Barack Nyare Mba

Le Gabon vit au rythme des années 80-90

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L’histoire semble se répéter au Gabon et avec les mêmes acteurs, qui sait si ce sera avec la même finalité. C’est en substance ce que nous pouvons dire au vu de l’actualité gabonaise depuis le décès en 2005 du président Bongo. A quelques exceptions près, aucune période à part ces six dernières années  n’a été aussi similaire que celle des années 1985-1993.

Les libertés individuelles, la démocratie et la bonne gouvernance qui étaient en 1990 sous le régime de la « Rénovation » au centre des combats politiques, se retrouvent 24 ans plus-tard, cette fois-ci  sous le régime de « L’émergence »,  au cœur des revendications de cette même opposition à l’endroit du même parti au pouvoir.  Fiction ou réalité ? Nous ne saurons le dire, toutefois il n’y a pas de doute sur la similitude des évènements qui ont marqué l’actualité nationale et internationale durant ces deux régimes.

Sachez d’ores-et-déjà que ce billet est le premier d’une série qui portera essentiellement sur l’observation et l’analyse de la vie sociopolitique gabonaise en vue de la présidentielle de 2016.

L’environnement international

Pour commencer, l’arrivée des socialistes au pouvoir en France en 1981 allait beaucoup changer les relations franco-africaines. En effet le discours de François Mitterrand plaisait aux opposants gabonais qui souhaitaient l’instauration de la démocratie. Hormis cet évènement il eut  également les soulèvements de 1989 en Europe de l’Est baptisés « vent de l’Est » mais surtout la chute du mur de Berlin le 9 novembre de la même année. La mort de Nicolas Ceausescu dont les images ont été largement diffusées au Gabon a profondément marqué les populations. Tous ces bouleversements mondiaux ont en quelque sorte galvanisé les populations et les leaders politiques et contribuer à éveiller les consciences sur la nécessité de revendiquer de meilleures conditions de vie et de travail.

Parallèlement  en 2010 l’actualité internationale a été secouée par les révoltes au Maghreb appelées le « Printemps arabes ». Ces révolutions comme vous le savez  étaient des contestations populaires et intenses qui ont vues la chute des Présidents Tunisien Egyptien et Libyen. Les images et les commentaires  à la télé du corps sans vie du colonel  KHADAFI ont elles aussi conscientisé les populations Gabonaises qui ont compris qu’aucun régime n’était éternel. En France la victoire des socialistes aux élections présidentielles de 2010  ont porté au pouvoir  François HOLLANDE qui comme François MITTERAND propose un autre discours  aux Africains contrairement à celui de la droite Française battue.

Sur le plan international la coïncidence de l’actualité est sans équivoque sous les deux régimes.

 Les revendications sociales sous la « Rénovation »

Le régime de la « Rénovation » du Président Omar Bongo inaugure les contestations sociales des le début des années 80’. Tous les secteurs furent touchés par ces revendications sociales, notamment les enseignants, les étudiants et les travailleurs.  Ce régime avait lui-même exalté les mécontentements du peuple car il tenait des discours « fallacieux » sur les réalités sociales Gabonaises. De plus le tribalisme devenait légion au sein de l’administration publique et du parti au point d’en devenir un mode de gouvernement : la géopolitique.

La baisse des salaires et les licenciements qui touchèrent la classe moyenne, les mesures impopulaires comme la  « Loi Mayila » qui  voulait que les fonctionnaires soient payés par tache et non par mois, la grève des enseignants et étudiants de la Faculté de droit et sciences économiques du 10 Décembre 1989, Tous ces facteurs allaient contribuer à la dégradation du climat social et aux contestations populaires.

 Comme solution à la grève des étudiants de l’UOB, le gouvernement décida l’intervention des forces de police sur le Campus. C’était une Erreur. Résultat : blessés graves, dégâts matériels important. Suite à cela des émeutes éclatèrent partout à Libreville et dans tout le pays entrainant des destructions de biens publics et privés. C’est à la suite de cette bavure gouvernementale que l’action politique commença. En sus de ces revendications estudiantines et politiques, les manifestants demandèrent au gouvernement en place « Un partage équitable du revenu national et une démocratisation du paysage politique ».

…Sous « l’émergence »

Les revendications sociales faites dans les années 80’ semblent ne pas avoir trouvés de solutions définitives car en 2014 ces mêmes revendications refont surface. Le régime de « l’émergence » d’Ali Bongo essuie de vives critiques sur le plan social depuis 2009. Bien que la situation économique actuelle semble largement meilleure que celle des années 80, la situation sociale des Gabonais n’a pourtant pas beaucoup changé depuis lors. Du coup nous voyons depuis 2010 une floraison de grèves intempestives des enseignants du primaire, du personnel de santé, des enseignants de l’UOB, des Etudiants, des élèves et des travailleurs. Motif : les conditions de vie, de travail et d’étude ne sont pas bonnes.

Hormis ces besoins sociaux primaires qui reviennent encore de nos jours, on constate que certains maux comme le tribalisme qui fut décrié lors du soulèvement politique des années 89’-90, réapparait mais cette fois sous sa forme la plus abjecte. Il y a également le partage inéquitable des richesses, la mauvaise gouvernance, la liberté d’expression, la démocratie, le clientélisme, l’insécurité, la justice sociale  qui reviennent inconditionnellement sur la table des revendications politiques et sociales.

 On a vu cette année comme en 1990 les policiers rentrés au sein de l’université Omar Bongo pour mater les étudiants grévistes qui réclamaient leurs bourses et l’amélioration de leurs conditions de vie et d’étude. Lors de la longue grève des enseignants des lycées et collèges courant 2013, on a assisté à la marche des élèves à travers le pays pour réclamer la reprise des cours. Ces marches ont également été fortement réprimées par la police à Port-Gentil et à Libreville. Certaines mesures impopulaires du gouvernement actuel enveniment la tension sociale qui est perceptible : La suppression des fonds communs au profit de la PIP (Prime d’Incitation à la Performance) qui a mis en grève la douane Gabonaise pendant près d’un mois, le non respect des cahiers de charges des syndicats de l’éducation, de l’enseignement supérieur et de la santé, les nominations des « étrangers » (la légion étrangère comme ils disent) à des postes de responsabilité importante etc.

Forces politiques en présence

Après 46 ans au pouvoir et ayant la majorité absolue à l’assemblée nationale, au sénat et dans les collectivités locales, le PDG (Parti Démocratique Gabonais) « domine » la scène politique nationale. En dépit de cette « domination » ou « abomination » due à sa longévité, le parti au pouvoir fait face aux mêmes contestations sociales des années 80-90’sur le plan de la « confiscation des libertés démocratiques » du tribalisme, de la mauvaise gouvernance et d’une mauvaise redistribution des richesses. Bien entendu ces revendications ne trouvent pas un écho favorable  de la part des dirigeants actuels ce qui explique la démission de plusieurs anciens hiérarques du parti et la montée de l’activisme politique au sein des mouvements associatifs et ONG que ce soit au Gabon comme dans la diaspora.

La crise politique que le Gabon a traversée en 2010 suite à l’élection « contestée » par l’opposition du président Ali en 2009, avait replongé le pays dans les travers de 1993 lorsque le président Bongo fut déclaré vainqueurs des élections. En effet, comme le fit le Père Paul MBA ABESSOLO en mettant en place un gouvernement parallèle au Gabon au sein du HCR (Haut Conseil de la République), l’opposant André MBA OBAME (ancien candidat et ex hiérarque du PDG)  mit en place également  un gouvernement parallèle dit « Gouvernement du PNUD ». Le dénouement de ces deux faits historiques ne fut pas le même : Le premier cité fut dénoué lors des négociations à Paris appelé « Accords de Paris » et le second fut quant à lui dénoué par la dissolution pur et simple de l’UN (Union Nationale) le parti de André MBA OBAME.

L’opposition actuelle qui est réunie essentiellement au sein de l’ex Union Nationale, est composée d’anciens PDGistes. Ces derniers avaient pour la plupart activement participé à la conférence Nationale de 1993 pour l’instauration de la Démocratie et la mise en place d’institution garantes de cette démocratie. Aujourd’hui ils se retrouvent de l’autre coté de la barrière pour « renégocier »  et réclamer une nouvelle « Conférence nationale souveraine »  pour l’établissement de la même démocratie, des mêmes libertés individuelles et de la même bonne gouvernance.

Contrairement à 90’ le PDG ne semble pas vouloir négocier avec la nouvelle opposition car  considérant sa situation politique actuelle plus que confortable. Cette absence de dialogue politique pourrit la vie sociale et économique du pays entrainant ainsi des divisions au sein même des couches sociales, de l’administration publique et j’en passe.

