Barack Nyare Mba

LE DIEU PRESIDENT DOIT AUSSI ETRE DECHU

CP: Gabonactu

Le président est déchu, vive le Président de la transition ! Etant donné que nous étions dans une sorte de royaume, je crois que cette formule est celle qui convient le mieux.

C’est enfin notre essor vers la félicité ! Cette phrase de notre hymne national a du sens aujourd’hui pour le commun des gabonais. Oui, le régime bongo est enfin tombé n’en déplaisent à ceux qui croient à une main noire de celui-ci qui manipulerait le Président Oligui Nguema. Quoi que vous en disiez, le régime Bongo est quand même tombé !

CP: Rond point charbonnages le 30 Aout 2023 lors du coup d’Etat. Les gabonais étaient sortis soutenir l’armée. @espritafricainBarack Nyare Mba

Cette chute de l’ancien régime soixantenaire est une victoire à la Pyrrhus car de nombreux compatriotes ont perdu leur vie depuis 1990 pour que ce jour arrive. C’est sur les cadavres, les ruines, les larmes, les blessures et les nombreuses souffrances des gabonais que notre pays est parvenu à se libérer ce 30 Aout 2023.

Du père Président Omar Bongo au fils Président Ali Bongo, un fait indéniable qui en réalité est au cœur de tous les problèmes, revenait à chaque fois. Il s’agit des pouvoirs qu’a le Président de la République. Je parle non seulement des pouvoirs conférés par la constitution mais également de ces autres pouvoirs qui font de lui un demi Dieu.

Qu’est ce qui a causé le coup d’Etat ?

Les pouvoirs même du Président de la République sont à l’origine de la chute de ce régime. On dit souvent que « Les plus grandes maladies du corps humain sont souvent celles de la tête ». A mon humble avis, il en est de même pour un Etat. La situation du Président Ali bongo incarnait à elle seule cette citation. En tant que personne, Il avait été victime d’un AVC qui l’a fortement diminué. En tant que chef de l’Etat, cette maladie avait précipité le chaos au sein du pouvoir et de l’Etat.

CP: Clando charbonnages le jour du coup d’Etat le 30 Aout 2023. @espritafricain Nyare Mba

Ali Bongo était un homme affaibli par la maladie dont le poste de Président est hyper puissant. Etant donné que le Président ne parvenait plus à jouir de toutes sa puissance c’est-à-dire gouverner le pays au sens large de ses pouvoirs, il fallait bien que quelqu’un ou un groupe de personnes le fasse à sa place pour maintenir le pays en marche. Et bien, c’est en cela que réside le mal profond de notre système politique.

Si véritablement le Premier Ministre exerçait pleinement une partie du pouvoir exécutif qu’il partage avec le Président de la République, cela signifie qu’il pouvait gouverner le pays même avec un président amenuit par la maladie . Ce que nous avons vu c’est une succession de Premiers Ministres politicards qui passaient plus le temps à charmer le Président de la République qu’à faire ce pourquoi ils avaient été nommés, à savoir exécuter sa politique. En parlant de politique du Président, je me demande s’il y en avait encore une étant donné que le pouvoir dans son entièreté semblait naviguer dans un océan d’incongruité, de contraction et d’amateurisme.

Le Dieu Président

Je le dis aujourd’hui, les pouvoirs du Président de la République sont la cause du problème de notre pays.

Le Président de la République est un demi Dieu au Gabon. Il y a une sorte de divinité dans tout ce qu’il dit et fait. Il se croit éternel, c’est pourquoi il voulait rester au pouvoir à vie. Quand il pose un acte c’est de la providence et quand il dit quelque chose c’est de la prophétie.

Tout ce qui est fait est de son fait même lorsqu’il n’est pas au courant. Une formule créée par l’ancien Premier Ministre Ntoutoume Emane traduit parfaitement l’image divine du Président. Il s’agit de :  » Sous la haute inspiration de Président de la République« . C’est dire combien ses idées, ses propositions sont supérieures à celles de ses semblables.

Lorsque le Dieu Président prend une décision comme la nomination à un poste par exemple, personne ni aucun organe ne peut la révoquer. Le Président Omar Bongo disait qu’il pouvait faire d’un « chien un ministre et d’un ministre un chien ». Cette phrase qui est restée un canevas dans la gouvernance de l’Etat, prouve clairement la toute-puissance du Président de la République. On a eu des hommes et femmes nommés à de hautes fonctions mais qui pourtant n’avaient aucunement la compétence requise. D’ailleurs le Président Oligui Nguema avait mentionné ces manquements lors de l’une de ses premières prises de parole en septembre dernier.

Comment expliquer la nomination de Nourredine Bongo, fils d’Ali Bongo au poste de Coordinateur général des affaires présidentielles sans qu’aucun organe ni institution de l’Etat ne la valide ou n’en donne son avis ou aval ? D’autant plus que ce poste avait été créé pour lui. Cette façon de faire ne peut que conduire à des dérives profondes dans la gestion de l’Etat.

Les contre-pouvoirs

Le Président de la République ne peut pas être juge et parti en tout et pour tout, cela l’induirait fatalement en erreur et pourrait conduire l’Etat dans une instabilité.

Je crois que l’un des premiers chantiers du nouveau Gabon serait de revoir la constitution sur les pouvoirs du chef de l’Etat. Nous devons avoir un Président qui joue un rôle de régulateur, il donne la vision de l’Etat et laisse le gouvernement, le parlement et les autres institutions et organes de l’Etat la charge de la mettre en exécution d’une part et jouer le rôle de contre-pouvoir d’autre part. C’est pourquoi je vais pleinement militer pour un régime parlementaire afin que la démocratie représentative soit adoptée au Gabon. C’est un excellent moyen d’impliquer toutes les couches sociales dans la gestion de la chose publique. Le Président de la République doit savoir qu’il n’est pas seul à décider pour des millions de gabonais.

Dans une démocratie, les contre-pouvoirs ont un rôle important, ils préviennent des abus potentiels occasionnés par le pouvoir. Pour leur efficacité, les contre-pouvoirs doivent être légitimes, libres et transparents pour éviter de retomber dans les institutions et organes fantoches, cupides et illégitimes que nous avons connu durant ces dernières années.

C’est vivement que nous attendons ces modifications lors de la conférence nationale annoncée par le CTRI afin de ne plus vivre tous les travers observés sous le régime déchu.

J’y serai !

Barack Nyare Mba, blogueur.


En finir avec les échecs politiques, voilées par des postures nobles

CP: Des voitures sur les routes de libreville au Gabon.

Suite à la tribune de Marc Logan Tchango parue le 16 juin sur Media241 (https://urlz.fr/mq9g) et dont le titre était : « En finir avec la paresse politique, voilée par le discours xénophobe » , j’ai jugé en tant que citoyen d’y répondre pour apporter ma pierre à l’édifice des opinions que nous bâtissons dans ce pays.

Le Gabon et la diversité c’est le doigt et l’ongle. Nous l’avons dans la chair. Regardez notre diversité ethnique, nous vivons tellement bien entre nous au point d’accepter et de vivre en bonne harmonie avec nos frères et sœurs venus d’ailleurs, pour nous apporter leur force de travail ou commercer avec nous. Donc, le gabonais ne peut recevoir aucune leçon de diversité de qui que ce soit car nous la connaissons et la vivons.

Mettons les pieds dans le plat. La levée de bouclier face à la nomination de Monsieur Cissé à la tête de la SEEG n’est pas du fait des opposants. Ce sont les citoyens eux-mêmes qui se sont insurgés contre cette nomination qui discrimine les nationaux au profit d’un expatrier. C’est un point de vue différent du vôtre, il ne signifie pas xénophobie.

Vous avez parlé de « propos dangereux » tenus par l’oppositionqui pourraient « fragiliser le tissu social et antagoniser les enfants du Gabon entre eux ». Mais, vous omettez de parler des « décisions dangereuses » comme cette nomination de Monsieur Cissé à la tête de la SEEG qui pourrait également « fragiliser le tissu social et antagoniser les enfants du Gabon entre eux ».

