Depuis bientôt un an, la cellule de communication de la présidence de la République semble avoir redynamisé sa stratégie sur les réseaux sociaux, après l’élection contestée d’Ali Bongo en 2016. Cette redynamisation pour la conquête des cœurs des gabonais se traduit par plusieurs actions, ponctuelles ou pas, qui seront décrites ici.
Ali Bongo et son régime sont les sujets préférés des gabonais sur les réseaux sociaux. On parle de lui et de son régime partout et de toutes les manières possibles, sur Facebook, Twitter et WhatsApp. Chaque jour il y a quelque chose à reprocher à ce régime. Avec la démocratisation des smartphones et des réseaux, chaque gabonais connecté et insatisfait de ce régime n’hésite pas à poster une image qui contribuera à décrédibiliser le pouvoir d’Ali Bongo.
#AliBongo et les membres du #PDG, savent vraiment se moquer des #Gabon ais. D’après vous, pendant combien de temps ce petit sac de riz va t-il pouvoir nourrir tous les membres de cette famille ? Et la maison juste derrière montre bien le degré de misère de ces gens pic.twitter.com/gPR42vd3yN
— PeterBradyGabonInsoumis (@PeterBrady241) 8 août 2018
Depuis 2014, plusieurs activistes sont nés de cette élan de contestation pour participer à la « libération du pays du régime Bongo ». On peut citer entre autres Thibault Adjatys, Pierre Ntoum, Jonas Moulenda, Bung Pinz, Franck Joctane ou Marc Ona. Ces activistes ont tissé un réseau d’informateurs, centralisent l’information puis la traite et la publie sur leurs murs et ceux des pages et groupes dont ils sont administrateurs. Avec des communauté assez grandes (plus de 4500 fans par activiste), ils parviennent à répandre les informations contre le régime. Il est important de savoir que ces éléments publiés sur les réseaux sociaux viennent très souvent de l’intérieur du pouvoir en place. Cela peut se vérifier avec la publication des notes de services, des documents confidences, des vidéos personnelles ou des correspondances administratives, par exemple. C’est dire combien ce réseau d’information est vaste, mais surtout très difficile à démanteler.
#Gabon Chaque mois qui passe depuis Août 2016,Bongo plonge le pays un peu plus dans le chaos avec l’aide de @AFD_France .Les indicateurs socio-économiques sont au rouge. Il faut désigner les coupables,placarder leurs visages dans les médias comme cela se fait avec les terroristes pic.twitter.com/o6OGe0oM7R
— NoTengoNombre (@7heSentinel) 13 août 2018
Au Gabon, les réseaux sociaux sont le meilleur moyen de protester contre le régime en place car toute action entreprise sur le terrain est soit interdite, soit fortement réprimandée par les forces de sécurité. Si les gabonais ont généralement peur d’aller sur le terrain, ceux présents dans l’administration fournissent en revanche des informations cruciales contre le régime. Depuis 2014, Ali Bongo essuie ainsi plusieurs publications qui contestent le bilan de son mandat, sa filiation avec Bongo, son élection en 2016 mais aussi d’autres qui ont pour objectif de l’humilier, souiller son nom à travers des visuels qui dégradent son image en tant qu’homme mais aussi en tant que Président de la République. Je me demande si un Président dans le monde avait déjà été victime d’une telle vindicte populaire sur les réseaux sociaux.
#Gabon @PresidentABO rejette la démocratie et méprise les démocrates @EmmanuelMacron @AngelaMerkeICDU @jo_leinen @ckyenge @GabrielMariya pic.twitter.com/POE2ExF6RF
— Laurence Ndong (@laurylndong) 4 septembre 2017
A Montpellier la diaspora gabonaise a rappelé l imposture de #alibongo a exigé la libération des prisonniers politiques, confirmé #PasDeLégislatives au #Gabon sous #alibongo et comme toujours a demandé le départ sans delai de celui-ci #Onnelâcherien #CGRi pic.twitter.com/hN38zfaXDq
— Elise Lagoke (@ELagoke) 21 avril 2018
Après l’élection contestée de 2016, la tendance des publications négatives et acerbes sur Ali Bongo et son régime était toujours à la hausse. L’année 2017 n’a pas arrangé les choses : c’a probablement été le nouveau pic des publications de contestations du Président. Avec une image déjà écornée, le pouvoir a refusé de laisser les choses se poursuivre sans réagir.
