Ne feignons pas de l’ignorer, nous partageons un point avec certains de nos frères et compatriotes qui soutiennent le pouvoir en place, celui de juger et défendre les politiciens sur leurs actions et leurs projets politiques pour le Gabon.
Sur quelle base juger?
En ce qui concerne les partisans du pouvoir, ils considèrent que le Président Ali Bongo a toutes les chances de gagner parce qu’il a construit les CHU de Libreville Owendo et Angondjé, la CNAMGS, le projet GRAINE, le pont de la Mbanio, les 1500 Km de route, les 800 et quelques logements. Lire l’article ici
Je pense que nous ne pouvons pas jeter toute l’eau du bain avec le bébé, il est plus que raisonnable dans un contexte économique difficile de garder une petite portion de cette eau pour rincer la bassine après avoir jeté le plus loin possible ledit bébé.
En somme nous devons reconnaître ce qui est fait fut-il marginale. La question que nous devons nous poser est de savoir si cette marginalité suffit-elle pour réélire un président qui n’a pas réalisé la moitié de son projet nommé « l’Avenir en confiance » ?
La réponse est oui pour les défenseurs du régime qui se défendent souvent en disant : « Il n’est pas possible de réaliser le projet l’avenir en confiance en sept ans ». Pourquoi alors avoir fait un programme sur 14 ans sachant qu’un mandat ne dure que sept ans ? Seules des ambitions « dictatoriales » permettent ce zèle.
Comment peut-on espérer un Gabon prospère et véritablement démocratique si nous accordons à chaque élection une énième chance aux élus qui ne réalisent pas leur programme ? Comme la majorité des gabonais je dis NON, le salut du Gabon viendra que par la rupture, par la culture de la sanction. C’est seulement de cette façon que nous connaîtrons l’émergence d’un nouveau Gabon.
Les gabonais devront juger non pas les actions posées mais le rapport entre les actions posées et le programme qui leur a été proposée sept ans plus tôt. Seul ce procédé devrait guider le choix de tout un chacun en dépit de notre bord politique. Pour ce mandat le résultat n’est pas satisfaisant donc passible à un non renouvellement.
Quid de l’opposition ?
Les nouveaux leaders de l’opposition fussent-ils des anciens du PDG donnent aux gabonais une alternative pour l’avenir du pays. Les partisans du régime en place leur reprochent de s’être enrichis pendant qu’ils étaient au pouvoir, que dire alors de ceux qui y sont actuellement ? Ils sont accusés d’avoir des liens familiaux avec le pouvoir en place, ces liens sont ils nés après leur démission ? Reste à savoir.
L’histoire contemporaine de l’Afrique nous apprend que le Président actuel du Burkina-Faso, M. Roch Kaboré fut le président de l’Assemblée Nationale dudit pays sous Compaoré. Le Président Macky Sall fut Premier Ministre et Président de l’Assemblée Nationale du Sénégal sous Abdoulaye Wade. Le Président Tunisien Béji Caid Essebsi fut lui aussi président de la chambre des Députés sous Ben Ali.
Aussi comptables que les membres du pouvoir qu’ils ont combattu, ces présidents africains ont toutefois reçu le quitus du peuple pour les diriger.
Fort de ces exemples, je ne comprends pas pourquoi les pro-PDG font croire aux gabonais que seule une génération spontanée d’opposants est légitime pour contester le pouvoir en place. Je trouve cet argument bancal car en effet les démissionnaires du PDG sont gabonais et bien placés pour contester le régime car ont été au cœur du problème donc capables de trouver des solutions adaptées.
Cette campagne de discrimination témoigne du poids politique que représentent ces hommes et femmes. Ne dit-on pas qu’on ne jette pas une pierre à un arbre qui ne porte pas de fruit ?
Le mal de ce régime est qu’il est aveuglé et trop fier de son passé de parti de masse, implanté dans toutes les provinces du pays et vieux d’une cinquantaine d’années pour ne pas constater les mutations qui s’opèrent sous ses yeux. Les Gabonais, notamment la jeunesse qui représente près de 60% de la population veut prendre de l’air, un nouveau souffle, connaitre un nouveau régime.
Si ces anciens pédégistes ont du succès auprès des populations c’est tout simplement parce qu’ils ont su dire NON. Ils ont osé faire la rupture. Pour le commun des gabonais cet acte seul suffit pour accorder à ces derniers leur confiance. Ils se sont désolidarisés pour être du coté du peuple.
Qui pourrait dire que la démission de Guy Nzouba Ndama est marginale ? Que celles de PING, de Ndémezo’o et autres en sont autant ? Pas grand monde sauf ceux qui ne comptent pas sur le peuple pour remporter les élections.
Je pense que cette fois le PDG a en face de lui des opposants qui le connaissent parfaitement et qui savent comment contourner les pièges afin de vaincre la bête qu’elle est. Ils ont toutes les cartes pour convaincre les gabonais, pour proposer une autre façon de faire, ce qui est en soit légitime et nécessaire au vu des résultats.
Cette élection est différente des autres, elle est une porte ouverte au changement, à l’alternance politique, reste maintenant à faire le travail de convaincre le maximum pour l’avènement d’un changement de régime au Gabon.
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