Durant la semaine qui vient de s’écouler, l’actualité gabonaise a été dominée par la prime d’incitation à la performance (PIP) nouvellement créée par le président Ali. C’est plus de 19 milliards de francs Cfa qui ont été versés ce mois de juillet à plus de 20 000 fonctionnaires gabonais.
La PIP est une prime que l’Etat alloue aux fonctionnaires et autres agents afin de les inciter à être performants à leur poste de travail. Au départ cette prime s’appelait « Fonds communs », et était versée aux seuls agents des régies financières telles la Douane, le Trésor et les Finances. Selon les autorités, c’est par souci de « solidarité », de « justice sociale » et bien sûr en prélude des joutes électorales de 2016, que le président Ali a décidé en février de cette année, d’élargir les bénéficiaires aux autres départements ministériels. Quelle belle initiative électorale !!!
En termes de chiffres, c’est près de 30 000 fonctionnaires au total qui se partageront 100 milliards de francs Cfa au lieu des 210 milliards que s’arrogeaient 9 000 agents des régies financières. Vous avez sûrement fait le calcul, il reste en effet 110 milliards qui seront alloués à la CNAMGS (Caisse nationale d’assurance maladie et de Garantie sociale) et au Fonds national d’aide sociale pour les chômeurs et personnes démunies. Reste encore à vérifier !
Il faut savoir que les ressources de cette prime proviennent des ristournes et amendes des administrations ayant des taxes parafiscales.
Un paiement arbitraire
Jusqu’à la date du premier versement de la PIP c’est-à-dire le 7 juillet, ni la commission interministérielle chargée du dossier de la PIP, ni les ministères concernés n’avaient déterminé les critères ou indicateurs de performance permettant d’évaluer les fonctionnaires bénéficiaires. C’est pourquoi le premier versement a été fait sur la base de la catégorie. Les plus diplômés perçoivent plus même s’ils travaillent moins ou mal.
Ainsi, on a pu observer ici et là la disparité des sommes versées aux fonctionnaires de la même catégorie ou encore certains ont vu à la baisse le montant qu’ils devaient percevoir. Autant « d’injustice » occasionnée par l’absence d’indicateurs de performance capables de rémunérer chaque fonctionnaire en fonction de ses efforts.
L’Imihigo rwandais
Ce mot Kinyarwanda désigne une sorte de « contrat de performance ». Créé en 2006 par les autorités rwandaises en vue d’un meilleur suivi-évaluation des objectifs à atteindre par le pays. Chaque citoyen rwandais a son contrat de performance et fixe lui-même le niveau raisonnable à atteindre pour chaque objectif. Exemple : lutte contre la corruption, violence domestique sur les femmes et enfants, aide aux voisins nécessiteux, planter des arbres, adhérer à une association ou coopérative. Le non-respect de ce contrat peut faire l’objet de blâme public.
Hormis les populations civiles, le contrat de performance est également signé par les cadres et techniciens au sein des administrations publiques, du secteur privé, dans les associations et autres organismes de développement. C’est un contrat qui marche, car il implique les populations dans le développement du pays et améliore l’efficacité et l’efficience dans le service public ou dans le secteur privé.
Un modèle à suivre
C’est sur un modèle similaire au contrat de performance rwandais que devrait reposer la PIP et non sur le népotisme, le clientélisme ou le copinage des uns et des autres comme il a été observé. On a vu les affres des fonds communs, qui pourtant avaient été créés pour lutter contre la corruption, mais au finish sont devenus la source même de cette corruption et de la gabegie financière durant près de 40 ans. Tout cela à cause de l’inefficacité et la subjectivité des critères d’attribution utilisés jusqu’à récemment.
C’est, je suppose, l’objectif de la commission interministérielle ad hoc, qui doit rendre son rapport dans quelques semaines, de déterminer des indicateurs objectifs capables de mesurer la performance de tout un chacun selon le ministère. Il serait inacceptable de replonger dans le marasme des « fonds communs » alors que le gouvernement parle lui-même de mettre un terme aux vieilles et mauvaises pratiques…
A faire à suivre et à commenter….
Commentaires