Barack Nyare Mba

LIBREVILLE PORTE-T-ELLE BIEN SON NOM ?

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Statue d’une hermaphrodite de Maitre MINKO MI-NZE qui se libère en brisant ses chaines. Elle est érigée en face de palais présidentiel au bord de mer

Principale ville du pays, la capitale gabonaise porte un nom très évocateur pour les défenseurs de l’épanouissement du corps et de l’esprit. En la baptisant « Libreville », le fondateur de cette ville a voulu véhiculer un message intemporel sur la liberté chèrement gagné après 400 ans d’esclavage. Aujourd’hui en 2019 peut-on dire que notre capitale porte dignement son nom ? Les Librevillois se sont-ils appropriés de cette liberté ? En ont-ils conscience ? Se sentent-ils libres ? Autant de questions qui me laissent perplexe au vu des observations faites.

Le 17 octobre 1849  alors que la traite négrière est abolie,  un navire négrier brésilien nommé L’Elizia transportant 52 esclaves ( 27 hommes, 23 femmes et 2 enfants) est arraisonné par la frégate française Pénélope. Tous les esclaves que ce négrier transportait furent libérés et regroupés dans l’actuel quartier Montagne-Sainte, ce fut la création de Libreville. Ce nom fut donné par le capitaine Louis Edouard Bouet-Willaumemez en souvenir de ces esclaves qui recouvrirent enfin leur liberté.

Esprit de Liberté où es-tu ?

Après 170 ans d’existence Libreville n’est plus ce qu’elle fut tant dans la forme que dans le fond. Dans la forme, les changements imposés par le développement urbain ont transformé ce qui fut une petite bourgade en une grande ville africaine cosmopolite et multilinguistique avec ses immeubles et échangeurs, ponts et autres édifices publics et privés. Dans le fond, l’esprit de liberté qui sous-tend la nature originelle de la ville, sa personnalité, son identité, sa singularité, son humanisme est à mon humble avis absent sinon pas très présent. J’entends par esprit de liberté toutes les expressions de celle-ci dans l’urbanisme de la ville, dans sa culture, ses traditions, son mode de vie, sa mentalité, sa gastronomie, le divertissement, l’art, l’éducation etc.

Comment pouvait-on imaginer Libreville, ville de la Liberté sans Musée? C’était à mes yeux scandaleux et indigne pour Libreville d’exister sans ce temple de la mémoire humaine. Grande était ma joie quand j’ai appris l’inauguration prochaine du nouveau musée situé dans l’enceinte d’un ancien bâtiment colonial rénové, qui abritait d’ailleurs l’ambassade des Etats-Unis au Gabon. C’est le cas de le dire ici, il n’est pas trop tard pour bien faire. Toutefois, ce Musée n’est pas consacré à Libreville mais au Gabon tout entier.  Qu’en est-il  alors d’un théâtre municipale ou national ? d’un conservatoire de musique, d’une bibliothèque ou d’un centre culturel ?  Comment éduquer, cultiver les Librevillois et Librevilloises si la soi-disant bibliothèque nationale n’est que l’ombre d’elle-même ? Comment stimuler le génie des artistes s’ils n’ont pas de tribune ? Comment développer la créativité si Les peintres, sculpteurs de pierre ou de bois n’ont pas de musée d’art contemporain ? Un vrai gâchis pour une ville qui a tant à offrir au Gabon et à l’Afrique.

Je suis révolté de voir la déliquescence du cadre de vie des Librevillois alors que tout y est pour qu’il soit meilleur. Dans les quartiers, les jeunes n’ont pas de terrain de sport.  Je ne parle même pas de l’absence de « maison de jeunes »  qui serviraient de cadre pour  faire de la musique, des arts martiaux ou toute autre activité qui élève l’esprit. Faire du sport à Libreville n’est vraiment pas évident, car les infrastructures ne le permettent pas pour le citoyen lambda. Vous vous imaginez que pour jouer au Football à Libreville, il faut désormais payer soit au Ballon d’Or soit à la nouvelle structure qui ouvrira bientôt au boulevard Bessieux? Quelle honte! Dans les quartiers, les jeunes sont contraints de jouer au football dans l’enceinte des établissements primaires qui ont généralement de l’espace. Quel dommage !  Rendez-vous compte qu’un haut lieu historique comme l’île de la pointe Dénis coûte la peau des fesses pour s’y rendre en chaloupe alors qu’elle n’est qu’à quelques minutes de Libreville. Le séjour pour un week-end n’est pas à la portée de tous. Il n’y a qu’une certaine classe qui arrive à y séjourner. Pourtant l’île de Gorée, haut lieu de l’histoire de l’esclavage au Sénégal reste accessible à tous idem pour un court séjour.

 Le devoir de mémoire

Libreville est comme une belle femme que l’on cache à ses amoureux alors qu’elle aimerait bien partager toute sa splendeur et sa merveilleuse histoire. Les habitants ne connaissent pas dans leur majorité, l’histoire de leur ville, de ses quartiers, des hommes qui ont marqué son histoire. Beaucoup ne savent pas comment elle fut fondée et par qui. Certains ne connaissent même pas les différents rois qui la gouvernèrent à l’époque ni où étaient installés leurs royaumes encore moins comment toutes les ethnies ont fait pour y vivre ensemble. C’est à mon sens une hérésie que de gouverner le peuple sans lui donner la possibilité de connaître l’histoire de la terre qui le porte.

L’histoire nous permet de comprendre le passé pour que nous nous appropriions le présent afin de construire un avenir meilleur. Le comble c’est qu’en Afrique et particulièrement au Gabon, l’histoire n’est pas très souvent mise en avant. C’est l’une des raisons pour lesquelles nos peuples se dénaturent pour adopter des cultures venant d’ailleurs et que nous jugeons à tort meilleures. Je vais à ce sujet citer Stéphane Hessel qui disait : « Hélas, l’histoire donne peu d’exemples de peuples qui tirent les leçons de leur propre histoire ». Que dira-t-on alors des peuples qui ne connaissent pas la leur pour en tirer les leçons ?

Je pense que dans ce monde qui devient de plus en plus mondialisé, globalisé, il est plus qu’important sinon impérieux que les gouvernants et la municipalité de Libreville, revoient leurs politiques de la ville afin que ceux-ci participent à la conservation de notre patrimoine commun, à l’expression de la liberté sous toutes ses formes pour que Libreville en soit un véritable havre. J’ai particulièrement apprécié le retour de la célèbre « fête des cultures de Libreville » créée par l’ancien maire Paul Mba Abessolo, mais aussi la mise en place d’un Agenda culturel avec des événement tels que « La nuit des masques » et « Gabon 9 provinces« . C’est encourageant et j’espère que ces événement se pérennisent  car ils rassemble tous les Librevillois, Gabonais et Africains autour de la culture et de l’art.

Libreville mérite mieux que ce qui est, elle a besoin de recouvrir une nouvelle liberté, un nouveau souffle qui fera vibrer ses habitants au plus profond de leur être pour la gloire et la prospérité de notre chère et libre capitale.

Je t’adore Libreville !!!!

 


LA FRANCE ET SA DÉMOCRATIE A GÉOMÉTRIE VARIABLE

Crédit photo : LE MONDE. LE PRESIDENT FRANCAIS EMMANUEL MACRON

Il est des moments où il semble légitime de penser que les supposés chérifs de la démocratie mondiale ne sont en réalité que ses mercenaires au service d’une politique impérialiste et néocolonialiste. L’une des têtes de prou de ce conglomérat impérialiste et néocolonialiste n’est autre que les dirigeants Français qui au fil des années prouvent au monde combien de fois ils sont devenus indignes des idéaux obtenus lors de la Révolution française de 1789.

Le philosophe grec Thucydide disait que « Les forts (les riches) font ce qu’ils veulent, et les faibles (les pauvres) souffrent comme ils le doivent ». La France, pays des droits de l’homme, s’est toujours positionnée dans les textes comme défenseur des faibles. Pour elle, les riches comme les pauvres sont égaux aux yeux de la loi. C’est d’ailleurs pour cette raison que la déclaration des droits de l’homme et du citoyen avait été adoptée comme préambule à leur constitution. Aujourd’hui plus que jamais, ces idéaux sont bafoués par une classe politique qui n’a d’idéaux que l’accaparement, l’oppression, le colonialisme, le néocolonialisme, l’impérialisme politique, économique et culturelle. Les retombées de cette perfide stratégie qui date de nombreuses années se fait désormais ressentir sur le plan national et international.

LIBERTÉ-ÉGALITÉ-FRATERNITÉ OÙ ÊTES-VOUS ?

Le nouveau régime français qui est venu au pouvoir grâce à un tsunami politique fait face à ceux qui l’ont mis au pouvoir c’est-à-dire les gilets jaunes. Ces derniers représentent les pauvres, la classe ouvrière, les travailleurs, jeunes entrepreneurs, travailleurs sociaux, ces français épris de liberté, de démocratie, de fraternité nationale et mondiale.

