Quid de la politique carcérale au Gabon ?

Adolescents-prison
Des adolescents emprisonnés. CP: Gabonreview.com

Les hommes et femmes politiques Gabonais notamment ceux du gouvernement et des partis d’opposition devraient au lieu de se « chamailler » continuellement sur les fichiers électoraux  ou faire l’apologie de l’émergence, s’atteler à nous proposer leurs politiques sur des questions comme celle de nos prisons et les alternatives que l’Etat pourrait offrir aux prisonniers après avoir purgé leurs peines. Voilà de vraies préoccupations parce que les populations sont victimes  au quotidien des forfaits de malfrats en « herbe » et des récidivistes.

Vous-vous rappeler de la grève de la faim entamée par plusieurs prisonniers le 06 Octobre 2013 à la prison centrale de Libreville pour protester contre leur conditions d’incarcération? Il l’ont fait parce qu’il manquait de l’eau potable, leurs difficultés pour s’alimenter et l’épineuse surpopulation de la prison. Pour rappel, elle avait été construite pour accueillir 300 détenus, aujourd’hui ils sont plus de 1500 à s’y entasser. Vous-vous rendez compte, des prisonniers qui font une grève de la faim! Cela traduit tout simplement  les conditions inhumaines de leur détention.

Le rapport 2013 sur les droits de l’Homme au Gabon publié chaque année par le Département d’Etat Américain, confirme la protestation des « grévistes prisonniers » en déplorant les conditions « délétères » des prisons. Le rapport ajoute ensuite que  » l’alimentation  l’hygiène et la ventilation étaient médiocres », puis d’enfoncer le clou en notant que l’état les maisons d’arrêt et les centres de détention étaient comparables à celles des prisons.

Comme si le rapport Américain n’était pas suffisant pour attirer l’attention du gouvernement Gabonais sur la question carcérale, celui de la Commission Africaine des Droits de l’Homme & des peuples réunie en Gambie du 07 au 14 Mars 2014,  faisait également le même constat préoccupant. En effet,  la commission mentionne dans son rapport :

45. L’inadéquation des infrastructures avec les besoins de la population carcérale et la cohabitation dans les mêmes cellules, des détenus avec des condamnés ainsi que des mineurs avec des détenus majeurs;

46. L’absence de soutien pédagogique ou professionnel susceptible de favoriser la réinsertion sociale des détenus après l’exécution de leur peine;

Ce sont-là des questions cruciales à répondre si les hommes politiques actuels veulent nous parler de société démocratique et égalitaire car les droits de l’homme sont le cœur même de cette fameuse démocratie dont ils se réclament être les défenseurs.

Je trouve qu’il serait judicieux pour la justice qui prononce les peines au nom du peuple Gabonais, de ne plus systématiquement jeter en prison tous ceux qui sont condamnés et de proposer à ceux qui y sont les conditions humaines d’incarcération et des alternatives pour assurer leur réinsertion sociale. Nous ne pouvons plus vivre dans un pays où la justice ne puni qu’en incarcérant les coupables de contravention ou de délit, des peines de substitution et des peines non-privatives de liberté peuvent être prononcées pour accorder à tous la chance de se racheter auprès de la société et d’eux-mêmes.

Saviez-vous que 1/3 des prisonniers de la prison centrale de Libreville sont en attente de procès, certains l’attendent depuis trois ans déjà alors qu’il ne sont qu’en détention provisoire qui dure en réalité 6 mois pour les délits et jusqu’à 1 an pour les crimes. Où est la justice dans tout ça ? Quand les mineurs et les adultes sont enfermés dans la même cellule, où est la justice et les droits des enfants ? Quand les criminels et ceux qui ont commis les délits sont logés à la même enseigne, ne fait-on pas de ces derniers de futur criminels? Est-ce la justice à laquelle nous aspirons et pour laquelle les autorités s’en vantent?

Je comprend maintenant pourquoi la plupart de ceux qui ont fait la prison en sortent plus délinquant qu’avant, c’est comme si ils étaient allés en stage et à leur sortie sont prêts pour l’emploi. Au lieu qu’on incarcère un petit dealer de quartier pendant de long mois en compagnie de criminels de grands chemins, on pourrait le condamner  à travailler dans les grands chantiers de l’Etat comme ouvrier, ou encore dans les immenses plantations de l’intérieur du pays ? Il peut aussi être condamné à faire des travaux d’intérêt général en ville ou dans les villages.

Une maxime dit que « le travail libère l’homme », j’en suis intimement convaincu car c’est par le travail qu’on juge les Hommes et c’est par lui aussi qu’on devrait les libérer. En réalité le travail pour un condamner ne peut pas manquer dans un pays comme le notre qui doit presque tout construire pour accélérer son développement. La dispensation des formations professionnelles au sein des prisons faciliterait également la socialisation des prisonniers qui n’ont pas de métier, sans oublier la création des centres de redressement pour les mineurs reconnus coupables afin qu’il purgent leur peine autrement qu’en prison.

 Je suis foncièrement contre la déshumanisation et l’exclusion sociale sous toutes ses formes,  nous avons déjà assez souffert  comme ça pour que NOUS-MÊMES Africains en général et Gabonais en particulier, privions à certains parmi NOUS, quoique délinquants, cette liberté qui nous a tant été arrachée et dont nous tenons à conserver. La sanction doit être accompagnée par la pédagogie, on ne peut pas sanctionner pour sanctionner mais plutôt pour en faire de meilleurs citoyens au risque de fabriquer des personnes qui défieront toujours l’autorité ce qui les maintiendra en marge de la société.

LIBEREZ FIRMIN OLLOMO OBIANG

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Auteur·e

espritafricain

Commentaires

Julia ROSTAGNI
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On est bien d'accord la prison est plus alienante que curative. Il y a des expériences en Finlande de prisons sans murs où les détenus sortent chaque jour pour aller travailler, ils reçoivent don un salaire dont ils pourront profiter à leur sortie. Il me semble que là-bas le taux de récidive est un des plus bas au monde. Ça donne à réfléchir. L'enfermement est un acte inhumain.