Droits de l'enfant au Gabon : où en sommes-nous ?

La situation de l’enfance au Gabon n’est point digne d’un Etat qui se veut protecteur de ses enfants et de ceux qui vivent sur son territoire. Depuis de longues années déjà, des voix se sont élevées pour attirer l’attention des pouvoirs publics et des populations sur la nécessité de garantir et de renforcer les droits de l’enfant en République gabonaise. Les chiffres sur la situation des enfants sont aussi déplorables qu’alarmants, car que ce soit le droit à la vie, à la santé, à l’éducation, à la protection, ils sont victimes de toutes sortes de violation de leurs droits.

Selon l’Unicef, 62 % des enfants gabonais meurent avant l’âge de 5 ans. Ce taux est à la baisse quand on sait qu’il y avait 86 % de décès en 2010 et 92 % en 1990. Le taux de mortalité infantile qui est un indicateur du niveau de santé d’un pays est de 49 décès/1000. Si on le compare à celui du Sénégal qui est de 55/1000 avec une population de 12 millions d’habitants, on peut voir les dégâts que cause ce fort taux sur notre population qui compte un peu plus de 1.500.000 habitants.

Le sida qui est le plus souvent transmis de la mère à l’enfant est l’une des causes de la forte mortalité infantile, le ministère de la Santé avait réagi un temps en multipliant les campagnes de sensibilisation pour les femmes enceintes afin de prévenir ce mode de transmission. Les chiffres officiels indiquent que 90 % des décès infantiles sont causés par le seul paludisme. Cette maladie tropicale est depuis des années un véritablement fléau pour les enfants âgés de 0 à 5 ans. La rougeole, la malnutrition, la diarrhée contribuent aussi au fort taux de mortalité des enfants.

En ce qui concerne l’éducation, des efforts ont véritablement été faits, le taux de scolarisation des enfants est de 95 % ce qui constitue l’un des taux les plus élevés du continent. Par contre entre 2008 et 2012 l’accès au préprimaire a été très faible, car seuls 41,1 % des garçons et 42,6 % des filles y ont eu accès. Dans les milieux ruraux ce taux n’est pas aussi important à cause de la pauvreté des parents, et le manque d’infrastructures éducatives ce qui rends difficile l’accès à l’éducation d’une bonne partie des enfants. Des mesures complémentaires doivent être apportées pour faciliter cet accès afin de garantir la scolarisation de tous.

Les violences envers les enfants sont aussi un fléau social, en effet selon une étude menée en 2011 par l’Observatoire national des droits de l’enfant, 77,7 % des enfants gabonais étaient victimes de violences. La tristesse de cette statistique est qu’on remarque que ces violences sont d’abord faites dans le milieu familial ensuite dans la communauté et enfin à l’école. Elles sont d’ordres physique, psychologique moral et parfois sexuel. Une de ces violences, que je ne peux faire passer sous silence, est le crime rituel des enfants. Cette pratique barbare et immonde gangrène et met en péril l’avenir de notre société. Laisser ces crimes continuer c’est ne pas donner aux enfants le droit à la vie, conformément à l’article 6 de la convention internationale des droits des enfants que le Gabon a paraphée. C’est pourquoi dans l’optique d’une meilleure prise en main du problème, les autorités, sans plus attendre, ne doivent ménager aucun effort pour éradiquer cette pratique monstrueuse en punissant dans toute la sévérité de la loi les coupables.

Le trafic des enfants, un autre phénomène qui a mobilisé la communauté nationale et internationale. Le Gabon a ratifié en 2000 puis adopté en 2010 le protocole des Nations unies relatif à la traite des êtres humains, l’Etat avait également dans le cadre de ce protocole, promulgué la loi 09/04 qui interdisait le trafic d’enfants pour exploitation économique et sexuelle. Cette loi prévoyait un emprisonnement de cinq à quinze années accompagné d’une forte amende. Toutes ces mesures encourageantes visaient à marquer l’implication du Gabon dans cette lutte qui concerne toute l’Afrique. A noter que la plupart des enfants exploités économiquement sont d’origines ouest-africaines, ils sont aussi exploités pour des tâches domestiques dans les familles ou au marché Mont-Bouet pour vendre à la sauvette. Des séminaires de formations ont été organisés en 2013 par le ministère de l’Economie et l’Unicef pour donner des outils aux travailleurs sociaux, aux officiers de police judiciaire, aux magistrats, afin de lutter plus efficacement contre l’exploitation des enfants.

Le Gabon qui avait été porté à la présidence de la Commission des droits de l’homme à l’ONU en décembre 2013 a ratifié en janvier 2014 le Troisième protocole facultatif à la convention de l’ONU sur les droits des enfants. C’est le seul Etat africain à l’avoir paraphée. Cette convention qui rentre en vigueur ce mois d’avril donne la possibilité aux enfants de porter plainte auprès de l’ONU en cas de violation d’un droit spécifique de l’enfant. Cette ratification vient à point nommer, car le pays souffre d’une véritable désinvolture face aux graves violations dont les enfants sont les victimes au quotidien.

Pour clore ce tableau, il faut savoir qu’il existe 658 enfants vivant dans les rues au Gabon dont 595 Gabonais et 63 d’autre pays d’Afrique. Ces chiffres ont été révélés après une étude menée de 2011 à 2012 par le ministère de la Famille et L’Unicef. Beaucoup de ces enfants sont des orphelins, des victimes de guerre de certains pays africains, du sida et de la pauvreté.

La situation des enfants est problématique dans notre société, pourtant culturellement on a toujours eu une attention particulière pour eux. Aujourd’hui, il est temps de renforcer les actions des ONG et autres associations de protection de l’enfance est surtout d’élaborer une véritable politique capable de garantir les droits des enfants.

 

Partagez

Auteur·e

espritafricain

Commentaires

Bignoumba Aubin Narcisse
Répondre

G viens de créer sur facebook un groupe Fondation Stop à la Violence vous pouvez rejoindre ce groupe ou aimer !

Barack Nyare Mba
Répondre

Avec plaisir

kiele
Répondre

créer des structures éducatives accessibles a tous et dans les quartiers mais des petites structures d accueil publique commencer déjà des le jeune age par les ouvertures de crèches publiques de centre d accueil mère enfants peut être un lieu mixte pmi et accueil des mamans en après midi de temps en temps et ces ecoles éloignées ou les enfants sont obliges de faire des km!!!! et le budget de l état!! ou va l argent de ce pays!!! pour si peu d habitants!!! c est inadmissible mr les ministres arrêtez d être irresponsable

Fabio
Répondre

Je pense que la meilleure sortie serait l'éducation en temps integrale dans l'écoles et la pratique des sports comme arts marciaux parmi eux dans la même école.