 Lors de la révolution de 1789, les français s’étaient rebellés contre les privilèges du clergé et de la noblesse au détriment du tiers-état qui représentait 97% de la population à cette époque. C’est ce tiers-état (classe ouvrière, pauvres) qui fit la révolution. Aujourd’hui c’est ce même tiers-état (gilets jaunes) qui se bat chaque week-end pour refonder le modèle de gouvernance et du partage de richesse. La France qui pensait avoir vaincu tous ses anciens démons de l’époque monarchique se revoit aujourd’hui confronter à ces derniers à l’ère de la démocratie.

Cette contestation intérieure témoigne du malaise profond que vivent les français. Les différents dirigeants successifs ont presque toujours trahi les idéaux des français d’où ce ras le bol populaire.

Les dirigeants Français doivent se réconcilier avec les idéaux propres à la France s’ils veulent l’être avec le peuple. Sans cette réconciliation, il existera toujours cette fracture, cette défiance qui est désormais visible entre le peuple et ses gouvernants.

DÉMOCRATIE, SOUVERAINETÉ OÙ ÊTES-VOUS ?

Lors de la réunion extraordinaire du conseil de sécurité de l’ONU du 26 janvier dernier sur la situation au Venezuela, le représentant permanent de la Russie auprès des Nations-Unis a fait une sortie inédite qui n’a pas du tout été appréciée par ses collègues européens. En effet, lors de cette réunion la France et ses alliés souhaitaient lancer une procédure de « diplomatie préventive » car la situation au Venezuela menaçait la paix intérieure et régionale. A cette proposition, le représentant Russe dira ceci : « Que penseriez-vous si la Russie demandait de discuter au Conseil de sécurité de la situation en France ? Et des Gilets jaunes qui sont descendus dans les rues par milliers encore ce week-end ?».

Une fois dite, le représentant Russe a fait savoir à ses collègues européens qu’il n’avait pas l’intention de le demander, ce qui a semblé les calmer. Cette allusion aux manifestations des gilets jaunes illustre, toute proportion gardée, ce qui se passe au Venezuela c’est-à-dire des citoyens qui manifestent pour des meilleures conditions de vie, plus de liberté, plus d’égalité.

Il est tout à fait normal qu’un pays se prononce sur la crise politique et social d’un autre mais cela doit être fait dans les règles de l’art. J’ai trouvé condescendant les prises de position occidentale sur le Venezuela. De quel droit un pays tiers peut-il s’ingérer dans les problèmes internes d’un autre pays aussi souverain que lui en lui donnant un ultimatum d’organiser une élection anticipée ? De quelle légitimité découle la prise de position des occidentaux sur la reconnaissance de Juan Guaido comme président au détriment d’un président légitimement élu ? Je sais qu’il y a des problèmes au vénézuela, des problèmes d’ailleurs créés d’une part par les impérialistes qui ne sont pas d’accord avec les élans socialistes du régime chaviste qui était et est contraire aux intérêts du libéralisme prôné par les américains d’une part et les européennes d’autres part.

Vous vous imaginez si un matin, le président sud-africain demandait sous huitaine de nouvelles élections en France à cause de la situation des gilets jaunes ? Car en effet il y a eu des morts, des blessés graves et légers, des arrestations, des intimidations depuis le début des manifestations des gilets jaunes. Cette demande des sud-africains serait un crime de lèse-majesté punissable avec la plus vive des rigueurs.

DÉMOCRATIE A GÉOMÉTRIE VARIABLE

Le Président Macron a déclaré dans un Tweet posté le 04 février que « Les Vénézuéliens ont le droit de s’exprimer librement et démocratiquement ». Je suis tout à fait d’accord avec lui. Toutefois, ce droit inaliénable au peuple vénézuélien l’est également au peuple d’Afrique notamment d’Afrique centrale. En effet, la position de la France à travers son chef de l’Etat sur la situation au Venezuela témoigne du paradoxe profond de la démocratie et de la liberté à la française.

Les Vénézuéliens ont le droit de s’exprimer librement et démocratiquement. La France reconnaît @jguaido comme « président en charge » pour mettre en œuvre un processus électoral. Nous soutenons le Groupe de contact, créé avec l’UE, dans cette période de transition.

— Emmanuel Macron (@EmmanuelMacron) 4 février 2019

Comment peut-on comprendre que ce qui est valable pour certains peuples ne l’est point pour d’autres ? Que signifie cette discrimination démocratique ? La France fait la sourde d’oreille quand il s’agit des exactions perpétrées par ses « employé » « nommés » chefs d’Etat dans ses « colonies » d’Afrique centrale à l’encontre des populations désarmées alors qu’en même temps elle fait le chérif de la liberté et de la démocratie au Venezuela.  Pourquoi au nom de la liberté et la démocratie la France ne prend-t-elle pas des distances avec les régimes dictatoriaux d’Afrique centrale ? Pourquoi les occidentaux qui disent défendre la démocratie et la liberté n’adoptent-ils pas des sanctions contre les dirigeants d’Afrique centrale ?

Ce silence de la France prouve combien de fois les intérêts économiques et politiques sont plus important que les principes angéliques que sont la démocratie et la liberté en Afrique notamment. Il faut savoir que tant qu’un dirigeant fait l’affaire des français, il est certain de rester au pouvoir. A contrario, si un dirigeant comme Maduro ne fait pas l’affaire des dirigeants français et de l’occident, alors il peut être certain qu’il sera évincé par les moyens légaux et/ou illégaux.

Depuis les indépendances africaines, la France a toujours fabriqué, entretenu et protégé les dictatures africaines sans une seule fois pensé aux souffrances que cette stratégie cause aux populations. Pourquoi cette protection ? Et bien ces dictateurs font l’affaire de la France.

Regardez le cas Khadafi. Il n’arrangeait plus les dirigeants Français c’est pourquoi il a été évincé et tué sur l’autel de la démocratisation de la Libye. Idem pour Laurent Gbagbo qui a été victime d’un coup d’Etat savamment orchestré par les dirigeants français au profit d’un colonisé endurci, obéissant et fidèle qu’est Alassane Ouatara.   Lorsque Compaoré fut chassé du pouvoir par le peuple souverain du Burkina Faso, ce sont les soldats français qui l’ont exfiltré de son convoi de 28 véhicules civiles qui se dirigeait à Pô, son village natal. Ces quelques exemples non exhaustifs permettent de comprendre le parti pris des dirigeants français.

Il est anormal que la France soutienne et protège depuis 52 ans le régime Bongo père et fils qui sont responsables du marasme politique, économique, social et culturel que connait le Gabon. Au Cameroun, elle soutient depuis 36 ans un régime oppressif, vorace et paresseux qu’est celui de Paul Biya. Tout comme ce dernier qui a envoyé dernièrement ses sbires tirés sur les partisans du MRC, la France a organisé au cameroun au milieu des années 50 le « Bâillonnement de l’opposition, création de milices sanguinaires, torture à grande échelle, déplacement des populations, guerre psychologique, assassinats : les méthodes de la « guerre révolutionnaire » – et parfois les hommes chargés de les appliquer – sont les mêmes que celles mises en œuvre au même moment en Algérie » A LIRE ICI . Au Congo-Brazzaville, elle n’a de cesse cautionner un régime autocratique et boulimique que celui de Sassou Nguesso au pouvoir depuis 34 ans qui sans vergogne a fait condamné à vingt ans de prison Jean Marie MOKOKO qui en réalité a commis le crime de se présenter contre lui en 2016. Vous comprenez également avec ces quelques exemples non exhaustifs le parti pris des dirigeants français.

L’Afrique centrale n’a pas connu d’alternance politique depuis 30 ans au bas mot, ce sont les mêmes ou le fils qui reprend le pouvoir après le décès du père. Comment au XXIeme siècle un pays dit « développé » peut-il encore soutenir ce type de régime moyenâgeux ? C’est inadmissible et scandaleux.

QUE DIRE….

Comme pour l’être humain, on juge un Etat par ses paroles et ses actes. Dans le cas d’espèces, je trouve que la France n’est pas non seulement sincère avec elle-même mais aussi avec les africains d’une part et le monde entier d’autre part. Les dirigeants français doivent se réconcilier avec leurs nobles valeurs car elle court à sa perte.

Nous (africains, peuple opprimé du monde) connaissons le mal, à nous de l’anéantir. Quand je parle du mal, il s’agit de nos dirigeants véreux qui confisquent non seulement nos biens mais aussi notre avenir et celui de nos enfants et petit-enfants en complicité avec des dirigeants étrangers. Un sursaut national, continental et mondial des peuples est plus que nécessaire pour y arriver.

Peuple d’Afrique et du monde, réveillons-nous et changeons notre avenir. Personne ne le fera à notre place.


10 ans challenge : les Gabonais s’y mettent aussi

Le défi  #10anschallenge ou #Tenyearschallenge connait une viralité surprenante à travers le monde. Les internautes gabonais, très connectés, n’ont pas échappé à cette vague déferlante car quelques heures après son lancement, les premiers challengeurs gabonais postaient déjà sur leur mur. Retour en images sur certaines de ces publications.

Depuis quelques heures le  #Tenyearschallenge ou #10anschallenge en français est devenu virale sur Facebook.  Ce défi a d’abord commencé sur Instagram et Twitter notamment chez les anglosaxons (USA et Angleterre) puis il s’est  mondialisé.