Vous voyez très clairement que les décisions des uns et les propos des autres peuvent conduire au même résultat, à savoir fragiliser la paix sociale. L’humilité dans l’analyse n’est en aucun cas la chose la mieux partagée dans ce pays. La classe politique, dont vous en faite partie, conserve cette dangereuse logique manichéenne pour se blanchir alors qu’elle est tout aussi responsable que le camp d’en face.

Vous dites que lorsque « Le débat public est porté sur des personnes, cela traduit une régression de la démocratie ». Regardez, des hommes et des femmes ont fait et font la prison pour leurs positions politiques ou leur engagement syndicale. Selon vous, est-ce une régression de la démocratie ? Vous qui faites le plaidoyer de la « diversité », faites-en aussi pour « la diversité d’opinions ».

L’une des qualités des dirigeants actuels est d’avoir toujours des projets. L’un de leurs défauts est de ne pas les réaliser. A la fin c’est comme ne pas avoir de projets.

En réalité que vous (les dirigeants actuels) ayez un projet et que l’opposition n’en a pas, le résultat est que le Gabon à ce jour a d’énormes retards sur plusieurs aspects. Les enjeux dont vous parlez sont nobles et louables mais ne sont en réalité que des appâts car s’ils étaient vraiment importants, je pense que nous aurions réglé beaucoup de problèmes surtout avec les moyens que nous disposons.

La classe politique gabonaise dans son entièreté a brillamment échoué à mes yeux. Elle n’est plus légitime dans sa prise de parole car n’ayant jamais tenu ses promesses de progrès, de développement socio-économique, de démocratie, d’alternance politique. Elle se mur dans des discours pompeux aux élans universalistes alors que le bas peuple manque de tout. C’est bien dommage !

Barack Nyare Mba, Blogueur.


Afrique : « Pendant qu’on égorge la poule, le canard regarde »

L’Afrique de l’Ouest est sous le feu des projecteurs depuis deux ans déjà. Cette sous-région d’Afrique jadis stable et relativement démocratique, était le « bon élève » de l’occident et plus précisément de la France. Aujourd’hui elle fait face à d’énormes difficultés sur le plan sécuritaire, social, démocratique voire identitaire. Ma question : et l’Afrique centrale dans tout cela ?

Une citation de l’ethnie fang dit ceci : « Pendant qu’on égorge la poule, le canard regarde », en d’autres termes « un homme averti en vaut deux ». À ceux qui pensent que ce qui arrive aux autres ne peut nous arriver, je leur dirais que c’est faire preuve d’imprudence que de le penser car quelques éléments factuels augurent chez nous des lendemains similaires si nous n’y prenons garde.

Une arnaque de l’histoire

Visiblement après plus de soixante ans d’indépendance, les luttes d’hier sont encore celles d’aujourd’hui. En Afrique de l’Ouest tout comme en Afrique centrale, nous avons toujours été oppressés soit par les Occidentaux, soit par les nôtres concomitamment avec les premiers cités. Ces oppressions ont toujours donné naissance à plusieurs vagues de « lutte d’émancipation ». À chaque fois que ces luttes devenaient dangereuses pour la classe dirigeante, un savant subterfuge était créé pour les anéantir.

Le premier d’entre eux fut l’accession à l’indépendance qui nous « libérait » du colonisateur. Nous savons tous aujourd’hui que nous ne le sommes pas. Le deuxième fut la conférence nationale qui nous faisait entrer dans l’ère démocratique. Nous savons tous que nous ne sommes pas près d’y entrer.

En réalité toutes les promesses faites n’ont pas été tenues. Jean de La Fontaine avait raison quand il disait que « Tout flatteur vit aux dépens de celui qui l’écoute ». En y regardant de plus près aujourd’hui, on se rend bien compte que tout cela n’était que simulacre. L’indépendance et la démocratie n’ont jamais été « données » mais « prêtées ».

États d’Afrique centrale, de qui êtes-vous les fils ?

Aujourd’hui l’Afrique centrale semble épargnée des troubles que rencontre l’Afrique de l’Ouest. Pour ma part je dirais qu’il s’agit ici du calme avant la tempête car les régimes en place en Afrique centrale sont loin d’être vertueux et les Etats qu’ils dirigent sont loin d’être prospères.

La meilleure expression de l’absence de vertu dans ces régimes en place est ce chiffre : 190 ans, soit près de deux siècles. C’est à ce jour le nombre d’années cumulées des partis politiques au pouvoir au Gabon, Cameroun, Tchad, Guinée équatoriale et Congo-Brazza. Malgré leur maintien au pouvoir, l’étonnante longévité de ces partis porte en elle les germes de la déstabilisation de nos Etats.

CP: Compte Twitter @Africanews Français

Pis, ces partis politiques ne défendent aucune idéologie progressiste. Si tel était le cas, après autant d’années à gouverner, nous ne serions pas à ce bas niveau de développement. Oui, tout est à faire dans ces pays. Je pense que la logique qui gouverne en Afrique centrale est similaire à celle qui gouvernait à l’époque coloniale. Je parle ici de la logique de confiscation.

La fin de la colonisation est en grande partie le résultat des révoltes lancées par les colonisés qui n’en pouvaient plus avec ce système confiscatoire, injuste, privatif, dénaturant, oppressif, vorace et oligarchique. Regardez les régimes d’Afrique centrale, on y retrouve les mêmes épithètes. Comment ne pas comprendre que si rien n’est fait, des contestations plus virulentes que celles que nous avons connues se produiront fatalement.

Le canard regarde

Émile Girardin disait : « Gouverner c’est prévoir ; et ne rien prévoir, c’est courir à sa perte ». Justement on court à notre perte parce qu’on gouverne mal. Il est temps de revoir notre façon de gouverner pour éviter ce que vivent nos frères d’Afrique de l’Ouest, surtout dans un contexte mondial où nos faibles Etats sont entre deux feux ; celui de l’occident et celui de la Russie.

L’histoire nous apprend que les Etats africains ont toujours été le théâtre de confrontation entre ces deux blocs notamment lors de la guerre froide. Il en est de même aujourd’hui avec la guerre en Ukraine. Chaque bloc cherche actuellement à étendre ou à renforcer son influence en Afrique à cause de nos richesses minières.

Regardez la flambée des prix des denrées alimentaires. Nous payons le prix fort de leur conflit parce que nous n’avons pas prévu cette éventualité. Après 190 ans de gouvernance cumulée, nous n’avons toujours pas l’autosuffisance alimentaire en Afrique centrale. Comment se l’expliquer quand on connaît tout le potentiel agricole de la sous-région ?

CP: Compte Twitter DW Afrique

On dit « L’erreur est humaine, la répéter est diabolique ». Ne commettez pas la même erreur que les autres. Vous avez là une belle occasion de revoir vos schémas de gouvernance qui n’ont pas marché jusqu’ici.

Vous le dire n’est rien d’autre qu’une interpellation car je suis fils de cette sous-région et en partant de l’Afrique. Comme mes frères et sœurs, j’aspire au meilleur pour moi et les miens.

Vous devez répondre aux aspirations de développement des peuples d’Afrique centrale, renforcer l’unité nationale, sécuriser le territoire, appliquer véritablement les principes démocratiques, améliorer la gouvernance, éradiquer la corruption et le copinage, favoriser le tissu économique national, promouvoir la fierté nationale, développer les leviers de souveraineté comme l’agriculture etc.

Pour rappel, vous êtes au pouvoir pour faire tout cela.

Barack Nyare Mba


NDJOLE PAYE T-ELLE LE PRIX DE SON HISTOIRE ?

Il ne se passe pas un mois sans que la presse ne publie une histoire morbide ou insolite qui s’est déroulée dans la ville de Ndjolé. De ces multiples publications, il en ressort chez les gabonais un imaginaire assez effrayant de cette ville qui est en réalité victime de son histoire. Explication.

