y sont les conditions humaines d’incarcération et des alternatives pour assurer leur réinsertion sociale. Nous ne pouvons plus vivre dans un pays où la justice ne puni qu’en incarcérant les coupables de contravention ou de délit, des peines de substitution et des peines non-privatives de liberté peuvent être prononcées pour accorder à tous la chance de se racheter auprès de la société et d’eux-mêmes.

Saviez-vous que 1/3 des prisonniers de la prison centrale de Libreville sont en attente de procès, certains l’attendent depuis trois ans déjà alors qu’il ne sont qu’en détention provisoire qui dure en réalité 6 mois pour les délits et jusqu’à 1 an pour les crimes. Où est la justice dans tout ça ? Quand les mineurs et les adultes sont enfermés dans la même cellule, où est la justice et les droits des enfants ? Quand les criminels et ceux qui ont commis les délits sont logés à la même enseigne, ne fait-on pas de ces derniers de futur criminels? Est-ce la justice à laquelle nous aspirons et pour laquelle les autorités s’en vantent?

Je comprend maintenant pourquoi la plupart de ceux qui ont fait la prison en sortent plus délinquant qu’avant, c’est comme si ils étaient allés en stage et à leur sortie sont prêts pour l’emploi. Au lieu qu’on incarcère un petit dealer de quartier pendant de long mois en compagnie de criminels de grands chemins, on pourrait le condamner  à travailler dans les grands chantiers de l’Etat comme ouvrier, ou encore dans les immenses plantations de l’intérieur du pays ? Il peut aussi être condamné à faire des travaux d’intérêt général en ville ou dans les villages.

Une maxime dit que « le travail libère l’homme », j’en suis intimement convaincu car c’est par le travail qu’on juge les Hommes et c’est par lui aussi qu’on devrait les libérer. En réalité le travail pour un condamner ne peut pas manquer dans un pays comme le notre qui doit presque tout construire pour accélérer son développement. La dispensation des formations professionnelles au sein des prisons faciliterait également la socialisation des prisonniers qui n’ont pas de métier, sans oublier la création des centres de redressement pour les mineurs reconnus coupables afin qu’il purgent leur peine autrement qu’en prison.

 Je suis foncièrement contre la déshumanisation et l’exclusion sociale sous toutes ses formes,  nous avons déjà assez souffert  comme ça pour que NOUS-MÊMES Africains en général et Gabonais en particulier, privions à certains parmi NOUS, quoique délinquants, cette liberté qui nous a tant été arrachée et dont nous tenons à conserver. La sanction doit être accompagnée par la pédagogie, on ne peut pas sanctionner pour sanctionner mais plutôt pour en faire de meilleurs citoyens au risque de fabriquer des personnes qui défieront toujours l’autorité ce qui les maintiendra en marge de la société.

LIBEREZ FIRMIN OLLOMO OBIANG


Racisme et xénophobie : les supplices des noirs Africains en Inde

Un africain conduit par les policiers Indiens CP:le-blog-sam-la-touch.overblog

Depuis une décennie l’Inde multiplie et diversifie la coopération avec le continent en octroyant notamment des bourses ou en ouvrant ses universités aux étudiants africains. Le revers de cette médaille est la multiplication des actes de racisme et de xénophobie dont sont victimes les étudiants noirs africains partis pour étudier dans ce pays.

On veut bien la coopération mais pas celle qui est accompagnée du racisme et de la xénophobie. D’entrée de jeu je pense qu’il est plus que nécessaire de le dire parce que trop c’est vraiment trop. Il ne se passe plus une année sans que nos frères partis pour étudier en Inde soient victimes de lynchage populaire, de meurtre, d’arrestation arbitraire, tout simplement parce qu’ils sont noirs et non pour les raisons farfelues brandies par les autorités Indiennes.

Quand on n’a pas de raisons, on cherche des prétextes.

