Barack Nyare Mba

Pause café avec Tahéruka Shabazz, candidat à l’élection présidentielle en Centrafrique.

Le candidat du PRP Tahéruka Shabazz. CP: barack Nyare Mba

La Centrafrique vit depuis bien des années une longue crise politique aggravée par une guerre civile qui divise profondément la Nation et freine le développement du pays. C’est en tant que candidat à l’élection présidentielle de 2015 que Monsieur Tahéruka Shabazz a répondu à nos questions sur la situation de son pays et sur le projet de son parti politique.

 Esprit Africain : Bonjour Monsieur, pouvez-vous vous présenter auprès de nos lecteurs ?

Tahéruka Shabazz : Je m’appelle Tahéruka Shabazz je suis un panafricain de nationalité Centrafricaine, qui aujourd’hui a plusieurs casquettes car je suis d’abord diplômé en sciences de matières (physique des plasmas et milieux diphasiques) et en Sciences humaines (philosophie et histoire). J’ai également enseigné en France à l’université de Pau. En plus de cela je suis un agro-entrepreneur qui a crée une société agro-alimentaire et enfin je suis président d’un parti politique  panafricain dénommé Parti du Renouveau Panafricain (PRP), c’est un parti d’obédience panafricaine.

Esprit Africain : Qu’est-ce qui vous a poussé à créer ce parti ?

Tahéruka Shabazz : Ecouter moi je pense  qu’aujourd ‘hui en 2014 si on regarde bien l’actualité, je crois que ceux de ma génération et mes cadets, parce je suis né en 1978, doivent se dire que notre temps est arrivé. Nos aînés ont fait des choix politiques, aujourd’hui on peut juger de la pertinence de leurs choix. Mais l’histoire montre qu’il est temps pour nous de passer à l’acte, de montrer que nous pouvons infléchir le cours l’histoire et d’apporter notre pierre à l’édifice. Et l’actualité Centrafricaine m’a poussée plutôt que prévu à prendre mes responsabilités et apporter ma contribution dans la résolution de la crise Centrafricaine.

Esprit Africain : En parlant de crise Centrafricaine, votre pays vit une crise politique sociale et politique sans précédent. Selon vous quelles en sont les causes profondes ?

Tahéruka Shabazz : Je les cherche toujours de façon endogène, je les cherche en nous-mêmes parce que je ne pense pas que l’Etat est responsable de tout. En revanche, des hommes et des femmes qui ne sont pas dans un discipline de pensée d’action, qui n’ont pas de bases de repères peuvent être des prédateurs pour la Nation. Je prends le cas de l’appareil exécutif, depuis l’indépendance en 1960 en Centrafrique, nous vivons une instabilité continue dans la vie politique. Si on analyse de façon serrée l’alternance des présidents, vous verrez  qu’à chaque fois un président civil est toujours suivi d’un président militaire. On peut le faire entre nous, vous avez : Le premier président c’est Dacko un civil suivi de Bokassa un militaire, à nouveau Dacko un civil suivi de Kolingba un militaire, un civil Patassé encore suivi d’un militaire Bozizé ensuite DJotodia un civil. Cela dénote clairement d’une instabilité, donc avant même que la France ou les pays frontaliers qui ont des ambitions sur les richesses du pays n’interviennent, nous-mêmes Centrafricains avons un problème fondamental car la culture politique n’est pas assez aguerrie.  Ceux qui ont dirigés notre pays depuis 1960, n’ont pas eu cette intelligence de réfléchir sur le bonheur des Centrafricains. Donc les causes profondes sont l’incompétence, l’inconsistance des dirigeants Centrafricains aggravé par les prétentions impérialistes de la France que l’on sait depuis cent ans en Centrafrique.

 Esprit Africain : Vous êtes en train de dire que c’est l’héritage colonial qui cause en réalité ces problèmes ?

Tahéruka Shabazz : C’est l’héritage intellectuel colonial puisque, vous savez je suis très pragmatique dans la politique, je ne suis pas de ceux qui estiment que c’est méchant de la part des occidentaux de nous attaquer, puisque c’est ainsi qu’agissent les pays et les royaumes. On peut également prend le cas de Shaka Zulu qui avait un empire plus grand que l’Europe qu’il a constitué par la guerre, par la main mise, par la géopolitique, donc on ne peut pas en vouloir aux occidentaux à s’assurer les ressources naturelles de grande importance en Afrique. En revanche on doit en vouloir à nos dirigeants, à nous-mêmes, à la jeunesse Africaine en général et Centrafricaine en particulier, de ne pas prendre conscience du monde dans lequel nous vivons, de croire que nous avons des amis ou quoi que ce soit. Non, nous avons tout simplement des intérêts à défendre. A l’heure actuelle notre intérêt est la concorde nationale, la réconciliation et la paix et cela doit concerner la société civile, les politiques, les groupes armés etc.

ESPRIT AFRICAIN : Dans la presse occidentale comme africaine on dit que c’est une guerre entre les musulmans du nord et les catholiques du sud, qu’est ce qui en est véritablement ?

Tahéruka Shabazz : Vous savez depuis 1990 la prophétie de Huntington sur la guerre des mondes, la guerre des continents, explique que nous sommes dans un monde bipolaire qui répond à un schéma. Vous avez remarqué que depuis les attentats de 2001 aux Etats-Unis, il y a une guerre contre le terrorisme, c’est un peu le cheval de bataille de tous les dirigeants occidentaux en mal de popularité donc qui font les guerres pour remonter dans les sondages. Dans le cas Centrafricain il y a une complexité que les occidentaux ne veulent pas présenter  à la face du monde donc ils mettent en place ce schéma de guerre entre Chrétiens musulmans alors que sur le terrain même ça n’existe pas. Effectivement ce que nous avons vu, des milices armées financées  par forces obscurantistes, joué un mauvais jeu en instrumentalisant les confessions religieuses alors que les populations n’ont jamais adhérer à cela. Avant que nous nous rencontrions, j’étais avec mon frère Mouhamed Guimbis Sy qui est président de l’Association des Intellectuels Musulmans qui me montrait une vidéo de sa maison protégée par des chrétiens, c’est dire que sur le terrain cette guerre n’est pas religieuse. On fait d’ailleurs face à un cas de conscience par rapport à ce qui est écrit dans les médias, la presse africaine ne va pas sur le terrain pour voir d’elle-même ce qui s’y passe mais se contente des dépêches de l’AFP qui ont un intérêt à présenter les choses ainsi. Donc il n’y a pas de guerre de religion  il y a une guerre civile en Centrafrique instrumentalisée par les forces obscurantistes.

Mr.Tahéruka Shabazz Cp: Barack Nyare Mba

ESPRTIT AFRICAIN : Quels étaient les rapports entre les chrétiens et les musulmans avant le conflit ?

Tahéruka Shabazz : Ceux qui présentent le caractère religieux du conflit, si on prend le cas des SELEKA qui sont musulmans et qui disent que ces derniers sont oppressés parce qu’ils sont minoritaires alors que ce sont eux qui gèrent l’économie quand on sait que qui contrôle l’économie contrôle le pays, c’est assez étrange de leur part de le dire. Donc à l’heure actuelle on ne peut pas parler d’une oppression des chrétiens sur les musulman ou vis versa, il y a une harmonie, un dynamisme économique reconnu aux musulmans et les chrétiens qui sont majoritaires à plus de 80% n’ont jamais voulu chercher à brimer ou à oppresser avant la crise, jamais il y a eu ce genre de chose.

ESPRIT AFRICAIN : Vous êtes candidat à la future élection présidentielle Centrafricaine de février 2015, quel est votre avis sur la gestion de la crise par la présidente Samba-Panza ?

Tahéruka Shabazz : Vous savez c’est difficile de gérer une situation comme celle que connait la Centrafrique, parce que c’est la première fois que nous voyons un tel niveau de chaos si  bien que tout l’appareil étatique est complètement grippé, plus rien ne fonctionne à l’heure actuelle d’ailleurs la transition ne gère qu’une partie de Bangui (La capitale) le reste échappe à l’autorité de transition; donc faire des critiques serait trop facile mais en revanche on peut faire des suggestions par rapport à ce que l’on voit. On remarque qu’il y a un manque de volonté de la part de la transition car dans cette transition il y a des hommes et des femmes qui ont intérêt que cette crise perdure, alors que la perpétuation de la crise enfoncera le pays dans la division. La transition devrait travailler avec des hommes et des femmes qui veulent le retour de la paix, la réconciliation nationale, relancer l’appareil économique administratif et préparer les conditions des élections générales à venir. C’est à cela qu’on attend de la transition.