Pour une meilleure compréhension de l’histoire de Ndjolé, il faut d’abord savoir que son statut colonial n’était pas assez reluisant. En 1898, elle devient un bagne notamment son île appelée « île prison » aujourd’hui dénommée « île samory ».  Une œuvre de « génie » de Savorgnan de Brazza. Oui, Ndjolé était une prison pour un grand nombre de résistants et rois africains comme Samory Touré, Cheikh Ahmadou Bamba Mbacké, Fassiné Oularé, Ago-li-agbo, Dossou Idéou, Aja Kpoyizoum et bien d’autres. Etre le bagne des résistants africains n’a jamais été apprécié par les Ndjoléens.

Nous ne l’avons jamais apprécié parce que nous le sommes également. En effet, Ndjolé a été le village natal de Emane Ntole, un grand résistant anticolonial qui a lutté durant des années contre l’implantation des français dans la zone de Ndjolé. Avec son armée, il avait décimé plusieurs bataillons de l’armée coloniale et ses Tirailleurs Sénégalais avant d’être arrêté avec son fils Ntole Emane pour être déportés dans la prison de Grand Bassam en Cote d’Ivoire. J’y étais durant 10 jours pour mes recherches sur lui.

Au lendemain du coup d’Etat de 1964, c’est à Ndjolé fief politique de Jean Hilaire Aubame, que les putschistes emmenèrent le Président Léon Mba pour l’installer en résidence surveiller avant que le plan n’échoue suite à la chute d’un arbre sur la route à quelques kilomètres de Ndjolé sous une pluie battante. D’ailleurs cette zone du tronçon est aujourd’hui baptisée « Nkul Léon Mba » en français, « La colline de Léon Mba ». Le Président Léon Mba n’a jamais digéré cette trahison de ses frères de Ndjolé car rappelons-le, sa mère était de Ndjolé.

Dans les années 1990, Ndjolé fut une base arrière de l’opposition lors de l’ouverture démocratique au Gabon. Cette ville de toute son histoire a toujours eu des accents frondeurs ce qui malheureusement a été et est perçue comme un défaut voire même un danger.

Enfin je finis ce résumé historique avec l’histoire qui a vraisemblablement ternie jusqu’à ce jour l’image de Ndjolé. Il s’agit de la mort ou la disparition du prête, l’abbé Jacques Nguema qui fut le curé de la paroisse Saint Michel de Ndjolé.

L’église catholique notamment le Monseigneur André Fernand Anguilet n’était pas allé de main morte avec cette histoire. Il avait dit un jour « Qu’avez-vous fait de l’Abbé Jacques ? Vous l’avez tué ? Vous l’avez mangé ? ». En réalité, beaucoup de gabonais ont condamné les Ndjoléens à cause de cette histoire or dans les faits l’abbé Jacques n’a jamais été tué à Ndjolé mais plutôt a disparu dans la zone du village Andeme entre Ebel et Ndjolé. Depuis cette histoire, tout le monde dit : « Les gens de Ndjolé mangent les prêtres ». Or jusqu’à ce jour, personne ne sait exactement ce qui s’est passé mais pourtant c’est Ndjolé qui en paye les frais.

Il y a autre chose à dire !

Il est vrai que la zone de Ndjolé était dangereuse durant de longues années, cela était peut etre dû au caractère guerrier de ses habitants doublé de leur histoire. De nos jours, les habitants de Ndjolé sont accueillants, chaleureux car la ville se trouve au carrefour de cinq provinces. Nous côtoyons toutes les ethnies, nous nous marions avec les fils et filles de ces ethnies.  Malgré cela, nous sommes perçus comme des criminels, des hommes et femmes dangereux, des pestes à ne pas fréquenter.

Je trouve que la presse participe d’une certaine manière à pérenniser cette mauvaise image avec une sélection morbide des sujets traités sur Ndjolé.

Un accident mortel se passe à 20Km avant Ndjolé, on verra en titre : « 5 morts à Ndjolé ». Un assassinat se produit après Ndjolé, dans les titres on fera comme si le crime a eu lieu à Ndjolé. Non, je ne suis pas d’accord. Décès, meurtres, accident, noyade ne riment pas avec Ndjolé. Non !

Ndjolé n’est pas une boucherie humaine, c’est une ville comme toutes les autres. Il n’y a pas que ces sujets à traiter sur Ndjolé, Il y a aussi des hommes et des femmes qui font des choses comme ouvrir des écoles privées, des jeunes qui investissent dans le bois ou dans le commerce, des femmes qui créent des coopératives agricoles, des jeunes et leurs associations communautaires qui posent des actions, il y a le tourisme local qui est une immense matière à traiter. Voici des sujets d’enquêtes, de reportages. Pourquoi n’en parlez-vous pas ? Pourquoi uniquement cette actualité morbide sur Ndjolé ?

Le but n’est pas de restreindre le droit à liberté d’expression des journalistes, loin de là. Toutefois je pense qu’ils ont aussi le devoir de promouvoir les contrées pour attirer des investisseurs, des touristes. Résumé l’actualité de Ndjolé à tout ce qui est lié au crime ne permettra jamais aux touristes et investisseurs de venir dans cette ville. Si vous mettez en avant le côté obscur de Ndjolé, mettez aussi en avant son côté clair. Ce n’est que justice !

J’invite ici nos compatriotes à comprendre que Ndjolé a son histoire, une histoire riche et douloureuse. Nous sommes hospitaliers, pacifiques. Nous ne sommes pas belliqueux mais plutôt fiers et attachés à notre contrée. J’espère que le temps changera l’image erronée que beaucoup ont de Ndjolé. A la presse d’y participer.

Barack Nyare Mba

Blogueur, fils de Ndjolé.


Les chaînes du messianisme politique au Gabon

Depuis 1990 le Gabon est en attente d’une alternance politique. Les nombreuses tentatives enregistrées lors des différentes joutes électorales n’ont malheureusement pas été à la hauteur des attentes malgré le caractère messianique attribué aux leaders politiques et aux gouvernants. Réflexion.

Un soir alors que j’étais à ma terrasse en train de suivre une émission sur Facebook Watch, l’un des intervenants avait lâché un mot : messianisme politique. Ce fut pour moi une révélation. « Eurêka ».

En effet, en réfléchissant notamment à la situation politique du Gabon, je me suis rendu compte que l’une des raisons des multiples échecs à l’alternance politique était cette logique messianique inconsciemment admise par les gabonais. Je m’explique.

Le candidat naturel

Lorsque nous regardons de plus près la façon dont le Parti démocratique gabonais (PDG) a dirigé ce pays, pis, la façon dont ce parti politique a façonné les consciences, on se rend bien compte qu’une culture messianique des personnalités politiques était à la base de leur gouvernance.

Prenons l’exemple du défunt président Omar Bongo et même de son successeur de fils, Ali Bongo. A l’approche des élections présidentielles, leurs militants leur demandaient de se représenter pour briguer un nouveau mandat considérant qu’ils étaient le « candidat naturel ».

Considéré une personne comme étant un candidat naturel revient à lui attribuer un caractère divin ou messianique ,car nulle autre personne que ce « candidat naturel » ne peut l’être, ne peut gouverner le pays.

Tout d’abord cette façon de penser est antidémocratique en plus de favoriser un type de culte de la personnalité qui érige la personne au rang de messie.

La force de cette logique repose sur les représailles envers tous ceux et celles qui iront contre elle d’où son acceptation par tous. Nous sommes de plein pied dans du dogmatisme.

L’imaginaire messianique

Durant de longues années, plusieurs personnalités étaient devenues incontournables sinon divin et messianique dans leur province. Impossible de concevoir ou d’imaginer leur localité sans elles. Ces personnalités semblaient être à l’origine de tout, une forme d’homme providentiel. 

Certains parmi ces « messies » avaient réussi à devenir l’Alpha et l’Omega de tout ce qui se passait dans leur localité.

