LE GABONAIS SOUFFRE T-IL DU SYNDROME DE STOCKHOLM ?

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montage Barack Nyare Mba

On a coutume de dire que «  Chaque peuple mérite ses dirigeants ». En effet, le peuple mérite ses dirigeants car c’est lui qui les choisit dans une démocratie tout comme dans une dictature. Dans une démocratie le choix se fait par le vote, mais dans une  dictature il se fait par le renoncement.

On reproche très souvent aux Gabonais d’avoir ce comportement défaitiste et égocentrique qui les enferme dans la caverne d’oppression d’un régime qui a vu naître et mourir de nombreux quadragénaires qui n’ont connus que le régime en place. D’ailleurs une nouvelle génération est née et grandit  et peut être mourra elle aussi avec ce même régime.

Bref, je disais que ce comportement défaitiste et égocentrique qui pour certains semble être naturel et pour d’autres acquis par la force de l’oppression, nous empêche de prendre le taureau par les cornes pour enfin avoir notre avenir en main.

De mon point de vue aucun peuple n’accepte l’oppression de son propre chef, nous sommes tous habités par ce besoin de liberté qui nous pousse dans nos derniers retranchements pour l’obtenir ou la préserver. Mais pourquoi dans ce cas le gabonais accepte-il passivement cette oppression alors qu’il sait combien elle est nuisible ? D’ailleurs il semble développé de l’empathie et de la sympathie pour son oppresseur, à croire que nous souffrons du syndrome de Stockholm.

Il faut savoir que le syndrome de Stockholm désigne le phénomène psychologique observé chez les otages ayant vécu durant une période prolongée avec leurs geôliers et qui ont développé une sorte d’empathie voir une sorte de sympathie vis-à-vis de ceux-ci.

Qu’est ce qui explique ce phénomène paradoxal chez le gabonais? Je crois que la méconnaissance de soi, de ce qui caractérise même la nature du gabonais en sont l’une des explications.

En effet à l’école on nous a appris un seul pan de notre histoire. Il s’agit de celle de ceux qui ont collaboré avec l’oppression c’est-à-dire les colons et omis volontairement celle de ceux qui ont lutté contre cette même oppression. Je veux parler de Nyonda MAKITA, Emane Etoule, Wongo, Bombè. Pas grand chose n’est également racontée au sujet de ceux qui ont lutté contre Léon Mba c’est à dire Jean Hilaire Obame, Kassa Mapsi, Gondjout voir même les putschistes du Coup d’Etat manqué de 1964.

La connaissance de son histoire renforce la personnalité d’un peuple par contre sa méconnaissance l’affaiblit.  C’est le cas du gabonais. Ainsi nous avons grandi au fil des années avec cette culture de collaborer inconsciemment avec l’oppression en étant dépourvu de la capacité de lutter contre elle.  Résultat nous développons même de la sympathie pour nos geôliers. En somme nous sommes souffrants.

La deuxième explication est selon moi la déception qui est née de l’histoire politique contemporaine. Plusieurs tentatives populaires pour le changement de régime ont vu le jour mais n’ont malheureusement pas connu le succès escompté.

En 1993 Mba Abessolo mène une opposition radicale avec le soutien d’une grande partie du peuple. Aux portes du pouvoir il fait une volte-face qui fut un coup de massue pour les gabonais. Ce fut une grande déception pour le peuple.

En 1998 Pierre Mamboundou mène à son tour l’opposition, malgré sa bonne volonté il ne parvient pas à renverser démocratiquement le régime à la suite d’un consensus post électoral.

En 2005 aucun homme politique n’a la carrure pour renverser  démocratiquement le régime en place malgré la candidature de Pierre Mamboundou pourtant populaire. Une énième déception pour les gabonais.

En 2009 le président Bongo décède et les élections anticipées sont organisées. Une fois encore, malgré les candidatures du sulfureux André Mba Obame et du cacique Pierre Mamboundou, l’opposition n’arrive toujours pas à prendre le pouvoir en dépit de tout ce qui a pu se dire autour des résultats. Sans oublier la volte-face d’Oye Mba qui avait retiré sa candidature le jour  même du vote. Nouvelle déception.

Ajouter à ce rappel historique il y a les va-et-vient entre l’opposition et la majorité de certains hommes politiques pour bien entendu profiter des avantages du pouvoir.

En somme ce sont là quelques éléments qui entravent l’engagement des gabonais pour un changement véritable. Il est clair qu’il existe une véritable  crise de confiance et de suspicion entre le peuple et ses dirigeants. Ils sont vus comme des personnes malhonnêtes cherchant à préserver leurs privilèges, à accéder à la richesse ou à la conforter pendant que le peuple souffre. Résultat chacun s’occupe de soi à son niveau.

Le Gabonais est une personne trahie par non seulement ses gouvernants mais aussi par les leaders de l’opposition qui n’ont respectivement pas tenu leurs promesses pour des convenances personnelles ou politiciennes.

Personne si non pas grand monde ne veut prendre le risque de s’affirmer politiquement au risque de perdre son travail ou ses privilèges. Pourquoi le feraient-ils d’ailleurs? Pour ensuite être déçus une nouvelle fois  ou pour mettre en péril le travail qui nourrit leurs enfants? C’est difficile ! C’est pourquoi certains préfèrent le statu quo avec ce régime que d’essayer le changement avec l’opposition, et vice versa.

Dans un tel climat peu propice à l’engagement, sur quoi devons-nous fonder le changement tant attendu ? Je pense que nous devons le fonder sur deux principales choses : L’espoir en l’avenir et la confiance en nous-mêmes.

L’espoir parce que c’est lui qui nous fait vivre, c’est lui qui nous réveille tous les matins pour aller au travail, à l’école et à nos occupations en espérant que la journée sera pleine de réussite. L’espoir parce que nous n’avons pas le choix que de changer. Le monde change et nous devons nous arrimer à ce changement qui nous est imposé par la nature du monde et de l’homme. Espoir parce que la jeunesse représente 65% de la population, elle portera les changements que nous souhaitons pour ce pays qui nous est cher.

La confiance en nous-mêmes parce que personne ne fera ce changement à notre place. Nous sommes fiers d’être gabonais, nous sommes braves et intelligents. Nous sommes unis et nous nous connaissons tous. Avec un peu de volonté et de détermination, nous pouvons nous unir pour ensemble marcher  main dans la main vers cette destination qui changera à jamais le Gabon.

Union Travail Justice, telle est notre devise. Alors qu’attendons-nous pour nous unir afin de travailler ensemble pour un Gabon juste et démocratique ?

A bon entendeur salut.

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Auteur·e

espritafricain

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