De la salle d'examen au palais de justice.

1409817360-ju
Les élèves recalés au Bac et leurs parents au palais de justice de Libreville. CP : Gaboneco.com

On dit souvent que le chemin de la réussite est parfois semé d’embuches mais pour les élèves du Gabon, ces embûches sont principalement causées par les défaillances du système éducatif observées lors de la session du baccalauréat 2014. Retour sur le parcours du combattant de 900 élèves qui tentent d’obtenir leur examen après plusieurs mois de grèves.

Les frustrés d’aujourd’hui seront si rien n’est fait les révoltés de demain, c’est en substance ce que nous pouvons retenir de la situation préoccupante de 900 élèves de terminal du Gabon qui ont été victimes des défaillances criardes du système éducatif, de l’incompréhension des textes et de sa non application par les autorités.

Au commencement était la réforme.

Le périple rocambolesque des élèves commence lorsque le régime de « l’émergence »  décida dans sa tentative maladroite d’enfumer le peuple de réformer le baccalauréat. La réforme prévoyait désormais l’examen à deux tours : Le bac 1 en classe de première pour les matières non fondamentales de la série et le bac 2 en terminal pour les matières fondamentales, et qu’il fallait avoir 10/20 dans les deux tours pour être admis.

Un an après son application, les soit disant  « pompiers » du baccalauréat en sont devenus aussitôt les « pyromanes » en avortant durant l’année scolaire, et contre toutes attentes, les réformes engagées par eux-mêmes pour rétablir l’ancien système pourtant jugé inefficace. Grande était la surprise de  900 élèves qui avaient été recalés, de voir  uniquement figurer dans leurs bulletins les notes du Bac 2 alors que la circulaire du ministère stipulait le contraire c’est-à-dire celles du Bac 1 + Bac 2 le tout divisé par 2 pour obtenir la moyenne. Ce fut le début du bras de fer entre l’Etat et ses « enfants ».


Editor for Google Maps

Prochain arrêt La cathédrale Sainte Marie

Une grève de la faim sera alors engagée par les élèves recalés à la cathédrale Sainte Marie de l’Assomption de Libreville pendant deux mois. Quand on imagine que l’année passée à cette même période de l’année des élèves de terminal étaient aussi entrés en grève de la faim au même endroit pour une injustice à leur encontre. C’est à croire que nous sommes prisonniers d’une spirale infernale.

Cette grève de la faim a fait les choux gras de la presse ce qui suscité l’implication des partis politiques, des associations, des syndicats en somme l’opinion publique pris parti pour les élèves contraignant ainsi le ministre de l’éducation Léon NZOUBA à s’agenouiller devant les élèves et leurs parents pour les assurer de la prise en compte de leurs revendications.

La confrontation se durcit lorsque le ministre décida de déclarer admis 600 des 900 élèves qui avaient des notes  variant entre 8 et 9/20, ce qui était contraire aux textes.  En voulant bien faire, il a hypothéqué les espoirs de sortie de crise à l’amiable. Contrairement au ministre de l’éducation, Le jury du bac avec la bénédiction du conseil des ministres, refusa de déclarer admis ces élèves qui n’avaient pas eu 10/20 comme le prévoit la loi. Ce désaveu du gouvernement au ministre NZOUBA l’avait contraint à la démission. Chose rarissime au Gabon.

 Terminus, tout le monde au palais de justice.

Les textes disent effectivement qu’ils ne peuvent être jugés admis avec moins de 10/20 mais les mêmes textes leur donnent aussi droit aux épreuves orales, ce que l’Etat et le jury du bac refusent. Se sentant abusé de toute part, les élèves ont jugé nécessaire de porter plainte à l’Etat Gabonais pour avoir gain de cause. C’est action est la preuve que nous avons franchi le Rubicon et qu’il y a véritablement rupture entre les parties prenantes.

Agacé par cette grève de la faim qui ternissait l’image du pays, l’Etat a décidé durant la semaine de déguerpir à 2H du matin  les grévistes  du parvis de la cathédrale sainte Marie de l’Assomption, déclenchant ainsi les courroux de l’Archevêque  de Libreville Basile MVE qui n’a guère apprécié la voie de la force à celle du dialogue renforçant ainsi le sentiment d’abus de pouvoir et d’injustice dont se sentent victimes les élèves.

Après deux renvois et tergiversations assorties d’une audience houleuse vendredi passé, le juge a déclaré hier vendredi 19 sa compétence à juger  l’affaire. C’est ma foi un grand pas vers la fin de la crise que j’espère vivement.

On ne demande pas de la complaisance à la place du mérite, mais plutôt le respect des textes adoptés par l’Etat lui-même et la considération des incompréhensions causées par l’annulation des nouvelles réformes courant l’année scolaire.  C’est le moins qu’on puisse demander car lorsqu’on a 8 ou 9/20 au baccalauréat au Gabon, on passe automatique les épreuves orales et ce depuis de longues années, cela doit être également le cas pour ces 600 élèves.

Partagez

Auteur·e

espritafricain

Commentaires

kemit
Répondre

le problème de nos systèmes éducatifs c'est qu'ils ne tiennent pas compte de nos réalités, ils sont simplement une pale copie des systèmes qui fonctionnent bien chez les autres, qui ont des réalités différentes des nôtres #Triste

kemit
Répondre

Ce pays a du mal a tenir debout et parfois c'est triste de réaliser qu'a cette allure, demain sera peut être pire qu'hier #Engongole #Ngèbe

Eli
Répondre

Le secteur de l'éducation n'est pas épargné par l'approximation en Afrique. Au Togo aussi l'enseignement supérieur souffre d'une gestion chaotique de la réforme LMD. Vivement que l'injustice soit réparée pour ces élèves.