Prenons le cas d’Idriss Ngari dans la ville de Ngouoni. Ce générald’armée et ancien ministre de la Défense est connu pour sa rigueur, avait construit des écoles, des maisons, goudronné des routes, en somme il avait effectué des travaux qui faisaient de lui un incontournable auprès des natifs de sa contrée. Idem pour le défunt Jean Massima, ancien Trésorier-Payeur-Général dont la respectabilité était incontestée. Il est considéré comme le créateur du Koula-Moutou moderne, une ville de la province de l’Ogooué Lolo. Il est à l’origine de l’aménagement des voiries, de la construction d’écoles, d’infrastructures hôtelières et de bien d’autres édifices dans cette ville. Nous pouvons aussi citer George Rawiri à Lambaréné qui fut la deuxième personnalité du pays mais la première dans le Moyen-Ogooué.

Dans la province du Woleu-Ntem, plusieurs hommes politiques et cadres de la Nation affiliés au pouvoir ont façonné leurs localités comme Monsieur Ndong SIMA avec ses nombreuses sociétés. Pour finir, Pierre Claver Maganga Moussavou, opposant et homme d’affaires. Ce Monsieur a également créé des entreprises à Mouila dans le domaine agricole et a dirigé la Mairie de cette ville avec sa femme durant de nombreuses années.

Autant d’exemples qui revêtent deux aspects. Tout d’abord le désir de bâtir sa contrée et ensuite en devenir le maître absolu, le messie. D’ailleurs lors des campagnes électorales, ces personnalités ne se privaient pas de citer leurs œuvres pour convaincre les populations de les voter ce qui était un argument de taille face aux opposants.

De toutes ces personnalités, celui qui a vulgarisé mais surtout magnifié cet imaginaire messianique et divin est Jean François Ntoutoume Emane lorsqu’il fut Premier Ministre du Président Omar Bongo durant sept années. En effet, lors de ses sorties médiatiques il ne manquait pas de dire : « Sous la très haute inspiration de son Excellence le Chef de l’Etat » ou encore « Sous les très hautes instructions de son excellence le chef de l’Etat ». Cette formule qui est consacrée de nos jours, a amplifié le culte de la personnalité du Président de la République mais surtout l’a mise sur un pied d’estale divin et messianique.

Cette logique a naturellement été appliquée au niveau des provinces avec l’érection de ces dignitaires au rang de messie car pourvoyeurs d’emploi et bâtisseurs. Aucune action ne pouvait et ne peut se faire sans la « très haute inspiration » soit du ministre ou député de la localité quand l’action est entreprise par les populations.

Enchaînés par cette logique !

Nul n’est notre messie, seul le peuple l’est. Oui nous devons nous défaire de cette logique et prendre notre destin en main.

La dangerosité de cette logique est qu’elle s’est immiscée dans nos vies au quotidien. En effet, pour avoir un travail nous sommes obligés de compter sur un parent bien placé. Lorsqu’on a un problème au commissariat, on appelle un parent qui travaille dans un corps habillé pour le régler. Lorsqu’on va à l’hôpital on cherche à être reçu en premier en appelant un parent médecin qui y travaille. Tout ce que nous souhaitons obtenir provient d’une tierce personne telle la providence.

Comment prétendre changer le pays quand nous considérons que c’est d’autres personnes qui peuvent le faire ? Certains attendent que la France change ce régime, d’autres espèrent que Dieu fera l’affaire, d’autres encore attendent une personne qui n’a jamais travaillé avec le régime PDG. Tout ceci n’est qu’illusion. La seule réalité est l’initiative individuelle et collective. Nous devons nous défaire de cette logique et arrêter d’attendre que d’autres fassent le travail à notre place. Ce paradigme est le résultat de la logique messianique, elle peut être assimilée à l’infantilisation et à la prise d’otage des consciences par celle-ci.

Aucun changement n’est venu d’une personne mais plutôt d’un mouvement populaire, de l’implication de tout un chacun. Maintenant que vous le savez, à vous d’agir.

Barack Nyare Mba


La démocratie est-elle en danger en Afrique ?

Pistolet pointé sur une tête au visage masqué
PEXEL

Après le coup d’Etat au Soudan en avril 2019, celui du Mali en août 2020, de la Guinée Conakry en septembre 2021 et enfin au Tchad en avril 2021, l’Afrique a enregistré un nouveau coup d’Etat le 24 janvier au Burkina-Faso. Un énième renversement qui suscite des interrogations sur l’état de la démocratie en Afrique.

Est-ce le crépuscule de la démocratie en Afrique ? Cette question a le mérite d’être posée car ces nombreux et successifs coups d’Etat nous rappellent l’Afrique avant l’avènement de la démocratie dans les années 1990.

Après les soulèvements populaires durant la période des partis uniques, les pays africains ont tous décidé d’entrer dans une nouvelle ère, celle de la démocratie pluraliste. Nous pensions que le régime démocratique allait apporter une certaine stabilité politique en Afrique. Grande a été notre déception.

Aujourd’hui, force est de constater que la démocratie n’a jusqu’alors pas répondu aux attentes des peuples africains non pas parce que ce régime politique est mauvais mais parce que nous n’avons pas encore les préalables, les dispositions, pour en faire un régime vertueux au service du développement de nos pays.

La démocratie est souhaitable mais la sécurité est indispensable

Comment prétendre vivre dans un régime pleinement démocratique lorsque la sécurité dans le pays n’est pas assurée ? La démocratie n’est pas une priorité pour l’Africain qui voit ses parents, ses amis, ses voisins, se faire tuer au nez et à la barbe des autorités qui sont sensés les protéger.

Prenons le cas du Mali, ce pays est en partie sous le contrôle des groupes terroristes qui tuent et pillent dans des régions entières. Les populations de ces régions ont le sentiment que l’Etat les a abandonnées. C’est dans ce contexte que s’immiscent des considérations éthniques pour justifier cet abandon de l’Etat ce qui fatalement entraine des rebellions, la création de groupes armées communautaires d’autodéfense. « Si l’Etat ne nous protège pas parce que nous sommes de telle ou telle ethnie, nous le ferons nous-mêmes ». En réalité, l’Etat ne les protège pas pour des raisons ethniques mais plutôt par incapacité.

Pourquoi après la mort d’Idriss Deby, les autorités Tchadiennes avec la bénédiction de la France, avaient décidé de suspendre la constitution pour permettre à un militaire, à l’occurrence le fils de l’ancien président, de prendre le pouvoir ? La réponse invoquée était la sécurité du Tchad étant donné le contexte sécuritaire difficile du pays en plus des rebelles qui voulaient prendre le pouvoir et les terroristes qui sévissaient.

De mon point de vue, s’ils croyaient qu’un civil élu démocratiquement pouvait aussi bien qu’un militaire combattre le terrorisme et les rebelles, alors ils auraient organisé des élections présidentielles anticipées. Cela ne fut pas le cas.

Vous me direz pourquoi ce parti pris pour les militaires au Tchad par exemple ? Je vous répondrais en disant qu’en fait le régime démocratique constitue un problème dans un contexte sécuritaire difficile.

Les partis politiques de l’opposition vont se quereller continuellement avec le parti au pouvoir pour des questions politico-politiciennes. C’est une dispersion d’énergie défavorable pour lutter efficacement contre le terrorisme et les autres problèmes sécuritaires.

Les cas malien et burkinabè

Le cas Malien et Burkinabè n’est pas celui du Tchad. Loin de là. En effet, dans ces deux pays les militaires ont renversé des chefs d’Etat démocratiquement élus car ceux-ci n’ont pu régler le problème sécuritaire. Sans bien entendu oublier que ces deux régimes avaient créé un client délétères avec toutes les couches de la société.

Ces deux putschs renvoient à cette idée s’agissant de la question sécuritaire : « Le régime démocratique n’a pas pu vaincre le terrorisme, le régime militaire le fera ». Il faut le dire, c’est un désaveu de l’efficacité de la démocratie face aux enjeux sécuritaires. D’ailleurs le nouveau régime militaire au Mali justifie son coup d’Etat par sa volonté à restaurer l’intégrité du territoire et éliminer tous les groupes terroristes afin de ramener la sécurité dans le pays.