Ainsi comment finira cette lutte sociale et politique qui n’a que trop durée ? Quand on sait qu’actuellement les deux camps politiques affermissent -chacun avec ses moyens- leurs positions en vue des échéances à venir c’est-à-dire les présidentielles de 2016. Peut-on croire que l’opposition et la société civile feront mieux que celles des années 85-93 ? Nul ne le sait. Comme disent les anglophones : «  Just wait and see »

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


Hamed boutiquier malgré lui à dix ans

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Attaché à la protection et à l’épanouissement des enfants en Afrique, Esprit Africain aborde cette fois-ci le sujet des enfants boutiquiers à travers l’histoire d’un jeune Guinéen qui travaille malgré lui dans une boutique à Dakar. Son histoire illustre le drame des enfants exploités au profit des personnes très mal intentionnées. 

Ces informations m’ont été données par le jeune homme lui-même.  

 Son prénom est Hamed, c’est un jeune Guinéen de 14 ans qui vivait il y a encore 4 ans avec son père sa mère et ses trois sœurs dans le village de Lelouma dans la région de Labé en Guinée- Conakry. Il est le benjamin de la fratrie et comme les enfants de son âge il fréquentait l’école primaire N’dantari jusqu’en 4e année. C’est une période de sa vie assez fraîche dans sa tête, car il se rappelle encore quand il jouait au football dans la cour de l’école ou dans le quartier avec ses quelques camarades de classe ou des amis.

Comme dans toutes les familles africaines, les parents se débrouillaient avec le peu qu’ils avaient et se le partageait en famille et même avec les voisins. Mais bien des années avant sa naissance, c’est-à-dire dans les années 80, son père décida d’aller tenter sa chance au Sénégal en tant que boutiquier pour subvenir aux besoins de la famille qui commençaient à augmenter avec la naissance de ses grands frères et sœurs. Pendant près de 29 ans de sa vie il fut boutiquier.

Se sentant vieillir après tant d’années d’efforts, le père jugea nécessaire de raccrocher et de léguer ses deux boutiques à ses deux aînés qui étaient déjà assez grands pour le remplacer. Comme il avait été décidé, les deux aînés le remplacèrent effectivement et comme lui, ils ont aussi passé de longues années à travailler en tant que boutiquiers à Dakar. A l’heure où j’écris ce billet, ça fait 15 ans qu’ils font ce travail.

Le retour du père au village a été un soulagement pour la mère, les trois filles et Hamed. Ils pouvaient enfin passer assez de temps avec lui et partager ensemble des moments agréables. Pour Hamed toutes ces bonnes choses allaient bientôt prendre fin, car ses deux grands frères qui étaient au Sénégal demandèrent à leur père de l’envoyer à Dakar pour devenir boutiquier comme eux et comme leur père avant.

Le père n’était pas d’accord, car il savait que ce métier n’était pas bon pour l’avenir de son benjamin. Il résista aux incessantes demandes de ses deux fils qui semblaient déterminés à faire venir le petit frère. Hamed avait 10 ans et n’était pas très enthousiaste. Alors que les enfants de son âge rêvent de devenir footballeur, avocat, docteur ou policier,  on lui imposait de devenir boutiquier.

La décision avait été prise, il devait aller travailler à Dakar. Contrairement à ses aînés, le père l’avait inscrit dans une école de formation en mécanique afin qu’il apprenne un métier qu’il pourrait exercer dès qu’il ne serait plus boutiquier. Mais bien avant la fin de sa formation, il partit pour la grande ville du Sénégal.

Les débuts du nouveau métier

Les débuts en tant que boutiquier n’ont pas été faciles pour Hamed. Pendant deux ans ses frères lui enseignèrent comment gérer une boutique. Après ces années d’apprentissage, ils s l’envoyèrent un an après travailler dans une autre boutique auprès d’un gérant formateur  que ses frères connaissaient bien. C’est dans cette boutique que j’ai fait la connaissance de Hamed cela fait un an aujourd’hui.

Jeune homme très intelligent et éveillé, il a toujours été courtois même dans ce travail qu’il déteste. Chaque jour nous discutons quand je viens acheter un produit, il m’explique ses difficultés, ses aspirations, son mécontentement. Pour lui : « Ce travail est mauvais pour la tête, tu ne peux pas seulement garder dans la tête les prix de ces produits-là. Ce n’est pas bon ! » Il ajoute « … Je vais démissionner et aller continuer ma formation en mécanique. Parce que quand tu travailles ici tu ne fais rien de ta vie. » Assez jeune, mais soucieux de son avenir.

Depuis qu’il est au Sénégal il n’a pas d’amis et ne peut rien faire d’autre à part vendre, il est très peu en contact avec ses parents en Guinée. Son formateur actuel refuse même qu’il parle avec sa mère trop longtemps, pourtant ce dernier est du même village que lui et connaît ses parents.

Selon Hamed, ils sont plusieurs enfants de son village à Dakar et on voit peu d’enfants à Lelouma qui ont 10 ans, car tous sont envoyés ici pour travailler dans les boutiques.  C’est dire à quel point ce trafic décime le village.

Les mauvais traitements qu’il subit et même d’autres comme lui ont aiguisé ma curiosité sur les boutiques de quartier.

Les boutiques de quartier à Dakar

Dans la capitale sénégalaise, les boutiques de quartier sont quasi totalement contrôlées par la communauté guinéenne, c’est un réseau de plusieurs milliers de boutiques disséminées à travers les coins et les recoins des quartiers et qui font travailler des milliers d’enfants guinéens. Elles sont partout, on ne peut pas faire 50 mètres sans en apercevoir une.

Où se couche Hamed
L’endroi toù se couche Hamed (Barack N.M)

Ce sont de petites boutiques dans lesquelles on retrouve un peu tous les vivres et les non-vivres utilisés quotidiennement. C’est également à l’intérieur de ces boutiques que dorment les boutiquiers, souvent dans des conditions qui ne sont pas respectueuses de la personne humaine. Le travail est méticuleusement organisé, il y a le plus souvent deux boutiquiers qui servent et un contrôleur journalier qui vient vérifier les comptes.

Les deux personnes qui servent : un adulte (25-30 ans) qui est le formateur du second qui est encore tout jeune (10-15 ans). Ce dernier est formé pendant un temps, si son rendement n’est pas bon il est envoyé dans une autre boutique plus petite pour y être davantage formé. Dans le cas contraire, on lui confie la gestion d’une boutique et à la suite un apprenti pour qu’il le forme aussi.

Les formateurs ont eux aussi été apprentis. Ils ont appris  durant de longues années comment gérer une boutique, la maîtrise parfaite et par cœur des prix de tous les produits exposés, le contrôle des recettes journalières, le conditionnement en sachet de 25 F CFA 50 F CFA 100 F CFA des produits comme le lait en poudre, la tomate concentrée, l’huile, le beurre, le Nescafé, le fromage, saucisson, moutarde, mayonnaise, la gestion des stocks et des approvisionnements, etc. Le travail c’est 24/24 7 j/7, un apprenti comme Hamed n’a que 4 H de sommeil par jour pendant que son formateur en a plus.

Le formateur et l’apprenti sont très inégalement rémunérés alors que c’est l’apprenti qui fait le gros du travail. Hamed m’explique

Où se couche son formateur
L’endroit où se couche son formateur ( Barack N.M)

que la boutique où il travaille fait au moins 400 000 F C FA  de recettes mensuelles sinon plus. Son formateur est payé à 150 000 FCFA par mois alors que lui est payé à 20 000 à 25 000 F CFA tous les deux mois. Si les bénéfices ne sont pas importants, il n’est alors pas payé ou son salaire est diminué. Il précise que si l’apprenti souhaite que son salaire soit augmenté au vu des bénéfices générés, le gérant lui demandera de justifier cette demande -légitime-  et est libre d’accepter ou de refuser.

La situation déplorable de son formateur a renforcé le désir de Hamed d’arrêter ce travail aliénant. Il m’explique que celui-ci à lui aussi fait 15 ans au Sénégal comme ses deux frères, pourtant il n’a rien construit dans sa vie à part être marié avec une Guinéenne restée au pays. Il a compris que ce travail ne correspondait pas à ce qu’il voulait pour sa vie, c’est pourquoi il a décidé de démissionner pour ne pas finir comme son formateur ou ses frères.

La vie que mène Hamed n’est en aucun cas insolite, car à Dakar des milliers d’enfants guinéens de son âge et moins encore vivent la même chose sinon pire. Certains parmi ces milliers d’enfants sont battus pour n’avoir pas assez travaillé. Ils ne se nourrissent d’ailleurs pas convenablement, car hormis le riz et l’huile qui sont gratuits le reste doit être payé par les apprentis. C’est inconcevable ce traitement que ces hommes infligent aux enfants.

D’autres enfants ont arrêté ce travail pénible, comme Mohamed qui est parti au Mali. C’est l’apprenti que Hamed a remplacé dans la boutique où je le rencontre. J’ai connu ce Mohamed, jeune homme élancé qui semblait détester aussi ce travail. Avant lui il y avait Hassan, je ne sais pas où il peut-être aujourd’hui. Plusieurs enfants se succèdent ainsi dans ces boutiques sans que cela n’émeuve quelqu’un ou les autorités.

