LES ENFANTS TALIBES AU SENEGAL

Enfants talibés jouant au foot
des enfants talibés jouant matinalement au football au quartier Sacrée-coeur à Dakar

On ne cessera jamais de dénoncer et d’éveiller les consciences sur la situation misérable des enfants talibés, tant que les mesures idoines ne seront pas mises en place par les dirigeants (es) Africains (es) afin de sortir définitivement la « jeune pousse Africaine » de cette servitude qui ne dit pas son nom.

La situation des enfants talibés ne date pas d’aujourd’hui, un peu comme tous les problèmes de l’Afrique ; Chaque année chacun(e) vient dire un mot à ce sujet, comme pour dire qu’il (elle) mesure l’ampleur du fléau et est résolument engagé(e) à l’éradiquer. Certains (es) le font avant et pendant les élections, d’autres après un incendie de Daaras, d’autres encore lors des journées mondiales de l’enfance.

Malgré toutes ces bonnes volontés affichées depuis de longues années, on constate malheureusement que le problème demeure tout entier. Faits concrets : Par exemple dans les rues de Dakar il y a toujours autant d’enfants Talibés qui mendient à longueur des journées, il y a toujours des incendies meurtriers dans les daaras, comme celui qui a fait  9 morts le 03 Mars 2013 à la Médina, il y a toujours autant de violence et d’abus dont ces enfants sont victimes dans la rue et les daaras.

Avant de continuer il faut savoir que tous les enfants mendiants de Dakar ne sont pas Talibés, certains (es) sont des orphelins(es) d’autres ont été abandonnés(es) par les leurs.

Pour cerner le sujet, définissons le terme TALIBE. Lors de mes recherches je suis tombé sur deux définitions qui ont marquées mon attention. Tout d’abord celle de l’association POUR UNE ENFANCE. Elle définit le Talibé comme étant un « élève de l’Islam ». Cette définition est également celle donnée par d’autres associations que j’ai trouvées. Ensuite il y a celle d’une agence de l’UNICEF, UCW (UNDERSTANDING CHILDREN’S WORK) qui définit dans un rapport le Talibé comme étant «  Tout enfant qui a passé la nuit dernière au daara et qui va actuellement à l’école coranique ».

Je ne vais pas m’étendre sur cette différence de définition, juste dire que c’est de la définition que commence la compréhension du problème, c’est un début de solution que de définir correctement le Talibé. Je ne suis pas expert en Talibé, mais après enquête c’est la première définition qui est  la plus appropriée. C’est-à-dire qu’un talibé est un élève de l’Islam.

Après cette définition vient celle du Daara. C’est une école religieuse où les enfants apprennent le Coran. Les enfants y sont pensionnaires car ils viennent le plus souvent des régions ou des pays voisins. Le Marabout quant à lui est un érudit de l’Islam, un maitre religieux qui enseigne souvent le Coran.

Comment ça se passe?  Les enfants sont envoyés dans les daaras par leurs parents afin d’y recevoir une éducation religieuse. Il faut dire qu’au départ c’est-à-dire au 19e siècle que les Daaras sont crées par les chefs religieux locaux pour conserver leurs coutumes à travers une éducation alternative que celle exigée par les colons. On comprend dès lors que le daara était un lieu d’apprentissage mais également de conservation et d’enracinement contre la colonisation des esprits entamée par les colons.

De ce point de vue il est clair que l’exploitation actuelle des enfants dans les daaras n’a pas son sens, c’est une contrefaçon de la logique laissée par les anciens chefs religieux.

Suivant ce qui vient d’être dit, on est poussé à se demander pourquoi cette contrefaçon des daaras? Il y a plusieurs facteurs. Tout commence dans les années 80-90, la crise agricole qui secoue le Sénégal ravage les régions et contraint les marabouts à implanter leurs daaras dans les villes comme Dakar, St Louis, M’Bour à la recherche de revenus supplémentaires pour garder les talibés. C’est le début de la mendicité dans sa version actuelle alors qu’à l’époque elle ne constituait pas l’activité première d’un Talibé mais plutôt un exercice pour apprendre l’humilité, la patience, le partage.

L’exode rural qu’a connu le Sénégal a crée une prolifération des daaras de toutes sortes dans les centres urbains du pays. Les grandes villes sont plus riches et plus grandes  que les villages, elles ont de ce fait attiré plus de daaras et plus de talibés et donc plus de revenus pour les marabouts véreux. L’Etat n’a pas su contenir cette vague de nouveaux daaras dans ses villes c’est pourquoi il lui est difficile aujourd’hui d’en avoir un réel contrôle.