La réélection de Rock Christian Kaboré à la tête du Burkina-Faso en novembre 2020 a souffert d’une illégitimité causée par l’impossibilité des centaines de milliers de personnes de voter. Plus de 1,5 millions de déplacés en interne causés par le terrorisme. Les multiples massacres de militaires et de civils ont exacerbé les frustrations de ces deux segments de la population. Les multiples remaniements ministériels, de changement à la tête des forces de sécurité et de défense ont tous été inefficaces.

Continuons cet état de lieu des présidents élus avec le cas de Ibrahim Boubacar Keita. Réélu en 2018, il a essuyé une forte contestation qui a davantage divisé le pays pourtant meurtri par des attentats, des massacres de militaires et civiles comme au Burkina-Faso. Cette mauvaise réélection et l’incapacité à lutter efficacement contre le terrorisme furent le début de la chute du régime d’IBK au Mali. Les soulèvements populaires de juin-juillet 2020 n’ont été que le coup de grâce.

Ici, contrairement au Tchad, ce sont des militaires qui ont renversé des chefs d’Etat élus. N’oublions pas que ces deux chefs d’Etat avaient été élus après le renversement en 2012 du Président Amadou Toumani Touré au Mali et de Blaise Compaoré en 2015 au Burkina-Faso. Leurs élections étaient une lueur d’espoir pour la démocratie et la restauration de l’autorité de l’Etat dans ces deux pays.

Le cas guinéen et soudanais

Il s’agit ici de deux coups d’Etat différents de ceux précédemment cités. En effet, nous avons face à nous deux exemples qui témoignent du fait que la mauvaise foi et la voracité de nos dirigeants ne permettent pas à la démocratie d’être effective en Afrique.

En dépit du problème sécuritaire qui remet en cause l’effectivité de la démocratie, il existe également des facteurs limitants inhérents aux intentions de ceux qui nous dirigent.

En Guinée Conakry, voici quelqu’un, Alpha Condé, qui a lutté durant quarante-cinq-ans durant pour la démocratie dans son pays. Une fois au pouvoir, celui-ci remplace ladite démocratie par un régime autoritaire. Mieux, il est présumé responsable de massacres lors des revendications des militants de l’opposition. L’ancien président ne s’arrête pas là, il décide de modifier la constitution pour briguer un troisième mandat qu’il remporte d’ailleurs. Comment ne pas comprendre la nécessité d’un coup d’Etat dans ces conditions ?

Au Soudan, le président Oumar El Béchir a été renversé en Avril 2019 après une trentaine d’années au pouvoir. Il est arrivé au pouvoir par les armes et en est parti par les mêmes armes après cinq mois de manifestation populaire. Un gouvernement de transition avait été mis en place peu après. Celui-ci avait également été renversé en octobre 2021 par des éléments de l’armée suite à un désaccord de partage de pouvoir entre les civils et les militaires.

Tout comme en Guinée Conakry, le pouvoir D’Oumar El Béchir était plongé dans l’autoritarisme, il avait instauré un code pénale islamique inspiré de la charia. En 2018, il modifie la constitution également pour briguer un sixième mandat or la nouvelle constitution limitait le nombre de mandat à deux. Le couronnement de toute cette mauvaise gestion durant son mandant fut la guerre au Darfour qui se conclura par la naissance d’un nouvel Etat, le Sud Soudan.

En comprenant cela une seule conclusion me vient à l’esprit : Nous n’avons pas encore les dispositions nécessaires pour une démocratie véritable. Le blogueur Charles Kabango disait que « La démocratie est une tragédie pour l’Afrique ». En effet, la démocratie comme elle est pratiquée est source de malheur pour le continent. Elle est un grand mensonge entretenu par une classe politique cupide et avide de pouvoir.

On nous brandit en Afrique que la démocratie est « Le pouvoir du peuple par le peuple et pour le peuple ». En Afrique cette citation est la plus grande arnaque que le continent n’a jamais connue car lorsque nous observons, les aspirations des peuples africains n’ont jamais été respectées par ceux qui ont été bien ou mal élus.

Liesse après un coup d’Etat

Lorsqu’il y a un coup d’Etat en Afrique, nous nous rendons compte que le peuple est en liesse, des scènes de joie sont visibles partout et par toutes les forces vives de la Nation. La question que nous devons nous poser est celle-ci : « Pourquoi le peuple est-il en liesse après un coup d’Etat ? Est-ce à dire qu’il préfère le régime militaire au régime démocratique ? »

Pour ma part, le peuple est heureux parce qu’il espère que les militaires, avec leur rigueur, mettront en place les nouvelles bases pour un meilleur exercice de la démocratie tout en réglant au préalable certaines questions comme la sécurité, la corruption et tous les travers des régimes déchus.

En effet, nous devons repartir sur les bases pour éviter tous les balbutiements démocratiques que nous vivons. La démocratie telle que nous la pratiquons est comme un poisson qui veut respirer hors de l’eau. Nous devons tout d’abord mettre les conditions idéales et propres à notre contexte africain pour enfin expérimenter véritablement la démocratie car pour l’instant c’est un échec.

Il n’est pas dit ici que je suis favorable aux coups d’Etat mais plutôt à la refondation de nos régimes politiques car les présidents élus jusqu’à nos jours n’ont toujours pas réussi à faire du régime démocratique celui dont on nous a vanté les mérites. Aujourd’hui la démocratie telle qu’elle est pratiquée n’engendre que ruines cendres et larmes dans nos pays.

Si nous ne pouvons changer la bonne foi des hommes et femmes qui nous dirigent, nous pouvons au moins changer les règles qui régissent l’exercice du pouvoir et de la démocratie. En effet, il y a des choses qui dépendent de nous et c’est en cela que réside notre marge de manœuvre.

Je rêve d’une Afrique véritablement démocratique, stable, dynamique, sécurisé, développée et unie. Nous devons lutter pour ces idéaux sinon nous n’auront que nos yeux pour pleurer en voyant l’embrasement de notre terre mère.

Barack Nyare Mba


LES SANCTIONS DE LA CEDEAO OU LE MEDECIN APRES LA MORT

Réunis ce 9 janvier à Accra au Ghana, les chefs d’Etats des Etats d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) ont pris des sanctions lourdes et inédites contre l’Etat Malien et son peuple pour contraindre le régime militaire à organiser des élections présidentielles. Mon analyse.

Les sanctions de la CEDEAO à l’encontre du Mali et des maliens sont d’une hypocrisie digne d’un syndicat de chefs d’Etats qui n’a pas su anticiper les évènements quand il était encore temps.

Pris de court, ces chefs d’Etats, qui craignent plus pour leurs régimes que pour le bien-être du Mali et des maliens, n’avaient pas su prendre les décisions qui s’imposaient déjà après l’élection très contestée de « IBK » en Août 2018 puis après les émeutes en juin juillet 2020 qui ont plongé le Mali dans une vague de violence rarement enregistrée dans ce pays. D’ailleurs, plusieurs leaders de ces manifestations avaient été arrêtés sans que la CEDEAO et ses chefs d’Etats n’interviennent avec la même détermination que celle qu’ils avaient ce 09 janvier lorsqu’ils ont pris ces sanctions.

Je pense que ces sanctions sont le témoignage que nos organisations sous-régionales ne sont pas des organisations des peuples mais plutôt des organisations au service des chefs d’Etats au détriment des peuples. Si telle n’était pas le cas, comment alors expliquer ces sanctions lourdes et pénalisantes de la CEDEAO contre le peuple malien à cause du non-respect par la junte du chronogramme de transition ? N’oubliez pas que le régime militaire actuel n’est que le résultat d’une souffrance profonde des maliens causée par un régime impopulaire, vorace, incompétent et tripatouilleur c’est-à-dire celui de « IBK ».

