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La belle et rebelle Ndjolé

Njolé - vue sur le fleuve depuis l'hotel
Ndjolé, une vue sur l’ile Samory. CP : Tous-les-mots-sont-permis.blogspot.com

Je vous invite à la découverte de la  petite ville de Ndjolé, on dit aujourd’hui « ville » mais il y a des années c’était un  village de chasseurs et de pêcheurs au cœur des méandres de la foret gabonaise dans la province du Moyen Ogooué à 225 km de Libreville sur la nationale N1. C’est une ville particulière de par « ses histoires« , son Histoire et celle de certains hommes et femmes qui ont eux aussi marqués celle du Gabon et de l’Afrique. Ville hôte pour les voyageurs sur terre comme sur le fleuve Ogooué qui baigne son rivage, on y trouve d’ailleurs une richesse culturelle particulière due essentiellement à la diversité ethnique des peuples  autochtones. En général, l’imaginaire Gabonais ne retient d’elle que des faits divers parus dans les journaux, alors que si on cherchait à la découvrir, on y découvrirait de quoi raconter aux enfants.

La belle…

L’histoire officielle dit qu’elle commence lorsque Pierre Savorgnan de Brazza arriva dans ce village la première fois. On dit qu’il l’a trouva tellement belle qu’il décida de l’appeler « jolie », c’était en 1883. Avec le temps et sous l’influence de la langue Fang (langue locale) le nom changea pour devenir d’abord « N’zouli », puis sous l’influence cette fois-ci de la langue Française, elle pris sa forme actuelle N’djolé. Vous  avez naturellement compris qu’il s’agit de l’histoire du nom , non pas celle des « Ndjoléens » car celle-ci est bien antérieur à l’arrivée de de Brazza.

Située le long de la zone navigable de l’Ogooué (fleuve le plus long du Gabon), elle a deux rives et entres elles une île historique, l’île Samory.  Les missionnaires sont les premiers à  s’y installer en créant dès 1897 la Mission Saint Michel de Ndjolé sur la rive gauche, une autre Mission identique avait été construite plus-tard sur la rive droite à cause des dangers de la traversée en pirogue. Ville Multi-ethniques et culturelles, véritable lieu cosmopolite où les différentes ethnies (fang, Kota, Punu) vivent en plein harmonie.

Danse Okoukouwe à Ndjolé CP: Facebook/Jeunes de Ndjolé

Ndjolé est une ville très animée, vivante et pleine de sourire. Plusieurs danses traditionnelle des ethnies Fang et Kota agrémentent les soirées et animent les décès et retraits de deuil. Les danses comme « Elomba », « Megane » ou encore le Okoukouwe mobilisent toujours toute la communauté car ce sont des moments de retrouvailles et de partage. En plus de ces danses, saviez-vous qu’il en existe une  autre appelée « Danse de Gaulle » qui est pratiquée uniquement à Makokou (Nord-est), Minvoul (Nord) et Ndjolé. Elle a été créée en 1946 à la mémoire du Général de Gaulle qui avait joué un rôle important lors de la seconde guerre mondiale pour la libération d’une partie de l’A.E.F occupée par les Pétainistes.

Les amoureux de paysage pourront apercevoir pendant la saison sèche (Août, Septembre), une longue bande de sable autour de l’île Samory, offrant ainsi aux populations une superbe plage à la Ndjoléenne. Économiquement, c’est un carrefour stratégique pour le commerce fluvial, le transport ferroviaire comme terrestre. Les voyageurs s’arrêtent presque toujours au marché de Ndjolé pour acheter quelques produits ou manger un bout avant de reprendre la route.