ESPRIT AFRICAIN : En tant que candidat, quelle place doit-on réserver aux Balaka aux anti-balaka, à la SELEKA pour la paix en Centrafrique ?

Tahéruka Shabazz : Nous sommes tous frères, dans une famille il y a des frères qui sont bandits d’autres sont réfléchis, donc il faut qu’on compose avec tout le monde. Il est hors de question d’exclure qui que ce soit dans la réconciliation. D’ailleurs le PRP à très tôt pris contact avec les autorités du pays pour proposer des solutions au travers d’une feuille de route que nous avons remis à la ministre de la réconciliation de l’époque, Madame Antoinette Montaigne et ces propositions ont été remises à la présidente de la République. Nous espérons qu’elles seront comprises et appliquées sur le terrain. C’est dire que nous avons le souci de trouver une solution commune au conflit. Nous avons posé les préalables et pris en compte les différentes parties et avons posé des obligations pour que les groupes armés fassent des concessions comme les autres pour sortir de la crise.

ESPRIT AFRICAIN : Quels sont vos solutions pour sortir le pays de cette crise qui est aussi économique?

Tahéruka Shabazz : Je suis panafricain, je ne vois pas nos frontières comme des barrières infranchissables. Je pense qu’au vu de notre doctrine qui est le Kleperisme , le capital humain est au centre de tout. Il est impossible de faire toutes les réformes et de réaliser tous nos projets sans investir d’abord dans le capital humain. Ce capital est à l’échelle africaine, que ce soit sur le continent ou dans la diaspora, des expertises existent, le capital aussi, le PRP cherchera à rentrer en contact avec ceux-là qui veulent aider la Centrafrique. Aujourd’hui nous devons investir dans l’agriculture mais une agriculture familiale qui dans les années à venir pourra vendre ses produits aux occidentaux et les autres qui connaissent une agriculture intensive donc polluante alors que chez nous les terres sont encore saines. Vous savez la Centrafrique est un pays enclavé intérieurement et extérieurement. Pourquoi ? Parce-que  en dehors de la capitale tout le reste du pays est à l’abandon, il n’y pas de voies ferroviaires aériennes fluviales ou terrestres dignes de  ce nom pour relier tout le pays et booster l’économie. C’est là l’un des grands objectifs du PRP. Pour suppléer le problème de l’importation et l’exportation par la voie Douala-Bangui qui nous coute trop cher et est trop engorgée, nous miserons sur la voie Bangui-Kinshasa-Matadi qui donne accès sur l’atlantique. Nous voulons aussi privilégier l’axe Bangui-Nyala-Port Soudan qui donne accès au marché asiatique. Hormis ces projets il y a aussi le système de crédit productif pour dynamiser l’économie locale. L’Etat octroiera des crédits aux femmes, car elles sont de meilleures gestionnaires et les plus dynamiques, pour produire avec un soutien et un suivi de l’Etat.

ESPRIT AFRICAIN : L’intégration sous-régionale en CEMAC n’est toujours qu’une vue de l’esprit contrairement dans la CEDEAO. Quel serait votre apport pour sa réalisation ?

Tahéruka Shabazz : C’est un sujet très important que vous aborder, car c’est vrai que sans les pays de la CEMAC et de CEEAC, la Centrafrique n’en serait pas là aujourd’hui. Sur le plan de l’intégration je pense que c’est un problème de volonté politique, nous n’avons malheureusement pas d’homme politique moteur, le Président Bongo durant la fin de sa vie contrairement au Bongo dans ses débuts qui était plus brutal , avait quoi qu’on puisse dire le soucis de faire régner la paix , c’est pourquoi il s’est beaucoup investi dans la crise en RCA et d’ailleurs la situation était plus apaisée qu’aujourd’hui. Je pense qu’il manque de locomotive, il n’y a pas un homme d’Etat en Afrique centrale qui puisse  servir de locomotive, nous sommes prêts à jouer ce rôle là de moteur et de locomotive car nous avons une vision panafricaine qui va pousser les autres à l’intégration.

ESPRIT AFRICAIN : Alors que l’Afrique connait une croissance économique depuis quelques années, elle fait face à plusieurs fléaux : Ebola, Boko haram, l’immigration clandestine, l’émergence des groupes séparatistes qui tuent des centaines d’africains par mois. En tant que panafricain, qu’est-ce que cela vous inspire ?

Tahéruka Shabazz : En tout cas ça me pousse à réfléchir sur la situation dans laquelle nous nous trouvons, parce que même si nos frères meurent pour aller en Europe, la situation de ce continent n’est pas aussi enviable malgré le fait qu’on nous montre le contraire. Ceux et celles qui sont avertis savent que l’Europe va bientôt plonger dans un chaos économique politique et social au point où il sera très dangereux pour nous africains d’y vivre quand on sait qu’ils accusent toujours les étrangers quand ils sont en crise. Ce qui manque à nos hommes politiques c’est une analyse froide de la géopolitique, il y a ce que j’appelle un « couloir de crise » du le golf de guinée au golf du Mozambique qui voit apparaitre, Boko Haram, les SELEKA , Les LRA, les Shebab,  le M23 et j’en passe,  dans les pays où il y a énormément de richesses minières, énergétique. Quand ce ne sont pas des guerres, ont voit apparaitre des maladies endémiques telle que Ebola. Donc nous devons savoir qu’il y a une conspiration contre l’Afrique et nous devons en prendre conscience. C’est un mal de ne pas savoir comment répondre à ces maux. C’est pourquoi nous panafricains, contrairement aux libéraux ou au socialistes du continent, avons une grande responsabilité qui nous interdit de juste dénoncer mais plutôt d’agir. C’est ce que nous essayons de faire au PRP pour inverser la tendance parce que c’est le panafricanisme qui a toujours sauvé le continent, c’est lui qui nous a donné les indépendances même si sa vision a été dévoyée très vite.

ESPRIT AFRIACAIN : La mission de l’ONU a remplacé  celle de la CEMAC ? Pensez-vous que nous aurons à faire à la Somalisation de la RCA avec cette mission ?

Tahéruka Shabazz : C’est vrai que la mission de l’ONU à savoir la MINUSCA mettra plus de temps que la mission Africaine qui prend fin en Avril 2015. Nous veillerons à ce qu’elle ne stationne pas ad vitam aeternam en RCA même si nous savons que notre pays bat le triste record des pays qui ont reçu le plus de mission sur son sol, une dizaine : MISSAB, FOMAC, MINURCA, MINUSCA  et d’autres ; Il faut savoir que les missions de l’ONU n’ont jamais produit de résultat. On se rappelle des missions en Somalie où il y avait 38000 soldats qui n’ont pas trouvé de solution, nous ici c’est 12000 soldats qui ont été envoyés pour un pays aussi grand que la Centrafrique. De plus ce n’est pas par la voie militaire que nous trouverons une solution car dans notre logique panafricaine, nous pensons que le militaire est subordonné au politique. On ne peut pas envoyer des militaires sur le terrain s’il n y a pas de vision politique. On comprend dès lors qu’il y a des gens qui ont des intérêts autres que ceux des Centrafricains puisque les solutions viennent d’ailleurs. Le président Déby avait même fait cette remarque, il dénonçait les différents agendas  des pays intervenant en  la RCA dont le sien et la France, qui n’étaient pas forcément en faveur des Centrafricains.

ESPRIT AFRICAIN : Un dernier mot au peuple Centrafricain au sujet de votre candidature et un autre à la jeunesse africaine ?

Tahéruka Shabazz : Je suis un grand lecteur de livre sacré et dans la bible on dit : « Mon peuple meurt faute de connaissance » donc j’invite les uns et les autres à se rendre sur les sites comme le votre pour s’informer sur ce qui se passe sur le continent, de cesser de se donner pieds et mains liés aux médias occidentaux, à ces gens qui ont des intérêts divergents aux nôtre. Nous avons l’obligation de nous renseigner,  d’interroger nos dirigeants, de contrôler leur travail. C’est ce à quoi j’invite nos compatriotes africain, CONTROLER VOS DIRIGEANTS, vous avez ce droit. Nous devons prendre nos responsabilités et ne plus dénoncer. Soyez révolutionnaires dans vos domaines respectifs, soyez les meilleurs dans l’action car nous n’avons jamais été aussi fort. La candidature du PRP aux élections présidentielles est un combat panafricain et nous comptons sur tout le monde pour redonner à l’homme et à la femme Africaine leur pleine dignité.


De la salle d’examen au palais de justice.