Les sanctions oui, où étiez-vous avant ?

Les chefs d’Etats de la CEDEAO ont décidé de geler les avoirs du Mali qui se trouvent à la Banque centrale Ouest africaine et de toutes aides financières régionales. Pour contraindre le régime militaire à organiser des élections, la CEDEAO sanctionne les maliens en gelant leurs avoirs à la banque centrale Ouest africaine.

Doit-on penser que parce que le peuple malien a soutenu le putsch c’est pourquoi il est sanctionné ? Doit-on penser que l’armée ne doit plus intervenir même lorsque les souffrances du peuple, la gabegie d’un régime, peuvent mettre en péril la stabilité d’un pays ? Où était la CEDEAO quand les maliens se plaignaient déjà du régime d’IBK ?  Autant de questions qui laissent croire que ces sanctions financières et économiques visent à punir la junte tout en lançant un message aux militaires de leurs pays respectifs à savoir « si vous nous faites un coup d’Etat, voici ce qui vous arrivera et ce au cas par cas ».

De plus ces sanctions visent à assécher les ressources de l’Etat malien, l’appauvrir pour qu’il revienne sur la table des négociations ce qui pour ma part n’est en aucun cas la solution mais plutôt un frein pour négocier dans de bonnes conditions.

Les chefs d’Etats de la CEDEAO ont décidé de fermer les frontières terrestres et aériennes avec le Mali. Quand il s’agissait de protéger les frontières du Mali pour lutter contre l’invasion des djihadistes, on n’a pas vu la CEDEAO prendre des mesures fortes et applicables rapidement. On a juste vu des chefs d’Etats impuissants qui défilaient au perron de l’Elysée pour demander de l’aide à « papa ».

Fermer les frontières reviendrait à enfoncer le Mali dans une profonde crise sachant qu’actuellement ce pays connait une crise économique, sécuritaire et politique profonde. La pauvreté existante qui sera davantage amplifiée par ces sanctions fabriquera de nouveaux terroristes qui se lèveront contre les armées du G5 sahel et les populations maliennes déjà éprouvées par de nombreux attentats dans le pays.

Il est vrai que des accords avaient été signés entre la junte et la CEDEAO le 20 septembre 2020 sur un chronogramme pour l’organisation des élections. Celui-ci n’étant pas respecté par la junte, la CEDEAO a donc jugé utile de sanctionner l’Etat Malien et son peuple. Toutefois, il est important de savoir pourquoi la junte n’a-t-elle pas respecté ce chronogramme ?

Le cas Tchadien

Pour ma part si elle ne l’a pas fait c’est principalement à cause de la situation sécuritaire du pays. Prenons l’exemple du Tchad pour étayer mon argumentation.

Après le décès d’Idriss Deby, la France et la CEDEAO ont validé la prise du pouvoir par le fils du défunt pour garantir la stabilité du Tchad. Une charte de transition avait été signée d’ailleurs, elle donnait des prérogatives présidentielles au chef de la junte.

C’est donc pour préserver l’intégrité du territoire Tchadien compte tenu de situation sécuritaire nationale et sous-régionale que ce passe-droit constitutionnel avait été cautionné par la CEDEAO et la France or en principe des élections présidentielles anticipées devaient être organisées sous la présidence du Président par intérim.

Le 08 janvier, donc la veille des sanctions de la CEDEAO contre le Mali et les maliens, une grande manifestation contre la junte au pouvoir au Tchad avait eu lieu. La manifestation avait pour but la révision de la charte de transition. Idem quelques jours plus tard, la Coordination des actions citoyennes Wakit Tama organisait une marche pour le même motif.

La charte de transition Tchadienne stipule en son article 97 ceci : « La durée de la période de transition est de dix huit mois. Elle peut être prorogée une seule fois par le conseil national de transition, à la majorité de ses membres » Notez que les membres de ce conseil sont nommés par le Président du conseil donc il va de soi qu’ils seront majoritaires. Poursuivons, en son article 98 la charte dit ceci : « L’initiative de la révision de la charte de transition appartient concurremment au Président du conseil militaire de transition et aux 2/3 des membres du conseils de transition ». Comme vous pouvez le constater, la junte au Tchad peut souverainement décider de ne plus respecter les délais comme l’a fait la junte malienne.

Il est tout à fait clair qu’il s’agit ici d’une véritable hypocrisie politique, il s’agit d’une gestion de crise valable pour certains et pas pour d’autres. La crise sécuritaire qui sévit au Mali est la même au Tchad pourtant le traitement de la CEDEAO vis-à-vis de ces deux pays n’est pas le même.

Dialogue plutôt que contraintes

Je crois que les sanctions n’ont jamais fait changer la conviction d’un régime. L’histoire nous l’a appris. Regardez Cuba, pendant plus de quarante ans, ce pays a été sanctionné par les Etats-Unis et les autres pays occidentaux pourtant le peuple cubain et son régime n’ont jamais fléchi.

Prenons encore l’exemple de la Corée du Nord, pensant les asphyxier avec les sanctions pour les pousser à changer, cela n’a servi qu’à renforcer leurs positions. Il en est de même avec la Russie et toutes les sanctions infligées par UE et les Etats-Unis.

Il est important que nos organisations sous-régionales et continentales écoutent la volonté des peuples au lieu d’appliquer bêtement les méthodes de négociation occidentale à savoir infliger des sanctions pour contraindre les Etats sanctionnés à la négociation.

L’Afrique a sa façon de régler les problèmes, nous avons en tradition l’arbre à palabre qui permet à toutes les parties d’exposer leurs positions puis de trouver le juste milieu qui conviendrait à tout le monde.

Imposer un délai pour organiser les élections est louable, toutefois la réalité interne au Mali le permet-elle ? La situation sécuritaire est-elle stabilisée pour remettre le pouvoir aux civils ? Je n’y crois pas.

J’invite sincèrement les chefs d’Etats de la CEDEAO à prendre en considération les aspirations du peuple malien, de prendre la pleine mesure de la situation sécuritaire et de négocier d’un nouveau chronogramme avec la junte au pouvoir. Il en va de l’intérêt du Mali, des maliens, de la CEDEAO et de l’Afrique.

Barack Nyare Mba.


Le like Facebook n’est pas une mythomanie pour tous

CP: Pexels

Suite à l’article publié par Olivier Ona sur le site d’information Gabonreview (Lire ici ) J’ai jugé nécessaire de donner un autre regard de la question en tant que Digital Manager. Cette réponse a également été publiée sur le site gabonreview (Lire ici). C’est cette article que je publie ici sur mon blog pour que vous le lisiez.

Il est très bien d’avoir contextualisé le sujet au Gabon car en le faisant nous avons aussi les réponses à cette problématique. Les réalités d’ailleurs ne sont pas celles du Gabon. Tout d’abord quand Olivier Ona parle « d’engagement » dans son article il s’agit en réalité de « conversion » c’est-à-dire faire en sorte qu’un fan qui like une publication devienne un client et cela se matérialise fatalement par un acte d’achat.

L’acte d’achat, c’est en cela que repose en réalité toute la question. Comment le mesurer s’il ne se fait pas en ligne ? Comment savoir que tel client a acheté ou payé un produit ou service parce qu’il l’a vu sur les réseaux sociaux ? Pour les entreprises qui sont dans la vente en ligne, ces indicateurs sont facilement mesurables, on peut savoir de quels réseaux sociaux viennent les clients, leur moyenne d’âge, de quels pays viennent-ils, à quelles fréquences viennent-ils, etc. le tout mesurable avec des outils comme Google Analytics. Par contre pour les entreprises qui ne sont pas dans la vente en ligne la question est plus complexe car l’outil de mesure de ces indicateurs n’existe pas si ce n’est un questionnaire sur place en magasin par exemple.

Le like au Gabon est d’abord une question de notoriété et de visibilité, de ceux-ci découle la vente, potentiellement. La plupart des entreprises au Gabon ne compte pas sur Facebook et ses likes pour vendre leur produits ou services, par contre ce réseau social augmente leur base clientèle et prospects en y étant visible et en améliorant leur notoriété.