Marché de Ndjolé. CP: Facebook/Les jeunes de Ndjolé

La rebelle…

Après quelques années d’installation Française, Savorgnan de Brazza transforma ensuite  N’djolé en ville prison en 1898.  La situation géographique de cette ville en fit un point stratégique pour les colons. Ils  y installa un tribunal militaire (le bâtiment existe toujours), on y jugeait certains résistants Africains et nationaux qui étaient contre la colonisation. Tout d’abord L’Almany Samory Touré, grand résistant Africain de l’empire Wassoulou (Guinée actuelle), il fut exilé à  Ndjolé par l’administration coloniale. Il mourut dans l’île qui porte aujourd’hui son nom en 1900 d’une pneumonie d’après les vieux du village.Une stèle y est érigée à son hommage. Ensuite un autre grand résistant, Cheikh Ahmadou Bamba, le fondateur de la plus grande confrérie musulmane du Sénégal, les Mourides. L’histoire raconte que  c’est à Ndjolé, où il était convoqué pour un  procès qu’il avait même remporté contre un colon, que Samory Touré et Cheikh Ahmadou Bamba se sont rencontrés pour la première fois avant que ce dernier ne soit renvoyé à Lambaréné.

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Stèle à la mémoire de Samory Touré, mort en captivité à Ndjolé en 1900. CP: journaldugabon.com

Quel privilège pour cette ville d’accueillir en son sein, et en même temps, deux illustres personnages qui ont donnés leurs vies pour le continent. Enfin deux autres grands résistants ont également séjourné dans les geôles coloniales de Ndjolé, le roi Kpoyizoun du Tado et le chef DOSSOU Idéou, tous deux originaires du Togo actuel. Tous ces hommes étaient des résistants qui étaient contre la pénétration des colons en Afrique et Ndjolé a servi de prison pour ces défenseurs de la liberté Africaine.

C’est un ancien village qui est devenu rebelle tout simplement parce que des rebelles y ont toujours vécu, bel héritage.  L’histoire de N’djolé est surtout marqué par son leader charismatique Emane TOLE, chef guerrier, il refusa en 1895 avec d’autres clans de se soumettre aux colons. Après des années de luttes acharnées, il fut arrêté et exilé avec son fils TOLE Emane, à Grand-Bassam en Cote d’Ivoire, qui fut aussi une ville prison. Après quelques années de prison, son fils fut libéré et revint au Gabon, ce qui ne fut pas le cas de son père EMANE TOLE qui mourut en captivité quelques années après. Son message et sa pugnacité ont toujours marqué et façonné l’esprit des N’djoléens. C’est un résistant Gabonais mal connu comme NYONDA, ELLANDE, MBOMBE ou  WONGO.

Sur l’échiquier politique national, elle est foncièrement un refuge d’opposants et  parfois d’anti-conformistes venus de tout le pays.D’ailleurs lors du coup d’Etat au Gabon en 1964, un groupe de militaires putschistes avaient pour mission d’emmener sous une nuit de pluie, le Président Léon MBA à la prison de Ndjolé, ville dont il est originaire d’une part. Sur le chemin  un gros arbre était tombé sur la colline qui mène à Ndjolé, cette situation les contraint à partir pour Lambaréné. Depuis ce jour on la nomme « la colline  Léon MBA« . Succinctement tels sont quelques grands faits et  grands traits  de cette ville unique.

La beauté sans aucun doute se trouve dans l’œil de celui qui regarde. l’histoire de cette ville peut être vue sous n’importe quel prisme mais le plus important est de retenir les enseignements qu’elle véhicule, la connaissance des hommes et femmes qui peuplent cet ancien village. Pour finir, sachez que la belle et rebelle Ndjolé est mon village.

 

 

 

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espritafricain

Commentaires

Malyakessany Arnold Samuel
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Bonjour à tous je suis fils de cette ville appeler ndjolé et je suis fière de l'être et cette découverte sur l'histoire de ndjolé me va droit au cœur car je ne connaissais rien de cette ville..je voudrais dire merci à ceux là même qui nous ont ouvert les yeux et nous apporter plus de connaissances que nous garde..

