Pourquoi l’alternance est-elle si difficile en Afrique ?

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Crédit photo togo-online.net

Quelle désillusion ! Franchement l’opposition Togolaise et les opposés au pouvoir de Faure Eyadema n’ont eu que leurs mains moites pour attraper leurs têtes chaudes à l’annonce de sa victoire aux élections présidentielles du 25 Avril. Je suis presque certain que leur sang n’a fait qu’un tour à l’annonce de la réélection de l’héritier d’un régime presque cinquantenaire. Incroyable !  Je vous avoue que cette réélection fut anxiogène pour moi parce que comme on dit chez nous : « Pendant qu’on égorge la poule, le canard observe ».

En effet, certains pays africains notamment ceux dont les régimes sont aussi coriaces à déboulonner que celui du Togo, organiseront les élections présidentielles durant les trois années à venir. Après la victoire de Faure, ne doit-on pas se demander si les peuples du Cameroun, du Congo RDC, du Gabon, du Congo-Brazzaville ou du Tchad, ne connaitront pas la même déculottée, la même désillusion que celle des Togolais ? Ne doit-on pas se questionner sur « l’hypothétique » alternance dont une bonne partie de la jeunesse Africaine rêve ? Personnellement je crois que nous le devons, c’est un impératif absolu si nous ne voulons pas tuer dans l’œuf nos espérances.

La difficile alternance 

Les régimes  qui coquent dans les pays cités plus haut sont de véritables machines à s’éterniser au pouvoir. Ils disposent de tous les moyens philosophiques, médiatiques, financiers, politiques, Etatiques, psychologiques et spirituels pour y rester malgré le besoin manifeste d’alternance des populations. D’abord la plupart d’entre eux sont au pouvoir depuis belle lurette (Gabon: 47 ans ; Cameroun: 32 ans ;  Congo-Brazza : 47 ans cumulés ; Tchad : 25 ans ; Togo : 48 ans ; total = 198 ans). De telles longévités, très peu égalées dans le monde, leur ont permis d’avoir une main mise nationale.

Certaines personnes comme moi qui suis de la génération 80’,  n’ont jamais connu d’autres régimes que celui qui est en place au Gabon. Imaginez maintenant ceux qui sont plus âgés que moi. C’est dire que la longévité leur donne un ancrage dans les consciences des gens, elle renforce la philosophie de la pensée unique,  c’est une sorte d’« impérialisme politiques des consciences » afin d’assimiler le pouvoir à leurs régimes. Plus un régime perdure au pouvoir, plus le pouvoir est assimilé à celui-ci.

Hormis ces aspects, ces pouvoirs ont cultivé un mode de gestion familiale de l’Etat et des biens publics. Le Gabon, le Congo, le Togo en sont de parfaits exemples. On voit le frère nommé chef d’Etat major, le cousin ministre de la défense, la sœur DG ou PCA dans les grandes entreprises du pays. Les biens de l’Etat sont confondus avec ceux de ces familles. Toutes ces anormalités sont faites pour renforcer le pouvoir de ces régimes et leur influence dans le pays.Tout le monde connait ces réalités, malgré cela les gens ne semblent pas déterminés à en finir politiquement.

Les opposants, grands responsables.

Vous savez l’Afrique n’a plus de vrais leaders, je crois que Mandela fut le dernier en vie.  Les opposants actuels n’inspirent pas. Ils n’ont aucune vision, ce qu’ils veulent c’est le pouvoir juste le pouvoir. Sans vision pour vaincre des régimes aussi bien enracinés que ceux en place, toute entreprise de conquête de pouvoir reste vaine. La preuve, les opposants ont tout le mal du monde à les battre ces régimes. Pourquoi ?

En fait, les opposants africains ne pensent qu’aux élections présidentielles, les élections locales législatives ou sénatoriales ne semblent pas les intéresser alors que tout commence par là.

Selon moi il y a une incohérence entre la volonté de changer de régime et les actions posées pour y parvenir. Le désintéressement de ces élections est responsable des réélections aux différentes joutes électorales des partis politiques des régimes en question. Au Cameroun par exemple, l’opposition ne joue qu’un rôle de figurant au parlement et les Mairies devant un RDPC (Parti au pouvoir) qui rafle très largement la mise mais pourtant  ce parti est très contesté  par les camerounais? C’est étonnant voir même surréaliste. Au Gabon c’est également la même chose, l’opposition n’a pas sinon très peu de députés, sénateurs ou Maires.

Comment dans ce cas contrôler l’action du gouvernement et faire un contrepoids au pouvoir sans avoir assez de parlementaires ? Comment s’imprégner des problèmes de la cité sans avoir des Maires et/ou conseillés municipaux ? Comment grignoter une part de l’électorat sans avoir des élus ?

 De plus, ces opposants adorent limiter la contestation à la personne même du chef de l’Etat alors que le problème est global, systémique. Il faudrait sortir de ces carcans pour rassembler le maximum de personnes autour de leurs idéaux, de leur programme, de leur vision du pays.  Si cette mauvaise stratégie politique est maintenue par l’opposition, dans l’hypothèse d’une victoire de celle-ci aux élections présidentielles à venir, nous serons amenés à remplacer Satan par Lucifer.

Pour finir sur une bonne note, je pense que le tableau n’est pas si sombre que ça, l’espoir jaillit toujours même dans l’obscurité. En tant que jeune, des expériences d’autres pays africains nourrissent mes espoirs d’alternance. Les cas de la jeunesse Sénégalaise est frappant avec Le mouvement Y EN A MARRE. Celui du Burkina Faso avec le Mouvement du BALAI CITOYEN. Enfin l’engagement des jeunes Tunisiens qui a donné naissance a la révolution du jasmin. Ces exemples doivent servir à la jeunesse des pays africains opprimés afin qu’elle prenne en main leur destin à l’instar du combat mené par l’opposition. C’est uniquement de cette façon que nous pourront un jour connaitre cette alternance que nous souhaitons tant.

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Auteur·e

espritafricain

Commentaires

Albert KAMDEM
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c'est peut -être parce-que la démocratie telle que nous la vivons aujourd'hui en Afrique a été importée qu'elle ne fonctionne pas ? CERTAINEMENT. nos sociétés étaient mieux organisées, mieux gérées avant. nos chefs avaient a cœur le bien être des populations. sans vouloir me lamenter sur le passé, je crois sincèrement que l’Afrique doit retourner a ses valeurs premières de démocratie ou du moins s'en inspirer.