Il est très important de comprendre que le modèle économique de certaines entreprises locales rend parfois difficile l’impact des likes sur les ventes à cause du circuit de vente des produits ou service proposés sur les réseaux sociaux notamment. Dans la très grande majorité des cas au Gabon, les internautes prennent l’information des produits et services sur les réseaux sociaux (online) puis se rendent sur place en magasin pour les acheter (offline). Rares sont ces entreprises qui font la vente en ligne donc le online. De ce point de vue on comprend aisément que pour la plupart des entreprises au Gabon, la visibilité et dans une certaine mesure la notoriété restent les objectifs principaux sur les réseaux sociaux. De ce fait les likes ne sont pour les entreprises qui sont majoritairement dans le offline, que expression d’un potentiel acte d’achat à venir. Avouons-le, c’est un excellent indicateur.

Prenons le cas d’un Prêt-à-porter qui publie régulièrement ses articles sur sa page Facebook. Dans son cas les likes expriment l’intérêt des fans pour les articles publiés. Je prends l’exemple du Prêt-à-porter « Vente Flash » qui a connu un boom de ses ventes grâce à Facebook, d’ailleurs moi-même j’y suis allé pour acheter un article. Quel avait été le circuit ? J’ai aimé la publication puis je me suis rendu à l’un de leur magasin situé au carrefour Gigi pour acheter l’article. En discutant avec la gérante sur place, elle me dit que la plupart de ses clients ont eu l’information des articles qu’ils achètent sur Facebook. De même pour plusieurs PME que j’ai visitées et qui m’ont donné la même information

J’ai bien noté quand Olivier Ona disait que : «ce n’est pas parce que vous avez 100.000 likes sur votre publication que vous aurez 100.000 clients qui achèteront votre produit ». Effectivement c’est vrai mais cette affirmation est autant valable sur les réseaux sociaux que dans les magasins. Ce n’est pas parce que vous aurez 1000 personnes qui viendront dans votre magasin que vous aurez aussi 1000 ventes. Les Likes sur Facebook sont comme des clients ou prospects dans votre magasin qui regardent vos articles, certains apprécieront et achèteront d’autres se limiteront seulement à l’appréciation. Ces derniers achèteront peut-être prochainement.

Pour finir, je crois que nous ne devons pas minimiser le pouvoir des likes sur l’influence qu’ils ont sur l’acte d’achat, ce n’est ni une mythomanie ni une incohérence. Il est vrai que pour certaines entreprises cela ne marche pas pour plusieurs raisons comme une mauvaise stratégie, la faible bancarisation locale, le circuit de vente. Toutefois sachons que les likes témoignent tout de même une volonté d’achat même si cela est souvent freinée par les raisons que je viens de citer.


LETTRE OUVERTE AU MINISTRE DE L’EDUCATION NATIONALE DU GABON

Monsieur le Ministre,

J’ai lu avec une exceptionnelle attention vos mesures pour lutter contre les violences en milieu scolaire. Celles-ci se déclinent ainsi :
• Fouilles systématiques des élèves avant tout accès à leur établissement
• Exclusion définitive pour tout flagrant délit, et possibilité de comparution devant les autorités judiciaires
• Tout auteur d’acte de violence sera remis aux autorités judiciaires qui les sanctionneront sans appel
En tant que citoyen d’une part et parent d’élève d’autre part, je tenais à vous signifier ouvertement mon insatisfaction profonde des mesures que vous avez prises, d’où l’intérêt de cette lettre ouverte.

Monsieur le Ministre,

Sachez qu’en lisant vos mesures j’ai immédiatement compris que celles-ci n’avaient pas pour but de « tuer dans l’œuf » ce phénomène mais plutôt de l’endormir. Ne comprenez-vous pas qu’il est impossible de résoudre des problèmes avec le même esprit qui les a créés ? De quel esprit s’agit-il me diriez-vous ? il s’agit malheureusement de l’esprit du déni. Le déni est la cause principale de tous les problèmes que notre système éducatif traverse depuis de très longues années. Le déni est la base sablonneuse sur laquelle se fondent toutes les mesures prises pour régler les problèmes de notre système éducatif. Je crois qu’il est temps d’en sortir et de regarder les problèmes sous un prisme nouveau.

S’agissant de vos mesures, je pense que nous devrions les analyser une par une.

• Les « Fouilles systématiques des élèves avant tout accès à leur établissement » C’est une appréciable mesure mais elle n’est en aucun cas efficace à long terme. Pourquoi ? Parce que vous vous attaquez-là aux conséquences et non aux causes du problème. Les élèves ont déjà des comportements violents causés par la société et le monde dans lequel nous vivons. Ce sont ces comportements violents qui les poussent à avoir des armes blanches. Les empêcher d’accéder aux établissements avec ces armes blanches ne règle pas le problème car leur comportement restera le même. La solution pour ma part est de « corriger » leurs comportements en mettant en place un plan d’action élargi et concret qui impliquerait non seulement le ministère dont vous avez la charge mais aussi les enseignants, les parents d’élèves et les élèves. L’Etat, en plus des parents, a cette responsabilité d’éduquer ses enfants sinon qui le ferait à sa place ? Une société violente n’est que le résultat d’une mauvaise éducation, d’une accumulation de frustrations et de mal-être car en réalité ces comportements violents ne sont que le reflet de notre société, de la vie familiale et scolaire.

• « Exclusion définitive pour tout flagrant délit, et possibilité de comparution devant les autorités judiciaires » Sanctionner sans responsabiliser le coupable du flagrant délit risquerait de le mettre en position de victime ce qui inévitablement l’amènerait à récidiver. L’objectif est de le transformer afin qu’il soit un meilleur citoyen et non de le maintenir dans cette violence en le jetant en prison, il n’en sortira pas meilleur. Selon les cas, des sanctions alternatives mais transformatrices doivent être proposées. Quel avenir donnez-vous à un enfant que vous avez exclu et jeté en prison? Aucun. En réalité vous souhaitez juste fuir vos responsabilités en les transférant totalement aux parents. Proposez des sanctions transformatrices.

Le troisième point de vos mesures rejoint le deuxième, inutile d’en faire une analyse. En somme je vous demande de trouver des solutions à long terme et non des « mesurettes » qui pourront d’ailleurs changer au gré des remaniements ministériels.

Henry Queuille disait que « La politique, ce n’est pas de résoudre les problèmes, c’est de faire taire ceux qui les posent », vos mesures semblent confirmées cette belle citation qui dit long sur la gouvernance politique. Vous sachant très averti, je présume que vous tirerez de cette lettre ouverte de quoi revoir votre copie afin de ne pas seulement « faire taire » ceux qui posent problème mais plutôt de leur trouver des solutions intelligentes et efficaces.

Respectueusement.

PS: Lettre publiée par l’auteur le 13 février 2020


DIVISER POUR MIEUX RÉGNER SUR L’AFRIQUE

La citation « diviser pour mieux régner » n’a jamais eu autant de sens que durant ces dix dernières années en Afrique et dans le monde. L’Afrique, le moyen et proche orient sont le théâtre d’une vaste campagne de déstabilisation dont le but principal n’est rien d’autre que l’exploitation du potentiel économique de ces zones. Il y a clairement un rapport de force qui est établi entre pays forts et riches et pays faibles et pauvres.