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Les élèves recalés au Bac et leurs parents au palais de justice de Libreville. CP : Gaboneco.com

On dit souvent que le chemin de la réussite est parfois semé d’embuches mais pour les élèves du Gabon, ces embûches sont principalement causées par les défaillances du système éducatif observées lors de la session du baccalauréat 2014. Retour sur le parcours du combattant de 900 élèves qui tentent d’obtenir leur examen après plusieurs mois de grèves.

Les frustrés d’aujourd’hui seront si rien n’est fait les révoltés de demain, c’est en substance ce que nous pouvons retenir de la situation préoccupante de 900 élèves de terminal du Gabon qui ont été victimes des défaillances criardes du système éducatif, de l’incompréhension des textes et de sa non application par les autorités.

Au commencement était la réforme.

Le périple rocambolesque des élèves commence lorsque le régime de « l’émergence »  décida dans sa tentative maladroite d’enfumer le peuple de réformer le baccalauréat. La réforme prévoyait désormais l’examen à deux tours : Le bac 1 en classe de première pour les matières non fondamentales de la série et le bac 2 en terminal pour les matières fondamentales, et qu’il fallait avoir 10/20 dans les deux tours pour être admis.

Un an après son application, les soit disant  « pompiers » du baccalauréat en sont devenus aussitôt les « pyromanes » en avortant durant l’année scolaire, et contre toutes attentes, les réformes engagées par eux-mêmes pour rétablir l’ancien système pourtant jugé inefficace. Grande était la surprise de  900 élèves qui avaient été recalés, de voir  uniquement figurer dans leurs bulletins les notes du Bac 2 alors que la circulaire du ministère stipulait le contraire c’est-à-dire celles du Bac 1 + Bac 2 le tout divisé par 2 pour obtenir la moyenne. Ce fut le début du bras de fer entre l’Etat et ses « enfants ».


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Prochain arrêt La cathédrale Sainte Marie

Une grève de la faim sera alors engagée par les élèves recalés à la cathédrale Sainte Marie de l’Assomption de Libreville pendant deux mois. Quand on imagine que l’année passée à cette même période de l’année des élèves de terminal étaient aussi entrés en grève de la faim au même endroit pour une injustice à leur encontre. C’est à croire que nous sommes prisonniers d’une spirale infernale.

Cette grève de la faim a fait les choux gras de la presse ce qui suscité l’implication des partis politiques, des associations, des syndicats en somme l’opinion publique pris parti pour les élèves contraignant ainsi le ministre de l’éducation Léon NZOUBA à s’agenouiller devant les élèves et leurs parents pour les assurer de la prise en compte de leurs revendications.

La confrontation se durcit lorsque le ministre décida de déclarer admis 600 des 900 élèves qui avaient des notes  variant entre 8 et 9/20, ce qui était contraire aux textes.  En voulant bien faire, il a hypothéqué les espoirs de sortie de crise à l’amiable. Contrairement au ministre de l’éducation, Le jury du bac avec la bénédiction du conseil des ministres, refusa de déclarer admis ces élèves qui n’avaient pas eu 10/20 comme le prévoit la loi. Ce désaveu du gouvernement au ministre NZOUBA l’avait contraint à la démission. Chose rarissime au Gabon.

 Terminus, tout le monde au palais de justice.

Les textes disent effectivement qu’ils ne peuvent être jugés admis avec moins de 10/20 mais les mêmes textes leur donnent aussi droit aux épreuves orales, ce que l’Etat et le jury du bac refusent. Se sentant abusé de toute part, les élèves ont jugé nécessaire de porter plainte à l’Etat Gabonais pour avoir gain de cause. C’est action est la preuve que nous avons franchi le Rubicon et qu’il y a véritablement rupture entre les parties prenantes.

Agacé par cette grève de la faim qui ternissait l’image du pays, l’Etat a décidé durant la semaine de déguerpir à 2H du matin  les grévistes  du parvis de la cathédrale sainte Marie de l’Assomption, déclenchant ainsi les courroux de l’Archevêque  de Libreville Basile MVE qui n’a guère apprécié la voie de la force à celle du dialogue renforçant ainsi le sentiment d’abus de pouvoir et d’injustice dont se sentent victimes les élèves.

Après deux renvois et tergiversations assorties d’une audience houleuse vendredi passé, le juge a déclaré hier vendredi 19 sa compétence à juger  l’affaire. C’est ma foi un grand pas vers la fin de la crise que j’espère vivement.

On ne demande pas de la complaisance à la place du mérite, mais plutôt le respect des textes adoptés par l’Etat lui-même et la considération des incompréhensions causées par l’annulation des nouvelles réformes courant l’année scolaire.  C’est le moins qu’on puisse demander car lorsqu’on a 8 ou 9/20 au baccalauréat au Gabon, on passe automatique les épreuves orales et ce depuis de longues années, cela doit être également le cas pour ces 600 élèves.


L’Oncle Sam va en guerre contre Ebola

 

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Le président Américain Barack Obama lors de l’annonce de son plan d’action contre Ebola. CP :npr.org

Après le mouvement terroriste Al-shebab en Somalie, Ebola est devenu le nouvel ennemi des États-Unis en Afrique. Ce mardi 16 septembre Barack Obama a annoncé l’envoi de 3 000 militaires pour lutter contre ce virus qui attente à la « sécurité mondiale ». L’initiative du président américain montre l’inefficacité des mesures prises par certains gouvernements des pays touchés par la fièvre hémorragique. Elle révèle aussi l’incapacité de l’Union africaine  à mobiliser ses membres face à ce fléau.

« Opération Save Africa »

Le ministre libérien de la Défense, Brownie J.Samukai, disait la semaine passée que l’épidémie du virus Ebola « menaçait l’existence même du pays ». Cette déclaration traduit parfaitement l’ampleur de la propagation du virus, mais également l’incapacité des autorités à la stopper avec les moyens mis à leur disposition. Cet aveu de faiblesse en moyens humains et matériels vaut non seulement pour le Liberia qui enregistre 1 225 morts mais également pour la Guinée-Conakry (555 morts), Sierra Leone (509)  et le Nigeria (8) selon le dernier rapport de l’OMS.

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Pays touchés par Ebola CO; Francetvinfo.fr

Comme dans le célèbre film d’action Hollywoodien « Il faut sauver le soldat Ryan »  du réalisateur Steven Spielberg, les Américains vont au nom de la « sécurité mondiale » déployer 3 000 de leurs soldats pour sauver le « soldat africain » en péril. L’objectif est de  former 500 travailleurs sanitaires par semaine, participer à la distribution de kits de protection à 400 000 familles vulnérables notamment libériennes et « d’assurer la sécurité des équipes médicales qui viennent du monde entier ». Les soldats américains auront cette fois un ennemi invisible qui nécessite la plus grande des précautions, c’est pourquoi l’engagement financier n’a pas été en reste dans le plan d’action du président Obama : 88 millions de dollars vont être alloués à cette guerre contre Ebola en plus des 100 millions déjà engagés par le pays de l’Oncle Sam

« Une réponse africaine, unie complète et collective »

Les chefs d’Etat de la Cédéao (Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest)  s’étaient réunis le mois de juillet à Accra au Ghana alors qu’on enregistrait déjà 500 morts en Afrique de l’Ouest. Au sortir de cette rencontre, il n’y a pas eu de mesures à la hauteur de la dangerosité du virus. Au mois d’août, les ministres de la Santé de la même sous-région ont emboîté le pas aux chefs d’Etat et ont mis en place des recommandations visant à mieux coordonner les moyens d’action déployés par les gouvernements. Après les ministres de la Santé, les chefs d’état-major des armées de la Cédéao s’étaient également réunis à Accra pour voir comment ils pouvaient accompagner les Etats dans la lutte contre ce fléau. Malheureusement, toutes ces réunions n’ont guère aidé à baisser le nombre de morts, car aujourd’hui nous sommes à près de 2 500 morts.

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Nkosazana Dlamini-Zuma, Présidente de l’UA CP: Maliactu.com

Face à la progression « exponentielle » du nombre de victimes, c’est seulement la semaine dernière que l’Union africaine (UA) a organisé une réunion « d’urgence » à Addis-Abeba pour définir ensemble les stratégies africaines pour lutter contre le virus. Là encore rien de particulier, juste cet appel dépourvu de contraintes à « la levée des restrictions de voyage mis en place contre l’épidémie ». Il paraît difficile en l’état actuel des choses qu’une « solution africaine, unie complète et collective » voulue par la présidente Nkosazana Dlamini-Zuma se réalise, car il n’existe pas de stratégie panafricaine clairement définie ni les moyens pour la mettre en oeuvre.