Je me demande toujours pourquoi les enfants paient toujours le prix fort en Afrique. Au Sénégal beaucoup doit-être fait pour protéger les enfants, beaucoup est déjà fait, mais de gros efforts supplémentaires doivent encore être fournis. Comme je l’ai dit dans mon article sur LES ENFANTS TALIBES AU SÉNÉGAL «des organismes étatiques sont créés pour mener cette lutte, que faut-il de plus pour que les choses changent ? Les moyens ? La volonté politique ? Je me demande bien » La question reste jusqu’à maintenant ouverte, pendant ce temps d’autres enfants sont envoyés au Sénégal pour être exploités.

CET ARTICLE EST DÉDIÉ A TOUS LES ENFANTS QUI SONT MALTRAITES EN AFRIQUE.


LES ENFANTS TALIBES AU SENEGAL

Enfants talibés jouant au foot
des enfants talibés jouant matinalement au football au quartier Sacrée-coeur à Dakar

On ne cessera jamais de dénoncer et d’éveiller les consciences sur la situation misérable des enfants talibés, tant que les mesures idoines ne seront pas mises en place par les dirigeants (es) Africains (es) afin de sortir définitivement la « jeune pousse Africaine » de cette servitude qui ne dit pas son nom.

La situation des enfants talibés ne date pas d’aujourd’hui, un peu comme tous les problèmes de l’Afrique ; Chaque année chacun(e) vient dire un mot à ce sujet, comme pour dire qu’il (elle) mesure l’ampleur du fléau et est résolument engagé(e) à l’éradiquer. Certains (es) le font avant et pendant les élections, d’autres après un incendie de Daaras, d’autres encore lors des journées mondiales de l’enfance.

Malgré toutes ces bonnes volontés affichées depuis de longues années, on constate malheureusement que le problème demeure tout entier. Faits concrets : Par exemple dans les rues de Dakar il y a toujours autant d’enfants Talibés qui mendient à longueur des journées, il y a toujours des incendies meurtriers dans les daaras, comme celui qui a fait  9 morts le 03 Mars 2013 à la Médina, il y a toujours autant de violence et d’abus dont ces enfants sont victimes dans la rue et les daaras.

Avant de continuer il faut savoir que tous les enfants mendiants de Dakar ne sont pas Talibés, certains (es) sont des orphelins(es) d’autres ont été abandonnés(es) par les leurs.

Pour cerner le sujet, définissons le terme TALIBE. Lors de mes recherches je suis tombé sur deux définitions qui ont marquées mon attention. Tout d’abord celle de l’association POUR UNE ENFANCE. Elle définit le Talibé comme étant un « élève de l’Islam ». Cette définition est également celle donnée par d’autres associations que j’ai trouvées. Ensuite il y a celle d’une agence de l’UNICEF, UCW (UNDERSTANDING CHILDREN’S WORK) qui définit dans un rapport le Talibé comme étant «  Tout enfant qui a passé la nuit dernière au daara et qui va actuellement à l’école coranique ».

Je ne vais pas m’étendre sur cette différence de définition, juste dire que c’est de la définition que commence la compréhension du problème, c’est un début de solution que de définir correctement le Talibé. Je ne suis pas expert en Talibé, mais après enquête c’est la première définition qui est  la plus appropriée. C’est-à-dire qu’un talibé est un élève de l’Islam.

Après cette définition vient celle du Daara. C’est une école religieuse où les enfants apprennent le Coran. Les enfants y sont pensionnaires car ils viennent le plus souvent des régions ou des pays voisins. Le Marabout quant à lui est un érudit de l’Islam, un maitre religieux qui enseigne souvent le Coran.

Comment ça se passe?  Les enfants sont envoyés dans les daaras par leurs parents afin d’y recevoir une éducation religieuse. Il faut dire qu’au départ c’est-à-dire au 19e siècle que les Daaras sont crées par les chefs religieux locaux pour conserver leurs coutumes à travers une éducation alternative que celle exigée par les colons. On comprend dès lors que le daara était un lieu d’apprentissage mais également de conservation et d’enracinement contre la colonisation des esprits entamée par les colons.

De ce point de vue il est clair que l’exploitation actuelle des enfants dans les daaras n’a pas son sens, c’est une contrefaçon de la logique laissée par les anciens chefs religieux.

Suivant ce qui vient d’être dit, on est poussé à se demander pourquoi cette contrefaçon des daaras? Il y a plusieurs facteurs. Tout commence dans les années 80-90, la crise agricole qui secoue le Sénégal ravage les régions et contraint les marabouts à implanter leurs daaras dans les villes comme Dakar, St Louis, M’Bour à la recherche de revenus supplémentaires pour garder les talibés. C’est le début de la mendicité dans sa version actuelle alors qu’à l’époque elle ne constituait pas l’activité première d’un Talibé mais plutôt un exercice pour apprendre l’humilité, la patience, le partage.

L’exode rural qu’a connu le Sénégal a crée une prolifération des daaras de toutes sortes dans les centres urbains du pays. Les grandes villes sont plus riches et plus grandes  que les villages, elles ont de ce fait attiré plus de daaras et plus de talibés et donc plus de revenus pour les marabouts véreux. L’Etat n’a pas su contenir cette vague de nouveaux daaras dans ses villes c’est pourquoi il lui est difficile aujourd’hui d’en avoir un réel contrôle.

Les conséquences de ce désordre sont incommensurables pour les enfants Talibés et elles devraient  en principe faire agir plus d’un(e) Sénégalais(e), Africain(e). Certains (es) pensent  qu’il est exagéré de dire que la situation des enfants Talibés est dramatique ; C’est faire preuve dans ce cas d’une grande naïveté. Pourquoi le dis-je, et bien parce que les chiffres contrairement aux hommes ne mentent pas.

Ainsi l’UNICEF estime à 100.000 le nombre d’enfants Talibés à Dakar. Ce chiffre est déjà énorme pourtant  il ne prend pas en compte les autres grandes villes du pays. Il faut également savoir que ce chiffre croit chaque année, donc dans quelques années la situation serait incontrôlable si rien n’est fait dès maintenant. En plus de ces chiffres, l’organisme Onusien publie que 90% des enfants mendiants sont Talibés et leurs âges varient de 2 à 17 ans.

La quasi-totalité des enfants Talibés sont des garçons, la moitié de ces enfants est née hors du Sénégal notamment en Guinée Bissau et en Guinée Conakry. Le rapport ajoute que 37% des enfants Talibés déclarent garder un contact permanent avec leurs parents. En termes de revenu, le rapport estime à 300 FCFA par jour le montant que ces enfants doivent verser à leurs maitres. Leurs nourritures quotidiennes est essentiellement composées de riz et du pain.

Pour les perspectives d’avenir 51% aimeraient un meilleur emploi, parmi eux 25% veulent devenir marabout, 4% veulent aller à l’école et 7% veulent continuer la mendicité etc.

Les pourcentages sont assez effrayants pour susciter l’action des dirigeants(es). Nous savons qu’ils (elles) ont toutes ces données mais pourtant pas grand-chose ne bouge. L’Etat Sénégalais a également du mal à agir parce qu’il existe un lien vicieux entre les politiques et les chefs religieux. Ces derniers ont un pouvoir immense sur la population et leurs talibés ; voter des lois qui mettraient en péril leurs relations pourrait s’avérer maladroit pour un homme politique qui souhaite des voix.

Des textes de lois existent pour lutter contre l’exploitation des enfants mais leurs applications restent problématiques. Il y a l’article 245 alinéa 2 de la loi 75-77 du 9 Juillet 1977 notifie que « seront punis de 3 à 6 mois de prison ceux qui laissent mendier les enfants de moins de 21 ans soumis à leur autorité ». De plus l’article 3 de cette loi stipule que « quiconque organise la mendicité d’autrui en vue d’en tirer profit, embauche, entraîne ou détourne une personne en vue de la livrer à la mendicité ou d’exercer sur elle une pression pour qu’elle mendie ou continue de le faire est puni d’un emprisonnement de 2 à 5 ans et d’une amende de 500.000 à 2000.000 FCFA »

Le cadre légal et les statistiques sont connues de tous, les bonnes volontés se manifestent chaque jours pour sortir les enfants talibés de ce trou noir,  des organismes Etatiques sont crées pour mener cette lutte, que faut-il de plus pour que les choses changent ? Les moyens ? La volonté politique ? Je me demande bien.

Quoi qu’il en soit nous ne pouvons pas continuer dans ce sens, la renaissance de l’Afrique passe par l’éducation et la protection des enfants. Ils doivent être sacrés pour garantir la continuité des choses, des us et coutumes, des traditions et du combat pour une Afrique forte et prospère.

Je fais un vibrant appel aux autorités Sénégalaises afin que ces derniers trouvent le meilleur moyen de donner à ces enfants l’opportunité d’être utile au pays. L’enseignement religieux ne va point contre nos aspirations, au contraire c’est une arme qui raffermi et forge les hommes qui feront demain la nation. Les solutions existent déjà il suffit de les appliquer.