Tout africain doit se demander pourquoi l’Afrique, le moyen et proche Orient sont les seules zones du globe qui enregistrent le plus grand nombre de massacres, d’exactions meurtrières, de guerres religieuses, ethniques et communautaires depuis des dizaines d’années ? La réponse est toute trouvée, c’est tout simplement parce que les fomenteurs viennent de nos anciens colons ou protectorats qui gagneraient à nous déstabiliser pour garantir leur hégémonie sur nous. Il est important de savoir qu’ils ont les moyens de leurs politiques car ils dirigent le monde sur les plans économiques, politiques, diplomatiques et même culturels. (Cliquez cette carte interactive sur les conflits à travers le monde)

Il est un fait que nul ne pourrait nier lorsqu’on observe l’histoire du monde après la seconde guerre mondiale. Les guerres ne se font plus entre deux pays rivaux ou ennemis mais plutôt entre citoyens, communauté ou confession religieuse d’un même pays. Le premier avantage de cette nouvelle formule permet aux pays vendeurs d’armes de se faire de l’argent avec chacune des factions rivales. Le seconde avantage c’est la possibilité d’exploiter les ressources minières pétrolières ou forestières du pays pendant que les factions rivales se font la guerre. Le plus souvent les leaders de chacune de ces factions rivales travaillent avec les fournisseurs d’armes, c’est-à-dire les instigateurs de la guerre. La stratégie du pompier-pyromane est exactement celle qui est et qui a été appliquée en Syrie, au Mali, en Centreafrique, au Burkina Faso en Côte d’ivoire, au Rwanda, en Tchécoslovaquie, au Yemen, en Irak, au Soudan etc.

Pour illustrer tout cela, prenons le cas de la Libye. Ce pays est l’un des exemples parfaits. Les occidentaux ont élaboré une campagne mondiale de diabolisation de Kadhafi pour justifier la guerre qu’ils préparaient. Ils ont fait de même avec Saddam Hussein pour justifier l’envahissement de l’Irak. Aujourd’hui la chute de Kadhafi a donné naissance aux pires maux mais aussi la création de plusieurs groupes terroristes qui ont envahis le pays et la bande sahélo-sahélienne. Au nom de la démocratie, les occidentaux avaient décidé d’éliminer Kadhafi. Aujourd’hui la démocratie est-elle installée ? Le peuple Libyen est-il plus libre ? Les conditions de vie sont-elles meilleures qu’avant ? La réponse est non. A l’heure actuelle ce pays est divisé en deux parties. L’une des parties est dirigée par le GNA de Fayez al-Sarraj qui est marginalisé car il a été propulsé à son poste par l’occident et l’autre partie dirigée par l’ANL du maréchal Haftar qui est considéré comme un homme de terrain et prétend être plus légitime auprès du peuple que son frère ennemi.

En voyant ce chaos libyen on comprend aisément que la « communauté occidentale » pour ne pas dire « communauté internationale » souhaite avoir un seul interlocuteur pour négocier sur le pétrole, l’immigration clandestine et la lutte contre le terrorisme d’où l’intérêt de l’offensive sur Tripoli du général Haftar.

Prenons le cas de la République Centrafricaine. Voilà un pays dont les communautés ont toujours vécu en harmonie, dans la tolérance et la paix. Aujourd’hui, les musulmans et les chrétiens sont devenus ennemis. La guerre en Centrafrique débute le 24 février 2013 lors du coup d’Etat perpétré contre le Président Bozizé.  A priori ce coup d’Etat n’avait rien de religieux, il s’agissait d’une affaire politique. Comment expliqué que soudainement ce coup d’Etat se transforme en guerre inter-religieux ? Jusqu’à ce jour des incompréhensions demeurent car la naissance de la SELEKA (rébellion à dominante musulmane) est injustifiée. Les exactions contre les populations ne visaient pas seulement les musulmans mais aussi les chrétiens. Au début de la guerre, aucune n’attaque n’avait été perpétrée sous la bannière religieuse pourtant cette version a été propagée dans tous les medias du monde. Partant du principe qu’une milice musulmane a été créée, il était évident qu’une milice chrétienne se créé aussi, ce sont les AntiBalaka (rébellion à dominante catholique). Avec la création de ces deux milices fournies en armes et en argent par certains pays et l’exploitation illégale des minerais, la Centrafrique n’avait pas une autre destinée que l’embrasement.

Aujourd’hui la Centrafrique est un pays sous tutelle internationale. Le désordre occasionné par cette guerre a fait en sorte que le pays soit ingouvernable ce qui fait l’affaire de certains pays et multinationales qui négocient avec les bandes armées. Nous savons tous que la RCA est riche en ressources minières notamment le diamant. Ce pays est classé parmi les plus dangereux pourtant chaque jour des entreprises occidentales y envoient leurs employés pour affaire.

Le cas de la Centrafrique me ramène à celui du Mali. Ce grand pays africain riche d’une grande civilisation. La chute de Kadhafi en plus de la Centrafrique, a également eu des impacts au Mali. Les fomenteurs des crises africaines ont une fois de plus réussi a divisé les communautés pour assouvir leurs basses besognes. Au début de la crise malienne il était question de groupes armés djihadistes qui voulaient envahir le pays d’où l’intervention de  la France.  Visiblement cette tentative d’envahissement a échoué mais n’a pas éteint les velléités de ces groupes djihadistes. Aujourd’hui au Mali il ne s’agit plus d’un conflit entre ces groupes armés et l’Etat Malien, mais plutôt entre des communautés qui ont vécu depuis de centaines d’année dans l’harmonie, la cohésion, la tolérance et la paix. Il n’est pas dit ici que des attentats terroristes n’ont pas été enregistrés ces dernières années. Toutefois nous sommes en droit de nous questionner sur cette vague d’attentats contre les Dogons ? contre les Peuls ? contre les Touaregs qui s’entre-tuent ? Ces évènements nous laissent perplexes et soupçonneux. Il est tout à fait clair que le but de ces massacres est de créer un chaos qui mènera vers une guerre civile. Le plus troublant dans ces attentats est leur caractère anonyme. C’est dans la presse que les supposés accusés sont désignés. Si ce sont les Dogons qui sont victimes d’exaction, la presse dira que les Peuls sont à l’origine et vice versa. C’est ainsi que la haine pénètre les cœurs et divise une société.

La crise Malienne m’inquiète au plus haut point car les fomenteurs sont à la manœuvre et souhaitent vivement un chaos dans ce beau pays d’Afrique. Regardez cette vidéo de l’honorable Belco Ba sur le faux conflit entre Peuls et Dogons au centre du Mali.

Il faut savoir que la déstabilisation vise le continent entier sinon une grande partie car le Burkina Faso vit les mêmes conflits communautaires et attentats terroristes, le Bénin a connu récemment l’enlèvement de ressortissants Français et l’assassinat d’un natif. Le Nigéria est en guerre permanente avec Boko Haram et connait des tensions communautaires entre éleveurs et cultivateurs. La Cote d’Ivoire, le Sénégal, le Togo sont également visés par cette déstabilisation.

En Afrique centrale, le Cameroun est le premier pays a lutté contre le terrorisme. En plus de cette lutte, il doit faire face à la crise anglophone.  Cette crise anglophone me rappelle celle du Soudan  durant laquelle des atrocités ont été commises au Darfour. Résultat, le pays a été divisé en deux à la suite d’une sanglante guerre civile. Malgré cette division aucun de ces deux pays, soudan et Soudan du Sud , ne connait la prospérité et la paix.  Le Cameroun de son côté devrait faire attention avec cette crise qui s’enlise et se radicalise sachant bien la détermination des Ambazoniens qui souhaitent la séparation avec le Cameroun actuel et la création de leur Etat.

Il est clairement établi que la fibre identitaire est le point sur lequel s’appuient les fomenteurs pour déstabiliser l’Afrique. En plus de cette fibre, l’appauvrissement programmé de certaines zones fait en sorte que des populations se révoltent et prennent des armes par instinct de survie et de désœuvrement.  La responsabilité de nos dirigeants et de l’UA est clairement entamée car aucune mesure forte et pérenne n’a été mise en place pour régler ces conflits.

L’Afrique doit prendre son destin en main, aucune puissance étrangère ne doit avoir la possibilité de nous diviser car cela a été le cas durant les 400 ans d’esclavage ajoutés au 200 ans de colonisation et les 50 ans d’indépendance. Aujourd’hui les rapports doivent changer et le respect pour notre peuple doit être de rigueur.

J’espère vivement que nous y arriverons ensemble !