Les plus grandes stars américaines (Wil smith, Miley Cyrus, Trevor Noah, Tyra Banks, etc.) se sont prêtées au jeu. Pour ceux qui ne savent pas en quoi il consiste, il s’agit de poster côte à côte deux photos de vous qui ont été prises avec au moins dix ans d’intervalle. L’objectif du challenge est de montrer au monde, à vos amis, combien vous avez changé depuis.

Au Gabon tout le monde s’y est  mis, les stars de la musique et de la radio, les jeunes entrepreneurs, les activistes… les Gabonais en somme !

L’artiste gabonaise Tina n’a pas échappé au défi et s’en est donné à coeur joie. Je trouve personnellement que le seul changement que je peux en conclure c’est celui de la maturité artistique. Bravo !

Clovis Nzong, le buzzmatique, n’a pas participé au défi jusqu’au moment où j’écrivais ce billet. Par contre il a été parodié par certains internautes. La difficulté avec cette image c’est qu’il est difficile de savoir la photo d’avant et celle d’après. Seul Clovis pourra nous éclaircir.

Les amoureux ! Je trouve la publication de Liane (entrepreneuse et une amie) très inspirante. j’espère et je le souhaite que dans dix ans nous en aurons encore une. Bon vent à vous !

Je crois qu’il n’y a que du superlatif absolu pour qualifier le charme majestueux et divin de cette internaute. Je suis en état de choc oculaire !

En dix ans Hugh n’a pas compris qu’il n’est pas obligé de toujours mettre sa main droite dans la poche et de poser sa main gauche sur un support. A part ça tout est ok !

L’artiste Shan’L la Kinda s’est aussi prêtée au jeu. Franchement dans son cas elle peut légitimement dire qu’il y a eu du changement. Bravo ma chère je te kiffe !

No comment.

Hello, en dix ans il y a eu un changement. Je trouve qu’aujourd’hui elle fait femme posée, sûre d’elle. Il y a dix ans c’était la java !

Cré-cré, plutôt Créol la Diva. Je trouve qu’elle est comme du vin. Plus elle prend de l’âge mieux elle est !

Un conseil Serge, arrête de te moquer du grand comme ça ! kiakiakiakia

Christelle Makaya, la soeur de Créol.  Comme sa soeur, elle est comme du vin. C’est en prenant de l’âge qu’elle se bonifie.

Stevich, il y a dix ans il était en tee-shirt aujourd’hui c’est en costume.  C’est un jeune très actif, dynamique avec de l’ambition.  Respect man !

L’animateur radio Dafresman est aussi de la partie. Selon moi, c’est le Président Ali qui devait poster cette photo car ici son changement  est plus perceptible. Quoi que tu as aussi changé. Lunettes+cravate+joues.

Je ne sais pas ce que Clovis a fait aux gabonais mais je trouve que les gars abusent ! Olivier, arrête le boucan !

Crazy design, c’est un groupe de danse talentueux. J’aime bien le groupe. Continuez ainsi !

L’artiste Ba’ponga. Un seul mot : RESPECT.

Vraiment beaucoup ont changé depuis dix ans.

Merci à tous pour la bonne humeur partagée avec ce défi auquel je ne participe pas encore !

 

 


LE VRAI/FAUX COUP D’ETAT DU 07 JANVIER

 

Était-ce réellement une tentative de coup d’Etat ou un exercice grandeur nature ? voilà la question centrale que nous devons nous poser car les éléments d’analyse me laissent perplexe au plus haut point.

Drôle de tentative de coup d’Etat que celle que nous venons de vivre au Gabon.  C’est le moins que l’on puisse dire car Il existe plusieurs zones d’ombres dans cette affaire digne d’un film hollywoodien. Une fois encore le Gabon est un jouet avec lequel jouent certains gabonais en complicité avec des forces obscures étrangères dans le but de préserver le pouvoir par tous les moyens légaux et illégaux.

AUDIT DE SECURITE

La supercherie de ce vrai/faux coup d’Etat débute au mois de novembre lorsque, selon La Lettre du Continent du 02 janvier 2019, « un audit de sécurité » aurait été commandité par le porte-parole de la Présidence de la République M. Ike Ngouoni Alla Oyouomi à un « mystérieux commando français » dirigé par un certain Stephan Privat « ancien sous-officier du 8e RPIMa. Pour faire court, cet « audit de sécurité » visait à faire un tour sur le dispositif sécuritaire gabonais dans un contexte politique délétère né de l’absence prolongée du Président Ali Bongo suite à son AVC. Comme vous le savez, l’absence du Président Ali a fortement divisé la classe politique nationale mais aussi le peuple gabonais sur la question de la vacance du pouvoir.  Il va sans dire qu’à la suite de cet « Audit de sécurité », des recommandations ont été faites à ceux qui l’ont commandité. Pour ma part, tout part de ces recommandations. Je n’en connais pas la teneur mais la suite des évènements nous en dit un peu plus.

 UN GARDE REPUBLICAIN A LA MANETTE

La Garde Républicaine est le corps armé le plus fidèle au chef de l’Etat. C’est dans leur « gène » que de servir et protéger le Président de la République. Dans quel contexte a-t-on crée ce corps ? L’histoire nous apprend que c’est à la suite du coup d’Etat de 1964 que les autorités françaises ont décidé de créer ce corps armé baptisé Garde Présidentielle. Avec les années, elle a été rebaptisée Garde Républicaine pour faire plus beau, plus Républicain. La loyauté de ces hommes au chef de l’Etat est sans équivoque, la formation est rigoureuse et leur moralité étudiée. En plus de leur loyauté, ces hommes sont sous la main de leur hiérarchie. Ils obéissent au doigt et à l’œil quand des ordres leur sont transmis. Pour ma part, je crois que c’est parce que les soldats de ce corps sont gérables que le choix s’est porté sur l’un d’entre eux à l’occurrence le lieutenant Kelly Ondo Obiang pour faire ce vrai/faux coup d’Etat.

PRISE EN OTAGE

L’heure exacte de la prise d’otage des journalistes de Radio Gabon ne semble pas être la même pour tout le monde. Le journal l’Union, premier quotidien national et pro-gouvernemental, parle de 4h30 et le communiqué du gouvernement parle de 5H30. A l’heure de la diffusion du communiqué, les gabonais était endormis. Comment prétendre les mobiliser à pareille heure ?  D’autres interrogations subsistent sur le choix stratégique de ces commandos. Pourquoi avoir choisi la radio plutôt que la télévision nationale ? Pas grand monde n’écoute Radio Gabon ce qui n’est pas le cas de la Télévision nationale qui est en plus câblée. Pourquoi avoir fait le communiqué alors que le commando n’avait pas encore pris le pouvoir ? Un coup d’Etat se résume-t-il à faire un communiqué sur la radio nationale ? Pourquoi se sont-ils limités à prendre la radio sans prendre au préalable les institutions ? Le nombre de soldat putschistes méritent également des interrogations. Tout d’abord, jusqu’à ce jour, nous ne connaissons pas les noms des soldats qui accompagnaient le Lieutenant Kelly Ondo Obiang dans son « songe » comme dirait le porte-parole du gouvernement.  Pourquoi autant d’opacité sur leurs identités ? Pourquoi la dizaine de soldats qui participaient au putsch n’étaient pas aux côtés du lieutenant Kelly quand il faisait sa déclaration à la radio ? Le plus souvent, un bon nombre de putschistes assistent toujours à la déclaration de prise de pouvoir. Un autre point d’ombre.

SILENCE DU PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE

Il semble évident qu’après une tentative de coup d’Etat, le chef de l’Etat doit impérativement prendre la parole pour rétablir son autorité, rassurer les marchés et les investisseurs et apaiser les populations. Depuis hier, aucun discours du Président Ali Bongo. S’il ne fait pas un discours dans les jours qui suivent cela aura pour conséquence d’envenimer les soupçons sur sa capacité réelle à gérer le pays.  Nous restons en attente.

Pour finir je crois que cette tentative de coup d’Etat était non seulement un exercice grandeur nature qui visait à tester le dispositif sécuritaire du pays mais aussi de lancer un message à tous ceux qui nourrissent l’idée d’en faire un. Cette tentative de Coup d’Etat semble être une démonstration de force du pouvoir à l’égard de ses opposants  et d’autres groupuscules qui nourrissent cette funeste idée.  Rappelez-vous d’Aba’a Minko, cette homme politique qui disait avoir déposé une bombe à la Télévision nationale. Ce fût également un faux. D’ailleurs il a disparu de la circulation, nous ne savons plus rien sur lui. Où est-il? Est-il encore en vie? . J’ai vu cette tentative de Coup d’Etat comme des exercices militaires que font les américains et les Coréens du Sud dans le but de démontrer leurs forces à la Corée du Nord. Car en réalité, c’est celui qui a la force qui garde le pouvoir notamment en Afrique.


L’interview d’Ali Bongo commentée sur les réseaux sociaux

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Jeudi 30 août 2018, sur les chaines de télévision nationales et sur internet, le président Ali Bongo s’est livré à un exercice nouveau en termes de communication : il s’agit ici de la fameuse interview dénommée « Face à la Nation ». Depuis mi-août, une publication sur la page Facebook de la présidence de la République demandait aux gabonais et gabonaises de poser leurs questions au président de la République. Plusieurs compatriotes se sont pris au jeu et l’ont fait sur WhatsApp et Facebook, en texte comme et en vidéo.