Barack Nyare Mba
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Bonjour, merci pour ce commentaire. J'ai créé un blog spécial sur l'histoire de Ndjolé. voici l'adresse : https://ndjole.mondoblog.org/

ALBERT AFENE
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Bonjour à tous je suis de cette ville car j'ai vu le dans celle-ci ;vous ne savez pas combien de fois cela me fait plaisir pour qu'enfin l'on écrit réellement l'histoire de notre belle petite ville.Félicitation et beaucoup du courage à vous

Ike MEFANE
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C'est avec une émotion presque démesurée que je viens de découvrir cet article...Tu as su exactement décrire ce bled, qui est comme, pour ceux qui s'en souviennent, "Rosa Salvaje"... C'est grâce aux acteurs tels que vous qu'on prendra conscience de la richesse qu'on a et qu'il serait temps de la nettoyer pour qu'elle luise aux yeux de ceux qui ,malheureusement, ont cette pensée de nous en tant que véritables barbares.
Merci

Barack Nyare Mba
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Merci Ike Mefane

assehardy
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ahhh comme sa fait plaisir quand t'on de ndjole en bien ça me rend heureux

EYENGA
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Chers tous bonjour , cette histoire est la notre , celle nos enfants , nous devons la vulgariser d'avantage .La génération Consciente de Ndjolé que j' incarne aujourd'hui marque un intérêt particulier à notre histoire .cette histoire est notre identité .Aussi je souhaiterai avoir une photo du Guerrier Emane Ntole.

Félicitation pour l' article .

JOVANIE EYENGA Ambassadeur de la Jeunesse.

Voyage en inde
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Salut, Je vous remercie d’avoir partager avec nous votre informations. J’ai appris différentes idées en vous consultant, merci beaucoup. A bientôt et merci à vous tous !

futé
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Tres grande est ma joie lorsque je parcours de tels articles.je me rend compte combien de fois la ville de Ndjolé a marqué les esprits aussi bien chez les otoctones que chez les Visiteurs. Non, elle ne sombre pas dans l'alcoolisme. Elle souffre certainement de sa proximité avec la capitale où les jeunes vont dans l'espoir de trouver une Terre fertile mais parfois en vain. Aujourd'hui,nous nous rejouissons de la prise de conscience de ses fils qui empruntent l chemin du retour pour donner vie à Ndjolé la rebelle j'allais dire la BELLE.Merci au responsable de ce blog

Barack Nyare Mba
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Merci Ivan Ndong

Malyakessany Arnold Samuel
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Je voudrais remercier ici ceux là même qui aujourd'hui nous éclaire et nous ouvre les yeux sur notre belle petite ville ndjolé car nos enfants savent désormais l'histoire de cette belle ville. Merci que Dieu nous garde tous.

Aldi diop
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slt je suis aly diop alias Aldi depuis senegal originair de ndjolé,j'adors toutes les histoir que ce beau village cumul,je suis fier d'etre un ndjoléen et gabonais....

biye nzoghe nyare emmanuel
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C'est avec plaisir et émotion que j ai lu cet article sur la ville de Ndjole... ville au passé glorieux et au relief plaisant. ..

Que reste t il aujourd'hui de tout cela? Une ville où ses enfants sont perdus dans l alcool et le chômage. ..à qui la faute:à nos pères qui non pas pensé à demain et à la nôtre qui aussi loin que nous puissions être. ..nous restons nostalgique d une ville que l on a pas appris à aimer. ...et dans laquelle on ne se projette pas...

Pierre Vanbelle
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J'ai lu cet article avec beaucoup d’intérêt.J'ai résidé à N'Djolé toute l'année 1965.J'effectuais une année de coopération technique à la subdivision des TP
J'en garde un très bon souvenir et j'envisage en début d’année prochaine d'y revenir pour célébrer le 50 eme anniversaire de cette année passée à N'Djolé.
J'ai eu la chance en cette année 1965 de rencontrer le docteur Schweitzer plusieurs fois et la dernière fois 1 mois avant sa mort. Je possède quelques photos du N'Djolé de 1965

Barack Nyare Mba
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Je suis très ravi de voir qu'il y a des gens quo ont aimé cette petite ville mal connue de plusieurs personnes. J'espère un jour vous rencontrer à Ndjolé. Vous y serez le bienvenue.