ENTRETIEN AVEC S.E L’AMBASSADEUR DU GABON AU SENEGAL

 

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Avec son S.E Guy Blaise NAMBO-WEZET

Les relations diplomatiques entre le Gabon et le Sénégal sont aussi vieilles que les indépendances. Les deux Etats collaborent dans plusieurs domaines comme la formation, commerce, santé et militaire. C’est dans l’optique d’avoir une meilleure idée sur cette coopération que Esprit Africain s’est entretenu avec S.E Guy Blaise NAMBO-WEZET ambassadeur du Gabon au Sénégal sur la coopération économique, la formation, les nouvelles dispositions légales, et la communauté Gabonaise résidente au Sénégal.

Coopération économique

La  coopération économique n’est pas souvent mise en avant alors qu’il existe de véritables opportunités qui s’offrent aux entreprises des deux pays. A ce sujet S.E l’ambassadeur  a expliqué que «  les objectifs sont de renforcer et de diversifier la coopération économique, d’ailleurs  il y a un comité de suivi qui pilote les recommandations de la 7e commission mixte Sénégal-Gabon» il faut rappeler que cette commission s’est réunie à Dakar en Septembre 2013 après Quinze-ans de pause. Les recommandations portaient sur la reforme du cadre juridique, la mise à jour des programmes communs, les échanges économiques etc. Pour renchérir son propos il ajoute «  Un accord a été signé tout récemment dans le domaine de l’administration douanière pour faciliter le commerce entre les deux pays ».

En termes d’objectifs chiffrés rien n’a été annoncé, on comprend par là que le tout est de  faire plus que ce qui est déjà fait en termes de commerce. Quelques entreprises Gabonaises ont compris l’intérêt du marché Sénégalais c’est pourquoi certaines parmi elles comme IBNG (Bois), SIAT-GABON (huile de table, savon), SOGATOR (café), VHO (vin)  ont participé en décembre 2013 à la Foire Internationale de Dakar  (FIDAK) pour  présenter leurs produits mais aussi nouer des contacts avec les potentiels clients Sénégalais.  C’est uniquement par ce genre de participation que les entreprises des deux pays pourront commercer ;  Il faut sortir des sentiers battus pour redynamiser les échanges et les partenariats économiques surtout pour ces deux pays qui visent l’émergence à l’orée 2025. Il est déjà bien de se lancer ce défi mais se serait encore mieux de mettre en place les moyens nécessaires et une bonne stratégie économique pour y arriver et cela passe indubitablement par la coopération sud-sud.

Pour parler des entrepreneurs Gabonais résidents au Sénégal, S.E l’ambassadeur a dit «  je n’ai pas encore rencontré un Gabonais qui a crée une entreprise légalement constituée ici au Sénégal, pourtant on me dit qu’il en existe. Je ne veux que les voir pour les encourager » Appel aux entrepreneurs Gabonais du Sénégal. Pour répondre à la question sur le financement des projets, S.E a précisé que l’ambassade ne gère pas ces choses-là c’est plutôt à chacun des entrepreneurs de porter leurs projets pour les soumettre aux bailleurs de fonds ici au Sénégal comme au Gabon.

 Formation

La formation est l’un des axes de coopération les plus actifs car le Sénégal forme des étudiants Gabonais depuis de longues années déjà. Au sujet du nombre d’étudiants stagiaires Gabonais au Sénégal, S.E Guy Blaise NAMBO-WEZET a expliqué que pour ce nombre seul celui des boursiers de l’Etat Gabonais est estimé à 500 ou 600. Ces chiffres ne sont pas exhaustifs car l’ambassade n’a pas encore reçu des bourses et stages la liste des nouveaux boursiers  de l’année scolaire en cours.

Pour les non boursiers leur nombre ne peut être donné car beaucoup parmi ces étudiants ne viennent pas se faire enregistrer à l’ambassade pour identification et ce depuis des années. L’ambassadeur a exprimé son incompréhension face à cette attitude peut responsable, à S.E de dire « Peut-être c’est quand on fera comme à l’ambassade du Gabon en France, c’est-à-dire de n’aider ou apporter assistance qu’à ceux qui ont une carte consulaire en vigueur, que certains viendront se faire enregistrer ».

Le gouvernement Gabonais a entrepris certaines réformes sur le plan de la formation de ses étudiants,  c’est dans ce cadre que S.E l’ambassadeur a expliqué que « Les bourses et stages ont effectué durant l’année écoulée une mission d’audit des écoles instituts et universités pour apprécier l’offre de formation mais aussi les nouvelles dont le Gabon a besoin». C’est dans le même sens qu’un service académique a été crée au sein de l’ambassade du Gabon il y a quelques années déjà par le ministère des affaires étrangères afin d’accompagner l’Etat dans ses reformes. Ce service vient en appui au service culturel qui faisait déjà ce travail d’orientation et de conseil.

Nouvelles dispositions légales

Que ce soit ici au Sénégal comme au Gabon, certains changements ont alimenté l’actualité ces derniers mois. D’abord à la question du rôle que pourrait jouer l’ambassade si un gabonais se voyait mis dehors par son bailleur qui refuse d’appliquer la nouvelle loi sur la baisse des loyers au Sénégal, S.E l’ambassadeur a expliqué ceci «  Nous sommes dans un Etat de droit, si la loi n’est pas appliquée par un bailleur alors il faut se rapprocher des services compétentes qui ont été crées pour faire face à ce genre de cas, il y a un numéro vert qui est actif et les commissariats sont disposés à recueillir les plaintes éventuelles. L’ambassade est extérieure aux contrats de location signés entre les ressortissants Gabonais et les bailleurs».  Pour les cas d’urgence, l’ambassade ne dispose pas de fond pour y faire face. Allez-y comprendre !

Ensuite au sujet du nouveau passeport biométrique qui vient de rentrer en vigueur au Gabon, S.E a dit qu’il n’était pas encore possible de se le faire établir au niveau de l’ambassade et enfin s’agissant du nouveau ministère des Gabonais de l’étranger, il n’a rien dire sur ce sujet vu que le ministère vient tout juste d’être crée.

La communauté Gabonaise au Sénégal

Il a souvent été reproché aux étudiants d’avoir des comportements peu honorables et responsables  surtout en ce qui concerne les alcools et les études.  Comme conséquences beaucoup ont vu leurs études payés le prix fort de leurs insouciances c’est pourquoi S.E Guy Blaise NAMBO-WEZET a tenu à lancer un appel à la prise de « conscience » parce-que dit-il « Vous êtes d’abord ici pour assurer votre avenir, celui de vos parents et enfin du Gabon ». Il a ajouté qu’il n’était pas fier de savoir que  « un compatriote soit emprisonné pour consommation de drogue, l’autre pour trafique de diplôme et le dernier pour escroquerie » ces cas sont certes très isolés mais reflètent toutefois l’état de conscience d’une partie de la communauté estudiantine. Hormis ces quelques  « brebis égarées » la communauté  Gabonaise vit en parfaite harmonie avec les populations Sénégalaises.

En ce qui concerne l’ASSEGS (Association des Etudiants Stagiaires Gabonais du Sénégal) et les associations socioculturelles qui se sont créées depuis quelques années, Son Excellence a demandé à ce que ces associations socioculturelles fassent partie intégrante de l’ASSEGS qui regroupe toute la communauté Gabonaise au Sénégal. C’est dans cet esprit qu’il a instruit quelques membres du bureau actuel de réfléchir sur cette question qui a très souvent suscité des interrogations chez certains et même de  l’indignation chez d’autres.


La microfinance: Une solution de financement pour l’Afrique

 

 

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Dans le cadre de la lutte contre la pauvreté dans nos pays en développement, la microfinance constitue  sans aucun doute une piste de solution intéressante pour les Etats africains. Il va sans dire que la maîtrise de ce mode de financement n’est pas tout à fait l’apanage de nombreux pays. La méconnaissance de la microfinance et l’absence de réelles politiques nationales en vue de sa vulgarisation, sont autant de raisons qui justifient sa faible utilisation.

Comme disait Socrate : « Avant de commencer entendons-nous sur le sens des mots ». La définition de la microfinance est un préalable pour permettre à tout un chacun de savoir de quoi on parle. La microfinance désigne donc l’offre de produits et services financiers aux populations pauvres et exclues des systèmes financiers traditionnels. Le microcrédit constitue la dimension la plus connue de la microfinance, toutefois une diversité de produits et services est également proposée comme les comptes courants, l’épargne et le transfert d’argent.

C’est au Bangladesh vers les années 70 que la microfinance  a été popularisée  grâce au Professeur Muhammad Yunus. Directeur général de la Grameen Bank, il a aidé les ‘’pauvres’’ en leur prêtant de petites sommes d’argent et en les accompagnant dans leurs activités. Grâce à ce fonctionnement le Pr. Yunus  a pu faire sortir des millions de ses compatriotes de la pauvreté.  Cette réussite sociale et économique lui a même valu le Prix Nobel de la Paix en 2006.