Pour ceux qui suivent l’actualité du pays, il était très important de regarder cette interview pour savoir ce que pense le président Ali sur certains maux de la société et la crise économique et politique qui frappent le Gabon. Une occasion idéale d’écouter ses propositions pour résorber certains fléaux qui entament la quiétude des gabonais et gabonaises. Comme je l’avais précisé dans mon précédent billet sur la conquête du coeur des gabonais par Ali Bongo (lire ici), il est tout à fait évident que cette interview rentrait dans le cadre de la nouvelle stratégie de communication de la présidence de la République.

L’interview dénommée « Face à la Nation » a duré 1h30, très peu pour aborder en profondeur certaines thématiques importantes pour le pays. D’ailleurs, il faut savoir que l’interview était divisée en trois parties : sociale, économique et politique. Les deux premiers volets ont été évacués très rapidement, les réponses étaient évasives, sans pertinence, d’une vacuité profonde. Je suis resté sur ma faim en tout cas. Le troisième thème a duré un peu plus que les autres avant que les journalistes ne plongent dans des questions qui englobaient en quelque sorte les trois principales thématiques.

J’ai constaté que le président Ali balbutiait, ne maîtrisait pas totalement son sujet, il cherchait les mots, fuyait les réponses concrètes mais surtout aimait prononcer ce mot : « Il faut ». A chaque fois qu’une question lui était posée sur le social ou l’économie, il répondait inexorablement par « Il faut ». Le dire à chaque fois prouve à suffisance que rien n’a été fait et rien n’est fait pour régler tel ou tel problème. Nous sommes là dans la théorisation des solutions, aucune pratique, aucun acte concret posé sinon il l’aurait fièrement dit. Il faut savoir que les problème posés ne datent pas de cette année, elles semblent être là depuis plusieurs décennies.

Les sujets sur l’éducation, la santé, le logement, l’insécurité, l’agriculture, la formation, la crise économique, le chômage etc., n’ont pas, à mon avis, trouvé des solutions ou des pistes de solutions lors de cette interview. La fin de l’interview témoigne parfaitement de son objet qui fut non seulement d’ameuter les troupes pour les élections législatives et locales, mais également chercher à conquérir le cœur des gabonais, car en réalité le président Ali sait que les gabonais sont très insatisfaits de son travail.

Voyons voir les commentaires des gabonais sur les réseaux sociaux après l’interview.


Cette liste de commentaires sur l’interview n’est pas exhaustive. Chacun a tout de même donné son avis sur les réponses du Président. Personnellement je pense que l’idée était bonne, ce qui ne fut pas le cas des réponses car aucune solution concrète ne fut proposée sur des problématiques pourtant clairement posées.

La prochaine intervention télévisée du Président Ali se fera au mois de décembre, nous seront encore là pour la commenter et faire un bilan de ses actions.


Il était une fois la révolution sociale dans la patrie des Panthères

 

CP: Facebook

Dans un pays en crise, en proie à la désunion, au chômage et à l’injustice ; dans un pays profondément blessé dans son estime de soi et dont la plaie béante, puante, délice des mouches et des microbes, a été exposée, à la pleine clarté du jour, pendant l’un de ses plus grands shows de télé-réalité : l’élection présidentielle 2016 ; dans ce pays, un jeune homme, le cerveau fécondé par le patriotisme, par l’amour du débat politique, par la passion du droit et par diverses expériences associatives, accoucha une œuvre intitulée : Plaidoyer pour une révolution sociale au Gabon

L’œil observateur recevra un uppercut à la lecture du titre.

Le coup vient de ce mot : plaidoyer. S’il signale l’influence des études de droit suivis par l’auteur, ce terme indique, également, que ce dernier ambitionne de soigner la plaie de son pays en donnant à ses remèdes une assise juridique. Mais, si le jeune homme veut s’appuyer sur le droit, il émet l’hypothèse selon laquelle la grande blessure qui torture sa terre natale aurait une origine culturelle. il s’agirait de la dépréciation systématique de soi, au sens où il est d’avis général que le pays ne peut rien produire de grand. Entre les lignes, le jeune homme laisse alors entendre que la révolution sociale qu’il défend n’est qu’un prélude à une révolution de plus grande envergure :

 La révolution culturelle.

C’est pourquoi l’auteur définit la révolution sociale comme une transformation de la culture politique. L’auteur veut donc proposer, par le truchement du droit, une autre manière d’appréhender et de pratiquer la politique, une possibilité de rompre avec les us et coutumes en vigueur dans le domaine politique. Cette transformation-rupture est le passage d’une culture de sujétion à une culture de participation. Dans la culture de sujétion, le citoyen se sent dominé par le système politique dont il attend les bienfaits et redoute les diktats. Dans la culture de participation, le citoyen possède les moyens et outils efficaces, juridiques notamment, et l’état d’esprit nécessaire pour participer à, et influencer l’action politique.

Mais la lecture des propositions-solutions de l’auteur laisse un malaise.

Elles sont pertinentes, intelligentes. On peut citer, en autres, la révision de la constitution pour plafonner le nombre de parti politique et pour exiger de chacun une idéologie claire sur des sujets d’intérêt général. Le but est d’épurer le paysage politique de partis qui ne valent absolument rien, parce qu’ils n’assument pas pleinement leur rôle : conquête, exercice et conservation du pouvoir, et surtout, surtout, surtout, la formation de l’opinion, c’est-à-dire la mise à disposition, pour les citoyens et militants, en dehors des périodes électorales, d’informations et activités en vue de forger leurs convictions politiques, ainsi que leur capacité à réfléchir sur les défis que rencontre le pays. On peut également faire allusion à l’institution d’une culture du référendum pour consulter le peuple sur des questions majeures et ainsi lui redonner confiance en ses dirigeants. Et on ne peut oublier la dotation d’un encadrement législatif à la pétition afin de permettre aux citoyens de suspendre ou d’amender des lois, des mesures qu’ils jugent impertinentes. Ce ne sont là que quelques-unes des propositions de l’auteur.

Nous le disions, elles sont intelligentes. Mais, elles semblent rester dans l’ordre des bienfaits à attendre du système politique. Car, pour être effectives, elles doivent passer le cap d’un débat à l’Assemblée nationale en vue de leur adoption. En clair, cela donne l’impression que la révolution sociale défendue par l’auteur dépend, largement, de la bonne volonté de ceux qui détiennent, actuellement, le pouvoir. Aussi, pourrait-on croire que le livre leur est directement adressé, et que le message délivré entre les lignes est : si vous voulez réellement regagner la confiance de vos concitoyens et agir pour la grandeur de ce pays, voici quelques conseils !

 Mais nous préférons penser que le message fondamental de l’auteur est :

Si vous voulez réellement agir pour la grandeur de ce pays, prenez le pouvoir !

Mais alors à qui s’adresse-t-il ?

D’abord aux jeunes, puisque l’auteur souhaite leur implication dans les élections législatives, en tant que candidats notamment. Ensuite à la société civile, car cette dernière constitue naturellement le contre-pouvoir. Pour l’auteur, la transformation de la culture politique dépend, fortement, de la qualité de la société civile : si cette dernière ne produit pas, par elle-même, les moyens et les outils d’une formation éclairée de l’opinion et un rehaussement du niveau du débat public, il ne faut pas s’attendre à ce que la culture politique devienne performative.

Enfin, pour nous, personnellement, ce message devrait concerner particulièrement les acteurs culturels. Car si, dans une société, la politique est la sphère décisionnelle, les décisions sont le résultat d’une combinaison de comportements, de croyances, de valeurs, d’outils et techniques qui, en réalité, sont le produit de la culture (éducation, arts, sports, sciences). La prise de pouvoir par les acteurs culturels renvoie à leur capacité à faire voir, par leurs œuvres, par leurs créations, par leurs activités, par leurs exploits, les chemins qui mènent à la grandeur et à l’épanouissement. Ils représentent la rupture avec l’idée selon laquelle, chez nous, la politique est la voie royale pour s’accomplir.  C’est pourquoi, in fine, nous faisons cœur avec l’auteur lorsqu’il indique ce qu’il y a de fondamental et nécessaire dans la révolution sociale :

 Il s’agit de promouvoir une philosophie d’engagement centrée non pas sur l’Etat et ce que nous devons attendre de lui, mais sur l’individu et sur son devoir de se construire et de s’élever par lui-même d’abord. Cette voie est la meilleure parce qu’elle n’est pas la voie de l’attentisme mais celle du travail. Elle est la seule à pouvoir renforcer durablement la paix, dans toute sa profondeur. Et aucune alternance politique, aucun coup d’Etat, aucune élection ne nous mènera à ce résultat sans les efforts que suppose la voie indiquée ici.

Pour connaitre et juger l’ensemble des propositions de l’auteur, nous vous invitons à les découvrir, vous-même, en lisant l’œuvre.

 Ah ! Pardonnez notre impolitesse.

