Quand l’ONEP se fâche, le Gabon est en panne sèche.

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Depuis une semaine Libreville connait une grave pénurie de carburant successive à la grève enclenchée depuis le 1er  Décembre par les membres de l’Organisation Nationale des Employés du pétrole (ONEP). Cette absence de carburant plonge la capitale Gabonaise et même le pays tout entier dans une léthargie  inquiétante car les populations et les automobilistes rencontrent toutes les difficultés pour vaquer à leurs occupations.

Ce lundi 15 Décembre au matin, plusieurs administrations publiques et entreprises privées auront vraisemblablement  d’énormes difficultés à travailler normalement pour la simple et bonne raison qu’il y a pénurie de carburant dans la grande majorité des stations services de Libreville et Port-Gentil principalement. En sortant ce matin j’ai pu voir des foules entières patientant sous la pluie l’arrivée des rares taxis qui ont encore du fuel. Une bonne partie des Librevillois étaient sur les trottoirs: les élèves, les travailleurs du privée comme du publique, des parents qui cherchaient à déposer leurs enfants à l’école, les chômeurs à la recherche d’emploie et les riverains. Le stationnement d’un taxi provoquait une ruée vers celui-ci pour proposer au prix fort une destination.

Depuis le début de la grève le 1er Décembre, ce n’est que la semaine dernière que les Gabonais ont ressenti les désagréments provoqués par celle-ci. A titre de rappel, il faut savoir que depuis le 18 Novembre les responsables du syndicat du pétrole avaient déposé sur la table du gouvernement quatre revendications qui ne semblent pas intéressées l’exécutif gabonais.  A savoir : « La suspension immédiate des prélèvements abusifs de la Caisse Nationale d’Assurance Maladie et de Garantie Sociale (CNAMGS) aux agents du secteur pétrolier et d’autres agents du secteur privé ; l’annulation de toutes les sanctions disciplinaires et la réintégration des deux délégués du personnel de la société Perenco ».

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Des riverains à l’attente d’un taxi pendant la pénurie de carburant. CP: Barack Nyare Mba

Autant de revendications qui depuis le lancement du mouvement de grève ne trouvent pas de dénouement mais plutôt un enlisement. Pendant ce temps les gabonais lambda continuent de souffrir car in fine ce sont eux les premières victimes. Ce week-end par exemple, on pouvait voir à l’entrée des stations de Libreville de longues files d’attente de véhicules (taxis et voitures privées) sur plusieurs centaines de mètres attendant chacun leur tour pour se ravitailler en carburant. De la station TOTAL de l’Octra en passant par celle de PETROGABON à la Pédiatrie ou encore ENGEN de IAI sans parler de la grande station PETROGABON après l’échangeur de Nzeng-Ayong, aucune d’elles n’a échappé à la ruée des automobilistes et usagers à la recherche de carburant.

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Longue fil d’attente à la station PETROGABON DE NZENG AYONG CP: Barack Nyare Mba
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Station ENGEN de IAI bondée de monde pendant la livraison de carburant.CP: Barack Nyare Mba

 Il pouvait s’écouler plusieurs heures, voir des jours avant de se voir servir dans une station. Certains ont  même laissé leurs voitures dans les fils d’attente pendant des jours pour garder  leur place. Un grand nombre d’usagers était obligé d’apporter leurs bidons  de 20 Litres pour s’approvisionner en carburant. Des embouteillages monstres ont naturellement été causés par ces fils d’attentes composés de poids lourds, de véhicules, de bidons entraînant malheureusement d’importants désagréments durant de très longues heures. Certains journaux de la place affirment que l’Etat arrive à fournir le carburant en achetant du carburant au Cameroun et en Cote d’Ivoire  en attendant que le problème soit résolue. Info ou intox j’en sais rien.

Dans certaines stations, les pompistes ne fournissaient pas plus de 18,5 Litres d’essence ou de gasoil à chaque véhicule pour permettre au plus grand nombre de se ravitailler. Une chasse aux citernes avait même été lancée ; Dès la vue d’une citerne, les automobilistes se mettaient à sa poursuite pour savoir dans quelle station elle se rend pour livrer du carburant. Une rareté qui a suscitée  une solidarité circonstancielle entre automobilistes et usagers afin que chacun puisse trouver son compte. On n’a pas enregistré d’échauffourées  durant cette pénurie mais plutôt des états d’âmes et coups de gueule comme ce Monsieur dans le taxi qui dit : « On est vraiment dans l’énervence, plus rien ne marche. Avant on avait quand même de quoi manger même sans argent aujourd’hui c’est fini. Avant on arrivait à s’approvisionner en carburant , aujourd’hui ce temps-là est fini »

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Fil d’attente pour remplir des bidons. CP: Barack Nyare Mba
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Embouteillage à la station de IAI durant la pénurie CP: Barack Nyare Mba

Il faut dire que cette situation entrave fortement le quotidien déjà difficile des Gabonais. Les autorités doivent impérativement rentrer en négociation avec les responsables de l’ONEP afin qu’une issue favorable soit trouvée. Déjà qu’il existe une importante crise sociale au Gabon, une énième grève et pas des moindres empirerait l’atmosphère sociale qui est déjà étouffante à plus d’un titre.

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Auteur·e

espritafricain

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