La microfinance revêt plusieurs aspects intéressants qui pourraient réduire considérablement la pauvreté dans nos zones  rurales et urbaines en Afrique. En zone rurale elle permet aux « pauvres » de créer et/ou de développer leurs toutes petites activités commerciales ou agricoles  génératrices de revenus réguliers, ce qui est important quand on sait que l’une des caractéristiques majeures du ‘’pauvre’’ est l’irrégularité de ses revenus. La micro-épargne et la micro-assurance qui seront constituées grâce à leurs activités économiques,  permettront aux familles notamment aux ménages de faire face à certains imprévus comme la maladie, ou encore certaines exigences comme l’école des enfants.  Les femmes sont les plus nécessiteuses car elles ont le plus souvent en charge la famille c’est pourquoi ce sont elles qui font le commerce ou l’agriculture dans nos villages. Les coopératives agricoles ou artisanales sont aussi les cibles de la microfinance. En effet, elles pourront avoir accès à des crédits qui leurs permettront d’augmenter leurs équipements de production, ce qui n’est pas évident avec les crédits bancaires  traditionnels.

Dans les zones urbaines, les jeunes et les femmes (encore et toujours) sont les premiers demandeurs de financement. Les projets présentés par ces derniers ne correspondent pas souvent aux lignes de crédits octroyées par les banques  commerciales, ce qui pénalisent la création d’entreprises et le développement des PME locales. C’est pourquoi, les IMF (Institution de Micro-Finance) sont la solution adaptée à ce genre de projets peu coûteux en financement. Plusieurs jeunes disposent des projets ou idées de projet, cependant l’absence de garantie ou la complexité des pièces à fournir  entravent comme toujours leurs financements par les banques. Pourtant nous savons tous que nos banques, notamment en Afrique centrale, sont en surliquidité.

Au Gabon par exemple, il existe 11 IMF majeures et plusieurs fonds d’aide aux PME. Ces institutions participent chacune à son niveau au financement des PME et projets individuels. Depuis quelques années déjà des structures comme FINAM, GAMIFI, CEFEC, LOXIA EMF,  ont augmenté le volume de leurs financements à cause du nombre important de demandeurs de crédit qui se dirigent vers eux depuis quelques années. D’ailleurs, les statistiques le prouvent, au 31 décembre 2010 les ressources de l’ensemble du secteur se chiffraient à 11,90 milliards francs CFA, soit une augmentation de 63% par rapport à 2009. Toutefois, leurs disséminations à travers le territoire national reste faible, ce qui ne rapproche pas les IMF des plus nécessiteux, c’est-à-dire les jeunes et les femmes. Les institutions de microfinance sont initialement destinées aux ‘’pauvres’’, ces derniers doivent mettre en place un réseau efficace d’agences pour soutenir les petites activités commerciales à l’intérieur du pays car ce sont les populations de l’arrière pays qui ont véritablement un besoin de financement.

L’Etat dans sa politique d’aide et de développement des PME locales et des projets individuels, avait mis en place des structures qui avaient pour vocation la vulgarisation des IMF. Il s’agit du C.N.P.M.F (Cellule Nationale de Promotion de la Micro-finance)  ou encore le FODEX (Fonds d’aide et d’EXpension). Malheureusement avec l’absence de moyens conséquents  et viables, une gestion scabreuses et le détournement des fonds alloués, ces structures ou organismes n’ont pas connu le succès attendu. Il faut savoir que des fonds permanents et sûrs sont des impératifs  pour maintenir  le financement  à long terme des PME, or ces organismes souffrent d’insuffisance en capitaux permanent.

Il va sans dire que des efforts considérables restent à fournir de la part de l’Etat mais aussi de la part des IMF locales. Une meilleure politique de vulgarisation et de sensibilisation serait la bienvenue pour les micro-entrepreneurs. Des fonds conséquents et permanents doivent être mobilisés pour permettre aux organismes de microfinances créés par l’Etat de jouer pleinement leurs rôles. En ce qui concerne les IMF locales, un meilleur  accompagnement des femmes et des projets individuels dans les zones rurales est recommandé.  La sensibilisation des bénéficiaires sur la nécessité d’avoir une culture d’épargne et d’assurance. Des mécanismes doivent être mises en place pour  faciliter la création des IMF afin que tous les détenteurs de projets puissent avoir un large choix d’offres de financement.

La microfinance est réellement une alternative pour la lutte contre la pauvreté, elle permet aux populations vulnérables de développer leurs activités commerciales. Elle autonomise les « pauvres » en leurs permettant d’épargner et d’avoir une assurance. Cette stabilité financière garantie la scolarisation des enfants, leurs soins médicaux, éloigne la famille de la faim et enfin responsabilise les jeunes. Les coopératives et autres groupements d’intérêt communs voient en la microfinance un moyen de développement de leurs activités, contrairement aux banques qui ne sont pas trop friandes de ce genre de financement ‘’à risque’’. La microfinance a bien réussi ailleurs, avec une meilleure adaptation par rapport à nos réalités, elle peut sans aucun doute couvrir les besoins en financement des détenteurs de projets ce qui in fine permettra à ces derniers de sortir de la pauvreté ou de la précarité.

 


ASEEGS : De l’ombre à la lumière ?

 

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Après de nombreuses années tumultueuses et de désamour entre l’Association des Élèves Etudiants Gabonais du Sénégal (ASEEGS) et l’ensemble de la même communauté. Le nouveau président  élu de cette association, M.Pierre MAMBOUNDOU, a tenté dans l’interview qu’il a accordée à ESPRIT AFRICAIN de donner la nouvelle vision qu’il compte donner à cette association malade de bonnes idées.

C’est au sein de l’ambassade du Gabon au Sénégal que cette interview a été faite.

 

Esprit Africain : Bonjour, succinctement pouvez-vous nous présenter l’ASEEGS ?

Président : Bonjour, l’ASEEGS est l’Association des Élèves Etudiants Gabonais du Sénégal, elle est formalisée avec son récépissé depuis 2008. Elle œuvre pour l’épanouissement intellectuel culturel et associatif de la communauté Estudiantine Gabonaise installée au Sénégal

Esprit Africain : vous venez d’être élu à la tête de cette grande Association, sur quels chantiers principaux devrait-on s’attendre à vous voir agir?

Président : Pour cette mandature nous avons à cœur de relever l’aspect intellectuel en mettant en place un bon nombre d’activités qui permettront  de favoriser l’épanouissement intellectuel des étudiants, atelier de formation conférence débat etc. Mais aussi nous visons le coté social pour rapprocher les Gabonais les uns des autres en créant des mécanismes de solidarité.

Esprit Africain : En parlant d’intellectuel, on a remarqué que l’ASEEGS dans le passé organisait beaucoup plus des évènements festifs plutôt qu’académiques. Alors avec vous devrait-on s’attendre à mieux ?

Président : Effectivement dans le passé l’association œuvrait beaucoup dans le festif c’est pourquoi nous avons décidé de revenir sur l’aspect intellectuel, c’est à cet effet que nous avons organisé le 15 Janvier dernier une conférence sur la Cour Pénal Internationale, le 01 et 02 février nous aurons des ateliers de formation sur les logiciels de gestion et comptabilité. Nous allons poursuivre dans cet élan pour renforcer l’aspect intellectuel, on aura le temps pour l’aspect festif mais pas pour maintenant.

Esprit Africain : Une question qui revient toujours, combien y a-t-il d’étudiants Gabonais au Sénégal ?

Président : C’est une question pertinente mais vous voyez même au niveau du corps diplomatique Gabonais il est difficile de donner un chiffre exacte parce que un recensement exhaustif n’a pas encore été fait.

Esprit Africain : Qui devrait le faire ?

Président : Normalement les autorités diplomatiques parce que ce sont-elles qui ont en charge la communauté Gabonaise au Sénégal, maintenant nous en tant qu’association devons actualiser nos fichiers. Dans nos dossiers nous avons recensé 500 mais il en demeure pas moins que étant donné que la population estudiantine est estimée à 2000 personnes, nous comptons organiser un recensement et espérons le finir avant la fin de notre mandat.

Esprit Africain : 500 c’est le quart de la population estimée, comment espérer avoir un meilleur écho de vos actions auprès du plus grand nombre ?

Président : Pour avoir un meilleur écho il faut être plus visible. Si nous avons 500 personnes inscrites ce sont celles qui ont compris la nécessité de s’associer mais il y en a qui sont là et qui regardent de loin les activités de l’ASEEGS parce qu’ils ont été déçus dans le passé. Nous avons à cœur de faire revenir tous ceux-là dans l’association en posant des actes.

Esprit Africain : Que gagnerait un étudiant à s’inscrire à l’ASEEGS ?

Président : Un étudiant Gagnerait beaucoup à s’inscrire à l’ASEEGS, dans un premier temps il se fait identifier et connaitre et va connaitre la famille Gabonaise au Sénégal. Dans un second temps l’association a signé des partenariats avec des sociétés comme Sénégal AirLine qui nous accorde une baisse du titre de transport de 35%, avec un cabinet dentaire et une auto école. Nous travaillons actuellement sur les réductions dans les Super marchés de la place. Donc sur le plan social nous apportons également des solutions aux étudiants comme sur le plan intellectuel.