Les militaires américains viendront sans un vaccin

Il n’est pas dit que l’arrivée des soldats américains est synonyme de guérison pour les populations infectées, mais permettra juste de circonscrire le virus pour limiter sa propagation à l’intérieur et au-delà des frontières africaines. Selon Médecins sans frontières, les États-Unis n’enverront pas de médecins contrairement à Cuba qui en a envoyé 165. Il ne faudrait pas que les Américains oublient que c’est d’abord un problème sanitaire avant d’être militaire, un accent particulier sur le vaccin doit être fait par le locataire de la Maison Blanche s’il veut concrètement aider l’Afrique.

Quel rôle joueront les Africains dans cette « coalition américaine » contre cet ennemi commun ? A quand le fameux vaccin ZMAAP ?  A quand un plan africain contre Ebola ?

Autrefois, c’était  la pauvreté, ensuite les mouvements terroristes, aujourd’hui c’est le virus Ebola qui étale comme de coutume, l’incapacité des gouvernants actuels à assurer la sécurité des Africains. La solution militaire des « Tontons d’América » comme le chante Tiken Jah Fakoly, est-elle adaptée? Rien ne l’indique pour l’instant, l’avenir nous le dira…

Je vous laisse avec le clip pour la lutte contre Ebola du Mouvement Y’En A Marre du Sénégal….Stop Ebola in Africa

 


Il l’agresse parce qu’elle a refusé de coucher avec lui

Une jeune fille victime de viol. C/P: Jeuneafrique.com

En quittant hier soir l’appartement d’un ami, je n’aurais jamais imaginé vivre une telle scène; car ce n’est guère habituel de tomber sur une victime de tentative de viol en pleine rue de Dakar dans un quartier fréquenté. J’ai souvent lu dans la presse locale des histoires d’attouchement de filles dans les transports en commun. Cette fois, j’ai vu de près les conséquences immédiates d’une agression sur une jeune fille.

Il est 21 heures. Près de la station Shell de Castor, alors que je m’apprête à prendre un taxi tout à coup, autour de moi, des gens se mettent à courir et se dirigent vers un endroit assez sombre. L’agitation des uns et des autres qui traversent la chaussée attire mon attention, au point de les suivre. Sur un trottoir, je vois une adolescente d’une quinzaine d’années allongée sur le côté, le sang coulant de sa nuque.

Sur la nuque de cette jeune fille, un garçon pose un tissu blanc pendant qu’un autre demande à la foule de s’écarter afin qu’elle respire mieux. Tous parlent en wolof ce qui ne facilite pas ma compréhension, malgré les quelques mots que je connais. Je m’approche d’une femme qui est près de moi pour m’informer : « Ce n’est pas normal ce qui se passe, dit-elle, un garçon a agressé cette fille-là avec une pierre parce qu’elle a refusé de coucher avec lui ». Invraisemblable. Grande est mon indignation lorsque j’entends cela.

Dans la même lancée, elle rajoute avec un ton largement au-dessus : « Ils ne se connaissent même pas, la jeune fille était là assise à attendre ses sœurs quand ce garçon est venu lui demander de coucher avec lui. Comme elle a refusé, il a pris une pierre et a frappé sur la nuque de la fille, et maintenant le sang coule. Ça ce n’est pas normal ».

C’est le comble des combles, on est dans un monde d’obsédés, ils veulent maintenant violer n’importe où et à n’importe quelle heure du jour comme de la nuit. Grâce à quatre jeunes hommes témoins, l’infortuné a été rapidement rattrapé par la foule enragée qui voulait le passer à tabac. Sans l’intervention de quelques personnes plus âgées, il aurait passé un sale quart d’heure.

Avec mon téléphone je commence à filmer quand je vois l’agresseur empoigné par un homme qui l’emmène je ne sais où… apparemment au commissariat selon les dires. Une vingtaine de personnes l’escortent. Après moult disputes et injures en chœur, un policier arrive comme par magie. Il le prend par la main, et les voilà partis à pieds au commissariat qui se trouve à 30 minutes de là.

Je retourne alors sur les lieux où se trouve allongée la jeune fille. Elle pleure et les autres autour d’elle s’indignent. Les femmes surtout crient au scandale, certaines affirment que ce genre d’agression arrive parfois dans des ruelles parce qu’il n’y a pas de lampadaires. Quelques minutes après, les pompiers arrivent et transportent la jeune fille dans un hôpital. Des policiers s’apprêtent à faire le constat. A ce moment-là je me sens rassuré pour elle, mais pas pour ce qui va advenir à ce délinquant. Juste après je me rends au commissariat de Dieuppeul pour en avoir le cœur net. Une fois sur place je constate que le jeune homme et des témoins sont entendus par deux policiers.

Après le commissariat, je rentre chez moi dans un sale autre état, choqué par l’histoire, mais aussi par la jeunesse de la victime et de son agresseur. Ce dernier n’a pas plus de la vingtaine. Il fait partie de cette frange de la jeunesse qui se perd dans les drogues et l’alcool. Des désœuvrés abandonnés à eux-mêmes ils plongent très rapidement dans la délinquance et le grand banditisme. On ne cessera jamais de dénoncer les viols et violences faites aux femmes et aux jeunes filles, il faudrait plus de sanctions et de sensibilisation pour venir à bout de ce phénomène.

Je vous laisse avec la vidéo de cette triste histoire


Gabon : la grève de la faim, un nouveau mode de revendication  

 

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Depuis quelques années les Gabonais ont développé un nouveau mode de revendication qui ma foi, fait appel à l’humanisme de tous y compris celui des membres du gouvernement. Si le modèle traditionnel de la grève c’est-à-dire l’arrêt illimité du travail et les marches avec slogans n’impressionnent plus les autorités;  la grève de la faim quant à elle les inquiète sérieusement, car il s’agit cette fois de la vie des concitoyens qui est mise en danger.

La cathédrale Sainte-Marie de Libreville est devenue le lieu par excellence des grèves de la faim au Gabon. On y a pu voir les étudiants les élèves, les syndicats, les hommes politiques, les élus locaux et Gabonais lambda passaient plusieurs jours sans manger pour réclamer, dénoncer ou s’indigner.

Je vous invite à remonter le temps pour voir les différentes grèves de la faim que j’ai pu recenser durant ces cinq dernières années.

2009

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Ben Moubamba pendant sa grève de la faim CP :gabonreview

La grève de la faim de Bruno Ben Moubamba :
Premier homme politique à faire une grève de la faim. Animé par la volonté de dénoncer ce qu’il appelle «  l’animalisation du Gabon », cet ancien candidat avait marqué les esprits lors de la campagne présidentielle de 2009 en entamant sa grève de la faim en face de l’Assemblée nationale pour demander aux élus du peuple, au Conseil d’Etat et à la Cour constitutionnelle de reporter l’élection pour plus de transparence électorale. Il reçut le soutien de plusieurs hommes politiques même si ses revendications n’aboutirent finalement pas.

La grève de la faim d’André Mba Obame :

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André Mba ObameCP: Gabonlibre

Emboîtant le pas à Ben Moubamba, l’ancien ministre de l’Intérieur et ancien candidat à la présidentielle de 2009, avait décidé d’entamer le 12 octobre de la même année une grève de la faim illimitée pour dénoncer la victoire « frauduleuse » de son adversaire et ancien camarade Ali Bongo Ondimba. Dans un communiqué, il affirme ceci : « Je suis prêt à sacrifier ma vie pour que le Gabon ne sombre pas dans une dictature » Ce fut l’une des premières grèves de la faim d’un homme politique de ce profil.

   2010

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L’étudiant Landry pendant sa grève de la faim CP: tchadonline

 La grève de la faim d’un étudiant gabonais en Tunisie :
Le 4 juin 2010, un étudiant gabonais nommé Armand Landry Djetini entame une grève de la faim au sein du consulat du Gabon à Tunis. Le jeune étudiant avait adressé une lettre au chef de l’Etat Ali Bongo qui était de passage en Libye,  afin que celui-ci trouve une solution à ces problèmes de scolarité et de santé, car n’ayant plus de moyens suffisants pour les régler. Selon certaines informations, le président avait laissé une enveloppe de 30 000 euros à la communauté gabonaise pour soulager leurs charges. Malheureusement une petite frange avait bénéficié de cette manne aux grands regrets du compatriote en détresse.

