Gabon : à quand un code de bonne gouvernance des entreprises ?

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Crédit photo : Libre-algerie.org

A l’heure où l’on parle d’émergence économique et sociale du Gabon à l’horizon 2025, un outil de contrôle et de gestion des entreprises est absent parmi ceux qui existent ;  Il s’agit du code de bonne gouvernance des entreprises que certains pays africains ont déjà élaboré pour leurs entreprises. Qu’en est-il du Gabon ?

L’économie mondiale a fortement changé depuis de nombreuses années, on parle aujourd’hui de globalisation des marchés et de mondialisation des investissements. Ces nouvelles réalités économiques incitent les entreprises et les gouvernements à normaliser ou encore à standardiser leurs pratiques gouvernementales afin de s’arrimer aux exigences actuelles pour être compétitifs sur le marché mondial.

Une solution de contrôle et d’équilibre des pouvoirs

 De son appellation anglo-américaine, la « corporate governance » ou la bonne gouvernance est une doctrine qui  tend à « s’assurer que les sociétés sont gérées et contrôlées dans l’intérêt commun de tous les actionnaires et non dans celui des particuliers des majoritaires ou des dirigeants ». Comme le dit si bien Patrice Badji enseignant à l’université Cheikh Anta Diop : « La bonne gouvernance s’apprécie par la gestion transparente de l’entreprise, l’équilibre des pouvoirs et des responsabilités au sein de l’entreprise ».

Certains pays africains comme le Sénégal, le Maroc, la Tunisie, l’Algérie ou encore le Kenya ont très vite compris cela. C’est pourquoi ils ont mis en place des codes de bonne gouvernance de leurs entreprises afin de mettre à la disposition des administrateurs cet outil nécessaire. Un outil gage d’un climat de confiance avec les investisseurs et d’une visibilité des activités des entreprises par l’Etat.

Des pratiques gouvernementales obsolètes

La gestion calamiteuse des entreprises parapubliques ou privées (SOSUHO, AIR GABON, GABON TELECOM, HEVEGAG, SEEG) pendant des années est révélée au grand jour. Instaurée par la Banque mondiale, la privatisation de ces entreprises n’a pas eu raison des vieilles et mauvaises méthodes de gestion de nos entreprises.

Certains dirigeants personnalisent encore l’entreprise comme si c’était la leur avec une opacité des informations financières et comptables, une confusion entre le patrimoine personnel et celui de la société,  une mauvaise répartition des responsabilités, une faible participation des ressources humaines dans la prise de décisions communes. Résultats : faillites successives, échec des privatisations, chômage, perte de confiance des parties prenantes, etc.

La nécessité de s’arrimer aux principes de transparence

Même si l’acte uniforme de l’Ohada traite de la question de bonne gouvernance qu’on considère comme support de contrôle externe, il n’en spécifie pas moins les détails comme dans un code de bonne gouvernance des entreprises qui est un support de contrôle interne.  L’arsenal de bonne gouvernance est seulement centré au Gabon sur les secteurs des mines du pétrole et du bois au travers les différents codes mis en place par l’Etat, alors que dans les autres secteurs de l’économie il n’existe pas (hormis l’Ohada) code garantissant la transparence dans la gouvernance des entreprises.

Les cas des conflits entre l’Etat gabonais et les sociétés ADDAX PETROLUM ou TOTAL Gabon, ou encore la publication du rapport d’audit qui a révélé le détournement de 400 milliards sur les 500 milliards alloués dans le cadre des fêtes tournantes, prouve la nécessité de mettre en place un code de bonne gouvernance des entreprises dans notre pays.

Ainsi l’Etat et les professionnels du management des entreprises gagneraient à mettre en place un code ou guide de bonne gouvernance qui permettrait aux entreprises d’atteindre les objectifs assignés par les propriétaires et/ou l’Etat. La particularité d’un code est qu’il a des avantages internes et externes : en interne parce qu’il implique les ressources humaines dans les décisions, partage le pouvoir, facilite la circulation des informations, améliore le rapport avec les actionnaires et pérennise l’activité.  En externe il donne confiance aux investisseurs, facilite l’accès à l’information fiscale et comptable par l’Etat et contribue au développement socio-économique du pays.

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Auteur·e

espritafricain

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