L’auteur se nomme Théophane Nzame-Biyoghe, étudiant en droit à l’Université Africaine des Sciences, et son œuvre, Plaidoyer pour une révolution sociale au Gabon, est publiée aux éditions Edilivre. Vous pouvez la commander sur le site de l’éditeur en versions papier ou numérique :

https://www.edilivre.com/plaidoyer-pour-une-revolution-sociale-au-gabon-theophane-nzame-b.html/

 

Ecrit par MELVINE FAUSTER, étudiant en philosophie.


GABON : LA CONQUÊTE DES CŒURS D’ALI BONGO SUR LES RÉSEAUX SOCIAUX

C/P : Koaci.com

 

Depuis bientôt un an, la cellule de communication de la présidence de la République semble avoir redynamisé sa stratégie sur les réseaux sociaux, après l’élection contestée d’Ali Bongo en 2016. Cette redynamisation pour la conquête des cœurs des gabonais se traduit par plusieurs actions, ponctuelles ou pas, qui seront décrites ici.

Ali Bongo et son régime sont les sujets préférés des gabonais sur les réseaux sociaux. On parle de lui et de son régime partout et de toutes les manières possibles, sur Facebook, Twitter et WhatsApp. Chaque jour il y a quelque chose à reprocher à ce régime. Avec la démocratisation des smartphones et des réseaux, chaque gabonais connecté et insatisfait de ce régime n’hésite pas à poster une image qui contribuera à décrédibiliser le pouvoir d’Ali Bongo.

Depuis 2014, plusieurs activistes sont nés de cette élan de contestation pour participer à la « libération du pays du régime Bongo ». On peut citer entre autres Thibault Adjatys, Pierre Ntoum, Jonas Moulenda, Bung Pinz, Franck Joctane ou Marc Ona. Ces activistes ont tissé un réseau d’informateurs, centralisent l’information puis la traite et la publie sur leurs murs et ceux des pages et groupes dont ils sont administrateurs. Avec des communauté assez grandes (plus de 4500 fans par activiste), ils parviennent à répandre les informations contre le régime.  Il est important de savoir que ces éléments publiés sur les réseaux sociaux viennent très souvent de l’intérieur du pouvoir en place. Cela peut se vérifier avec la publication des notes de services, des documents confidences, des vidéos personnelles ou des correspondances administratives, par exemple. C’est dire combien ce réseau d’information est vaste, mais surtout très difficile à démanteler.

Au Gabon, les réseaux sociaux sont le meilleur moyen de protester contre le régime en place car toute action entreprise sur le terrain est soit interdite, soit fortement réprimandée par les forces de sécurité. Si les gabonais ont généralement peur d’aller sur le terrain, ceux présents dans l’administration fournissent en revanche des informations cruciales contre le régime. Depuis 2014, Ali Bongo essuie ainsi plusieurs publications qui contestent le bilan de son mandat, sa filiation avec Bongo, son élection en 2016 mais aussi d’autres qui ont pour objectif de l’humilier, souiller son nom à travers des visuels qui dégradent son image en tant qu’homme mais aussi en tant que Président de la République. Je me demande si un Président dans le monde avait déjà été victime d’une telle vindicte populaire sur les réseaux sociaux.

Après l’élection contestée de 2016, la tendance des publications négatives et acerbes sur Ali Bongo et son régime était toujours à la hausse. L’année 2017 n’a pas arrangé les choses : c’a probablement été le nouveau pic des publications de contestations du Président. Avec une image déjà écornée, le pouvoir a refusé de laisser les choses se poursuivre sans réagir.

Depuis peu, j’ai ainsi constaté un changement de ligne éditoriale dans leur présence en ligne. Il y a véritablement une redynamisation de la page Facebook  Twitter de la Présidence de la République, du Président de la République et de la première dame. Ils semblent souhaiter être plus proches des gabonais, grâce à des publications empreintes d’émotions positives et de patriotismes, de fierté nationale, d’engagement pour le développement du Gabon et la notoriété internationale.

Certaines structures telle ONE GABON ont pour objectif de répandreles actions posées par le Président et son gouvernement sous format vidéo, photo ou infographie sur les réseaux sociaux. ONE GABON a également pour objectif d’évangéliser les gabonais à propos des nouvelles mesures mises en place par le gouvernement. Cette évangélisation passe par la prise de parole des ministres, des techniciens, des bénéficiaires. C’est avec un contenu de qualité et diversifié que la présidence tente de reconquérir les coeurs des gabonais.


La conquête des cœurs ne se limite pas seulement à ces actions citées, elle s’étend jusqu’à donner la parole aux gabonais à travers un numéro de téléphone sur lequel ils peuvent appeler la présidence de la République et un numéro WhatsApp sur lequel tout gabonais pourra poser des questions au Président et recevoir toute l’actualité de la Présidence de la République. La parole que les gabonais souhaitent avoir pour dire ce qu’ils pensent, c’est celle-là que la présidence souhaite donner aux gabonais, notamment à l’occasion de la fête nationale du 17 Août prochain. En effet, la Présidence de la République propose de poser dès à présent sur sa page Facebook les questions auxquelles les gabonais souhaitent avoir des réponses du Président de la République. Celui-ci y répondra le 19 Août, en direct.


En plus de ces actions de prises de parole, la présidence a organisé des jeux comme ce quiz de 25 questions sur le Gabon. Il y a aussi le challenge #GabonFlagDay qui vise à mettre en avant le drapeau gabonais sur la page facebook et Twitter de la présidence.

Toutes ces actions n’ont qu’un seul but : redorer l’image écornée d’un président en froid avec la population. Il est toutefois important de préciser une chose aux conseillers en communication de la présidence : l’élément le plus important du message c’est la promesse. C’est sur la  promesse que toute la communication est bâtie. Si la promesse n’est pas tenue, toutes les communications qui seront faites après l’expérience client du produit ou du service seront vaines.

En ce qui concerne le Président de la République, sa promesse d’un Gabon émergant a échoué jusqu’à présent. La meilleure façon de faire serait de travailler et de faire de cette promesse une réalité.

 


TOP 8 DES CHANSONS QUI DÉCRIVENT LA SOCIÉTÉ GABONAISE

 

CP : YOUTUBE

Depuis quelques jours une polémique fait le plein de commentaires sur les réseaux sociaux au sujet de l’impact de certaines chansons sur la jeunesse gabonaise.  Cette polémique est née suite à l’arrestation d’un certain KEMEKA, présumé assassin du jeune Roméo, qui est soit-disant cité dans la chanson « Goudronnier » de l’artiste DON’ZER.  Reconnaissons l’intérêt du sujet surtout quand on sait que les artistes ont de l’influence sur leurs fans. Toutefois il y a un aspect de ces chansons qui n’est pas souvent bien compris par certains mélomanes.  En général au Gabon on voit beaucoup plus le verre à moitié vide qu’à moitié plein.  La musique comme tous les autres arts sont le miroir de la société, une société aux visages multiples décrient  selon la sensibilité de tel ou tel artiste. C’est afin de lever l’équivoque que je m’en vais  vous citer huit chansons qui décrivent certains pans de la société société gabonaise actuelle.

 

1)  MANI MATE LE NIEN  de l’artiste TEMPETE DU DÉSERT 

Pour ceux qui ne le savent pas, « MANI MATE LE NIEN » veut dire « Frangin regarde le flic ».  Au Gabon, travailler dans les forces de l’ordre et de sécurité devient le moyen le plus sûr d’avoir un emploi. Que tu aies un bac +4 ou être un (e) non diplômé (e), tu es au moins certain(es) qu’on peut t’embaucher et percevoir chaque fin de mois ton salaire pour nourrir ta petite famille ou toi-même. Cette réalité fait en sorte que plusieurs jeunes ne pouvant se faire valoir ailleurs, s’enrôlent par défaut dans les corps habillés. C’est l’embauche du désespoir quand il est choisi de cette façon. Il faut savoir que les agents des corps habillés semblent relativement bien traités par l’Etat car exemptés de certaines contraintes affligées aux autres fonctionnaires comme le récent recensement des agents de la fonctions publics ou la prochaine réduction des salaires. L’artiste Tempête du désert décrit parfaitement le statut qu’occupent les corps habillés dans la société gabonaise. Tout d’abord, ce sont des intouchables, ce sont les rois sur la route quand ils font les contrôles de police sur les voies urbaines, périurbaines ou sur la nationale N1. Ils se font du fric avec le racket exercé exclusivement sur les taximen, les transporteurs routiers de la nationale N1 ou ceux des matériaux de construction. Une fois le fric empoché, ce sont eux les premiers à jouer les riches dans les bars de quartiers. D’ailleurs on voit bien dans le clip de Tempête du désert, un personnage (Manitou) jouant le rôle du flic friqué, sort de l’argent de sa poche et le met dans la poche arrière du jeans d’une fille qui trépigne ses fesses devant lui. Personne ne peut les réprimander, ce sont eux qui représentent la loi c’est d’ailleurs pourquoi ils se permettent de tout. Une fois j’ai assisté à une scène surréaliste chez un revendeur agréé Airtel Money (Mobile Banking). Il était 19h quand j’ai vu un flic sortir plusieurs billets de 500Fcfa et 1000Fcfa empilés dans un sachet pour faire un dépôt sur son compte. Les gens autour étaient tout aussi étonnés que moi, ce qui ne fut pas le cas pour ce flic sans vergogne. Je tiens à préciser que tous les flics ne sont pas comme ceux décrit plus haut. Il y a par exemple des flics exemplaires comme ceux qui ont arrêté les assassins du jeune Roméo. Big up à vous et RIP au frère.

