LE VRAI/FAUX COUP D'ETAT DU 07 JANVIER

 

Était-ce réellement une tentative de coup d’Etat ou un exercice grandeur nature ? voilà la question centrale que nous devons nous poser car les éléments d’analyse me laissent perplexe au plus haut point.

Drôle de tentative de coup d’Etat que celle que nous venons de vivre au Gabon.  C’est le moins que l’on puisse dire car Il existe plusieurs zones d’ombres dans cette affaire digne d’un film hollywoodien. Une fois encore le Gabon est un jouet avec lequel jouent certains gabonais en complicité avec des forces obscures étrangères dans le but de préserver le pouvoir par tous les moyens légaux et illégaux.

AUDIT DE SECURITE

La supercherie de ce vrai/faux coup d’Etat débute au mois de novembre lorsque, selon La Lettre du Continent du 02 janvier 2019, « un audit de sécurité » aurait été commandité par le porte-parole de la Présidence de la République M. Ike Ngouoni Alla Oyouomi à un « mystérieux commando français » dirigé par un certain Stephan Privat « ancien sous-officier du 8e RPIMa. Pour faire court, cet « audit de sécurité » visait à faire un tour sur le dispositif sécuritaire gabonais dans un contexte politique délétère né de l’absence prolongée du Président Ali Bongo suite à son AVC. Comme vous le savez, l’absence du Président Ali a fortement divisé la classe politique nationale mais aussi le peuple gabonais sur la question de la vacance du pouvoir.  Il va sans dire qu’à la suite de cet « Audit de sécurité », des recommandations ont été faites à ceux qui l’ont commandité. Pour ma part, tout part de ces recommandations. Je n’en connais pas la teneur mais la suite des évènements nous en dit un peu plus.

 UN GARDE REPUBLICAIN A LA MANETTE

La Garde Républicaine est le corps armé le plus fidèle au chef de l’Etat. C’est dans leur « gène » que de servir et protéger le Président de la République. Dans quel contexte a-t-on crée ce corps ? L’histoire nous apprend que c’est à la suite du coup d’Etat de 1964 que les autorités françaises ont décidé de créer ce corps armé baptisé Garde Présidentielle. Avec les années, elle a été rebaptisée Garde Républicaine pour faire plus beau, plus Républicain. La loyauté de ces hommes au chef de l’Etat est sans équivoque, la formation est rigoureuse et leur moralité étudiée. En plus de leur loyauté, ces hommes sont sous la main de leur hiérarchie. Ils obéissent au doigt et à l’œil quand des ordres leur sont transmis. Pour ma part, je crois que c’est parce que les soldats de ce corps sont gérables que le choix s’est porté sur l’un d’entre eux à l’occurrence le lieutenant Kelly Ondo Obiang pour faire ce vrai/faux coup d’Etat.

PRISE EN OTAGE

L’heure exacte de la prise d’otage des journalistes de Radio Gabon ne semble pas être la même pour tout le monde. Le journal l’Union, premier quotidien national et pro-gouvernemental, parle de 4h30 et le communiqué du gouvernement parle de 5H30. A l’heure de la diffusion du communiqué, les gabonais était endormis. Comment prétendre les mobiliser à pareille heure ?  D’autres interrogations subsistent sur le choix stratégique de ces commandos. Pourquoi avoir choisi la radio plutôt que la télévision nationale ? Pas grand monde n’écoute Radio Gabon ce qui n’est pas le cas de la Télévision nationale qui est en plus câblée. Pourquoi avoir fait le communiqué alors que le commando n’avait pas encore pris le pouvoir ? Un coup d’Etat se résume-t-il à faire un communiqué sur la radio nationale ? Pourquoi se sont-ils limités à prendre la radio sans prendre au préalable les institutions ? Le nombre de soldat putschistes méritent également des interrogations. Tout d’abord, jusqu’à ce jour, nous ne connaissons pas les noms des soldats qui accompagnaient le Lieutenant Kelly Ondo Obiang dans son « songe » comme dirait le porte-parole du gouvernement.  Pourquoi autant d’opacité sur leurs identités ? Pourquoi la dizaine de soldats qui participaient au putsch n’étaient pas aux côtés du lieutenant Kelly quand il faisait sa déclaration à la radio ? Le plus souvent, un bon nombre de putschistes assistent toujours à la déclaration de prise de pouvoir. Un autre point d’ombre.

SILENCE DU PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE

Il semble évident qu’après une tentative de coup d’Etat, le chef de l’Etat doit impérativement prendre la parole pour rétablir son autorité, rassurer les marchés et les investisseurs et apaiser les populations. Depuis hier, aucun discours du Président Ali Bongo. S’il ne fait pas un discours dans les jours qui suivent cela aura pour conséquence d’envenimer les soupçons sur sa capacité réelle à gérer le pays.  Nous restons en attente.

Pour finir je crois que cette tentative de coup d’Etat était non seulement un exercice grandeur nature qui visait à tester le dispositif sécuritaire du pays mais aussi de lancer un message à tous ceux qui nourrissent l’idée d’en faire un. Cette tentative de Coup d’Etat semble être une démonstration de force du pouvoir à l’égard de ses opposants  et d’autres groupuscules qui nourrissent cette funeste idée.  Rappelez-vous d’Aba’a Minko, cette homme politique qui disait avoir déposé une bombe à la Télévision nationale. Ce fût également un faux. D’ailleurs il a disparu de la circulation, nous ne savons plus rien sur lui. Où est-il? Est-il encore en vie? . J’ai vu cette tentative de Coup d’Etat comme des exercices militaires que font les américains et les Coréens du Sud dans le but de démontrer leurs forces à la Corée du Nord. Car en réalité, c’est celui qui a la force qui garde le pouvoir notamment en Afrique.

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Auteur·e

espritafricain

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