2011

La grève de la faim du conseiller économique Laurent Désiré Aba’a : 

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Le conseiller Laurent Désiré Aba’a pendant sa grève CP: Librevillois

Le conseiller Laurent Désiré Aba’a avait entamé le 14 juillet 2011, jour de la fête nationale française, une grève de la faim. Il était accompagné d’une trentaine de ses partisans à la place de l’indépendance de Libreville. Tous réclamaient le départ des forces françaises installées au Gabon, la révision des contrats miniers avec l’annulation de la dette du Gabon auprès de l’Hexagone. Après deux semaines de grève, les autorités gabonaises par l’entremise du ministre de la Santé, ont jugé urgent de l’évacuer à la fondation Jeanne Ebori pour y recevoir des soins de santé. Trois jours après sa sortie, ce fut chez lui qu’il poursuivit sa grève de la faim dans l’indifférence des autorités.

 La grève de la faim des 9 leaders de la Conacysed :

CONASYSED
Enseignants de la Conacysed en grève de la faim CP: JP Rougou

En septembre 2011, contrairement aux usages, une grève de la faim de neuf leaders de la puissante centrale syndicale de l’éducation est entamée. Motifs : la suspension des salaires des enseignants grévistes depuis 9 mois et la non-prise en considération par le gouvernement du cahier de charges négocié entre ce dernier et la centrale syndicale. Durant deux semaines les grévistes avaient investi la cour de la cathédrale Sainte-Marie de Libreville pour manifester leur mécontentement, ce qui fit réagir l’archevêque Basile Mve Engoneq ui joua le rôle d’intermédiaire entre le gouvernement et les grévistes. Quelques jours après le gouvernement rendit un communiqué dans lequel il s’engageait à rétablir les salaires, ce qui fut fait.

  2012

La grève de la faim de 19 étudiants détenus à la DGR :

ETUDIANT
Les étudiants dans leur cellule. CP: KOACI

Les étudiants de l’UOB ne sont pas en reste dans cette nouvelle spirale revendicative. En juin 2012 les dix- neuf étudiants entament depuis leur geôle une grève de la faim pour dénoncer leurs mauvaises conditions de détention, car certains parmi eux voyaient leur état de santé se dégrader. C’est à la suite de l’appel de ces leaders de la League estudiantine à suspendre les cours à cause du non-versement des bourses et  la controversée décision de limiter à 27 ans l’âge d’obtention de ladite bourse, que les éléments de la direction générale des recherches de la gendarmerie les ont arrêtés. Cette affaire a fait couler beaucoup d’encre et de salive. Une photo (ci-contre) de leurs conditions de détention avait circulé sur les réseaux sociaux suscitant l’indignation populaire. Quelques temps après ils furent libérés.

 La grève de la faim des anciens agents de Gabon Fret:

gabon fret
Aents de Gabon Fret en grève CP Gaboneco

Le 8 mai 2012, une quarantaine d’anciens agents de la défunte société chargée du fret aérien au Gabon entament une grève de la fin devant le ministère de l’Economie après plusieurs négociations infructueuses. Ils réclamaient 17 mois d’arriérés de salaire. Leurs conditions de vie déplorables les ont poussés à faire cette grève pour interpeller les autorités. Deux jours plus tard dans un communiqué l’Etat qui est actionnaire à 40 %   s’engageait à régulariser la situation. Il faut savoir que suite au démantèlement d’Air Gabon, ces agents avaient été mis au chômage depuis novembre 2011.

    2013

 La grève de la faim de 2500 élèves de terminale :

Elèves de terminal pendant la grève de la faim.CP infosgabon

Près de 2500 élèves de terminale s’étaient réunis en juin à la cathédrale Sainte-Marie pour entamer une grève de la faim.  Une action après à la décision impopulaire de l’ancien ministre de l’Education leur interdisant de passer le baccalauréat au prétexte qu’ils avaient fraudé et falsifié leur bulletin et acte de naissance. Une décision audacieuse et maladroite qui provoqua l’ire et l’indignation des élèves et de tous les parents. Il aura fallu après plusieurs semaines de grève, l’intervention de plusieurs hommes politiques de l’opposition comme de la majorité pour dénouer cette situation de crise.

 La grève de la faim de Bruno Ben Moubamba :

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Ben Moubamba sur le lit d’hôpital CP: KOACI

Après 2009, il entame une autre grève de la faim le 18 avril 2013 à Nndende son village natal et bastion de son parti politique UPG. Les objectifs de cette grève : rétablir l’UPG au sein de l’opposition gabonaise et interpeller la Cour des comptes et la commission des finances de l’Assemblée nationale pour qu’elles  se prononcent sur « l’achat de conscience à Ndéndé avec l’argent de l’Etat ». Le dernier objectif selon lui était de « dénoncer les crimes rituels »  qui faisaient rage dans le pays.

 2014

 La grève de la faim des élèves recalés au baccalauréat :

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Elèves pendant la grève de la faim CP:infosgabon

Une trentaine d’élèves ont entamé le 28 juillet dernier sur le parvis de la cathédrale Sainte-Marie une grève de la faim, jugeant injuste le mode de calcul de la session de juillet dernier. Cette grève de la faim comme celle de l’année 2013 a suscité de vives critiques qui ont poussé le ministre Nzouba à se rendre ce 13 août au chevet de ces jeunes . Dans une posture de pasteur qui a fait le buzz sur la Toile, le professeur Nzouba avait promis aux élèves et aux parents de mettre en place une commission pour recalculer les notes.

La grève de la faim des stagiaires d’ENI et CFIA :

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Stagiaires en grève CP: newsalibreville

Les stagiaires fraîchement sortis  en 2013 de l’Ecole nationale des instituteurs et du Centre de formation des instituteurs adjoints ont eux aussi débuté ce 14 août 2014 une grève de la faim au parvis de la Cathédrale Sainte-Marie. Motifs : Le paiement de leurs salaires, et le versement de la prime d’incitation à la fonction d’enseignant (Pife). Depuis le 23 mars 2013 ils n’ont pas encore été intégrés dans la fonction publique. A ce sujet, ils ont d’ailleurs été reçus par le ministre pour en discuter tout en continuant leur mouvement. Nous attendons le dénouement ce 19 août lors d’un point de presse.

La grève de la faim est l’expression de la détresse des revendications, les compatriotes sont contraints de procéder de cette manière pour se faire entendre. Je pense qu’il faudrait que l’Etat établisse un autre rapport avec les citoyens, les fonctionnaires les étudiants et élèves afin de préserver la quiétude sociale


Yacine Diao : « Femmes africaines, optez pour le challenge ! »

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Yacine Diao. Photo prise par Barack Nyare Mba

Cette semaine je suis allé pour vous à la rencontre d’une jeune Africaine d’un autre genre. C’est dans les beaux locaux de sa société située à Dakar que Paule-Prisca Aognigui de son nom gabonais, me reçoit pour partager avec vous son expérience de femme chef d’entreprise. Avec une allure qui fait penser à  celle de la rappeuse américaine Eve et dans une ambiance bon enfant, elle a sans tabou et avec pragmatisme donné son avis sur la place de la femme africaine dans le monde des affaires. Morceaux choisis.

Esprit Africain : Bonjour Yacine. Pour ceux qui ne te connaissent pas encore, peux-tu te présenter ?

Yacine Diao : Je m’appelle Yacine Diao je suis Sénégalaise d’origine gabonaise et vit au Sénégal depuis 8 ans. Je suis doctorante en Audit de passation des marchés publics et à la tête de l’entreprise ALLO SERVICES Sénégal.

E.A : Parlez-nous un peu de votre entreprise,  comment  vous est venue cette idée ?

Yacine Diao :  L’idée m’est venue naturellement à la suite d’un constat de la vie quotidienne. Un incident s’était produit chez moi lors d’une soirée, on s’est retrouvé dans une situation où nous n’avions pas le numéro d’un électricien et ne savions pas à quel service s’adresser. A la suite de ça on s’est promis d’ ouvrir une plateforme de prestataires indépendants composée de plombiers, électriciens, mécaniciens, menuisiers, vulcanisateurs, webmasters, femmes de ménage, professeurs de danse, photographes, baby-sittings et autres spécialités, pour offrir des services de proximité partout et à toutes heures.

E.A : Dans votre entourage, comment a été perçue l’annonce de votre initiative entrepreneuriale ?

Yacine DIAO : Ça n’a étonné personne ! On me sait assez entreprenante, audacieuse on va dire, parce qu’il a fallu de l’audace pour mettre en place cette structure. L’idée en tant que telle n’est pas extraordinaire, mais pour la réaliser il faut avoir du cran. J’ai pris mon courage à deux mains et avec la participation d’autres personnes je me suis lancée. Macha Allah (Grâce à Dieu) ça a très bien réussi parce que nous avons des clients importants. D’ailleurs je suis très fière de travailler aujourd’hui avec plusieurs ambassades, entreprises et particuliers qui nous on fait confiance dès le début.