Esprit Africain : Il y a une vague d’étudiants venant du Gabon, des nouveaux bacheliers. Quelles mesures avez-vous mis en place pour les accueillir et les orienter ?

Président : L’accueil  des nouveaux étudiants est au centre de nos actions parce qu’il a toujours été difficile de « capter » les nouveaux venus. Nous ne faisons pas de l’accueil mais de l’accompagnement c’est pourquoi nous souhaitons qu’il y ait une amicale dans chaque école et universités qui répondent de l’ASEEGS qui pourra répertorier  et orienter les nouveaux étudiants. Pour les mandatures prochaines nous avons un projet qui a été laissé c’est celui de l’accueil et orientation. Un comité sera fait pour accueillir loger et orienter les nouveaux étudiants. Ce comité travaillera en amont au Gabon et en aval ici au Sénégal pour la réception des étudiants.

Esprit Africain : Le Président MACKY SALL vient de publier la loi sur la baisse des loyers. Quelles mesures avez-vous mis en place pour informer les étudiants de cette loi.

Président : La nouvelle loi n’a pas encore de décret d’application mais dès qu’elle rentrera en vigueur nous œuvrerons avec l’aide des étudiants à aller voir leurs bailleurs au cas où ces derniers refuseraient d’appliquer la loi. Toutefois nous avons publié un lien au niveau du Facebook de l’association qui spécifie les hauteurs des loyers qui vont être appliqués .Comme on dit la loi est dure mais c’est la loi, nous sommes dans un pays de droit alors tout le monde doit s’y soumettre c’est pourquoi nous irons voir les bailleurs quand besoin se fera ressentir afin que cette loi soi appliquée où les étudiants Gabonais sont locataires.

Esprit Africain : La loi prend souvent application deux semaines après sa promulgation, avez-vous en sachant cela, pris des mesures appropriées pour anticiper les bailleurs réfractaires ?

Président : Comme je l’ai dit on a publié l’information pour que tout le monde se mette au diapason et ensuite nous mettrons en place un numéro vert pour les étudiants. Il y a également un numéro vert mis en place par le gouvernement Sénégalais pour enregistrer aussi les plaintes des populations. Ce numéro vert est dans le lien que nous avons posté sur la page facebook de l’association.

Esprit Africain : Il y a un phénomène qui prend de l’ampleur depuis un certain nombre d’années, c’est celui des associations culturelles et/ou ethniques on ne sait pas comment les définir. Ne pensez-vous pas que ces association-là sabordent votre travail ?

Président : Le phénomène des associations socioculturelles a beaucoup d’entendements. A notre entendement ces associations visent la promotion de la culture Gabonaise tout comme l’ASEEGS, il s’agit maintenant pour nous de trouver un champ dans lequel toutes les entités pourraient avoir leurs places. Nous préconisons cette année une plateforme de réflexion où l’ASEEGS et les autres groupes socioculturels pourraient se retrouver pour mener des actions communes qui permettront aux étudiants « déracinés » de retrouver leurs valeurs culturelles. A cet effet nous aurons un weekend culturel qui sera piloté par ces association-là, ce sera aussi un moyen de les mettre à contribution pour faire valoir l’unité plutôt qu’autre chose au sein de notre communauté.

Esprit Africain : Là ce sont les perspectives, mais personnellement qu’en pensez-vous ?

Président : Personnellement je pense qu’elles ne sabordent pas le travail de l’ASEEGS, il faudrait juste s’assoir et limiter leurs champs de compétence. Elles ont matière à faire la promotion de la culture exclusivement or la promotion de la culture se fait à travers plusieurs outils, c’est-à-dire la danse, la musique, l’oralité.  Nous pensons qu’elles ont leurs places tout en travaillant en collaboration avec l’ASEEGS.

Esprit Africain : Ces associations n’ont aucun rattachement à l’ASEEGS ? Auprès de qui devraient-elles se faire enregistrer?

Président : Il faut dire que juridiquement la seule entité qui a matière de faire la promotion de la culture Gabonaise c’est l’ASEEGS, parce que nous avons un récépissé ce qui ma foi n’est pas le cas de ces associations socioculturelles. Si elles se disent autonomes –ce qui est vrai puisqu’elles ont été créées en dehors de l’ASSEGS – mais le mieux serait qu’elles se rallient à l’ASEEGS et qu’elles soient nos antennes pour faire le travail en interne pas pour montrer qui est le meilleur. C’est un idéal pour les années futures mais pour l’instant on travaille en bonne intelligence avec elles.

Esprit Africain : On peut alors parler de sabordage puisqu’elles font votre travail et se font plus voir que vous en ce qui concerne les activités culturelles ?

Président : On pouvait le dire dans le passé en ce sens qu’il n’avait pas encore eu un projet de weekend culturel organisé par l’ASEEGS. Etant donné que c’est un projet qui sera élaboré avec leurs collaborations, nous ne pouvons plus nous inscrire dans cette logique de sabordage. Il y a des associations du sud, du nord, du sud-est, il s’agit de rassembler toutes ces associations pour promouvoir la culture Gabonaise.

Esprit Africain : En tant qu’étudiants quel est votre point de vue sur l’attitude, disons-le, désinvolte des étudiants Gabonais. C’est l’alcool, la déperdition etc

Président : Il est difficile de changer des mauvaises habitudes, nous savons comment on fonctionne au pays. Les jeunes au Gabon il faut se le dire  baignent dans l’alcool et dans autres choses, cela ne déteint pas sur la situation scolaire de certains mais pour d’autres c’est le cas. Il faut comprendre que nous ne sommes pas au Gabon mais au Sénégal, les mœurs ne sont pas les mêmes. C’est pourquoi il faudrait une rééducation participative qui ne peut se faire par la fête mais par la mise en contribution de l’ambassade qui peut avoir un effet coercitif sur les étudiants. Il y a une crise de valeur dans notre communauté, ce n’est pas né au Sénégal mais au Gabon. Cette crise de valeur ne pourra être combattue que par le biais de la sensibilisation

Esprit Africain : Il y a des étudiants en fin de cycle et mêmes ceux qui ne le sont pas qui ont des projets porteurs pour le Gabon et même pour le Sénégal. Comment l’ASEEGS pourrait-elle aider ces étudiants là ?

Président : Nous sommes ouverts à tous, tous ceux qui ont des projets peuvent venir les déposer. Nous avons un réseau de partenaires qui pourront être intéressés par les projets porteurs.

Esprit Africain : Un dernier mot à toute la communauté estudiantine Gabonaise au Sénégal

Président : Merci pour la tribune que vous nous donner aujourd’hui, je dirais à toute la communauté estudiantine que l’heure est venue de se reprendre en main tant sur le plan intellectuel culturel que social, pour ce faire on doit partager nos expériences et cela passe par se faire inscrire et donner son point de vue au sein de l’ASEEGS. Venez nous avons besoin de vous car sans vous notre communauté n’est rien.

Esprit Africain : Pour finir, où et comment fait-on pour s’inscrire à l’ASEEGS ?

Président : Il y a une fiche d’adhésion à remplir au niveau du secrétariat général de l’association avec 2000 FCFA  et une demi-carte photo qui vous donne droit à une carte de membre valable 1 an. Nous répondons au 77 414 9040

Esprit Africain : Merci


La baisse du prix du loyer au Sénégal vue par un étudiant

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Lorsque les rumeurs fusaient sur ce projet de loi personne ne pensait qu’elle (la loi) serait promulguée aussi rapidement par le chef de l’Etat Sénégalais, comme quoi quand les décideurs ont de la volonté les choses vont vite. En effet le Président Macky SALL a promulgué le jeudi 23 Janvier 2014 la loi portant baisse du prix du loyer en République du Sénégal. Il s’agit d’une baisse de 29% pour les logements sociaux, 14% pour les logements moyen standing et enfin 4% pour les logements haut de gamme.

Cette loi vient comme une bouée de sauvetage pour les étudiants étrangers résidents au Sénégal car il était devenu difficile de joindre les deux bouts quand on sait la part importante qu’occupe la charge locative dans les ressources des étudiants. S’il faut ajouter à cela les factures d’eau, d’internet et surtout d’électricité qui sont très salées, vous comprenez aisément les difficultés financières auxquelles font face les étudiants à chaque début de mois.

Sans conteste nous savons tous qu’il y a eu une flambée du prix du loyer au Sénégal depuis ces dernières années notamment à Dakar due essentiellement à la spéculation et à une forte demande. Pour les étudiants le minimum à payer actuellement est  de 50.000 FCFA la chambre, il est difficile d’en trouver moins chère  si ce n’est une pièce exiguë et mal finie. Il faut savoir que parfois les étudiants sont obligés de vivre à 2 ou à 3 dans une petite chambre pour partager entre eux le montant du loyer. Cette solution quoique salvatrice financièrement rend difficile les conditions de vie et d’étude pour les étudiants.