 

2) BABYLON de l’artiste SLR SOSSA

Les matitis ou Mapane de Libreville sont une vraie plaie pour la jeunesse gabonaise, c’est le creuset de la délinquance et de tous les vices qui sèment le malheur chaque jour à Libreville.  Vivre dans le ghetto, le mapane ou matiti c’est vivre à Babylon c’est souffrir pour s’en sortir. Vivre dans le mapane c’est côtoyer la drogue, le sexe, la violence, la faim, la déperdition scolaire, les grossesses précoces et j’en passe.  Au Gabon il y a des citoyens de seconde zone, des citoyens qui n’ont pas accès aux infrastructures de bases comme l’école, la santé la sécurité mais qui sont les premières victimes d’agression, d’inondation, d’exclusion et de manipulation politique. Les mapanes à Libreville sont le témoignage d’une société qui a échoué dans la construction d’un idéal commun si tant est qu’il en existe un.  Malgré les efforts que fournissent certains jeunes du Mapane, ils rencontrent toujours des difficultés car n’étant pas aidés, je voulais dire car étant oubliés par ceux qui sont censés s’occuper d’eux, réunir les conditions de leur épanouissement individuel.  Se sentant abandonnés à elle-même, la jeunesse gabonaise est devenue rebelle et insouciante.  On constate de plus en plus d’agressions, de viol, de braquage, de meurtre, d’escroquerie. Le pis c’est que ces actes de banditisme sont faits par des adolescents.  A une certaine époque c’était les aînés qui agressaient les populations. Aujourd’hui se sont les jeunes et moins jeunes qui le font. Dans le clip de SLR SOSSA, on voit bien au début du clip, des jeunes qui tentent de se débrouiller en rebouchant les nids de poule. Les recettes étant marginales, ces derniers décident de troquer leur uniforme de travail pour celui du braquage de leurs voisins. Une pratique qui est courante à Libreville. Une des choses que j’ai apprécié dans ce morceau c’est l’espoir qui en ressort lorsqu’il met en avant les enfants qui sont l’avenir de ce pays, l’avenir des quartiers de Libreville et du Gabon. Ces derniers y dansent avec frénésie au rythme de cet espoir qui leur permet de dormir la nuit après une longue et difficile journée en se disant que le lendemain sera meilleur que la veille.

 

3) JE BOIS LA REGAB de l’artiste MOX BABY

Sport national depuis de nombreuses années, la consommation d’alcool est un héritage que nous portons et assumons fièrement de génération à génération.  Toutes les occasions sont bonnes pour aller au maki, que ce soit lors d’un décès, anniversaire, baptême, mariage. A la pause au travail comme à la fin des cours au lycée ou à l’université, il y a toujours un moment que nous accordons à la consommation d’alcool. Le gabonais est un bon vivant, il ne souhaite qu’une chose : Vivre sa vie comme il l’entend avec ses proches. Difficilement vous trouverez un gabonais assis seul dans son coin en train de boire sa bière, il est souvent accompagné de ses amis ou sa famille. La bière nationale la REGAB, primée parmi les meilleures bières du monde en 2018, est le prophète d’une religion appelée communément le « DJOKA » qui signifie  » Boire ».  Au Gabon, le week-end commence lundi, dès ce jour les bars sont déjà remplis à partir de 17h voire même plus tôt. Boire les alcools devient un exutoire. La vie est tellement difficile pour tout le monde au point où certains sont obligés de l’oublier en buvant. Dans cette chanson, Mox Baby dit clairement que les jeunes cherchent 500fcfa chaque jour pour boire une REGAB. Comme quoi c’est la seule chose qui reste à faire pour passer le temps qui semble si long quand on est au chômage, dans des problèmes.  Boire la bière dans un maki est l’occasion d’aborder tous les sujets surtout le plus alléchant, la politique.  Il n’y a pas d’endroit à Libreville où vous ne trouverez pas un bar. Ils sont partout.  Avec le concours de la Mairie, Libreville est devenue un grand maki à ciel ouvert. On voit de tout dans un maki, c’est l’une des choses qui m’exhale personnellement car c’est le bon endroit pour observer mes compatriotes. En effet dans les bars on rencontre des fonctionnaires en costumes qui racontent à haute voix les dossiers chauds qu’ils ont traités pour se donner de l’importance auprès des marginaux qui l’accompagnent, les flics qui parlent de leur travail ou de leur problème de foyer, les élèves qui se saoulent devant les aînés et qui braqueront ces derniers à la fin de la soirée. On y rencontre aussi les chômeurs qui cogitent sur leur vie en se saoulant ou encore des filles qui cherchent celui ou ceux qui rentreront avec elles pour une seule nuit ou pour la vie.

 

4)  MON PAYS de l’artiste LOVA LOVA ANELKA

La vie au Gabon est très rythmée c’est pourquoi l’artiste Lova Lova Anelka vous invite à danser et à bouger au début de son morceau. En effet, il y a tellement de choses qui se passent dans ce pays et qui peuvent légitimement faire craquer plus d’un. Chaque jour à son cortège de nouvelles aussi folles les unes que les autres. Aujourd’hui il peut s’agir d’un crapuleux meurtre ou crime rituel, demain un détournement de plusieurs milliards de francs, après demain une fille qui s’est faite violée ou qui a avorté et jeté son nouveau-né, après demain des salaires qui vont être coupés et ainsi de suite. Véritablement pour le gabonais c’est « A chaque jour sa peine ». Plus le temps passe plus je constate qu’il y a des comportements sociaux dont tout le monde semble négliger. Par exemple chez les boutiquiers du quartier appelé « Malien », on vend la cigarette aux élèves filles comme garçons. Les bars servent de l’alcool aux élèves en tenue, les motels ouvrent leurs portes à tous les jeunes sans demander au préalable leurs pièces d’identité. Pourquoi avons-nous atteint ce niveau d’inconscience et d’insouciance ? Comment pouvons-nous accepter de détruire notre jeunesse ? Quelle société pouvons-nous construire si certains principes sont bafoués par tous sinon la majorité ? Je reste convaincu que le gabonais paiera de sa passivité, d’ailleurs il la paie déjà.  Regardez le niveau d’insécurité dans lequel nous vivons, il n’est plus possible de se balader la nuit à Libreville comme autrefois. Malgré la présence de la police dans certains carrefours, les victimes de braquage et de meurtre se multiplient. La psychose règne désormais, on évite dorénavant de mettre du temps dehors au risque de se voir dépouiller par une bande de jeunes affamés et drogués. Lova Lova Anelka aborde deux sujets qui me tiennent à cœur, la santé et l’éducation. Ce sont deux secteurs clés qui souffrent le plus dans ce pays. Mais où va-t-on ? Nous le saurons une fois dans le mur.

https://www.youtube.com/watch?v=vNdHQkDT8ZM

 

5)  BONOBO de l’artiste CREOL feat SHANE’L LA KINDA

La très controversée Creol avait provoqué une levée de bouclier lorsqu’elle a sorti son morceau dénommé « Bonobo ». Il faut savoir que les bonobos sont un genre de singes qui aiment particulièrement s’accoupler à tout moment et dans toutes les positions. C’est un moyen pour eux de se distraire, de régler les conflits dans le groupe, de resserrer les liens ou juste par simple envie. Je crois que cet exemple est parfait pour décrire la banalité qu’est devenu le sexe dans la société gabonaise. Les hommes comme les femmes sont actuellement dans une bulle sexuelle qui scandalise. Depuis quelques années, on enregistre une floraison de motels qui sortent de terre partout à Libreville. En semaine et surtout le week-end, ces lieux de plaisir sont bondés de monde. Une fois un ami qui y était allé me disait qu’il y a même eu une queue dans un des motels qu’il fréquentait, incroyable !  En tant qu’homme, j’ai remarqué que les filles ou femmes deviennent de plus en plus facile à sortir. Il suffit de peu de chose pour les avoir dans son lit. Est-ce qu’elle appelle émancipation ? La plupart du temps se sont des relations sans lendemain. Il y a eu un cas qui m’a particulièrement choqué durant cette année, c’est celui du jeune homme qui filmait ses ébats sexuels avec des filles puis leur faisait un chantage avec les vidéos qu’il avait d’elles. Cette histoire avait défrayé la chronique au point où la police judiciaire avait interpellé ce jeune homme. Les vidéos circulaient sur whatsapp et Facebook. Ce sont les réalités du Gabon que chacun des gabonais vit chaque jour.