Les conséquences de ce désordre sont incommensurables pour les enfants Talibés et elles devraient  en principe faire agir plus d’un(e) Sénégalais(e), Africain(e). Certains (es) pensent  qu’il est exagéré de dire que la situation des enfants Talibés est dramatique ; C’est faire preuve dans ce cas d’une grande naïveté. Pourquoi le dis-je, et bien parce que les chiffres contrairement aux hommes ne mentent pas.

Ainsi l’UNICEF estime à 100.000 le nombre d’enfants Talibés à Dakar. Ce chiffre est déjà énorme pourtant  il ne prend pas en compte les autres grandes villes du pays. Il faut également savoir que ce chiffre croit chaque année, donc dans quelques années la situation serait incontrôlable si rien n’est fait dès maintenant. En plus de ces chiffres, l’organisme Onusien publie que 90% des enfants mendiants sont Talibés et leurs âges varient de 2 à 17 ans.

La quasi-totalité des enfants Talibés sont des garçons, la moitié de ces enfants est née hors du Sénégal notamment en Guinée Bissau et en Guinée Conakry. Le rapport ajoute que 37% des enfants Talibés déclarent garder un contact permanent avec leurs parents. En termes de revenu, le rapport estime à 300 FCFA par jour le montant que ces enfants doivent verser à leurs maitres. Leurs nourritures quotidiennes est essentiellement composées de riz et du pain.

Pour les perspectives d’avenir 51% aimeraient un meilleur emploi, parmi eux 25% veulent devenir marabout, 4% veulent aller à l’école et 7% veulent continuer la mendicité etc.

Les pourcentages sont assez effrayants pour susciter l’action des dirigeants(es). Nous savons qu’ils (elles) ont toutes ces données mais pourtant pas grand-chose ne bouge. L’Etat Sénégalais a également du mal à agir parce qu’il existe un lien vicieux entre les politiques et les chefs religieux. Ces derniers ont un pouvoir immense sur la population et leurs talibés ; voter des lois qui mettraient en péril leurs relations pourrait s’avérer maladroit pour un homme politique qui souhaite des voix.

Des textes de lois existent pour lutter contre l’exploitation des enfants mais leurs applications restent problématiques. Il y a l’article 245 alinéa 2 de la loi 75-77 du 9 Juillet 1977 notifie que « seront punis de 3 à 6 mois de prison ceux qui laissent mendier les enfants de moins de 21 ans soumis à leur autorité ». De plus l’article 3 de cette loi stipule que « quiconque organise la mendicité d’autrui en vue d’en tirer profit, embauche, entraîne ou détourne une personne en vue de la livrer à la mendicité ou d’exercer sur elle une pression pour qu’elle mendie ou continue de le faire est puni d’un emprisonnement de 2 à 5 ans et d’une amende de 500.000 à 2000.000 FCFA »

Le cadre légal et les statistiques sont connues de tous, les bonnes volontés se manifestent chaque jours pour sortir les enfants talibés de ce trou noir,  des organismes Etatiques sont crées pour mener cette lutte, que faut-il de plus pour que les choses changent ? Les moyens ? La volonté politique ? Je me demande bien.

Quoi qu’il en soit nous ne pouvons pas continuer dans ce sens, la renaissance de l’Afrique passe par l’éducation et la protection des enfants. Ils doivent être sacrés pour garantir la continuité des choses, des us et coutumes, des traditions et du combat pour une Afrique forte et prospère.

Je fais un vibrant appel aux autorités Sénégalaises afin que ces derniers trouvent le meilleur moyen de donner à ces enfants l’opportunité d’être utile au pays. L’enseignement religieux ne va point contre nos aspirations, au contraire c’est une arme qui raffermi et forge les hommes qui feront demain la nation. Les solutions existent déjà il suffit de les appliquer.

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Auteur·e

espritafricain

Commentaires

Zaoui
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C'est vraiment une honte pour le Sénégal de laisser sa jeunesse dans la rue.
Notre association "Pour une Enfance" essaie de leur venir en aide, mais nous avons besoin de bras, de fonds et de bonnes volontés ainsi qu'un soutien politique.

Zaoui
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L'association POUR UNE ENFANCE vient en aide aux enfants talibés depuis plus de cinq ans, mais rien ne bouge du côté du gouvernement....bien au contraire, nous allons démarrer une phase plus offensive pour que ce gouvernement prenne ses responsabilités.