Les étudiants comme les populations accueillent avec bonheur cette loi mais que dira t-on des bailleurs ? Nous avons tous comment certains parmi eux réagissent quand ce genre de nouvelle arrive à leurs perrons : «  je ne veux pas en entendre parler, mon loyer ne baissera pas » disent-ils. Mais bon, heureusement que l’Etat a mis en place des mesures légales au cas où certains bailleurs refuseraient de se soumettre à la nouvelle loi. J’aurais entendu qu’un numéro vert (80007777) a été mis en place pour tous ceux qui souhaiteraient se plaindre, cela peut être fait également dans les commissariats.

La baisse du prix du loyer va véritablement augmenter le pouvoir d’achat des étudiants et des populations qui pourront enfin faire de l’épargne pour  faire face aux éventuelles imprévues que ceux-ci rencontrent régulièrement. Même si ce n’est qu’un début cette mesure est à encourager car tout compte fait c’est l’économie Sénégalaise qui en profiterait.

 


Régime présidentiel ou super président ?

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Tous les pays du monde fonctionne sous un régime politique, il peut être présidentiel, semi-présidentiel, parlementaire ou encore monarchique. En Afrique nous avons plusieurs types de régimes : Le Cap-Vert est sous un régime parlementaire comme l’ile Maurice, tous les pays d’Afrique centrale sont sous régime présidentiel, le Togo et la Guinée Conakry aussi. Le Swaziland et le Maroc sont quant à eux sous un régime monarchique.

Si nous regardons de plus près nous verrons que la plupart des pays Africains ont adopté le régime présidentiel plutôt que parlementaire. Pourquoi le plus grand nombre à fait ce choix? Et bah parce-que ce régime accorde énormément de pouvoir au chef de l’Etat contrairement à l’autre qui le renvoie au role d’arbitre entre les trois pouvoirs.

Naturellement nos dirigeants ont la boulimie du pouvoir, ils n’aiment pas trop le partager ou donner une chance aux opposants d’y avoir accès. S’il faut ajouter à cela un régime qui leurs donne trop de pouvoir ça donne tout ce que nous connaissons en Afrique. La mauvaise gouvernance, l’absence de démocratie pluraliste, l’ethnicisme, le clientélisme, la gabegie etc.

La question est maintenant de savoir pourquoi ce régime cause t-il autant de mal à nos Etats. C’est à ce niveau que nous devons nous interroger, on regarde trop souvent les Hommes mais pas assez le cadre légal dans lequel ils exercent le pouvoir que nous leurs confions.

En réalité un régime présidentiel est un régime politique dans lequel il y a une « rigide » séparation des trois pouvoirs (exécutif, législatif et judiciaire).  Dans ce type de régime le pouvoir exécutif échoit au chef de l’Etat qui peut-être aussi premier ministre, il n’est pas responsable devant le parlement (législatif). Le pouvoir judiciaire jouit totalement de sa liberté et peut arbitrer le jeu entre les deux autres pouvoirs en cas de mésentente.

En Afrique cette version Etats-unienne et originelle du régime présidentiel a été contrefaite pour en produire un type tropicalisé c’est-à-dire le « présidentialisme ». Le chef de l’Etat absorbe à lui seul l’ensemble des pouvoirs  dévolus aux trois pouvoirs. Ce type de régime où le président devient hyperpuissant tend à se confondre avec un régime dictatorial car le président est la pierre angulaire des institutions politiques, le lieu où s’exerce le pouvoir, c’est lui qui donne la dynamique de la politique de l’Etat.

Cette concentration du pouvoir ne favorise pas la démocratie pluraliste, elle est le lit de naissance d’une oligarchie qui aura tous les pouvoirs en leur possession le temps d’un mandat ou deux ou encore illimité. Le « présidentialisme » cultive le culte de la personnalité, on le voit bien au Gabon, au Cameroun, en Cote d’Ivoire, au Tchad, au Togo, au Congo etc.

Dans ces régimes le chef de l’Etat est un « demi Dieu », il nomme et limoge qui il veut et selon son bon vouloir, les autres pouvoirs ne sont que les ombres d’eux-mêmes et ne peuvent le révoquer car il bénéficie de la légitimité populaire à travers le suffrage universel direct.

Trop de pouvoir tue le pouvoir, la volonté de s’y éterniser malgré tout a poussé certains dirigeants à réunir autour d’eux et sous leurs puissances toutes les institutions de la République les transformant ainsi en coquilles vides.

Comme vous venez de le lire, le régime présidentiel ne joue pas trop en notre faveur car nous avons besoin de démocratie. Le jeu politique est nécessaire pour avoir une culture démocratique ceci permettra à tous les partis politiques d’y participer équitablement.

C’est dans ce sens que le régime parlementaire ferait l’affaire car dans ce régime politique il y a une séparation « souple » des trois pouvoirs. Le président de la république ne gouverne pas, le pouvoir exécutif est partagé entre lui et le premier ministre.  Ce dernier exerce le pouvoir, définit et conduit les politiques engagées par la nation sous le contrôle du parlement qui peut le démettre de ses fonctions par une motion de censure.

Dans ce type de régime les ministres sont choisis parmi les députés et non parmi les amis du président, c’est pourquoi le premier ministre doit nécessairement obtenir le soutien de la majorité parlementaire pour mieux gouverner.

Chacun peut avoir son point de vue sur le sujet toutefois nous pouvons être d’accord sur un point. Le régime parlementaire est le modèle idéal pour nos jeunes Nations qui ont besoin de s’exprimer, de proposer et de gouverner. Le pouvoir doit être au peuple et non à un seul Homme. Dans ce régime politique tout se joue sur les projets de société des partis politiques et non sur la tête ou le nom du candidat comme il est de coutume dans les régimes présidentiels.

Le changement que nous attendons tant en Afrique devra passer par cet impératif absolu, celui de nous offrir le cadre idéal pour l’exercice du pouvoir, le régime auquel nous nous soumettrions devra favoriser la culture démocratique et le partage du pouvoir.


La dot au Gabon : l’Etat est en déphasage avec les pratiques sociales

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Tous les week-ends plusieurs dizaines de Gabonais se marient selon la coutume à Libreville comme à l’intérieur du pays. C’est un événement qui ne passe point inaperçu dans les rues de la capitale gabonaise, on y voit les convives vêtues du pagne que les mariés ont choisi pour leur union, de nombreuses voitures klaxonnant pour annoncer le passage des mariés, les cris des femmes acclamant la beauté du couple dès son arrivée au lieu de la cérémonie.

Comment ça se passe ? Deux familles se réunissent pour unir dans le respect de nos traditions deux de leurs enfants. Pour sceller cette union, une dot est versée par le marié pour valider l’union, mais aussi pour prouver l’amour que ce dernier porte à sa dulcinée. Tout simplement.

Le mariage coutumier est une réalité hebdomadaire au Gabon, pourtant le 31 mai 1963 par la loi n° 20/63 du 31 mai 1963 (J.O. du 1er juillet 1963, p. 510), l’Etat gabonais supprimait la dot. Pourquoi ? Les autorités seules le savent. Supprimer la dot, c’est en somme ne pas reconnaître le mariage coutumier au profit du mariage consacré par le code civil qui est de type européen. Il n’y a aucun mal à se marier à l’européenne, c’est un type de mariage comme tous les autres. Toutefois il paraît aberrant et contre nature de ne pas reconnaître le mariage qui est propre à nos coutumes c’est-à-dire celui qui est pratiqué chaque week-end par les Gabonais. Je ne pense pas que les Européens feraient la même bêtise : adopter un type de mariage qui ne corresponde pas à leurs traditions.

Cette décision de supprimer la dot a causé de nombreux torts à la société gabonaise, car laissant ainsi les milliers de femmes qui se sont mariées selon la coutume sans aucun recours légal pour faire valoir leurs droits. Plusieurs parmi ces femmes ont été chassées, spoliées de leurs biens et même maltraitées par la famille du défunt mari. Les discriminations faites aux  veuves et aux orphelins résident également dans cet anachronisme entre la loi et les pratiques sociales du pays. Si la loi reconnaissait la dot comme étant une preuve d’union alors la problématique sur les droits successoraux qui déchirent les familles aurait trouvé dans le mariage coutumier un début de solution. Le mariage coutumier n’est pas contraire à celui pratiqué à l’état civil à la seule différence que la dot scelle l’union au mariage coutumier et la bague au mariage à l’état civil. Il y a des améliorations qui peuvent être apportées sinon les deux sont acceptables.

De nos jours, je crois qu’il est temps de revoir ce texte de loi qui ne correspond nullement aux réalités gabonaises. La loi ne doit défendre que les activités nuisibles à la société, la dot n’en fait pas partie pour la supprimer au profit d’une tradition qui nous est étrangère. C’est une nouvelle fois la preuve que nos autorités n’ont jamais été en harmonie avec les réalités sociales du Gabon depuis les indépendances jusqu’à  nos jours.