 

6) BORDELLE, COLLECTIF PEOPLE

Voici le morceau qui a motivé la rédaction de ce billet. En écoutant les paroles, vous comprenez aisément il m’a inspiré car ce sont les réalités de nos quartiers. Je crois que la pauvreté que vivent les gabonais poussent certaines à faire des choses pour subvenir aux besoins de leurs familles ou d’elles-mêmes. Plusieurs filles sortent avec des détenteurs de prêt-à-porter pour avoir des vêtements, d’autres avec le boutiquier pour avoir de la nourriture. Certaines ne le font pas pour les raisons invoquées mais simplement par plaisir. On voit souvent dans les quartiers des filles qui sortent avec plusieurs garçons du même quartier sans que cela lui pose un problème ou une gêne. Ce sont des comportements qui n’honorent pas la femme. Je parle beaucoup des femmes parce que ce sont des êtres que je respecte et quand je constate ou remarque des comportements peu recommandables, je me sens obligé d’en parler afin de les interpeller. Une fois pendant que nous prenions un verre, ce morceau était en train de jouer quand une jeune fille se met à danser dessus et chanter. Je lui ai demandée si elle comprenait les paroles, elle répondit à l’affirmative mais rétorqua en disant que ces paroles ne la concernent pas. Sa réponse était juste mais je l’ai interpellée en lui disant qu’en tant que femme elle n’avait pas le droit de danser et chanter ce morceau, ce qu’elle fit. Une fois encore je remarque que les gabonais n’agissent pas souvent par solidarité ce qui en soi n’est pas une bonne chose si on veut que les choses évoluent.  Sincèrement ce morceau m’a perturbé et je vous invite à bien écouter les paroles.

 

7) GOUDRONNIER de l’artiste DON’ZER

Voilà un morceau qui aborde un sujet assez important, la violence et la drogue dans les quartiers de Libreville. Sachez que « Goudronnier » signifie toute personne qui se bat par tous les moyens légaux et illégaux pour  avoir de l’argent ou réussir. Pour certains ce morceau a eu une influence négative sur la jeunesse gabonaise , d’autres comme moi ne partagent pas cet avis.  On reproche à ce jeune artiste des paroles qui font l’apologie du banditisme de la violence et des drogues. Personnellement je pense que cet artiste ne parle que ce de ce qu’il vit dans son quartier, des réalités qu’il rencontre chaque jour avec les siens. Refuser d’accepter les réalités des autres c’est croire que la vie de tous les gabonais est la même. Il est parfaitement clair que la vie aux Akébé (quartiers populaires de Libreville) n’est pas la même que celle de kalikak (quartier résidentiel de Libreville). Il est évident que les histoires racontées dans chacun de ces deux quartiers ne seront pas les mêmes car les réalités ne le sont pas aussi. A Libreville, plusieurs quartiers se paupérisent créant ainsi les conditions nécessaires à la délinquance. J’avais abordé ce sujet dans l’un de mes billets consacrés à Libreville ( ICI )  . Parlons des Kobolo, cette drogue qui sévit chez les jeunes depuis  plus d’un an. Dans son morceau, DON’ZER dit clairement que les jeunes vivent de « ça ». Effectivement certains jeune vivent de la drogue et se droguent, c’est un fait. Plusieurs cas d’overdose ont été enregistrés dans les établissements scolaire suite à la consommation des kobolo.  En parlant des Kobolo dans son morceau, DON’ZER  révèle au grand jour une drogue qui sévit chez les jeunes.  Au sujet de Kemaka cité dans  « GOUDRONNIER », l’artiste confirme lors d’un Facebook Live qu’il ne s’agit pas du  pseudo du présumé assasin du jeune Roméo mais plutôt le nom d’une drogue très appréciée par les jeunes. De plus il précise  d’autre part dans ce facebook Live que Kemaka est un ami d’enfance et qu’il n’encourage pas l’acte horrible qu’il a  supposé commis.  Je crois qu’il ne faut pas faire un faux procès à ce jeune artiste, les vrais coupables sont ailleurs, si chacun faisait bien son travail nous n’en serions pas là. L’artiste ne fait que peindre les réalités de la société tout en vous divertissant, il y a des messages qu’il y véhicule pour interpeller les autorités, les concitoyens etc. A chacun de jouer sa part pour que les choses avancent.

 

8) TCHIZABENGUE de l’artiste SHANE’L LA KINDA

.C’est le buzz du moment au Gabon, les Tchiza sont sorties de l’ombre dès la sortie de ce morceau et ont d’ailleurs créé une polémique autour de ce concept. Ceux qui ne savent pas de quoi il s’agit, en effet une Tchiza est une maîtresse. C’est une femme qui sort avec les hommes mariés ou en couple et s’enorgueillit en chambrant sa rivale, la femme au foyer. Au Gabon, la plupart des hommes ont des Tchiza qu’ils entretiennent. C’est une pratique tellement courante qu’elle devient banale, ne surprend plus personne, le principe est validé et accepté par tous. Le statut de maîtresse leur confère plusieurs avantages, argent, voyages, entretien, sortie de nuit etc. J’avais longuement abordé ce sujet dans un article dédié à cette pratique  ( CLIQUEZ ICI ) Parmi les personnes qui ont pris la parole pour défendre les Tchiza, il y a ce jeune homosexuel qui parlait en tant que Tchiza, c’était ma foi surréaliste. A part Lanlaire depuis l’Europe qui se le revendique, ce jeune homme résident au Gabon a provoqué une pléthore de commentaires dénonçant son homosexualité qu’il assume bel et bien d’ailleurs. Ce que j’ai compris de son intervention c’est que les Tchiza des hommes mariés peuvent être des femmes comme des hommes. Une fois encore SHANE’L a marqué le pas en abordant avec habilité des situations que beaucoup de femmes vivent ce qui est d’ailleurs l’une des raisons du succès de ce morceau.

 

 


CE QUE LES GABONAIS PENSENT DE LA TÉLÉ-RÉALITÉ DE L’ARTISTE CREOL

 

L’artiste Creol dans le titre VIP

Fille de MackJoss, célèbre chanteur gabonais, Créol s’est fait connaître à travers son titre sulfureux dénommé  » Bonobo  » en featuring avec Shane’l la Kinda. Plusieurs mois après la sortie de son deuxième titre, « V.I.P » , qui était tout aussi provoquant que le premier, Créol annoncait dans une vidéo sur sa page Facebook, la fin de son partenariat avec la maison de production Direct Prod, pour se lancer dans une autre aventure notamment sa télé-réalité baptisée My Fantastik Life qui sera diffusée sur Gabon Télévision. Cette annonce a divisé les gabonais, certains sont contre d’autres sont au contraire très enthousiastes. Tour d’horizon des différentes positions.

Avant de décortiquer tout ce qui se dit autour de cette télé-réalité qui se nomme « My FantastiK Life », je crois qu’il est plus que nécessaire de définir ce qu’est une télé-réalité afin de mettre tout le monde d’accord sur le sens des mots.  Il faut savoir qu’une  » télé-réalité est un genre télévisuel dont le principe est de suivre, par épisode, la vie quotidienne de personnes anonymes ou de célébrités. Des individus ordinaires vivent artificiellement des situations plus ou moins ordinaires. La forme des émissions de télé-réalité peut s’inspirer du documentaire, du jeu, de la variété ou de la fiction. » Nous comprenons dès lors que tout le monde peut partager chaque jour sa vie ou son imaginaire sous format vidéo  et le diffuser à la télé ou sur  internet . D’ailleurs beaucoup le font chaque jour sur facebook ou instagram sous forme de texte ou photos d’eux dans les différents endroits fréquentés durant la journée.

 

LA TÉLÉ-RÉALITÉ, UNE NOUVEAUTÉ AU GABON !

Plusieurs internautes  font implicitement le rapport entre la télé-réalité des Kardashian avec celle de Creol .  Cette façon de voir le projet de Créol nous replonge dans les problématiques africaines que j’aborde régulièrement sur ce blog. Les africains sont plus enclin à consommer étranger au lieu de consommer ce qui est produit en local. Comparaison n’est pas raison, il n’est pas dit que Creol doit absolument avoir la fortune des Kardashian ou être riche pour  faire une télé-réalité. La définition plus haut est on ne peut plus claire. La télé réalité  de Creol est basée sur une seule chose : Sa vie.  Cela passe par ses enregistrements en studio, ses soirées arrosée, ses ami(es),  ses tournages, ses folies  etc.. En somme tout ce qu’elle fait durant ses journées.  Il est tout à fait clair que la nouveauté effraie le gabonais, il est habitué à sa routine et se dit que si une personne fait différent alors elle est folle ou encore doit revoir à la baisse ses ambitions car ne pouvant réussir Au Gabon.  Cette vidéo qui suit témoigne parfaitement de l’état d’esprit « routinier » des gabonais qui croient  toujours que l’herbe est toujours plus verte ailleurs.

 

QUELLE IMAGE RENVOI CREOL ?

Creol est une artiste clivante.  Elle créé presque toujours la polémique à chaque fois qu’elle fait une sortie médiatique. Selon mon observation, je trouve que c’est une artiste qui s’inspire beaucoup de la logique  de certaines artistes américaines  telles que Lil Kim , Lady Gaga, Nicki Minaj et Camerounaises comme Lady Ponce et Mani Bella. Ce sont des artistes  extraverties, qui  mettent en avant leurs formes physiques et choquent par leurs textes qui parlent implicitement et parfois explicitement de sexe. Ce parti pris artistique de Creol bouleverse une partie de la population qui la juge trop vulgaire.