Affiche ALLO SERVICES Sénégal C/P : Barack Nyare Mba

E.A : Quelles sont les plus grandes difficultés administratives ou financières rencontrées lors de la création?

Yacine Diao : Pour parler de la constitution de l’entreprise, sur le plan administratif je n’ai pas eu de problèmes parce qu’il faut dire que l’Etat sénégalais a mis les moyens pour faciliter les procédures avec le guichet unique au niveau de l’Apix qui permet d’avoir son statut en 48 heures. Financièrement, j’ai eu recours au financement participatif, assuré mes contrats à hauteur de 70 % pour faire face aux défaillances de certains clients. Les banques ont ainsi pu m’octroyer un crédit pour commencer. Le plus dur pour moi a été de constituer une équipe autour de l’idée du projet. Parfois j’étais obligée d’expliquer certains points à plusieurs reprises pour que les collaborateurs comprennent bien le projet.

E.A : Dans votre situation le fait d’être une femme est un inconvénient ou un atout ?

Yacine Diao : Etre une femme dans entrepreneuriat…(souffle)… je vais parler personnellement, je trouve que c’est un  inconvénient. En fait quand on se retrouve dans un milieu « stétostéroné » comme celui- ci (Rires), il y a des hommes qui vous encouragent et  d’autre utilisent des prétextes pour vous faire des offres abominables. Il faut être tout simplement forte et courageuse.

Employé ALLO SERVICES à son poste de travail. C/P : Barack Nyare Mba

E.A : Comment se passent les relations avec vos employés hommes  ?

Yacine Diao : Le rapport avec mes collaborateurs c’est ainsi que j’appelle mes employés, est un style free. A l’américaine ! C’est un rapport d’échange entre nous, j’implique les collaborateurs, je les incite  à s’intéresser à l’activité de l’entreprise, je donne mon point de vue et eux aussi pour atteindre nos objectifs.

E.A : La réalité d’une gestion d’entreprise correspond- elle à l’idée que vous vous en faisiez ?

Yacine Diao : Non, non pas du tout. Il faut avoir une certaine patience, les gens pensent que c’est facile et qu’on se fait de l’argent, mais il m’est arrivée de passer trois jours ici sans rentrer à la maison parce qu’il y avait beaucoup de travail. C’est vraiment dur comme métier, mais à la fin quand je signe un contrat, j’ai la banane toute la journée.  C’est gratifiant ! Donc il faut avoir de la patience et de la persévérance.

E.A : Pensez-vous que les femmes chefs d’entreprise ont un management différent de celui des hommes ?

Yacine Diao : Moi je dirais oui, parce qu’on a certaines aptitudes naturelles que les hommes n’ont pas. Les femmes qui se lancent sérieusement dans l’entrepreneuriat  réussissent toujours parce qu’on a beaucoup de patience, on a le cœur qui permet de comprendre, on a un bon rapport avec les hommes contrairement à ces derniers qui sont froids  dans leur relation professionnelle.

E.A : Pourquoi selon vous la femme africaine ne se lance pas assez dans l’entreprenariat ?

Yacine Diao : C’est un problème culturel parce que la femme africaine est censée vivre aux dépens de son homme. Voilà, c’est l’homme qui ramène l’argent, nous devons entretenir la maison, s’occuper du mari, faire des enfants, etc. C’est pourquoi les femmes entrepreneures ont du mal à se caser parce que l’homme voit dans ce genre de femme, une  rivale. Malgré cette façon de voir, les femme africaine ferait mieux de se lancer dans la création d’entreprises car je suis presque certaine qu’elles ont beaucoup d’aptitude.

E.A : Etes-vous membre d’une organisation de femmes entrepreneures ici à Dakar ?

Yacine Diao : Ici à Dakar il y a le WWD, c’est World Women of Dakar qui est un regroupement de femmes entrepreneures de toutes nationalités qui se réunit régulièrement. Ensuite je suis en rapport avec une association IDÉES DE FEMMES créée d’ailleurs par une compatriote gabonaise Nancy Ngoudiangoye qui regroupe des entreprises comme  Sonia Blessing  et organise des rencontres.

E.A : Un mot à l’endroit des femmes africaines intéressées par l’entrepreneuriat ?

Yacine Diao : Bon un mot à l’endroit de mes sœurs africaines, ce que je vais dire va paraître religieux ou spirituel je ne sais pas mais si ça peut aider je préfère le dire. Quand vous avez des aptitudes naturelles, il faut savoir que le jour du Jugement dernier pour ceux qui y croient, vous y en rendrez compte. On vous dira qu’on vous a donné des aptitudes plus que d’autres, mais n’avez rien fait de cela. Certains préfèrent la facilité du bureau au lieu de se découvrir. Moi je dis aux femmes africaines, à mes sœurs africaines, d’opter pour le challenge. C’est de là que renaîtra l’Afrique, les femmes doivent faire partie de la vie économique de ce continent. Il faut prendre des risques, il ne faut pas avoir peur de tomber ou des échecs.  En fait Il y a deux sortes de femmes, celles qui décident d’être subordonnées et celles qui décident d’émerger. Moi j’ai choisi d’émerger pour ne pas être subordonnée.


Cessez de vous plaindre, engagez-vous !

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Barack Obama et quelques jeunes leaders africains. C/P iipidigital

Combien de fois vous êtes-vous plaints des ordures qui jonchent les rues de l’alcoolisme et des drogues dans vos quartiers? Combien de fois avez-vous reproché aux autorités de ne pas faire leur job au service de la communauté ? Je parierais sur des milliers de fois. Et vous combien d’actions avez-vous accomplies en faveur de votre communauté ?

La sage personne, aussi jeune soit-elle, doit savoir que « La critique est aisée mais que l’art est difficile » surtout dans nos pays africains où les réalités inhérentes à la gestion de nos collectivités locales, de nos Etats, ne contribuent pas forcément à la satisfaction des aspirations de mieux vivre et de mieux-être des jeunes.

Dans le cas du Gabon les jeunes représentaient en 2012 près de 65 % de la population, la majorité de cette frange avait moins de 18 ans. Le malheur des jeunes, c’est qu’ils sont aussi les premiers frappés par la pauvreté, le chômage, l’alcoolisme, les vices, l’immigration et l’acculturation. Les jeunes sont également les premiers concernés dans les innombrables discours politiques et des politiques publiques, ils sont un temps, sacrés et un autre temps sacrifiés.

On dit souvent : « Les faits sont sacrés, mais les commentaires sont permis », les chiffres parlent d’eux-mêmes, ils ne mentent pas comme les hommes. Face à ces réalités statistiques, doit-on se limiter à faire des « commentaires » ? Continuer à nous plaindre comme des enfants apeurés ? Ou réfléchir ensemble pour trouver des solutions idoines à quelques-uns des problèmes que nous rencontrons ?

C’est à mon sens les véritables questions que nous devons nous poser, car je trouve inconcevable que nous persistions dans cette attitude d’attentistes qui nous maintient la tête sous l’eau. Je ne sais pas pour vous, mais de mon côté la mauvaise situation des jeunes et le souci d’améliorer son environnement me fait réfléchir parce que nous (jeunes) sommes au cœur de tous les dangers et enjeux.

En sommes, cette réflexion que j’ai entamée fait rejaillir la sempiternelle problématique sur la responsabilité des jeunes face à leurs propres difficultés. L’une des pistes de solutions est la prise d’initiatives. Il ne s’agit point de celles qui consistent la veille des élections, à créer des associations factices pour soutenir les mêmes partis politiques véreux.

Ce genre d’initiative politique ne nous responsabilise point, mais nous rend plutôt complices de nos propres malheurs pendant que les mêmes s’embourgeoisent le temps de leurs interminables mandats.

Les prises d’initiatives dont je parle ont trait à l’amélioration de notre cadre et de nos conditions de vie. Je parle de l’entrepreneuriat social, des coopératives agricoles ou artisanales, des associations professionnelles, communautaires ou culturelles, des syndicats, des ONG de défense des droits de l’homme, de la protection de la nature et de l’environnement, des comités de quartier, etc.

Ces organisations nous apprennent à nous assumer, nous entraider, à travailler ensemble et à nous tolérer malgré la différence de sexes, d’origines, de religions et même de partis. Quoi de mieux pour renforcer cette fraternité, cette union, qui nous fait très souvent défaut.

Je sais que beaucoup avoir un bon salaire et rouler dans leur belle bagnole sur les routes de Libreville est suffisant. Ils regardent avec mépris les souffrances de la communauté. Pour eux, seuls leurs problèmes les préoccupent, ils n’ont pas le temps de parler des difficultés du quartier ou de leur commune. On vit où là ? Un peu d’initiatives quand même !

