Au Gabon, la terreur devient un argument politique

 

Visite de la cache d’armes à l’île Nendjé au nord de Libreville. C/P gabonattitude.com

Depuis quelques semaines la vie politique nationale prend une tournure inquiétante. Les acteurs politiques, notamment ceux du pouvoir en place se laissent aller à des excès. Entre déclarations fallacieuses, campagne de terreur, stigmatisation, chasse aux sorcières, tout y est pour comprendre que le combat politique ne se joue plus sur les idées constructives, mais plutôt sur celles qui visent à détruire politiquement tous les rivaux

Croyez-moi ce n’est pas un poisson d’avril, mais le pouvoir au Gabon a décidé d’utiliser les plus mauvaises idées pour convaincre l’électorat en usant de méthodes les plus saugrenues pour justifier une forme d’acharnement qui ne dit pas son nom. Depuis l’annonce du décès de l’opposant André Mba Obame le 12 avril au Cameroun et l’incendie de l’ambassade du Bénin, les autorités en place multiplient les sorties malhabilement orchestrées. Ces sorties laissent un grand nombre de Gabonais dubitatifs, car des questions d’ordre judiciaire sont vraisemblablement récupérées à des fins politiciennes.

On n’apprend pas au vieux singe à faire des grimaces
https://www.youtube.com/watch?v=S5htBYuQ0Mw

Comme un air de déjà vu, les autorités en place usent des mêmes vieilles méthodes pour jeter l’opprobre sur les membres du Front uni de l’opposition et de l’UN en multipliant les sorties télévisées les discréditant. Pour commencer, les « penseurs » du pouvoir ont jugé utile de diffuser vers 20 h 30 sur Gabon Télévision la chaîne publique au service du pouvoir, la vidéo d’un jeune marginal drogué qui se fait appeler Bobo. Celui-ci déclare qu’il était présent lorsque les membres de l’Union nationale fomentaient l’incendie de l’ambassade du Bénin. Ces déclarations qui devaient en principe servir aux enquêteurs servent malheureusement une cause politique. Pourquoi l’avoir diffusée à la télé et à une heure de grande audience ? Qui a réalisé cette vidéo ? La police, l’armée ou les services de renseignement ? Pourquoi doit-on croire le témoignage d’une personne qui affirme se droguer ? Et la présomption d’innocence, qu’en fait-on ? Autant de questions qui nous laissent perplexes.

Dans le même ordre d’actions, l’arrestation de deux activistes Annie-Léa Meye et Georgette Toussaint a consterné l’opinion et les réseaux sociaux au point où une page Facebook a été créée pour exiger leur libération. Pendant plus de trois jours, personne ne savait où elles étaient incarcérées. Les multiples pressions ont poussé la très contestée procureur de la République, Sidonie Ouwé, à faire une déclaration télévisée pour rassurer l’opinion sur l’état de santé des prévenues et leur localisation. Pourquoi avoir caché pendant plusieurs jours le lieu de leur incarcération ? Pourquoi avoir empêché les avocats et leurs familles de leur rendre visite? Des questions sans réponses actuellement.

De la surenchère pour convaincre

https://www.youtube.com/watch?v=7JaMNTYbsBE

Pour rajouter du piment à une sauce déjà piquante, les autorités ont tablé sur l’effet de terreur pour toucher les Gabonais sur un aspect qui leur ait très cher : la paix

Un « spectacle » télévisé a été diffusé au journal de 20 h dans lequel des membres du gouvernement, quelques généraux et le procureur de la République se sont rendus sur le lieu où une cache d’armes a été découverte par l’armée. C’est à la suite de cela que l’opération « NGUENE » a été lancée pour disent-ils, sécuriser le pays. La diffusion de ces armes de guerre dans la presse écrite et à la télévision avait semble-t-il pour but de montrer au Gabonais que certains parmi les compatriotes veulent faire la guerre alors que nous (PDG) voulons la paix. Comme par hasard, le week-end qui précède le PDG le parti au pouvoir, avait organisé une marche dite « Marche de la paix », car ses membres considèrent que ce parti est le garant de la paix au Gabon. C’est vous dire la manipulation du pouvoir et la récupération politique de ce qui peut se passer dans le pays.

Le fomenteur de cette violence est clairement désigné par le pouvoir : c’est l’opposition notamment les membres de l’UN et du Fopa. La preuve, quelques jours après cette découverte, des agents de la PJ accompagnés du fameux Bobo, ont arrêté le secrétaire général de l’UN, Ella Nguema Ce dernier dit après sa relaxe, qu’il a été formellement accusé de fomenter un coup d’Etat avec l’aide d’un colonel de l’armée Française. Pas croyable ! La France veut faire un coup d’Etat au Gabon ? Grave accusation qui fait des membres de l’opposition ceux qui veulent troubler cette paix « chèrement préservée » par le PDG. Des manœuvres qui prouvent malheureusement la politique politicienne du pouvoir sur des questions aussi sensibles.

Je ne sais pas où tout cela mènera, mais tout ce que je sais c’est que le Gabon prend un virage très dangereux et les Gabonais semblent ne plus savoir quoi penser. De plus, la dépouille de Mba Obame doit arriver à Libreville ce mardi 28 à une période déjà très tendue car la tension est presque perceptible entre les deux camps. Je pense que la raison doit reprendre ses droits dans le jeu politique, trop d’accusations sans preuves, trop de manipulation, le manque de dialogue et de tolérance nous plongent inexorablement vers la rupture. Nous voulons des idées et non de la violence encore moins la terreur.

 

 

 

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Auteur·e

espritafricain

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