Vous comprenez maintenant pourquoi l’Afrique n’arrive pas à régler ses problèmes, elle a épousé la culture et les pratiques étrangères tout en tuant les siennes. Comment évoluer harmonieusement si les autorités dénaturent elles-mêmes nos us et coutumes. C’est pourquoi j’en appelle aux autorités compétentes du Gabon de revoir de plus près cette loi inadaptée qui constitue non seulement une injustice coutumière, mais aussi une perte de nos traditions.


L’Afrique et sa souveraineté de façade

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Peut-on véritablement dire que les Etats Africains sont souverains ? C’est une question existentielle au vue des enjeux auxquels font face nos pays actuellement. Les retards criards observés dans les secteurs à mon sens souverains – ce qui n’est pas du sens de nos Etats – tels que l’éducation, la santé, la culture, la sécurité alimentaire, l’eau, et la sécurité, met en lumière la mauvaise compréhension ou la mauvaise foi que font nos dirigeants sur le concept de souveraineté.

En dehors des secteurs que j’ai cités plus haut, il faut également y ajouter la monnaie qui est le nerf de cette souveraineté. Je ne veux pas trop m’appesantir sur ce sujet parce qu’en dépit du fait que le CFA ne soit pas une monnaie créée par les Etats Africains, cela n’empêche guère à l’Etat Gabonais par exemple de construire une école primaire dans un village qui en a besoin. C’est pourquoi je me concentre spécifiquement sur la souveraineté qui a trait aux moyens de « conservation » comme disait Rousseau, de nos peuples, du peuple Africain.

Il faut un peuple bien éduqué et proche de sa culture,  un peuple en bonne santé qui mange à sa faim, boit de l’eau potable et vit en toute sécurité. C’est uniquement par la réalisation de ces préalables fondamentaux que nos Etats Africains pourraient parler de souveraineté. A contrario, on remarque que la souveraineté se fait valoir par nos dirigeants que lorsqu’il y a ingérence dans les affaires politiques. On peut citer en autre les contestations électorales des ONG internationales ou de certains pays occidentaux et même Africains, les reproches en ce qui concerne la démocratie ou la liberté d’expression des journalistes par exemple. Ces dans ces circonstances que les dirigeants Africains sortent la carte de la souveraineté. Je les entends dire : «  Nous sommes un Etat souverain et libre, les affaires intérieures de notre pays ne concernent pas les autres Etats », c’est vrai mais pourtant lorsque les mêmes font des reproches sur des questions de santé ou d’adduction d’eau, ce sont également les mêmes dirigeants Africains  qui demandent à ces derniers de l’aide financières. Paradoxe.

 C’est pour dire que la souveraineté n’a pas chez nous le sens global qu’il devrait avoir, mais plutôt un sens opportuniste, c’est à dire politique. C’est ce sens qui est le plus valorisé et qui justifie la longévité de plusieurs dizaines d’années au pouvoir des présidents en Afrique.

La souveraineté mes chers frères Africains doit d’abord consister à bien protéger nos frontières. Comment comprendre que nos armés ne peuvent pas toujours après 50 ans d’indépendance,  garantir l’intégrité territoriale de nos pays. On l’a vu au Mali, au Congo-Kinshasa, en Centrafrique etc. La première obligation de nos gouvernants est celle-là, assurer l’intégrité territoriale. Pourquoi ? Tout simplement parce qu’aucun peuple et aucun pays ne peut se développer et surtout se « conserver » dans un environnement d’insécurité permanente. C’est une obligation souveraine.

On a l’impression que les dirigeants Africains oublient que ce sont les hommes et les femmes qui font la prospérité d’une nation. Parce que lorsqu’on voit le dispositif sanitaire de nos pays, on a l’impression qu’il est équipé pour ne pas soigner les populations. Notre espérance de vie est de 57 ans alors que la moyenne mondiale est de 69 ans. La mortalité infantile a tué 7,6 millions (2010) d’enfants de moins de 5 ans en Afrique, la pandémie du Sida, le paludisme, le diabète, la tension artérielle pour ne citer que ceux là, font des millions de morts chaque année à travers le continent.

 Comment entrevoir l’avenir quand nos populations meurent prématurément des maladies connues de tous et qui peuvent pourtant être prévenues. Comment avoir des hommes et femmes forts, performants et qui vivent longtemps pour assurer la croissance, si on n’améliore pas leur santé. Il va sans dire qu’il faut impérativement que le secteur de la santé soit reformé et adapté aux réels besoins de ceux qui font la nation, c’est-à-dire les populations. La souveraineté consiste également à garantir cela, c’est la souveraineté sanitaire.

 Le meilleur moyen pour lutter contre les maladies, ou contre certains fléaux qui sévissent en Afrique est l’éducation. Elle seule permet aux populations de maîtriser et de mieux comprendre les moyens de lutte contre les maladies. L’éducation est un grand défi continental, les statistiques sont assez intéressants sur le plan de la scolarisation, il y a 90% de scolarisés parmi la population. C’est déjà une bonne chose, cependant le taux d’échec, l’abandon scolaire, l’inadéquation entre l’éducation et les réalités endogènes des pays Africains, viennent ternir ces efforts de scolarisation déjà consentis. En marge de ces facteurs qui édulcorent ce fort taux de scolarisation, il y a aussi les grèves et revendications intempestives  des enseignants qui sont faites chaque début de rentrées et même durant l’année scolaire, les universités qui sont devenues des lieux de propagandes politiques, les sectes, le repli ethnique, l’affairisme, ont pris la place de la transmission du savoir et la recherche scientifique qui pourtant permettraient de donner des réponses précises aux divers questions qu’on se pose sur le passé, le présent et l’avenir.

 Maurice Barrès disait que « l’éducation ne transforme l’homme, mais l’éveil » c’est à cela que doit consister l’éducation du peuple, les maintenir en « éveil » pour construire une Afrique forte et prospère.  Elle permettra surtout de qualifier les ressources humaines qui porteront les nombreux projets prioritaires dont le continent se dote pour assurer son avenir. Ne croyez-vous pas que cela devrait aussi relever de la souveraineté ? Moi si.

 L’alimentation en Afrique, voici un une problématique qui fait couler beaucoup d’ancres et de salives. Comme dans les secteurs sus cités, l’alimentation ne devrait pas échapper aux obligations souveraines de nos Etats. Un pays qui est incapable de nourrir son peuple convenablement et à des prix abordables, ne peut se venter d’être souverain. La sécurité alimentaire à travers l’auto suffisance alimentaire est un moyen de lutte contre les famines que nous observons sur le continent, notamment comme celles connues dans la corne de l’Afrique ou encore en Afrique de l’Ouest en 2012.

 Il est vrai que la production agricole a augmenté de 10% ces dernières années en Afrique, toutefois on remarque que les prix proposés sur le marché sont toujours aussi élevés pour des raisons aussi diverses que variées. Une approche plus élaborée sur le secteur devrait mobiliser tous les dirigeants pour que l’Afrique assume elle-même l’alimentation de ses enfants. Il y va de notre souveraineté alimentaire.

 Sur une émission de radio un Monsieur avait dit : « La santé commence d’abord par boire de l’eau potable » c’est sans réserve que je partage cette idée, car une eau qui non potable entraîne des maladies qui habituellement tuent nos populations. Mais l’eau c’est d’abord la vie, chaque pays devrait s’assurer de l’adduction en eau courante dans chaque foyer. Ce qui n’est pas le cas malheureusement dans nos pays, le nombre de foyer et la qualité de l’eau distribuée ne font que diminuer d’années en années fautes également de bons programmes nationaux d’adduction d’eau. Cette précieuse richesse doit également relever de la souveraineté d’un Etat à travers des contraintes qui obligeraient les concessionnaires à multiplier les investissements afin d’accroître le nombre de foyer qui ont accès à l’eau courante.

 Enfin la culture, on dit souvent que « C’est ce qui reste quand on a tout perdu », et oui c’est tout à fait vrai. Après l’esclavage et la colonisation qui ont considérablement entamés notre culture, il est de la responsabilité de nos dirigeants de faire en sorte qu’elle soit valorisée pour ne pas oublier et perdre nos origines, nos croyances et rites, nos us et coutumes. Notre culture est notre équilibre sans aucun doute, c’est notre rempart car nous nous référons à elle dans les moments difficiles.

 Avec la mondialisation et la globalisation du monde actuelle, il serait préjudiciable pour nous Africains d’abandonner ou de négliger notre culture au profit de celle des autres. Nous devons comme ces derniers la diffuser et la valoriser car étant trop riche et belle pour la garder seulement pour nous. Il constitue un secteur de souveraineté. Les Etats doivent garantir sa pérennité à travers les années à venir pour que les générations futures  et le monde se rappellent de nos origines et de nos pratiques.

 Si véritablement les dirigeants considéraient ces domaines comme étant souverains, nous n’en saurions pas à ce niveau de nos jours. Pour avoir une croissance soutenue et maîtrisée de nos pays, il faudrait sans aucuns doutes se réapproprier le concept de souveraineté. Elle n’est pas seulement celle-là qui est célébrée chaque année lors des fêtes de l’indépendance à travers le continent, elle est surtout celle qui relève de la « conservation » de la Nation et de l’Etat.