L’égoïsme est devenu le sentiment le mieux partagé parmi les jeunes, surtout diplômés, alors que nous gagnerons à nous mutualiser, à unir nos intelligences et compétences au profit de tous. Nous n’allons tout de même pas réinventer la roue, car sous d’autres cieux c’est en s’organisant que d’autres jeunes sont venus à bout des problèmes que nous vivons.

Que tu sois travailleur, chômeur, élève ou étudiant, fille ou garçon,  chacun de nous devrait accorder régulièrement à la communauté quelques heures de son temps libre comme bénévole ou membre d’une association ou organisation qui vise à l’amélioration du bien-être social. C’est le minimum que nous pouvons faire pour participer à l’effort de changement.


L’AFRIQUE COURTISEE POUR SES POTENTIELS

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carte minéralogique de l’Afrique
CP stratégietotale.org

Telle une jeune femme dont la beauté attire toutes les convoitises, l’Afrique est depuis une vingtaine d’années courtisée par les plus grands ensembles économiques et pays industrialisés. Je sais que je ne vous apprends rien jusqu’ici parce que vous savez tous que ce n’est pas la première fois qu’ils s’y intéressent.

Ce que vous ne savez peut-être pas c’est que cette fois c’est en tant que partenaire économique à part entière qu’ils souhaitent désormais traiter . C’est l’objectif des nombreux sommets entre les Etats Africains et leurs anciens-nouveaux partenaires.

photo sommet FranceAfrique
CP: africatime

Nous avions été habitués au tristement célèbre sommet de la FranceAfrique qui n’a rien à voir avec la nature du nouveau type de partenariat dont l’Afrique a besoin. Ainsi malgré la tendance économique que prend ce sommet, elle n’a point la même trajectoire que celui organisé par la Chine qui se veut égalitaire avec les Africains. La France qui est un partenaire traditionnel de l’Afrique Francophone, ne diversifie pas ses investissements en Afrique. Les investissements directs de la France en Afrique s’élevaient en 2011 à  4 milliards d’Euros, ce qui n’est pas énorme pour un pays qui veut la part du lion.

Le Président de la BAD Ronald KAREBUKA affirme dans le Figaro que :  » …La France a une bonne compréhension du risque Africain, mais ne l’exploite pas suffisamment. Les entreprises Françaises et Européennes exagèrent sur le risque pays; Elles ne raisonnent pas sur le long terme à l’inverse des émergents »  C’est dire la difficulté d’adaptation des Européens à la nouvelle donne africaine. Ce qui explique la forte pénétration des pays émergent sur le marché africain laissant ainsi la France et ses partenaires Européens sur le carreau.

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photo de cloture sommet chine afrique
CP Chine nouvelles

En parlant d’émergents, le sommet Sino-africain marque d’une pierre blanche l’excellence des rapports économiques entre la Chine et L’Afrique. La chine est le premier partenaire commercial du continent avec 200 milliards de dollars d’échanges en 2011. C’est plus de 93 milliards d’exportation des produits Africains vers l’empire du milieu et 20 milliards de dollars de prêts aux PME Africaine entre 2012 et 2015. C’est ce type de sommet profitable économiquement dont l’Afrique a besoin pour sa renaissance.

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Rencontre entre Obama et quelques présidents Africains
CP : Maliweb

Voyant la Chine, le Brésil et l’Inde prendre du terrain en Afrique, Le sommet Etats-Unis Afrique qui se tiendra du 05 au 06 Août prochain à Washington permettra aux Américains de grignoter les parts de marché en mettant en place un « Nouveau modèle de partenariat entre l’Amérique et l’Afrique ».  C’est le plus grand sommet organisé entre les Etats-Unis et le continent noir, car près de cinquante dirigeants Africains, une kyrielle de représentants de la société civile, 500 jeunes leaders africains, des hommes et femmes d’affaires du continent et des artistes, prendront part aux travaux au coté du Président Barack Obama. Espérons qu’ils reviennent avec de bonnes choses.

Il faut savoir que les échanges commerciaux entre l’Afrique et les Etats-Unis s’élèvent à près de 110 milliards de dollars en 2013 et l’objectif de l’administration Obama est d’augmenter ces échanges à travers un nouvel accords sur le programme AGOA et autres forums économiques entre businessman Américains et Africains.

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Sommet UE -AFRIQUE.
CP: Newsabidjan

La France qui était le seul pays Européen à organiser un sommet avec l’Afrique, a montré le chemin à ses voisins Européens. Ainsi le sommet UE-Afrique a vu le jour pour donner un coup de pouce à une coopération qui s’essouffle au fil des années. En Avril derniers plusieurs dizaines de chefs d’Etats du continent ont convergé vers Bruxelles pour discuter sur des problématiques d’intérêts communs.

Ce fut un chapelet de discours d’intention marqué par les sujets tels que « La démocratie  et les droits de l’homme » ainsi que « la paix et la sécurité ». Sur le plan économique, 100 milliards d’Euros ont été promis conjointement pour renforcer les échanges entre les deux ensembles, les négociations ont été engagées  pour faciliter les échanges économiques. Beaucoup reste à faire tout de même. Le prochain sommet s’est pour 2017.

photo sommet Amérique latine – Afrique
CP: mondialisation

 La coopération Sud-Sud est un gage de prospérité pour tous les pays du sud. La prise de conscience de cette réalité a entraîné la création du sommet Amérique latine-Afrique. En somme l’objet du sommet est double : D’abord revendiquer la place que revient aux pays du sud dans l’échiquier international, ensuite nouer et redynamiser les échanges économiques, culturels et scientifiques entre pays du sud. En 2011 les échanges économiques entre les deux continents étaient de 39 milliards de dollars, ce qui est déjà considérable. Les autres pans de la coopération sont en discussion pour le prochain sommet dont la date reste inconnue.

photo TICAD IV
CP: maliweb

La Japon n’est pas en marge de la conquête du marché Africain, d’ailleurs depuis 1993 avec le sommet Japon-Afrique dénommée la TICAD. Son objectif est de promouvoir le développement de l’Afrique par les africains eux-mêmes. En termes économique, le Japon a décidé en 2013 de soutenir la croissance de l’Afrique via des aides s’élevant à 24 milliards de dollars sur 5 ans et 5 milliards de dollars pour les infrastructures. Le Japon qui excelle dans le domaine de la pêche en Afrique, l’agriculture et la formation, participe ainsi au développement du continent tout en donnant les outils et les moyens d’y arriver.

Enfin je parlerais de la Turquie et de l’Inde qui multiplient aussi les incursions en Afrique. La Turquie dans sa politique d’ouverture à l’Afrique, a organisé en 2008 le premier sommet Turco-Africain qui a débouché à la création d’une chambre de commerce commune, un accroissement du budget d’aide au développement. La Turquie propose à l’Afrique son expertise dans le domaine de la construction, de l’énergie, les produits manufacturés, les biens d’équipement. En retour le continent exporte ses matières premières, son pétrole et ses produits agricoles. Les échanges économique Turco-africaine ont fortement augmenté, passant de moins de 1 milliards en 2003 à plus de 10 en 2011, signe que les partenariats sont fructueux.

Photo de clôture sommet Inde Afrique
CP :RFI.fr

Enfin l’Inde, ce pays n’est pas en reste dans cette course de fond vers l’Afrique. En 2011 un sommet Afrique-Inde avait été organisé à Addis-Abeba pour renforcer les liens commerciaux entre les deux ensembles. L’Inde qui a autant besoin de matières premières que la Chine pour soutenir sa croissance, multiplie les partenariats avec un continent noir qui regorge d’énormes réserves. Pour cela, l’Inde a promis 5 Milliards de dollars de prêts sur trois ans. Les entreprises Indiennes ont investi  en Afrique près de 16 milliards de dollars entre 2005 et 2011 et projettent davantage d’investissement dans les années à venir.

Tous ces sommets mettent l’Afrique au cœur des enjeux économiques mondiaux. Les richesses minières, le potentiel humain et culturel, l’agriculture et la formation sont autant de domaines qui devraient normalement connaitre un essor fulgurant si les partenariats signés sont capitalisés au profit de la renaissance Africaine.


Lettre ouverte au Front de l’Opposition pour l’Alternance

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Leaders Front de L’Opposition pour l’Alternace
C/P : Gabonreview

 Je présume que vous ne me connaissez pas, mais sachez que moi je vous connais. Vous aurez compris que je parlais de vous connaitre politiquement car en dehors de ce coté de vos activités, le reste m’importe peu.

