Je présume que vous ne me connaissez pas, mais sachez que moi je vous connais. Vous aurez compris que je parlais de vous connaitre politiquement car en dehors de ce coté de vos activités, le reste m’importe peu.
Savoir qui vous êtes facilite l’exercice que je me suis assigné en vous écrivant cette lettre, c’est-à-dire vous rappeler certains préalables au combat que vous avez décidé de mener et poser quelques questions.
George SANTAYANA disait : « Ceux qui ne se souviennent pas du passé sont condamnés à le répéter » c’est en considérant cette citation que je me suis dis qu’il était nécessaire de rappeler ce que fut votre passé pour que nous échappions à l’éternel retour.
Ne me considérez pas comme un rabat-joie, loin de-là. Je ne suis qu’un jeune gabonais conscient des enjeux auxquels fait face la jeunesse gabonaise et Africaine. Parmi ces enjeux il y a les prochaines joutes électorales de 2016 dont vous souhaitez l’adhésion des jeunes au sein de votre front.
Pour revenir au passé, vous êtes assez intelligents pour comprendre que je ne suis pas dans la perspective d’y rester, ce qui me préoccupe c’est l’avenir. Mais comment concevoir l’avenir ensemble s’il n’y a pas réconciliation avec le passé ? C’est là une des mes inquiétudes, le premier préalable.
Toute la jeunesse gabonaise sait que vous avez fortement contribué aux nombreux problèmes que connait le Gabon. Certains parmi vous ont eu pendant de bien longues années la responsabilité des ministères clés touchant directement à l’épanouissement des jeunes Gabonais. Résultat : Ecoles et universités dégradées, arts et culture sacrifiés, chômage et pauvreté assurés.
Pourquoi ne pas reconnaitre cette réalité qui quoi qu’on dise entache lourdement sur votre crédibilité politique. La preuve, vos adversaires politiques usent de ce fait pour vous discréditer auprès de l’électorat.
Ce serait un acte de bonne foi et de repentance que de le reconnaître, cela vous réconcilierait avec la jeunesse et vous laverait auprès de ceux qui remettent en cause votre moralité politique.
J’ai lu avec une rare attention le discours de Monsieur Jacques ADIAHENOT et regardé avec intérêt le passage de Monsieur Jean PING sur le plateau de l’émission L’invité sur France24. Le constat amer qu’ils ont fait est sans appel mais ne commence pas en 2009 avec l’arrivée d’Ali Bongo au pouvoir. Soyons objectifs.
Je suis tout à fait d’accord avec vous sur les manquements observés au Gabon, c’est sans équivoques. Toutefois ne faites pas une fixation sur le Président Ali mais plutôt sur son bilan de parcours, vous en gagnerait surement.
C’est une manœuvre bien habile de votre part que d’éviter de parler du Gabon d’avant 2009. Stratégie ou amnésie passagère ? Je n’en sais rien.
Parler d’une manière voilée de la « gabonité » est un discours dangereux, car faisant appelle à la fibre patriotique qui a occasionnée ce qui s’est passé en Cote d’Ivoire. Je m’inscris en faux à ce discours.
Vous êtes tous des intellectuels chevronnés, alors penser d’abord à proposer aux gabonais des alternatives chiffrées et mesurables dans le temps, au lieu de vouloir plonger dans un marasme sans fin qui détournerait l’objectif auquel vous souhaitez engager la jeunesse Gabonaise. C’est mon deuxième préalable et une énième inquiétude.
Je me suis souvent demandé pourquoi vous n’investissiez pas au Gabon ? Personnellement je ne connais pas l’une de vos entreprises. Tous les Gabonais savent que vous avez bien largement de quoi ouvrir une activité pouvant employer une dizaine de Gabonais. Si maintenant pour une raison comme pour une autre vous n’en n’avez pas, dites tout de même pourquoi.
Aussi petit soit-il, se serait payer un tribut pour ceux qui n’ont pas d’activité économique, que de s’y mettre afin de participer à la résorption de la pauvreté et du chômage que votre séjour au pouvoir à quoi qu’on dise contribuer.
Pour finir, je tiens à vous dire que la participation des jeunes au sein d’une coalition comme la votre ou dans les partis politiques, ne doit plus être celle que nous connaissons. Notamment, faire la sécurité, faire le show durant les meetings, appâter d’autres jeunes désœuvrés. Non, les jeunes doivent désormais être acteurs dans le jeu politique, ils en ont la capacité et le courage. C’est de même pour les femmes.
Bien des choses à vous.
Barack Nyare Mba
Commentaires