Certains trouvent qu’elle participera à la débauche de la junte féminine gabonaise qui est déjà reprochée de plusieurs comportements tels que la consommation d’alcool, les relations sexuelles précoces, la prostitution ou l’infidélité.  Comme cette publication d’une gabonaise sur un groupe public sur facebook. Les commentaires sont allés dans tous les sens, certains étaient d’accord avec ses propos d’autres pas. D’ailleurs une Mackaya est intervenue pour dire que ce profile était faux et semblait connaitre la véritable personne derrière cette publication. Dans une autre publication, un autre facebookeur fait carrément une publication disant que « Creol vous rendra pute ». Avec ces publications, on comprends clairement que certains ont des positions tranchées sur cette artiste.

Publication de Kiara akends sur Infos de Nzeng Ayong du 02 Aout 2018

D’autres pensent que c’est par jalousie que plusieurs détracteurs dénoncent sa télé-réalité et le contenu de ses chansons.  Sur Facebook, un facebookeur demande à Booba de frapper Creol comme il l’a supposément fait à Kaaris.

 

Sur Twitter un jeune gabonais pense que celles qui critiquent les morceaux de Creol font 10 fois plus dans les chambres des motels. Histoire de de dire que Creol ne fait que mettre à nu ce que font plusieurs gabonaises.

Elles critiquent la nouvelle vidéo de #creol alors qu’elles font 10 fois pire dans les chambres des garçons…
Pardon #Libéreznouslaligne ! #Gabon #241 pic.twitter.com/xOL0ki0orq


 

MDR vous attendez quoi d’un pays ou les gens trouvent #Lanlaire génial, lisent que les conseils de ministres et écoutent du #Creol

 

Une partie de la controverse autour de sa télé-réalité  repose essentiellement sur son image. Pour beaucoup, elle symbolise la vulgarité  mais aussi la liberté de faire de sa vie ce que l’on veut.  « Les shérifs de la moral » au Gabon se demandent si le message subliminal de sa télé-réalité sera t-il de valoriser la femme gabonaise ou l’inverse.

Pour finir, je pense sincèrement que Creol est clivante c’est d’ailleurs cela qui la caractérise. Elle s’est positionnée dans ce style pour vendre son image. Je trouve qu’il est très encourageant de voir des jeunes oser dans un domaine comme la télé-réalité qui est encore inexpérimenté au Gabon. Le contenu quant à lui pose problème. Certains n’ont même pas encore regarder l’émission que déjà ils en tirent les conclusions hâtives à cause de l’image que semble renvoyer Creol. Soyons raison gardé pour l’instant.

A FAIRE A SUIVRE.


MON PEUPLE PERIT FAUTE D’EDUCATION

 

Eleves de franceville en grève pour réclamer la reprise des cours. Mars 2017.CF:Facebook

Sommes-nous conscients du malheur qui attend la future génération qui devra diriger le Gabon ? Sommes-nous conscients du péril en gestation de toute une culture ? Sommes-nous conscients de l’héritage historique qui nous ait légué ? Sommes-nous conscients des responsabilités qui incombent à l’Etat et à chacun d’entre nous sur l’éducation de nos enfants ? Tels sont les questionnements qui nourrissent mon quotidien suite à mes observations.

De mon point de vue, toutes les difficultés économiques sociales culturelles et politiques actuelles, résident fatalement dans la faiblesse (C’est un euphémisme) de notre système éducatif. Sans ambages je le dis, le système éducatif gabonais est un échec cuisant qui en réalité devrait servir dans les universités et grandes écoles comme étant le parfait modèle à ne point suivre.

Pourquoi le dis-je ? Et bien parce qu’actuellement nous en payons les frais. Il suffit de regarder comment fonctionne la société gabonaise pour mesurer le niveau d’échec d’un système éducatif avilissant et dénaturant. Le mal est profond, il gangrène toute une génération en danger de mort intellectuel culturel et morale qui tente désespérément par tous les moyens de sauver le peu de dignité et d’espoir qui lui reste.
Il est des moments où je me demande à quoi sert véritablement la devise nationale : « UNION-TRAVAIL-JUSTICE ». Ces trois valeurs fondatrices de notre République sont royalement bafouées et mises aux calendres de l’histoire. Ce serait peut de dire qu’aucune de ces valeurs n’est une réalité palpable au Gabon. Pire, qu’elle soit présente dans la conscience des gabonais.

Il est écrit que les valeurs d’une République sont enseignées ou transmises à l’école de la République c’est-à-dire l’école publique. Si cette dernière est malade dans le fond et dans la forme, alors on peut aisément comprendre la cause de toutes nos difficultés actuelles. Une bonne éducation facilite la vie en société, le partage des mêmes valeurs, l’acceptation de l’autre dans sa différence, le sens du devoir et de la justice, le sens de la responsabilité et du travail, l’attachement à sa culture et à son héritage historique. Si l’école de la République est dénuée de tout cela, tôt ou tard notre société ne connaitra que ruines cendres et larmes.
Si l’Unité est la première valeur de notre République c’est parce qu’elle a une importance capitale, c’est la pierre angulaire de notre République. C’est le socle sur lequel doit être bâti la nation gabonaise compte tenu de sa diversité ethnique. Que de larmes chaudes de désolation quand on constate qu’elle est devenue une vue de l’esprit, un vain mot inscrit dans la constitution.

A quoi sert-il d’avoir une devise nationale si elle n’a d’utilité que de nom ? Pourquoi scander haut et fort que nous sommes une République quand on ne respecte pas ses principes cardinaux ? L’éducation garantit la pérennité d’une République à travers la diffusion et la compréhension de ses valeurs. Au Gabon nous en sommes bien loin.

Commençons par la base. Regardez nos familles, le socle de toutes sociétés humaines. C’est de là que part l’éducation de base d’un enfant. D’après mes observations, les familles gabonaises connaissent la désunion, les membres font du politiquement correct pour éviter d’éclater le reste d’unité encore existante.
Etant le plus nanti de la famille, le benjamin en devient l’aîné. Quelle absurdité ! Sans lui aucune décision importante ne peut être prise. L’argent qui devait servir à élever et solidifier socialement les membres d’une famille, devient le moyen de les écraser. La jalousie s’est immiscée sournoisement dans les rapports familiaux pour une affaire de baccalauréat, de travail ou pis de femme. Nous sommes tombés très bas pour des futilités et la vanité. Conséquences : Tout s’effrite autour de nous, les murs qui clôturaient nos familles se lézardent au fil des années sans qu’aucune réparation ne soit faite ni envisagée.

Plusieurs familles gabonaises ont échoué dans le maintien et l’inculcation de l’unité. Cet échec n’est pas à imputer à l’Etat ni à la République mais plutôt aux membres de nos familles respectives qui sont solidairement responsables de cet état de fait. Toutefois si la famille échoue dans son devoir, l’école de la République ne peut échouer dans ses responsabilités au risque de condamner toute une jeunesse. Malheureusement nous en sommes là. L’école de la République faillit par incompétence et / ou par manque de vision à ses devoirs régaliens. La jeunesse se retrouve ainsi coincer entre une famille en perdition et une école de la République irresponsable.

Que peut-on espérer d’une jeunesse traumatisée par ceux qui sont censés les protéger et les éduquer ? Comment espérer le meilleur alors qu’elle vit le pire ? Regardez dans nos écoles primaires, dans les collèges et lycées, les enfants sont contraints à s’adonner aux vices pour évacuer inconsciemment le traumatisme qu’ils subissent. Le constat est amer : Les grossesses précoces sont courantes, Le niveau scolaire est très bas c’est pourquoi le taux d’échec et de redoublement sont parmi les plus élevés du continent africain. La cupidité et « l’argent facile » sont légion, La déperdition scolaire atteint des niveaux inquiétants, le sexe l’alcool et les drogues sont désormais sans tabou.

En dépit de ce constat ahurissant voire alarmant, nous continuons d’être divisés au lieu d’être unis autour d’un idéal que nous rêvons pourtant tous. On se craint, on se méfie toujours de l’autre, on le soupçonne de sorcellerie, d’avoir le « mauvais cœur ». Que des préjugés. Je reste convaincu que seule l’absence d’une bonne éducation donne naissance à de telle considération.

Nous semblons être incapables de comprendre que c’est ensemble que nous serons prospères et unis et c’est aussi ensemble que nous serons pauvres et désunis.

La division de la société gabonaise n’est que le reflet de la division dans nos familles amplifiée par les divisions politiques et disparités économiques qui perdurent depuis de longues années. Quelle société sommes-nous devenues ? Une société hybride, perdue entre mondialisation et tradition. Une société qui perd ou vend son âme pour ressembler à une autre qu’elle ne connaît point. C’est ce que l’on appelle une société complexée.
Le relèvement de notre pays, de notre société passera indubitablement par la prise en considération au plus haut niveau de l’éducation de nos enfants.

Toutes les formules politiques aussi belles soient-elles nous pourront pas faire décoller le Gabon si l’école de République n’est pas remise au centre de toutes les stratégies.
C’est un appel de cœur que je lance à l’endroit de chacun d’entre vous et à l’Etat gabonais car l’heure est grave, nous ne pouvons pas rester insensibles face à ce génocide intellectuel, culturel et moral car il s’agit de l’avenir de ce pays que nous chérissons tant.