Autres temps autres mœurs, c’est le moindre que l’on puisse demander en ce qui concerne la place que devrait avoir la femme africaine dans une société qui se mondialise au quotidien et qui en même temps s’arc-boute sur ses traditions. Comment alors concilier les deux pour que la femme africaine joue pleinement son rôle de fille, de femme, de mère et de citoyenne ?
La solution a pourtant été trouvée, c’est l’émancipation de la femme. Émancipation ne veut pas dire aliénation. Certains par conservatisme exagéré refusent l’ouverture alors qu’elle seule garantirait une prospérité équitable de la société.
Sur le plan social
En réalité il y a une certaine complémentarité entre l’homme et la femme gabonaise. Le rapport supériorité-infériorité n’est pas à mon sens ce qui sous-tend la relation homme-femme, mais plutôt un attachement au strict respect des responsabilités de la femme, mais aussi de l’homme.
Toutefois dès le milieu du 20e siècle certains us et coutumes sont entrés en collision avec les droits de la femme.
Il va sans dire que nombre de ces pratiques devaient cesser. Parmi elles nous avons le sexisme, la discrimination, la spoliation, les violences physiques.
En parlant de violences physiques, selon la FSBO (Fondation Sylvia Bongo Ondimba) 50% de l’opinion accorde le droit à l’homme de battre la femme. On peut alors comprendre pourquoi 53% des femmes déclarent avoir été victimes de violences physiques à un moment donné de leur vie depuis l’âge de 15 ans.
En matière de droits successoraux nous devons dénoncer certains abus dont des milliers de femmes furent victimes, mais qui ont heureusement trouvé un début de solution, notamment l’article 696 du Code civil qui précise que les frères et les sœurs du défunt ne viennent à la succession que si le défunt n’a pas laissé d’enfant. Avant cette loi, les premiers cités s’appropriaient indûment les biens laissés par le défunt sans tenir compte des ayants droits. Il y en a tellement que je ne peux tous les citer.
….Côté éducation
Au niveau de la scolarisation des filles, 95% d’entre elles le sont. Au secondaire elles sont 109 pour 100 garçons en 2005. Et 97% des 15-24 ans savent lire et écrire. Cependant 50% d’entre elles ne poursuivent pas leurs études à cause des grossesses précoces et la déperdition scolaire.
Les filles d’aujourd’hui deviendront femmes et mères demain, c’est à elles dès maintenant de prendre conscience de leur situation en pensant à l’avenir, à leur émancipation. C’est pourquoi il faudrait une véritable sensibilisation et conscientisation des jeunes filles qui s’exposent aux multiples discriminations. Seules des femmes instruites peuvent continuer la lutte pour l’égalité des genres.
…Dans la vie active
Les femmes occupent depuis quelques années certaines responsabilités dans l’appareil étatique même si beaucoup reste à faire. Elles sont dans la fonction publique, 15% au Parlement, dans les institutions, mais aussi dans le sport(Basketteuse Géraldine Yema A Robert, l’athlète Zang Milema) dans la musique ( Nanette, Tina, Amandine, Nicoles Amogho, etc.). Malheureusement dans gouvernement actuel on ne compte que 5 femmes sur 32 ministres.
Il y a certains postes qui sont apparemment réservés aux hommes : ambassadeur, préfet, sous-préfet, gouverneur, premier ministre, pourtant l’Etat garantit l’égalité et l’équité des genres en République gabonaise. L’émancipation de la femme doit effectivement se faire ressentir à travers leurs nominations aux mêmes postes que les hommes. Les textes de loi le demandent.
…Et dans la vie politique ?
Dans la vie politique les femmes sont présentes, mais pas suffisamment pour faire valoir leur vision. Actuellement le maire de Libreville est une femme, dans le passé il y en a eu à Lambaréné et à Port-Gentil.
En dehors du PDG qui met en avant l’UFPDG (Union des femmes du Parti démocratique gabonais), les autres partis politiques n’ont pas ce type de discrimination. Pourquoi n’ont-ils pas aussi crée UHPDG (Union des hommes du PDG) ?
On a vu en 2009 plusieurs candidates à l’élection présidentielle, ou encore des centaines aux dernières législatives et les locales. Ce sont des avancées appréciables, mais à renforcer. La femme gabonaise doit être actrice à part entière de la vie politique nationale.
Après de multiples et graves échecs dans la gouvernance du Gabon par les hommes, je crois qu’il est temps que les femmes aient maintenant le pouvoir. D’ailleurs elles ont prouvé leur bonne foi à travers Madame Rose Francine Rogombe qui a assuré l’intérim de chef de l »Etat après le décès de feu Omar bongo. Bel exemple de démocratie féminine !
…..Enfin
Le Gabon célèbre chaque année le 8 mars la journée internationale de la femme, le 17 avril la journée nationale de la femme et le 31 juillet la journée de la femme africaine. Hormis ces reconnaissances ponctuelles, l’Etat a signé de nombreuses chartes, conventions et traités internationaux et nationaux pour protéger et promouvoir la femme.
Le choix de la « Maternité allaitante » comme le sceau de la République gabonaise marque foncièrement la place que la femme occupe dans la société gabonaise. C’est pourquoi chacun de nous a le devoir de la défendre et lutter contre toutes discriminations dont elle est victime.
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