Savoir qui vous êtes facilite l’exercice que je me suis assigné en vous écrivant cette lettre, c’est-à-dire vous rappeler certains préalables au combat que vous avez décidé de mener et  poser quelques questions.

 George SANTAYANA disait : « Ceux qui ne se souviennent pas du passé sont condamnés à le répéter » c’est en considérant cette  citation que je me suis dis qu’il était nécessaire de rappeler ce que fut votre passé pour que nous échappions à l’éternel retour.

Ne me considérez pas comme un rabat-joie, loin de-là. Je ne suis qu’un jeune gabonais conscient des enjeux auxquels fait face la jeunesse gabonaise et Africaine. Parmi ces enjeux il y a les prochaines joutes électorales de 2016 dont vous souhaitez l’adhésion des jeunes au sein de votre front.

Pour revenir au passé, vous êtes assez intelligents pour comprendre que je ne suis pas dans la perspective d’y rester, ce qui me préoccupe c’est l’avenir. Mais comment concevoir l’avenir ensemble s’il n’y a pas réconciliation avec le passé ? C’est là une des mes inquiétudes, le premier préalable.

Toute la jeunesse gabonaise sait que vous avez fortement contribué aux nombreux problèmes que connait le Gabon. Certains parmi vous ont eu pendant de bien longues années la responsabilité des ministères clés touchant directement à l’épanouissement des jeunes Gabonais. Résultat : Ecoles et universités dégradées, arts et culture sacrifiés, chômage et pauvreté assurés.

Pourquoi ne pas reconnaitre cette réalité qui quoi qu’on dise entache lourdement sur votre crédibilité politique. La preuve, vos adversaires politiques usent de ce fait pour vous discréditer auprès de l’électorat.

Ce serait un acte de bonne foi et de repentance que de le reconnaître,  cela vous réconcilierait avec la jeunesse et vous laverait auprès de ceux qui remettent en cause votre moralité politique.

 J’ai lu avec une rare attention le discours de Monsieur Jacques ADIAHENOT et regardé avec intérêt le passage de Monsieur Jean PING sur le plateau de l’émission L’invité sur France24.  Le constat amer qu’ils ont fait est sans appel mais ne commence pas en 2009 avec l’arrivée d’Ali Bongo au pouvoir. Soyons objectifs.

Je suis tout à fait d’accord avec vous sur les manquements observés au Gabon, c’est sans équivoques. Toutefois ne faites pas une fixation sur le Président Ali mais plutôt sur son bilan de parcours,  vous en gagnerait surement.

C’est une manœuvre bien habile de votre part que d’éviter de parler du Gabon d’avant 2009. Stratégie ou amnésie passagère ?  Je n’en sais rien.

Parler d’une manière voilée de la « gabonité » est un discours dangereux, car faisant appelle à la fibre patriotique qui a occasionnée ce qui s’est passé en Cote d’Ivoire. Je m’inscris en faux à ce discours.

Vous êtes tous des intellectuels chevronnés, alors penser d’abord à proposer aux gabonais des alternatives chiffrées et mesurables dans le temps, au lieu de vouloir plonger dans un marasme sans fin qui détournerait l’objectif auquel vous souhaitez engager la jeunesse Gabonaise. C’est mon deuxième préalable et une énième inquiétude.

Je me suis souvent demandé pourquoi vous n’investissiez pas au Gabon ? Personnellement je ne connais pas l’une de vos entreprises. Tous les Gabonais savent que vous avez bien largement de quoi ouvrir une activité pouvant employer une dizaine de Gabonais. Si maintenant pour une raison comme pour une autre vous n’en n’avez pas, dites tout de même pourquoi.

Aussi petit soit-il, se serait payer un tribut pour ceux qui n’ont pas d’activité économique, que de s’y mettre afin de participer à la résorption de la pauvreté et du chômage que votre séjour au pouvoir à quoi qu’on dise contribuer.

Pour finir, je tiens à vous dire que la participation des jeunes au sein d’une coalition comme la votre ou dans les partis politiques, ne doit plus être celle que nous connaissons. Notamment, faire la sécurité, faire le show durant les meetings, appâter d’autres jeunes désœuvrés. Non, les jeunes doivent désormais être acteurs dans le jeu politique, ils en ont la capacité et le courage. C’est de même pour les femmes.

Bien des choses à vous.

Barack Nyare Mba


Gabon : un contrat de performance pour percevoir la PIP

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Fonctionnaires touchant leur prime
C/P : Africatime

Durant la semaine qui vient de s’écouler, l’actualité gabonaise a été dominée par la prime d’incitation à la performance (PIP) nouvellement créée par le président Ali. C’est plus de 19 milliards de francs Cfa qui ont été versés ce mois de juillet à plus de 20 000 fonctionnaires gabonais.

La PIP est une prime que l’Etat alloue aux fonctionnaires et autres agents afin de les inciter à être performants à leur poste de travail. Au départ cette prime s’appelait « Fonds communs », et était versée aux seuls agents des régies financières telles la Douane, le Trésor et les Finances. Selon les autorités, c’est par souci de « solidarité », de « justice sociale » et bien sûr en prélude des joutes électorales de 2016,  que le président Ali a décidé en février de cette année, d’élargir les bénéficiaires aux autres départements ministériels. Quelle belle initiative électorale !!!

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C/P : Gabonreview

En termes de chiffres, c’est près de 30 000 fonctionnaires au total qui se partageront 100 milliards de francs Cfa au lieu des 210 milliards que s’arrogeaient 9 000 agents des régies financières. Vous avez sûrement fait le calcul, il reste en effet 110 milliards qui seront alloués à la CNAMGS (Caisse nationale d’assurance maladie et de Garantie sociale) et au Fonds national d’aide sociale pour les chômeurs et personnes démunies. Reste encore à vérifier !

Il faut savoir que les ressources de cette prime proviennent des ristournes et amendes des administrations ayant des taxes parafiscales.

 Un paiement arbitraire

Jusqu’à la date du premier versement de la PIP c’est-à-dire le 7 juillet,  ni la commission interministérielle chargée du dossier de la PIP, ni les ministères concernés n’avaient déterminé les critères ou indicateurs de performance permettant d’évaluer les fonctionnaires bénéficiaires. C’est pourquoi le premier versement a été fait sur la base de la catégorie. Les plus diplômés perçoivent plus même s’ils travaillent moins ou mal.

Ainsi, on a pu observer ici et là la disparité des sommes versées aux fonctionnaires de la même catégorie ou encore certains ont vu à la baisse le montant qu’ils devaient percevoir. Autant « d’injustice » occasionnée par l’absence d’indicateurs de performance capables de rémunérer chaque fonctionnaire en fonction de ses efforts.

L’Imihigo rwandais

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Signature d’un contrat de performance
C/P : radiomaria

Ce mot Kinyarwanda désigne une sorte de « contrat de performance ». Créé en 2006 par les autorités rwandaises en vue d’un meilleur suivi-évaluation des objectifs à atteindre par le pays. Chaque citoyen rwandais a son contrat de performance et fixe lui-même le niveau raisonnable à atteindre pour chaque objectif. Exemple : lutte contre la corruption, violence domestique sur les femmes et enfants, aide aux voisins nécessiteux, planter des arbres, adhérer à une association ou coopérative.  Le non-respect de ce contrat peut faire l’objet de blâme public.

Hormis les populations civiles, le contrat de performance est également signé par les cadres et techniciens au sein des administrations publiques, du secteur privé, dans les associations et autres organismes de développement. C’est un contrat qui marche, car il implique les populations dans le développement du pays et améliore l’efficacité et l’efficience dans le service public ou dans le secteur privé.

Un modèle à suivre

C’est sur un modèle similaire au contrat de performance rwandais que devrait reposer la PIP et non sur le népotisme, le clientélisme ou le copinage des uns et des autres comme il a été observé. On a vu les affres des fonds communs, qui pourtant avaient été créés pour lutter contre la corruption, mais au finish sont devenus la source même de cette corruption et de la gabegie financière durant près de 40 ans. Tout cela à cause de l’inefficacité et la subjectivité des critères d’attribution utilisés jusqu’à récemment.

C’est, je suppose, l’objectif de la commission interministérielle ad hoc, qui doit rendre son rapport dans quelques semaines, de déterminer des indicateurs objectifs capables de mesurer la performance de tout un chacun selon le ministère. Il serait inacceptable de replonger dans le marasme des « fonds communs » alors que le gouvernement parle lui-même de mettre un terme aux vieilles et mauvaises pratiques…

A faire à suivre et à commenter….