Dans la plupart des cas d’agression ou de racisme sur les noirs Africains, l’une des raisons évoquées par les autorités Indiennes est étrangement celle dont sont victimes les Indiennes par les Indiens eux-mêmes, c’est-à-dire le harcèlement sexuel appelé « Taquiner Eve » ou encore le viol. Nous avons écho des habitudes sexuelles de nos amis Indiens qui sont passés maitres dans ces pratiques obscènes : On se rappelle du viol collectif  et crapuleux de cinq jeunes hommes sur une étudiante de 23 ans dans un bus à New Delhi, elle succombera de ses blessures; Du suicide de deux jeunes filles au Nord de l’Inde après un viol en réunion, ou encore du viol collectif commis sur une adolescente par 13 hommes sur ordre d’un conseil de village après une liaison hors communautaire, et j’en passe car je ne peux tous les citer.

En manque de raisons pouvant justifier les actes d’agression ou de lynchage populaire sur les noirs Africains, ils trouvent comme prétexte le harcèlement sexuel alors que celui-ci n’a jamais pu être prouvé. Hormis le harcèlement sexuel, les Indiens accusent également les noirs de faire de la prostitution et le trafique de drogue sans jusqu’ici prouver leur culpabilité.

Yannick NIHANGAZA de son vivant CP: iwau-burundi org
Yannick NIHANGAZA sur le lit d’hôpital accompagné de son père. CP: frontline.in

Toutes ces accusations fallacieuses ont entrainé le meurtre cette année du Burundais Yannick NIHANGAZA par neuf jeunes Indiens, l’assassinat d’un jeune Congolais de 25 ans dans les rues de New Delhi, l’arrestation arbitraire en 2013 de 21 ressortissants Congolais (RDC) dans l’Etat de Pendjab, le passage à tabac d’un Kenyan et d’un Sud Africain à New Delhi, le lynchage il y a quelques jours, de deux Gabonais et un Burkinabé dans un métro de la capitale Indienne. Autant d’exactions indignes d’un peuple héritier du message de paix et d’amour du Mahatma Gandhi. Ces agissements pourraient ternir les relations que tentent de nouer l’Inde avec l’Afrique et même pourraient entacher durablement le capital sympathie que le peuple Africain éprouve pour le peuple Indien.  

Que font les gouvernements Africains?

On se demande parfois pourquoi les africains sont victimes de l’inhospitalité raciste en Inde et dans d’autres pays. je pense très franchement que c’est parce que nos Etats ne protègent pas assez leurs ressortissants. Je ne pense pas qu’un pays s’amuserait à maltraiter des étudiants Américains, Européens ou Russes sans craindre l’intervention  musclée de leurs pays d’origine. Dans le cas africain, la passivité de nos gouvernements face à ces actes odieux  pérennise la xénophobie et le racisme que subissent les étudiants, les laissant ainsi dans une insécurité permanente.

Quelles mesures ou précautions comptent prendre nos gouvernements face à cette montée du racisme envers nos ressortissants en Inde ? Pourquoi ne pas convoquer les ambassadeurs Indiens accrédités chez nous pour explication ? Mais aussi pour exiger d’eux davantage de garantie sur la protection de nos ressortissants, surtout quand on sait que les policiers Indiens sont parfois complices des lynchages. Pourquoi ne pas brandir la menace de révision des accords de coopération pour imposer le respect et la sécurité des noirs africains?

La réaction de nos autorités est souvent tardive et motivée par les populations. Quelques réactions sont à citer notamment celles de la RDC qui avait réclamée suite au soulèvement populaire dans les rues de Kinshasa, la libération de ses de 21 ressortissants arrêtés arbitrairement dans l’Etat du Pendjab, tout dernièrement aussi l’ambassade du Gabon en Inde avait demandé l’ouverture d’une enquête judiciaire après le lynchage de deux Gabonais dans un métro de New Delhi. A part cela, rien de bien concret n’a été décidé pour assurer durablement la sécurité des noirs africains.

C’est vraiment dommage qu’au pays de Gandhi, qui a longtemps vécu en Afrique du sud et y a puisé sa doctrine, soit devenu le chantre du racisme et de la discrimination envers les noirs africains. Vivement que les autorités Indiennes et africaines trouvent les mesures idoines pour mettre fin à ces barbaries.

Je vous laisse avec deux vidéos: la première est celle de l’Association des Etudiants Africains en Inde; la seconde est celle du passage à tabac de deux gabonais et un burkinabé à New Delhi :  NON AU RACISME ET A LA XENOPHOBIE.