Gabon : La classe politique a t-elle choisi la fracture ou la tolérance ?

1-DSC05207Après les événements de la semaine passée notamment les émeutes à l’université Omar Bongo et la manifestation interdite de Rio qui ont tout deux causées d’énormes dégâts  sur le plan matériel et humain ; La plupart d’entre nous s’interrogent sur l’attitude avenir de la classe politique à la suite de ces événements qui quoi qu’on dise, témoigne l’existence d’un « rideau de fer » entre l’opposition et le pouvoir.

 Au soir du samedi 22 Décembre  je me suis demandé : « Mais où allons-nous mon Dieu ? ». Lorsque les échauffourées ont débuté durant la manifestation  de Rio,  je ne croyais pas en mes yeux à la vue des Gabonais en treillis tirer des bombes lacrymogènes en direction d’autres Gabonais qui en réponse leur jetaient des pierres et vis versa. Le caractère répressif et l’importance en nombre et en matériel des forces de l’ordre ont fortement irrité les sympathisants de l’opposition qui voyaient dans ce dispositif une entrave à leur liberté de manifester ou de se réunir avec en bonus l’interdiction du meeting annoncée la veille à 20h.

Une fracture sociopolitique qui se dessine

Les affrontements entre Gabonais en civil et en treillis furent des scènes invraisemblables pour une jeune nation comme la notre qui forge une unité nationale encore fragile après plus de 50 ans d’indépendance. Ces scènes d’un autre âge commencent à être légion dans notre pays, la culture des affrontements s’installe sournoisement. on peut citer entre autre les émeutes récentes à l’Université Omar Bongo, celle de l’Université des Sciences et Techniques de Masuku, la marche pour le palais de justice interdite en Novembre passé et bien d’autres encore qui se sont déroulées durant les mois écoulés.

En dehors des violences physiques il y a aussi la violence des débats sur les réseaux sociaux et la télévision au sujet par exemple de la nationalité de plusieurs hommes politiques. Sans parler du repli ethnique et la xénophobie qui naissent pourtant sur le lit de la politique pour ensuite gangrener et diviser notre société.

Tous ces bras de fer et maux prouvent à suffisance que la violence est semble t-il le seul moyen, la seule argumentation, la seule plateforme, que les différents protagonistes de notre pays ont choisi pour trouver une solution à un problème politique sociale ou Universitaire. J’ai particulièrement apprécié l’intervention télévisée d’un étudiant dans un JT de 20H qui disait : « Nous devons choisir la stratégie la plus efficace pour obtenir nos revendications (….) la casse n’en n’est pas une» Ces mots m’ont interpellé car ce qu’a dit ce compatriote est valable pour les étudiants mais aussi pour les hommes politiques et autres acteurs sociaux.

Les deux bords doivent se tolérer

Il arrive que ceux qui se plaignent du pouvoir ou de l’Etat soient exacerbés par le mutisme, l’absence de promptitude ou l’attitude désinvolte et abusive des autorités au point d’en arriver aux genres d’événements qui ont fort malheureusement occasionnés samedi dernier plusieurs destructions de bâtiments , de commerces, de voitures mais surtout la mort d’un compatriote : Bruno MBOULO BEKA.  

 La répression n’est pas une solution pour garder le contrôle encore moins les appels à l’insurrection pour obtenir le changement. Le déni par le pouvoir de certains échecs des politiques gouvernementales ou encore la radicalisation de l’opposition concourent à entraver le jeu démocratique et menace les libertés. Le plus souvent entre majorité et opposition radicale, deux aspects ressortent à l’annonce d’un meeting à la suite d’un rassemblement ou d’une déclaration : le droit et la loi. Qui des deux bords respecte réellement le droit et la loi ? That is the question.

Nous devons reconnaître que chacun des bords politique devrait lâcher du leste et tolérer les-uns et les-autres afin que certains s’opposent (opposition) et d’autres gouvernent (pouvoir)  librement en attendant les élections présidentielles de 2016. C’est selon moi le chemin que nous devons emprunter pour maintenir et renforcer la paix et la cohésion sociale. Que l’opposition s’organise efficacement et librement sans être frappée par la censure ou la répression. Que le pouvoir accepte les reproches et l’existence d’une opposition qui ne collabore pas mais aussi les critiques si elle veut rectifier ses échecs. En plus il faut qu’il écoute les appels du peuple Gabonais en ce qui concerne sa préoccupante situation sociale et économique.

Chacun de nous selon ses convictions doit lutter pour sa cause dans le respect d’autrui et la préservation de l’unité nationale et le renforcement de la démocratie car nous sommes tous des Gabonais. Si nous commençons à stigmatiser certains parmi les nôtres cela engendrera les malheurs que nos frères Ivoiriens, Centrafricains pour ne citer que ceux-là, ont connu. N’oublions pas l’histoire et nous n’aurons pas à commettre les mêmes malheurs que l’Afrique a connu.

A toi Bruno MBOULO BEKA, mort pour le Gabon.

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Auteur·e

espritafricain

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