Depuis peu, j’ai ainsi constaté un changement de ligne éditoriale dans leur présence en ligne. Il y a véritablement une redynamisation de la page Facebook Twitter de la Présidence de la République, du Président de la République et de la première dame. Ils semblent souhaiter être plus proches des gabonais, grâce à des publications empreintes d’émotions positives et de patriotismes, de fierté nationale, d’engagement pour le développement du Gabon et la notoriété internationale.
et les valeurs de paix, de solidarité et d’unité que nous avons su perpétuer au fil des générations.
Comme notre drapeau, soyons l’étendard de cette nation fière et exceptionnelle qu’est le #Gabon
Bonne fête à tous.#ILoveGabon #GabonaiseEtFière pic.twitter.com/C5SjFZMljR— Sylvia Bongo Ondimba (@Sylviabongo) 9 août 2018
En ce moment au Sommet des BRICS, le Président de la République, PresidentABO a prononcé son allocution, en sa double qualité, de Président de la République Gabonaise et de Président en Exercice de la Communauté Economique des Etats de l’Afrique Centrale… pic.twitter.com/bJR42yH35R
— Présidence de la République du Gabon (@PresidenceGabon) 27 juillet 2018
Certaines structures telle ONE GABON ont pour objectif de répandreles actions posées par le Président et son gouvernement sous format vidéo, photo ou infographie sur les réseaux sociaux. ONE GABON a également pour objectif d’évangéliser les gabonais à propos des nouvelles mesures mises en place par le gouvernement. Cette évangélisation passe par la prise de parole des ministres, des techniciens, des bénéficiaires. C’est avec un contenu de qualité et diversifié que la présidence tente de reconquérir les coeurs des gabonais.
2/2 | Sur instruction du @PresidentABO de la République, les membres du gouvernement ont expliqué aux médias ainsi qu’aux populations l’impérieuse nécessité des mesures d’assainissement prises lors des derniers #CDM.
Retour sur les grandes lignes de leur interview ⤵ pic.twitter.com/Y7bqVAPYOW— One Gabon (@One_Gabon) 19 juillet 2018
La conquête des cœurs ne se limite pas seulement à ces actions citées, elle s’étend jusqu’à donner la parole aux gabonais à travers un numéro de téléphone sur lequel ils peuvent appeler la présidence de la République et un numéro WhatsApp sur lequel tout gabonais pourra poser des questions au Président et recevoir toute l’actualité de la Présidence de la République. La parole que les gabonais souhaitent avoir pour dire ce qu’ils pensent, c’est celle-là que la présidence souhaite donner aux gabonais, notamment à l’occasion de la fête nationale du 17 Août prochain. En effet, la Présidence de la République propose de poser dès à présent sur sa page Facebook les questions auxquelles les gabonais souhaitent avoir des réponses du Président de la République. Celui-ci y répondra le 19 Août, en direct.
En plus de ces actions de prises de parole, la présidence a organisé des jeux comme ce quiz de 25 questions sur le Gabon. Il y a aussi le challenge #GabonFlagDay qui vise à mettre en avant le drapeau gabonais sur la page facebook et Twitter de la présidence.
Toutes ces actions n’ont qu’un seul but : redorer l’image écornée d’un président en froid avec la population. Il est toutefois important de préciser une chose aux conseillers en communication de la présidence : l’élément le plus important du message c’est la promesse. C’est sur la promesse que toute la communication est bâtie. Si la promesse n’est pas tenue, toutes les communications qui seront faites après l’expérience client du produit ou du service seront vaines.
En ce qui concerne le Président de la République, sa promesse d’un Gabon émergant a échoué jusqu’à présent. La meilleure façon de faire serait de travailler et de faire de cette promesse une réalité.
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